Chap 1
Il y a longtemps, bien longtemps, vivaient les lutins et les fées, les korrigans et les sirènes. Dans les forêts magiques, on croisait aussi bien des licornes que des meneurs de loups. Tout le peuple des légendes existait. Tous sauf un être. Nul n’avait jamais vu de dragons. Nul ne connaissait ce mot car les dragons n’existaient pas. Il n’y avait aucun dragon volant, aucun dragon dévoreur de chair, aucun dragon cracheur de feu. Mais alors, vous êtes-vous jamais demandé comment ils sont apparus ?
S’il y avait des fées et des licornes, il y avait aussi des chevaliers, des rois et des ducs. Notre histoire commence d’ailleurs avec une duchesse. C’était une jeune fille du nom de Berthe. Elle était intelligente et belle, ce qui ne gâchait rien. Comme son père était parti en croisades et que sa mère était morte très jeune, elle gérait le domaine avec une grande habileté. Elle promouvait les arts, offrait des bourses aux inventeurs et cherchait à améliorer le sort du peuple. Sa renommée était telle que sa cour était aussi bien fournie que celle du roi.
Dans cette cour, elle fit la connaissance d’un jeune chevalier. Il était jeune, beau, intelligent, et s’entendaient parfaitement bien. Malheureusement, il était désargenté et de faible extraction. Cela ne posait pas de grands problèmes, ils pouvaient se parler à loisir et se fréquenter sans dommages. Vint le jour où son père le duc revint au domaine. La croisade s’était mal passée, les peuples du bout du monde s’étaient battus avec courage et vaillance pour défendre leurs croyances et leurs terres. Grâce à Berthe, les finances de la famille se portaient bien, mais le duc, ayant vu toutes ces richesses qu’il n’avait pas pu ramener, se sentit pauvre.
Il lui vint à l’esprit qu’il devait marier sa fille avec le parti le plus riche. Évidemment, ce n’était pas du goût de Berthe ni celui de son chevalier.
— Tu te marieras avec le duc de Pergale. J’ai déjà commencé les tractations.
— Mais Père, je ne l’aime point ! De plus, il est plus âgé que vous ! Le Chevalier de Trousadec est tout à fait convenable.
— Convenable ? Un chevalier sans terres ni renommée ?
— Peu importent la terre et la renommée, nous sommes suffisamment riches déjà.
— Riches ? Ma pauvre fille. Si tu savais, tous les candélabres d’argent et les murs d’or que j’ai vu. Toutes les vaisselles ciselées et les bijoux brillants ! Non, nous sommes pauvres.
— Ces objets ne nous seraient d’aucune utilité. Nous avons de quoi pourvoir à tous nos besoins.
— Tu te marieras avec le duc de Pergale, j’ai dit.
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