Chap 3

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Alors, Berthe fit demi-tour, en rage. Elle frotta sa bague et invoqua :

— Marraine, Marraine, toi qui me veille, montre-toi à moi.

— Tu m’as appelée ma filleule. Aurais-tu besoin de moi ?

— Oui ! J’ai besoin d’obtenir de l’argent ! Beaucoup d’argent ! Sais-tu qui en aurait ?

— Prends celui du duc de Pergale, c’est l’homme le plus riche du pays.

— Je ne peux pas y aller comme ça. Je serais arrêtée tout de suite.

— Attends, bois cet élixir. Il te transformera en une puissante créature.

— À quoi ressemble-t-elle ?

— À la puissance de ton âme. Jamais deux personnes ne se sont transformées de la même façon.

Alors, Berthe avala l’élixir. Sa peau douce devint rouge et écailleuse, ses doigts se transformèrent en ailes, ses pieds en griffes, sa tête s’allongea. Tout son corps grandit jusqu’à atteindre la taille du golem de terre. Heureusement, la reine des fées l’avait rapidement transportée dans une clairière secrète pour que sa filleule ne puisse être vue du château. Lorsque la transformation fut terminée, Berthe se regarda. Elle était grande et puissante. Elle sentit sa gorge la chatouiller et elle cracha un flot de flammes. Sa marraine lui dit :

— Il y a une grande grotte à l’ouest. Déposes-y le trésor. J’y amènerai ton chevalier pour qu’il clame ce trésor comme le sien.

Berthe sous sa forme de dragon s’envola et se dirigea vers le château du duc de Pergale. Il faisait nuit quand elle y arriva. Personne ne la vit venir. Elle se posa sur la plus haute tour du château et détruisit le toit. Toute cette tour contenait le trésor du duc. Elle attrapa l’or dans sa bouche et l’amena jusqu’à la grotte. Elle fit plusieurs fois l’aller-retour jusqu’à vider le trésor et remplir la caverne.

La nuit était encore noire. Elle décida de rester pour garder ces joyaux, ces bijoux et ces pièces. Elle craignait à son tour les voleurs.

De son côté, la reine des fées était allée au château ducal pour prévenir le chevalier. Elle s’approcha de lui et commença à lui dire :

— Chevalier, votre dulcinée a trouvé le moyen de vous rendre riche.

La reine des fées aperçut le duc qui approchait à grands pas dans leur direction. Il n’avait pas l’air content. Elle se dépêcha de dire :

— Allez dans la grotte du bois sombre, j’y ai trouvé un trésor abandonné.

— Un trésor ? dit le duc qui venait d’entendre. Nous verrons cela. En attendant, mes enquêteurs ont découvert quelque chose. Comment avez-vous pu oser ? Vous, la marraine de ma fille ? Vous avez fait apparaître ce golem sur mes terres ! Je vous faisais confiance ! Pourquoi avez-vous fait ça ?

— Je ne peux pas vous le dire, répondit-elle.

— Vraiment ? Alors la question vous le fera dire ! Au cachot !

— Votre Grâce, dit le chevalier, ne faites pas ça, c’est la reine des fées, vous risquez l’incident diplomatique.

— C’est elle qui a causé l’incident diplomatique en envoyant un monstre ravager mes terres. Emmenez-la et qu’elle n’en ressorte jamais !

Et la marraine de Berthe fut enfermée dans le cachot. Elle ne put rien révéler de plus au chevalier. Il ne put pas le prévenir que Berthe s’était changée en dragon et qu’elle devait boire une seconde potion pour reprendre sa forme humaine.

Le duc s’approcha du chevalier :

— Que vous a-t-elle dit à propos de ce trésor ?

— Rien, votre Grâce, si ce n’est qu’il était dans la grotte du bois sombre.

— Dans ce repaire de voleurs et de brigands ? Allons-y. Ce trésor sera le mien.

La cour entière se prépara pour faire le trajet. Après quelques heures de chevauchée, ils arrivèrent devant la caverne. L’or étincelant illuminait la roche et la créature qui s’y trouvait. Berthe s’était finalement endormie. Les bandits qui infestaient la forêt, avaient bien vu le trésor, mais n’avaient pas approché. Ils se méfiaient de cette créature inconnue et terrifiante. La cour la vit également. Tous reculèrent, sauf le chevalier dont le courage était grand.

Le duc voyait les pièces et les objets précieux. Mais son avidité ne lui fit pas oublier toute prudence.

— Chevalier, allez tuer cette bête pour que je puisse récupérer mon trésor.

— Votre trésor ? protesta le chevalier.

Il n’avait pas oublié le message de la reine des fées. Ce trésor lui était destiné. C’était sa dulcinée qui le lui avait trouvé.

— Oui, MON trésor, il est sur MES terres et vous êtes MON vassal ! Exécution ! Ou je vous ferai exécuter.

Alors le chevalier chargea la dragonne, lance en avant. Berthe entendit le roulement de sabots et se réveilla. Elle fut surprise en voyant un chevalier la charger. Trop endormie, elle ne reconnut pas son dulciné et prit peur. Si elle se laissait faire, cette lance, dirigée vers son cœur, la tuerait. Elle cracha un jet de flammes et vaporisa le combattant.

De grandes exclamations surgirent de la foule des courtisans. Il n’y avait plus que quatre sabots là où se trouvait le chevalier. Le bruit attira son attention. Elle vit son père et la cour. Ce n’étaient pas eux qu’elle attendait.

— Partez ! Allez-vous-en ou je vous carbonise !

De son souffle, elle créa un mur de flammes qui fit fuir tout le monde : son père le duc, les courtisans, les bandits. Elle se remit à attendre sa marraine et son chevalier. Elle ne savait pas que jamais ils ne pourraient la rejoindre.

Depuis ce jour, elle n’a jamais cessé de les attendre, défendant son trésor contre tous.

C’est pour ça que les dragons aiment et gardent sans cesse les trésors. Ils espèrent pouvoir vivre avec ceux qu’ils aiment.

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