Verte prairie

Une minute de lecture

Il était advenu ce que chacun qualifierait plus tard de miracle. Les citoyens commençaient à comprendre qu'ils ne devaient compter que sur eux-mêmes. L'incroyable s'était produit : chaque individu avait décidé de devenir responsable, c'est-à-dire conscient de sa réflexion et de l'expression de son comportement. Comme quoi, tout arrive à qui sait attendre. Dieu avait longtemps attendu, c'est pourquoi il pouvait maintenant aller se recoucher.

Le Président de la Chambre des députés avait même décidé de faire grève. Cela ne s'était jamais vu : un homme politique qui boude, ce n'était pas réaliste ! Ceci dit, force est de constater que dans le nouveau paradigme de ce monde, le personnel politique n'était plus de grande utilité depuis que les citoyens prenaient en charge leur naissance et leur mort. Il s'agissait alors surtout de prendre des décisions suite à de longues concertations. En effet, ce qui avait changé aussi, c'était la capacité à discuter, à remettre le dialogue à l'ordre du jour, à le produire comme un art dont les philosophes grecs - ceux d'avant Socrate - quand ils vivaient sur la côte ionienne, l'actuelle Turquie, n'auraient pas renié la renaissance. Cette réhabilitation du dialogue revalorisait la notion de négociation, et au lieu de l'habitude compulsive d'arrêter de travailler, les Français de métropole renouaient avec la rhétorique essentielle à toute négociation digne de ce nom.

Même les professionnels des croyances instituées, les religieux de toutes obédiences parvenaient à débrayer quand ils ne prenaient pas leur retraite anticipée. C'était depuis peu que les curés, les prêtres, les évêques, les nonces, les rabbins, les pasteurs, les imams, les Sicks, les moines - enfin tout ce que les religions comptaient de représentants - avaient obtenu de cumuler des points retraites. Des journaux d'opinions s'étaient opposés bien entendu, arguant le fait que Dieu ne se mettait jamais au chômage, ni à la retraite d'ailleurs. Les politiques de l'époque avaient consenti à nuancer leur foi et firent en sorte que tout le monde put bénéficier des mêmes droits. Excepté le Pape et les hautes autorités islamistes, rabbiniques et bouddhiques.

Annotations

Vous aimez lire Taïk de Nushaba ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0