" Que ferais-je avec ces 900 euros ? Qu'est-ce que cela changerait dans ma vie quotidienne ? C'est vous qui me demandez ça ? Mais vous n'êtes qu'assistante sociale, non ? Bon d'accord, je vais vous l'avouer ; pour tout vous dire, alors... Alors calcul : 900 euros ça veut dire pour moi sortir de cet hôtel miteux pour cas sociaux, pour qu'enfin je puisse recevoir du monde chez moi (une fille ?... passons). Et bien évidemment, me prendre une chambre ou un petit studio à 300 euros maxi par mois vous dites ? Ok. C'est toujours mieux que rien. En gros, combien... je regarde sur le net, un instant...18 mètres carré. Bon, y'a pas de quoi s'en faire, c'est fonctionnel. Tout y est. De l'eau, un évier plus une douche, des toilettes, une fenêtre car tout de même je ne demande pas la lune, c'est parfait.
Calcul : reste : 600 euros. On va dire, autant ne pas chauffer l'hiver. Pour ce qui est des charges je dirais : aller, 200 euros car bien sûr, pour un logement dans le privé, le chauffage électrique semble le plus répandu. Et l'eau... moi qui ne bois que l'eau du robinet, ça va me coûter cher ? Bref, oui, vous me dites qu'il y a aussi les charges communes (poubelles, électricité du couloir s'il y en a un, entretien). L'électricité, mais oui ! J'oubliais, c'est celle qui ne cesse d'augmenter, non ? Et voilà, c'est bien ce que je pensais, ces sous-là, c'est un cadeau empoisonné. Avoir de l'argent ça nous pousse à changer de vie et à changer notre façon de voir les choses.
(Re)calcul : reste : 400 euros. Tout juste pour avoir de quoi fumer mon paquet de cigarettes journalier, boire avec les copains au bistrot et manger. Ou alors il va falloir que j'aille faire mes courses au discount market qui se trouve à 10 kilomètres. La poisse. C'est une farce, n'est-ce pas ?
Je ne pourrais même plus m'adonner à ma passion qu'est la musique. Là, plus moyen d'acheter des vinyles. Et merde, je le savais. A chaque fois que je veux faire quelque chose de ma vie je ressens peu de temps après, après avoir réfléchi, le goût amer, l'âpre désolation de me regarder mourir à petits feux. L'argent n'a pas d'odeur mais il a un prix. Le prix de pouvoir se regarder en face lorsqu'il n'y a plus d'espoir. Non je déconne. Mais il va bien falloir trouver une solution, car oui, j'en ai marre parfois de cette vie !
Pourquoi ne pas créer mon entreprise ? Merde, j'avais oublié les impôts. Voyager ? Pour quoi faire ? Encore glander ? J'aime pas les musées, ça me rend claustrophobe. Et bien alors dans ce cas, pour commencer : parce que là ça urge... je vais vous quitter, et je vais me préparer vite fait, pour aller déguster ce bon rumsteak-frites qui m'attend depuis toujours au resto d'en face, pour fêter cette excellente nouvelle !.
Merci à vous et bon appétit mssieurs-dames !..."