22 - Sceau
28e jour de la saison de la faux 2448
Paix, tranquillité... c'est tout ce que l'esprit d'Azéna comprenait. Aucun souvenir, aucune image, rien ne dérangeait son sommeil. Cette hibernation surnaturelle semblait durée des jours, trainant aux saisons. Cela importait peu. D'ailleurs, rien n'était important. Elle se sentait en sécurité au creux de sa propre conscience endormie.
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34e jour de la saison de la faux 2448
Un jour, elle crut entendre un tambour. Sa mélodie résonnait au loin et devenait de plus en plus forte. Boum, boum, boum. On aurait maintenant dit une émeute, peut-être une chanson de guerre.
Azéna s'agita pour la première fois depuis si longtemps. Son esprit somnolant était lent, mais enfin, elle devint alerte. Lorsqu'elle ouvrit ses pensées à ce qui l'entourait, elle détecta deux intrus. Le premier était petit, à ne pas sous-estimé. Le deuxième, une montagne riche en améthyste. Le petit être chassait la montagne avec son tambour.
- Mais, arrête ce vacarme, se plaignit l'archère.
La montagne rugit et fit trembler leurs entourages qui n'étaient que noirceur.
- Va, dit le tambourineur, ne sois plus qu'un avec la vie et la mort éternels.
Il guida une vague invisible en direction de la montagne. Azéna sentit un tremblement lorsque la vague frappa sa cible. La montagne ne bougea pas. Elle rugit sa défiance encore une fois. Le tambourineur en guida une deuxième et une troisième. Cette-fois, la montagne se laissa submerger et se mit à flotter. Lentement, sa forme se dessina, formant un dragon. Une magnifique bulle violette l'entoura et il sourit.
La musique devint paisible. Le tambourineur se tourna vers Azéna et joua de son instrument avec une telle vivacité qu'elle les imagina en tant que tornades qui se transforma en un humanoïde conçut entièrement de vent.
- Va dans la liberté de qui tu es, fille de la tempête, dit le tambourineur.
Un mur de vent étrange se forma autour d'Azéna. Elle se sentit elle-même, sa détermination complète et son identité revenue.
Elle s'éveilla brusquement. Sur le choc, elle tenta de se lever mais la force lui manqua et elle faillit tomber face à première.
- Attention!
Elle ouvrit les yeux lentement. Combien de temps était-elle restée inconsciente? Son corps affaiblit criait famine. Devant elle, prête à amortir sa chute éventuelle, se trouvait Fayne, le regard inquiet.
- F-Fayne, bégaya Azéna faiblement.
C'est tout ce qu'elle put dire. Elle humecta ses lèvres dans l'espoir de revigorer sa bouche pâteuse.
- Je suis si heureuse, dit Fayne. J'étais tellement angoissée.
- Elle est restée près de toi aussi souvent qu'elle le pouvait, dit une infirmière qui lui tendit un verre d'eau. Contente de voir que tu t'es réveillée. C'est bon signe.
Azéna prit une gorgée et tenta de se lever à nouveau sans succès. L'infirmière l'installa sur son lit et la fixa d'un regard sévère.
- Prend ton temps. Ton corps a besoin de s'habituer.
- C-Combien... de t-temps... ? demanda Azéna.
- Neuf jours, dit Fayne. Heureusement qu'il y a amplement de mages dans l'académie. Ils ont pu te nourrir à la magie. Tu n'as pas trop maigris. Enfin, tu as perdu un peu du masse musculaire que tu avais tant travailler à gagner durant ton entraîtainement...
Azéna se sentait comme si elle avait perdu la moitié de son poids. Son ventre était rentré par en dedans et sa cage thoracique saillait.
- Je mangerais bien, avoua-t-elle en souriant.
Son sourire s'évanouit.
- Qu'est-ce qui s'est passé? Comment ont-ils fait pour me ramener à la réalité? Je ne sens aucune pression de la présence Turion. C'est comme si sa conscience était dans son propre repaire. C'est étrange. Je sais qu'il est encore là. Je le sens. C'est comme si une...
- Une barrière vous sépare, répondit une voix sombre et rassurante.
Azéna tourna son attention vers le nouveau venu. Son premier réflexe fut de battre en retraite pour éviter une attaque. Elle s'apprêta à hurler, mais Fayne réagit rapidement et lui couvrit momentanément la bouche.
- Qu'est-ce que...? demanda Azéna. Qu'est-ce que tu es?
Elle leva le bras comme pour former un bouclier entre elle et l'étrange créature. Humanoïde était la définition la plus douce qu'elle réussit à trouver pour la décrire. Quatre énormes ramures de cerfs saillaient de son crâne. Son physique, malgré que très musclé, émanait une certaine douceur, comme une tranquillité. Sa chevelure cascadait autour de son cou et se convergeait en crinière. Sa fourrure argentée paraissait aussi duveteuse que celle d'un chaton. Le plus intéressant était que malgré son allure animalesque, ses yeux étaient parfaitement humains. Ils ressemblaient fortement à ceux de Fayne d'ailleurs; un brun chaleureux. Azéna s'attendait à ce que la créature feule sauvagement mais, au lieu de cela, elle l'observa dans une immobilité surnaturelle.
- Rohokub, répliqua la créature dans un petit hoquet qui laissa échapper une note musicale.
- C'est le chaman blanc qui t'a aidé, expliqua Fayne.
Azéna ne savait pas quoi répondre, abasourdie par le choc.
- Il ne va pas rugir et me bondir dessus? finit-elle par lancer.
- Ne sois pas idiote, répliqua sèchement Fayne. Il semble agressif d'après toi?
La créature dénommée Rohokub eut un petit rire, comme s'il était amusé par la réaction de l'archère.
- Je suis certains que tu as des questions, jeune Far'Kili.
- ...quoi? hésita Azéna. Far'Kili?
- Ça signifie esprit libre dans sa langue maternelle, expliqua Fayne. Il appelle tout le monde qu'il rencontre d'après une description qui leur convient. Il doit avoir vu quelque chose en toi pour t'appeler ainsi. D'ailleurs, ça fait depuis qu'il a sondé ton esprit qu'il t'appelle Far'Kili.
- B-Bien sûr... Umm... Rohokub, est-ce que Turion va bien?
- Maikuwa est en sécurité, répondit Rohokub.
Azéna en conclut que Maikuwa devait être le surnom qu'il avait donné à Turion. Elle sentit une vague de soulagement l'envahir.
- Pour l'instant, termina Rohokub. Maikuwa sera traqué et ce pour l'éternité. Il y aura toujours des cœurs malfaisants.
Azéna remarqua ses dents, toutes des molaires. Elle en déduit qu'il devait être un herbivore. Rassurée, elle réussit à se calmer un peu. Peut-être n'était-il pas si alarmant après tout.
- Et que signifie Maikuwa ?
- Grande vie, dit Rohokub avec une note musicale qui anima sa voix.
Il croisa les bras et cacha les mains dans les amples manches de sa robe puis, attendit patiemment. Azéna ne savait pas comment réagir à une telle présence. Elle savait que bien des créatures rôdaient Aerinda, mais celle-ci était quelque chose d'unique. Humanoïde, mais quand-même à demi-animal. Ça la stupéfiait.
- D'où viens-tu?
Rohokub y réfléchit. Il sembla se perdre dans ses songes, le regard flou.
Après un moment, Azéna finit par réalisée que sa question n'était peut-être pas claire.
- Je veux dire, où es-tu né? s'impatienta-t-elle.
Des pas distrayaient le chaman. Son attention se posa sur un elfe au sourire chaleureux qui se positionna en face d'Azéna.
- Je suis ravi de te revoir sur pieds, dit Terenas.
Azéna cligna des yeux. Elle se sentait beaucoup mieux, mais quelque chose clochait toujours. Un sentiment étrange qu'elle n'était pas seule intérieurement la rongeait depuis son réveil. Elle réfléchit longuement et finalement, les souvenirs des dernières heures s'éclairèrent. Turion était, ou, enfin, avait été dans son esprit comme s'ils avaient été fusionnés ensemble. Elle fixa Terenas avec sévérité.
- Où est Turion?
L'elfe soupira et s'assiéra à ses côtés.
- Laisse-moi jeter un enchantement de protection autour de nous.
Azéna avait du mal à contenir son impatience, mais elle le laissa procéder. Le grand maître marmonna quelques incantations, ses yeux s'illuminèrent d'un bleu pendant un instant et il lui donna enfin son explication.
- Mille pardons pour te faire attendre, mais je devais m'assurer que personne ne puisse entendre cette conversation. Tu es familière avec les rituels de scellage?
Azéna lui lança un regard incrédule.
- Scellage? questionna-t-elle en levant un sourcil. Je ne crois pas.
- C'est bien normal de ne pas être au courant. Ce sont des techniques très avancés que seule la prouesse des chamans peut exécuter.
Il montra Rohokub d'un coup d'œil :
- Expliquant la présence de Rohokub.
- Et celle de ce chaman noir dans la grotte, remarqua Fayne.
- Précisément, confirma l'elfe lunaire. Commençons par la base, un sceau permet d'enfermer des objets, êtres vivants ou du mana à l'intérieur d'un récipient. C'est un peu comme mettre une panthère en cage. Une fois enfermée, la panthère peut être ignorée ou utilisée. Évidemment, une panthère possède sa propre volonté et sa propre force; elle ne se laissera pas contrôlée si facilement, même coincée derrière des barreaux. Une autre chose à prendre en considération, si le contenant n'est pas assez résistant, la panthère peut prendre contrôle de sa cage ou, pire encore, se libérée. Parfois, un hôte n'est même pas conscient qu'une entité sommeille en lui.
- Donc... Turion est...
- Dans ton subconscient. Tu es l'hôte de Turion, à présent. Avant toi, il était scellé dans ta plume. C'est pourquoi elle était tant recherchée et légendaire. On désirait puiser son pouvoir. Malheureusement ou heureusement, dépendant de la situation, la plume est un objet sans propriété magique, ce qui empêchait un flux solide pour le pouvoir de Turion. Ainsi, il n'avait pas la capacité de les utiliser, sinon à un minimum.
- Pourquoi ont-ils scellé Turion en moi? Pourquoi pas en l'un d'entre eux?
- Turion aurait résisté. Son esprit est si puissant, si vaste. Je suis surpris que ton corps puisse supporter une telle entité. Normalement, la cage doit être en mesure d'accommoder la panthère. Dans ton cas... Tu es un très petit récipient pour un si grand être. D'ailleurs...
Il prit une grande respiration, comme si ce qui allait suivre le peinait beaucoup.
- D'ailleurs, répéta-t-il, il a failli te tuer. Il existe différents types de sceau. Le tien était très ouvert, permettant à l'hôte de librement se manifester et utiliser ses pouvoirs au travers de son hôte. Par conséquent, le sceau est très instable et se brise aisément. Lorsqu'un sceau se brise sans le support d'un chaman, l'hôte risque sa vie, spécialement dans ton cas. Ton corps n'était déjà pas capable de supporter une telle entité. Turion luttait pour réprimer sa propre conscience pour ne pas briser le sceau.
L'elfe se retourna vers l'étrange créature.
- Rohokub a modifié le sceau...
- Pourquoi ne pas l'avoir enlevé complètement si c'est si dangereux pour moi? s'écria Azéna. Je ne suis pas une expérimentation!
Azéna réalisa ce qu'elle avait dit et espéra de tout son cœur que Turion ne l'avait pas entendu. Elle avait paniqué, elle avait peur de mourir. C'était si nouveau toutes ces informations. La délicatesse et les mesures à prendre pesaient sur son dos. Et, en plus, Terenas n'avait pas terminé son explication des sceaux. Plus il en disait, plus son pouls battait rapidement.
Heureusement, Terenas avait bon cœur. Il lui laissa un instant pour qu'elle se calme et continua :
- Je comprends totalement tes craintes. Laisse-moi t'expliquer pourquoi nous avons opté autrement. Premièrement, Rohokub ici présent est un maître en art du scellage. J'ai foie en lui et en ses pouvoirs. Je ne craignais pas pour toi une fois son arrivé. La partie complexe était de contenir Turion pendant une longue nuit. Avec l'aide des sages, nous avons réussis.
Sur ce dernier mot, il sourit largement. À ce moment, il semblait rayonné.
- C'est tout un exploit pour des mages, dit Rohokub. Il est très difficile d'affecter un sceau sans le lien spirituel que nous chamans possédons.
Azéna sentit son corps se détendre un peu. Les bonnes nouvelles semblaient atténuer sa peur.
- Et deuxièmement, continua Terenas sur un ton plus optimiste, j'ai foie en toi.
Sur le coup, Azéna ne comprit pas ses mots.
- Qu'est-ce que vous voulez dire, Grand Maître?
- Clairement, Turion et toi êtes destinés à être liés. Vous êtes un couple dragon et dragonnière. De plus, ça arrive une fois à chaque décennie que quelqu'un se lie avec deux dragons. Évidemment, Turion te respecte et t'adore déjà s'il avait choisi d'abandonner la liberté pour te sauver la vie. Tu es forte, Azéna Kindirah. Tu es destinée à de grandes choses.
Azéna sentit les larmes monter et rouler lentement le long de ses joues. Personne ne l'avait jamais vanté de la sorte. Un élan de courage l'enveloppa et elle essuya ses larmes.
- Merci, Grand Maître.
- Tu es entourée d'amis qui te soutiendront, dit Fayne, le sourire plus large que jamais.
Azéna eut un petit rire et croisa les bras derrière la tête.
- Je ferai de mon mieux.
- Ce ne sera pas si facile a contrôler, dit Rohokub. J'ai solidifié le sceau, mais tu sais, Maikuwa est vaste. Ne laisse pas tes émotions prendre le dessus sinon, tu deviendras ton pire cauchemar et même Maikuwa ne pourras pas toujours t'arrêté. Tu es son hôte, après tout, son sol, son support.
Terenas hocha la tête.
- Tu es la première personne en qui un dragon est scellé. Nous ne sommes pas conscients des effets que cela aura sur toi.
Il pointa le bras gauche d'Azéna. Celle-ci s'empressa de jeter un coup d'œil. Là, près du poignet, une petite tâche pourpre reposait.
- Qu'est-ce que...
Elle l'observa de plus près. C'était de minuscules écailles qui avaient pris forme sur sa peau. Son cœur se renversa encore une fois
- Qu'est-ce que c'est que ça !? s'affola-t-elle en fixant son poignet comme s'il avait été profaner.
- Aussi, continua Terenas qui resta calme malgré la réaction exagérer de son interlocutrice, on devra s'attendre à ce que tu sois la nouvelle cible pour les filous qui désirent le contrôle de Turion. Garde ce secret pour toi, pour ta propre sécurité.
Cette fois, l'estomac d'Azéna se contracta et elle eut des nausées.
- Ça suffit le vas et viens des bonnes et mauvaises nouvelles, dit Azéna les larmes aux yeux. Vous allez faire mes nerfs éclater.
Le groupe, mis à part Azéna, ria doucement. Terenas annula son enchantement et traîna Rohobuk avec lui hors de l'infirmerie.
- Oh, dit-il alors qu'il traversa le cadre de porte d l'entrée, je t'accorde une journée de repos.
Les yeux d'Azéna pétillèrent à cette nouvelle.
- À l'infirmerie, pointa Terenas avant de disparaitre.
Azéna fit la moue. Elle détestait être coincée dans son lit.
- Tu devrais te reposer tu sais, dit Fayne, toujours aussi bienveillante.
Les deux soleils se couchaient paresseusement, laissant le ciel se baigner dans leur lueur mourante. Azéna s'inquiétait à propos de ces amis, ces maîtres, ces camarades. La petite tâche violette sur son poignet lui rappela la gravité de la situation qui l'avait amenée où elle était. Elle s'inquiétait même pour elle-même, pour Tyrath et des dragons. En plus, une guerre était sur le point d'éclatée. Est-ce que sa famille serait en sécurité pendant son absence? Argent, toujours aussi sûr d'elle, se dessina dans son esprit.
La chaleur de la main de Fayne la tira de ses pensées. Sa camarade devait avoir remarquée son angoisse.
- Je passerai au travers, dit-elle en forçant un sourire.
Elle serra la main de Fayne que celle-ci avait posée sur elle dans l'espoir de la réconforter.
- Ne t'en fais pas. Je vais me coucher comme une bonne fille.
Cette fois, elle sourit sincèrement. Satisfaite, Fayne la salua et partit.
- Je vais quand-même te surveiller, avertit l'infirmière.
- Je renonce, je renonce! dit Azéna en sursautant, le sang glacé par la crainte. Si j'avais un drapeau blanc, je le balancerais en ce moment. Juste pas de liquide bizarre qui goûte comme un sac de déchets, je vous en supplie !
L'infirmière leva un sourcil et porta son attention vers un autre patient. Azéna soupira, soulagée de ne pas avoir à avaler une autre concoction dégoutante pour la faire relaxer. Elle jeta un coup d'œil à son poignet. Les écailles avaient disparu.
« Ça veut dire que l'esprit de Turion s'est calmé? Je devrais lui parler... »
Son estomac se nua. Elle réalisa qu'elle avait peur d'agiter la conscience de Turion. Elle hésita et, finalement, elle prit le dessus de son anxiété. Elle tenta d'appeler le dragon violet, mais elle ne reçut aucune réponse.
« C'est bon ou mauvais ça? »
Légèrement inquiète, elle tenta de relaxer le reste de la soirée en attendant pour un signe de vie de la part de Serfantor. Le plan pour récupérer de l'information de la bibliothèque privée des maîtres était supposé être exécuté en plein ce soir.
Tyrath passa la visiter. Il avait gratté à la fenêtre jusqu'à ce que l'infirmière lui ouvre. Azéna lui promit de tout lui expliquer une fois qu'ils seraient seuls. Tyrath, inquiet pour sa dragonnière, finit par partir malgré sa rancœur.
- Je suis heureux que tu sois bien, avait-il ronronné avant son départ.
✦×✦
Ce n'est qu'une demi-heure avant le couvre-feu des apprentis que l'elfe gris se pointa. Il avait une cadence lente, comme s'il ne voulait pas faire face à Azéna. La jeune demie-elfe lui fit signe d'approcher. Elle sautillait presque dans son lit juste à l'idée que leur plan allait enfin être mis en marche le lendemain soir.
- Allez, viens, je dois dormir bientôt.
Serfantor soupira, se cacha les mains dans ses poches et accéléra. Une fois à côté du lit d'Azéna, il l'examina longuement en silence.
- Mais arrête, dit Azéna. Tu vas me gênée.
- Ces yeux pétillants... Tu es trop enthousiaste.
- Quoi?
- Je sais déjà ce que tu vas me dire. On remet tout ça à demain. Je le vois déjà venir, tu vas nous mettre dans le pétrin. Tu attires les ennuis comme un affamé à un festin de champignons. La preuve réside à l'endroit où tu es en ce moment.
- Eh? Festin de champignons?
- C'est ce que nous mangeons le plus souvent puisque les soleils... Laisse tomber.
- Oh, arrête! Tu m'as déjà donné ton accord alors, on y va demain soir. C'est important et tu le sais très bien.
Elle serra les deux mains ensemble et lui accorda le plus dégoutant des regards mignons qu'elle puisse produire. Elle attendit que la pression s'amplifie et finalement, il craqua et tourna le visage de côté, laissant échapper un petit rire quasi inaudible. Elle maudit la longue chevelure de l'elfe qui cachait son expression faciale.
- Les femmes, marmonna-t-il plaintivement en tournant les talons.
- Ça veut dire oui? demanda Azéna. Au crépuscule, rencontre-moi au Nid du Dragon, près de la caverne du vol draconique gris.
Il la salua en agitant la main puis, alors qu'il franchissait le seuil de la sortie, il donna son approbation en tournant le pouce vers le haut. Le cœur d'Azéna fit un bon. En fin de compte, elle avait gagné.
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