« L’invocation a fonctionné !

-Incroyable ! »

Bien moins souple qu’Isabelle, je luttais afin de m’extirper de la crypte. De son côté, Isabelle se faisait la plus menaçante, en montrant ses crocs, elle empêchait quiconque de quitter la salle.

« Ils en savent trop, dit-elle. C’est pour nous l’occasion de faire un bon repas…

-Attend, tu n’envisages tout de même pas de les tuer ?

-Ce ne sera pas utile. Si je me nourris de chacun d’entre eux, je suis en mesure d’établir un contrôle mental.

-Ils sont trop nombreux.

Mais pendant que nous étions occupés à tergiverser, l’un des adeptes s’approcha doucement de moi, comme pour vérifier si nos crocs étaient naturels.

-Vous,… Vous êtes vraiment des vampires ?

Il m’éclaira de sa lampe, forçant mes yeux à luire.

-Écartez ça de mes yeux, bordel !

-Désolé, c’est que je n’arrive toujours pas à y croire.

-D’abord, qui êtes vous ?

-Je… Je m’appelle Romain, je suis un cataphile. Avec les potes, on voulait juste faire une blague en simulant un sacrifice, on ne pensait vraiment pas qu’on allait vous invoquer.

-Vous n’avez rien invoqué du tout, lui répondis-je. On s’est perdu là-dessous, on vous a entendu. Vous n’avez donc que ça à faire de vos journées ? »

Pendant que je dépoussiérais mes vêtements, je remarquai que l’étudiant cataphile était habillé un peu comme moi.

« Hé mais attendez ! Vous êtes gothique ?

-Euh oui, enfin si on veut, répondit-il.

-Vous ne connaitriez pas un certain Lestat par hasard ?

-Bien sûr que je le connais ! Mais alors ça veut dire que vous êtes ses protégés ?

-Vous êtes au courant ?

-Oui, enfin c’est une rumeur qui circule. Il nous est demandé à toute notre communauté de préserver le secret à propos de quatre immortels. C’est pour vous que l’Armée est à Paris ?

-Hélas j’en ai bien peur. »

Le dénommé Romain calma ses amis et leur fit jurer de ne rien dévoiler à propos de cette soirée. En contrepartie, je persuadais Isabelle de tous les laisser partir. Seul Romain resta avec nous afin de nous aider à sortir.

« Où sommes-nous au juste ? Demandai-je.

-Vous vous trouvez sous le cimetière Montparnasse, cet accès est secret. On devrait déboucher sur un caveau. »

Après plusieurs déambulations à travers d’étroites galeries, nous pûmes enfin revoir notre plus grand adversaire : le soleil. Celui-ci était sur le point de se coucher. Nous avions réussi à semer la surveillance des forces de l’ordre ainsi que le traitre qui coopérait avec l’Armée. Romain se proposa de donner son sang, afin je cite, de voir quel effet cela faisait. Isabelle ne se fit pas prier et mordit au cou. À présent que j’avais compris comment faire sortir mes crocs sur commande, je fis également une tentative sur son avant bras. Il cria de douleur et le retira vivement, ce qui amusa Isabelle.

« Navrée, il débute, dit-elle en pouffant de rire.

-Ce n’est rien, répondit Romain. Par contre, votre morsure est très agréable, c’est déjà fini ?

-Oui, votre sang est très bon, mais je risquerai de vous vider entièrement si je me laissais emporter.

-Quelle belle mort ce serait. »

Nous quittâmes le jeune cataphile pour rejoindre notre point de rendez-vous : Saint Sulpice.