C'est l'histoire d'un enfant, un enfant né dans la rue, un enfant qui n'a eu pour seule éducation que les leçons de son défunt oncle.

Cet enfant de seulement 8 ans ne connaissait rien de ce monde, sauf une chose que son oncle lui avait apprise jusqu'à son dernier souffle...

« Si tu veux être heureux, il te faut de l'argent ! Aie de l'argent ! Sois heureux. »

Cela faisait déjà un an que ce jeune enfant était livré à lui-même. Sans aucun revenu, il ne survivait que grâce au peu de nourriture laissée par son oncle et à ce qu'il trouvait dans les poubelles.

Un jour, il vit une jeune fille assise, couverte de bleus. Elle s'appelait Sarah. Son père la battait et la privait souvent de nourriture. Rempli de compassion, l'enfant lui offrit du pain et passa la journée avec elle. Le soir, ils regardaient la neige tomber.

Dans ce bidonville parmi les plus pauvres, l’enfant ne pouvait trouver de travail, surtout à son âge. Malgré le manque d'argent et de nourriture, il ne pouvait se résoudre à commettre un vol ou tout autre délit. En quête d’une solution, il chercha refuge dans une église non loin. Il s’adressa au pasteur :

— « Qu'est-ce que je dois faire pour gagner de l'argent ? »

Et celui-ci lui répondit :

— « Mon fils, tu es un enfant de Dieu. Il ne te laissera jamais tomber. Ne te laisse pas tenter par le mal. Continue de croire en notre Seigneur, et il te viendra en aide. »

Il partit ensuite dans une mosquée, où il entendit un discours similaire. On lui affirma que s’il gardait la foi et restait droit, Dieu viendrait à lui. Alors, il attendit… sans jamais oser voler, ni trahir les principes qu’on lui avait inculqués.

Un soir, l'enfant vit Sarah, la jeune fille avec qui il regardait la neige le soir, se faire agresser par un homme âgé. Rassemblant tout son courage, il se jeta sur lui, le bouscula et lui mordit la main pour lui faire lâcher prise.

— « Cours ! » s’écria-t-il.

Apeurée, la jeune fille s’enfuit en hurlant.

Mais en quelques instants, l'homme, pris d'une rage incontrôlable, roua l'enfant de coups. Gisant au sol, ensanglanté, il tentait de se débattre, mais ses forces l’abandonnaient peu à peu. Dans un dernier élan de lucidité, il aperçut des ombres à leurs fenêtres, des voisins qui l’observaient… sans bouger, sans intervenir.

L’homme, sans pitié, continua de le frapper encore et encore. Puis, après de longues minutes, il le souleva et le traîna jusqu'à sa voiture.

À peine conscient, l'enfant leva les yeux, cherchant désespérément une aide qui ne vint pas. Il croisa le regard de Sarah, debout à sa fenêtre, entourée de ses parents. Eux aussi regardaient, mais aucun ne fit un geste. Plus loin, il aperçut le pasteur, puis l'imam, chacun à leur fenêtre, spectateurs silencieux.

L'homme l'emmena dans un lieu sombre où d'autres adultes attendaient. L’enfant, qui ne comprenait rien à ce monde, espérait encore que Dieu le sauverait.

Après plusieurs heures passées enfermé, une personne vint le chercher. Il fut conduit dans une grande salle, remplie de silhouettes vêtues de noir. Lorsque la porte se referma… elles se ruèrent sur lui.

Ce fut un supplice indescriptible. L'enfant hurla de douleur pendant ce qui lui sembla une éternité. Mais au bout d’un moment… son cri s’éteignit. Son corps mutilé autant de l'exterieur, que de l'intérieur, fut laissé dans un état pitoyable.

On le jeta ensuite dans une ruelle, abandonné comme un déchet.

Le corps brisé, l'enfant reprit un mince souffle de vie. Il s’accrocha à la seule chose qu’on lui avait toujours répétée :

« Tu es un enfant de Dieu. Continue de croire en lui, et il te viendra en aide. »

Il garda cette conviction jusqu'à son dernier souffle.

Lui qui n'avait jamais fait de mal à personne, lui qui n'avait jamais connu ses parents ni une vie normale, mourut… dans l'oubli, regardant la neige tomber, une derniere fois.

Et le monde continua de tourner.