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Dans la lunette de mon fusil Walther WA2000, je regarde Noah Müller, l’homme que je dois abattre.
Tous les jours, à la même heure, il s’attable en terrasse de cette brasserie, l’Oasis.
Comme à chaque fois, pas de discussion ni un quelconque échange avec le commanditaire, je ne suis que l’exécutante qui a reçu un dossier sur sa messagerie cryptée. Il suffit de cliquer, aucune enveloppe jaune comme dans les films ou les séries, le contenu est cependant identique, renseignements, photos… Le pourquoi n’est pas mon affaire, ça rendrait les choses trop personnelles.
J’ai eu dix jours pour boucler ce contrat et compléter la documentation qui m’a été adressée. Ce moment où il déguste son café est la meilleure opportunité. Ça semble d’ailleurs être son moment, il ne fait rien d’autre que regarder les personnes qui passent. Une fourmi parmi toutes celles qui grouillent dans ce quartier d’affaires qui ne dort jamais.
La météo est idéale pour ce tir de 280 mètres, j’ai fait le vide dans mon esprit, la tête de Noah Müller dans la mire, je retiens ma respiration, mon index frôle la détente si sensible.
Le projectile s’envole dans le bruit contenu du silencieux. J’ai la sensation de suivre la balle pendant les quelques fractions de seconde que dure le vol jusqu’au choc, cible éliminée.
L’air entre de nouveau dans mes poumons et libère quelques endorphines, j’appelle cela ma jouissance cadavérique.
Le sourire aux lèvres et des frémissements dans le dos, j’efface les traces mon passage du toit de cet immeuble.
Sur le chemin du retour, je m’arrêterais chez mon poissonnier pour acheter une paire de soles ou de limandes que je dégusterais avec un peu de citron après les avoir faites frire, c’est mon rituel de mission accomplie.
Je me nomme River Blue, je suis tueuse à gage.
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