Chapitre 34 Coalition glaciale
C’était gagné ! Isabelle avait rejoint nos rangs afin de nous aider à retrouver l’héritage des Bertolucci. En contrepartie, elle pourrait en bénéficier. Elle n’aurait ainsi plus besoin d’agresser des victimes innocentes chaque nuit. Qui plus est, elle serait également en mesure de nous aider à arrêter le bibliothécaire, responsable de la mort d’Isa.
Isabelle était des nôtres, certes, mais elle n’avait toujours pas oublié les années de détention que lui avaient fait subir Charlotte et mon grand-père. Charlotte, de son côté, était toujours bouleversée à l’idée que son bienfaiteur et ami eusse pu être le meurtrier de son mari. Moi-même, je ne savais pas quoi en penser. Ma mère n’avait jamais voulu me parler de son propre père. Même pour ma grand-mère, Charles restait une énigme. Un homme au passé obscur qui avait fait fortune d’une manière inexpliquée.
Ella avait échoué à identifier les hommes qui me surveillaient. Elle revint nous prendre afin de nous trouver un nouvel abri.
Dans le but de faciliter les rapports futurs entre les deux reines vampires, j’avais eu l’idée d’initier un rapprochement en les plaçant toutes les deux à l’arrière de la voiture dans l’espoir qu’elles se parleraient. En revanche, j’avais peut-être été mal inspiré en ayant placé Victor entre les deux jeunes femmes. Assis à l’avant, je pouvais remarquer combien il était tendu. Il faisait penser à un moucheron piégé entre deux araignées. Comme si le fait de se débattre allait les faire fondre sur lui. J’espérais surtout qu’elles n’oseraient pas lever la main sur notre décodeur ambulant. Son savoir était précieux et c’était pour moi le meilleur argument pour les empêcher de se battre entre elles.
Je me tournai alors vers Ella :
« Où nous emmenez vous au juste ?
-Dans le seul endroit de Paris où des gens comme vous passeront inaperçu. La Police est sur les dents, il va falloir faire plusieurs détours. Faites en sorte de calmer le jeu avec nos passagers à l’arrière.
Charlotte fit une tentative pour briser la glace.
-J’ai entendu dire qu’on te prenait pour une Dame Blanche. Qu’est-il arrivé au juste ?
Isabelle soupira nerveusement.
-Est-ce que c’est vraiment utile d’en parler… Ils m’ont déshabillée à l’hôpital en pensant que j’étais morte. Avant de m’enfuir, j’ai croisé le légiste dans le couloir et je lui ai pris sa blouse.
-Tu as dû lui faire de l’effet, il t’a prise pour un zombie.
-Pffft
-Et ces vêtements, ils viennent d’où ?
-Je les ai empruntés à une fille de joie que j’ai croisée dans les bois…
Le malaise venait de s’installer à l’intérieur de l’habitacle. L’atmosphère de plus en plus pesante, était à couper au couteau. Victor, toujours pris entre deux feux, respirait difficilement, de plus en plus fortement, comme s’il fut pris d’une crise d’angoisse.
-Et pour le lion ?
-Il m’avait regardé de travers ! En plus il avait déchiré ma blouse.
-Mais enfin ! Tous les lions font ça ! Ton comportement va tous nous mettre en danger. Je vois déjà les journalistes en quête de sensationnel : Une bête inconnue en liberté dans Paris ! Un lion attaqué par une créature ! Qui est la Dame Blanche du périphérique ! Exactement comme en 1890 !
-Tu exagères, ce n’était pas seulement moi en 1890.
-Que s’est-il passé en 1890 ? Demandai-je.
-Reste en dehors de ça ! Me dirent-elles toutes les deux. »
Sur cette dernière injonction, Victor s’était évanoui.
Réussir à faire s’entendre ces deux-là était encore loin d’être gagné. Elles en avaient toujours gros sur le cœur. De toute manière, nous devions nous hâter de rejoindre l’abri proposé par Ella. Notre opération à Vincennes avait attiré l’attention et les dégâts dans la chambre d’hôtel avaient provoqué l’intervention de la Police. Il était préférable pour nous de faire profil bas pour le moment, au moins le temps de nos recherches.
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