Chapitre 4
- Mais vous, qui êtes-vous ? Demandai-je à la jeune femme.
-Ça n'a pas d'importance, reposez-vous. Nous en reparlerons quand vous serez reposé.
Ils avaient certainement compris que j'étais fou et ils ne pouvaient pas perdre leur temps avec moi. Cette seule pensée d’être fou me faisait frémir. On n’a pas l’impression de perdre la raison. On a plutôt l’impression que personne ne nous comprend. À moins que cette vieille ne soit une simple hallucination… Voir toutes cette atrocité pourrait avoir des effets… Cette femme est seulement dans mon imagination ; ou alors c'était une sorcière. N'est-ce pas qu'on parlait toujours de ces sorcières-là ? Je n'y croyais pas vraiment, mais voyons, croire en la sorcellerie est mille fois mieux que croire qu'on est fou. Elle voulait me tuer, c'est sûr. Pire elle voulait me torturer avant ma mort. C'était sûrement elle cette 'La Mort' qui m'avait dit que je n'avais plus que 24 heures de vie, disons plutôt moins de 20 heures maintenant. Le compteur à rebours était déclenché depuis 4 heures.
Je jetai un coup d'œil à l'extérieur de la cabane. Le sous-bois ombragé était percé de mille points lumineux projeté par le soleil qui était maintenant à son apogée.
Mon Dieu, le temps semble vraiment long quand il est entrain de fuir de notre dernier souffle grabataire.
Une chaleur inexpliquée se dégageait du sol humide. Les voix sourdes et rythmées des deux colocataires revenaient en cadence. J'en saisissais quelques mots. Ce que j’entendais se mit à m’inquiéter :
- Tu crois ? Demanda l'homme à la femme.
- Oui, je crois... c'est lui.
- … d'accord … qu'est-ce que tu en penses ?
- Non, attendons pour voir. Il n'est peut-être pas méchant.
- … Il n'est pas ashenti, c'est donc un ennemi … il faut …
- Chut, il peut nous entendre.
Je ne me trompais pas, ils parlaient de moi. C'est certain. J'allais mourir, oui, plus vite que l'a prévu La Mort. Et le pire, vous savez, je vais mourir de la main de ces maudits Ashentis. Comme je les hais ! je les hais ! Peu à peu, ils me bouffent la vie. Les ashentis ne sont pas des humains, non, ce sont des chiens de chasse, des animaux sauvages que même dans ma folie (ne sont-ils pas coupables de cette folie ?), même dans ma faiblesse, je les Tuerai. Oui, c'était « À la guerre comme à la guerre ». Mes 20 dernières heures auront servi à quelque chose de noble : Je vengerai mes parents qui sont tombés sous la main de ces animaux.
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