Le silence avant la fin

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La nuit était sombre et silencieuse. Le monde, tout entier, semblait s’être éteint dans le lointain. Les rêves et les cauchemars glissaient, insidieux, s’insinuant peu à peu dans chaque recoin de l’esprit. Dans le lit, malgré la chaleur d'autres corps, on se retrouve seul, isolé dans cette obscurité profonde. Les yeux fermés, une porte s'ouvre, et un autre monde surgit — vaste, mystérieux, où l’esprit se déploie, s’entraîne, explore des contrées inconnues.

Je suis là, en attente, tapie dans l’ombre, perchée sur une colline, observant en silence. Dans la nuit dense, seule la lueur de mon souffle s’entend, léger, lent, mesuré. Je n'ai aucune hâte ; la patience est mon alliée, car je sais que tout viendra à moi en son temps. Mon nom est inconnu, mon visage aussi. Mais il suffit de murmurer un souhait, un désir, et je m'extirpe de l’ombre, prête à agir.

C’est là tout mon travail : écouter, accepter, puis exécuter. Aucun besoin de matériel sophistiqué. Seule la froideur de mon sabre suffit, la seule chose dont j'ai besoin pour accomplir ma tâche. J’aime ce que je fais, un labeur sans attache, sans émotion. Les âmes que je viens chercher sont déjà seules, à l’instant où j’arrive.

Ce soir, le silence est presque parfait. Juste le vent qui commence à se lever, le froissement d’un chat qui sort d’une poubelle, un verre qui se brise quelque part… puis, enfin, le bruit du sang qui éclabousse, un cri déchirant. Ce cri, c’est pour moi.

Je m’approche du lieu. Un homme est là, gisant au sol, baignant dans son propre sang. Son souffle est faible, fragile, et je l’entends murmurer, dans un dernier élan de vie : "Aide-moi…". Je dégaine mon sabre. La lame tranche l’air plus vite que la goutte de sang qui glisse de son front ne touche le sol. En un éclair, ses souffrances s’achèvent.

Au loin, j’entends des gémissements. Je m’avance et découvre une vieille femme, accrochée aux dernières lueurs de son existence, ses yeux accrochés aux miens, suppliants. Dans ce regard, je lis toute la fragilité d'une vie sur le point de s’éteindre. Mais elle comprend, elle sait que l’heure est venue, et un voile de peur teinte ses pupilles. La lame pénètre son cœur sans un bruit. Ici, pas de sentiment, pas de pitié. L’heure est l’heure, et personne n’est épargné.

Je suis la Mort. Je prends ceux dont l'heure est venue, sans m'attarder, sans les accompagner. Je mets fin à leurs vies minuscules et éphémères, sans jugement. Certains espèrent, jusqu’au dernier instant, être épargnés, mais non. Tous terminent de la même manière : seuls, et vides.

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