Je tournai ma tête vers celle de Tom, des larmes de joies me montant aux yeux. Alors ça y est ? J'ai enfin un véritable ami ? Un de mon âge ? Enfin, je crois vu qu'il n'a pas l'air plus vieux que moi. Ce dernier souriait gaiement et me fixait droit dans les yeux, m'arrachant un sourire niais. Je pouvais presque sentir mon coeur se réchauffer, sa couche de glace fondant peu-à-peu. Mais je me suis resaisis, retirant le sourire de mes lèvres et retournant aux lacets de ma veste. Il ne fallait pas que ce jeune homme me fasse perdre contenance aussi facilement.

 - Drisfin, tu vas où au fait ?

 - Hmmm... Je suis convoqué à un repas de famille avec ma fiancée. Mais bon, j'enverrais Dalra t'apporter de quoi manger. Ah moins que tu ne préfères que ce soit moi qui vole de la nourriture pour toi ?

 - Qu'insinuez-vous ? Je me fiche bien de savoir qui m'apporte des vivres. Tant que je mange, peu m'importe la personne qui me l'amènera.

 - Hum ? Si tu le dis...

J'ai arrangé aux mieux mes cheveux, essayant de dissimuler au mieux la majorité de mes mèches châtains. Sans grand succès. Tom attrapa une mèche et la renifla.

 - Gnnn !!! Tu fais quoi là !?

 - Oh ? En fait, c'est juste que tes cheveux sentent les fleurs. Mais j'étais pas sûr alors quand je t'ai vu les toucher bah je me suis dit pourquoi pas vérifier. Et puis... Cette odeur te correspond bien. T'es comme une rose. Tu es beau mais tu as des épines alors il faut être prudent avec toi.

Il me fixa profondément avant d'esquisser un sourire devant mon air confus. Il savait comment me gêner. J'ai dégagé ses bras et l'ai repoussé pour pouvoir me regarder dans mon mirroir.

 - Monsieur le Prince est narcissique ?

 - Dis, si c'est pour dire n'importe quoi, autant ne pas ouvrir ta bouche et tourner ta langue cinq fois dans son antre. Alors maintenant, moi j'ai un repas.

Je suis sorti, faisant attention à ne pas ouvrir de trop la porte pour ne pas laisser Tom dans le champ de vision d'un elfe. Je n'avais vraiment pas hâte de ce repas.

 - Alors Drisfin, as-tu une date précise pour quand tu épouseras notre chère Tha ?

 - Comment ? dis-je, sortant enfin de mes pensées.

Cela faisait plus de 20 minutes que j'étais assis à cette table et qu'il n'avait qu'un seul sujet à la bouche, les fiançailles. Moi, je voulais m'en aller le plus vite possible mais je n'avais pas vraiment envie que mon père recommence son petit caprice. Mais je trouvais que mon père manquait d'enthousiasme dans sa voix lors de sa fabuleuse question.

 - Père, je...humm... Je voudrais vous parler après ce repas. Et non, je n'ai aucune date en tête. De toute façon, plus la date sera éloignée, mieux je me porterais.

 - Drisfin, siffla le Roi, ne commence pas. Mais, bon, si tu y tiens. Et j'espère que tu ne me fera pas perdre mon temps.

 - Ne vous en faîtes pas, c'est.... bah.... Attendons la fin de ce repas pour en parler. 

Mon père hocha la tête lentement et esquissa une grimace en apercevant Theldir entrer dans la pièce avec un parchemin noir dans les mains. Tout le monde se figèrent. Les parchemins noirs n'étaient jamais de bon augure.

 - Grand Roi, ce parchemin était devant la porte du palais... Mais j'ignore comment il est arrivé ici.

 - Hmmm.... En effet, c'est étrange. Bien, ce repas est terminé, vous pouvez disposer.

 - Mais père....

 - Drisfin, on parlera après ! J'ai à faire.

Il s'éloigna, talonné par Theldir qui était d'un silence anormal. Je pouvais sentir d'ici qu'il y avait un problème et que c'était lié à Tom. Je me suis engagé dans le couloir menant à ma chambre quand une main attrapa mon bras et me tira en arrière.

 - Drisfin, faut qu'on parle.

J'ai tourné ma tête et je vis Dalra me regarder sans rien exprimer. Cela n'augurait rien de bon. Le parchemin, Dalra.... Ce sera quoi après ? Tha qui devient enfin supportable ?

Elle m'a entraîné jusqu'à ma chambre où on retrouva Tom assis en tailleur sur mon lit, la mine sombre.

  - Bon maintenant cela suffit ! Que ce passe-t-il encore !? m'embarquais-je, furieux que tout le monde soit d'avis à aborer une tête assombrit par des tracas.

 - C'est que cet humain commence à nous attirer des ennuis ! Des gardes ont trouvé des affaires à lui, enfin je crois, et soupçonne qu'un Elfe, donc toi, l'a sauvé.

 - Désolé.... bougonna Tom, se triturant les mains.

 - Bon, maintenant vous allez m'écouter pour une fois dans votre vie. De une Tom, je ne regrette pas de t'avoir sauvé. Quand tu seras sur pieds, tu repartiras. De deux, Dalra, part inventer une histoire stupide pour les affaires de Tom. Moi, je vais essayer de réfléchir clairement à cette situation.

  - Mon Prince, il y a une chose que j'aimerais vous dire..

 - Parle Dalra. Je t'écoute.

 - Je pense que la lettre noire est à cause de.... Vous-savez-qui.

 - Mhhh.... Peut-être je demanderais à mon père quand je le peux. En attendant, tout le monde va se reposer.

 - Mais on est au milieu de l'après-midi, riposta Tom, désignant le ciel parfaitement bleu.

 - Oui, je sais bien, mais reposer ne veut pas dire dormir, répliquais-je, clouant ainsi sa bouche.

Il baissa les yeux et ne les releva plus durant la conversation. Le voir comme ça me faisait mal, ayant connu ce sentiment moi-même, enfin si c'est celui que je pense. Avoir l'impression que tout est de notre faute alors qu'on est sûr de n'avoir rien fait.Ce sentiment a engloutit tellement de personne. Moi le premier.

 - Tom, dès que tu seras remis sur pieds je t'emmènerais monter mon Jarvos pour que tu puisse apercevoir le village. Il est splendide.

 - Ah...Euh merci Drisfin. J'en serais ravi, répondit l'humain en relevant la tête.

J'ai esquissé un léger sourire et il me le rendit gaiement. Ce jeune homme était le seul à pouvoir me faire sourire alors que jamais personne n'avait réussi. C'est vraiment une personne à part. Cet humain était pur mais je pouvais sentir une chose que Dalra n'avait pas réussi à détecter. Un lourd fardeau. Un secret qu'il ne voulait pas nous laisser parître. Ce secret lui causerait bien des problèmes s'il venait à être découvert. Je ne savais pas quel était ce secret, mais je doute qu'avec lui Tom arrivera à garder ce visage si joyeux et rempli de vie. Un jour, ce visage sera terne et aucun sourire ne se figera sur ses lèvres. Jamais il ne retrouvera cette douceur et finira brisé. Brisé à cause de ce fardeau écrasant.

 - Tom, arrête de me fixer, ça devient gênant..

Le jeune garçon marmonna un désolé avec une tête rouge. Je l'ai observé, essayant de comprendre son attitude qui aurait intrigué tout les êtres fantastiques que les humains ne soupçonnaient pas l'existance.

J'ai rigolé en entendant le ventre du jeune homme réclamer de la nourriture d'une façon si disgracieuse. Il me fixa avant de me lancer un de mes oreiller à la tête, me perturbant beaucoup. Je ne comprenais pas vraiment à quoi cela rimait.

 - Je t'interdis de rigoler ! J'ai faim moi !

 - Haha... Vous les humains avez une façon peu gracieuse pour exprimer votre apétit. Et mon cher.. Je vais t'apprendre quelque chose ici.. Personne ne me donne d'ordre.

Je lui lançai alors en retour l'oreiller qui le coucha brutalement une fois qu'il eût atteind sa cible. Tom grimaçait de douleur en se tenant le ventre, à l'endroit exact où l'oreiller l'avait frappé.

 - Mon prince... Je ne pense pas qu'un oreiller puisse faire autant mal... Vous avez une force hors du commun ou quoi ?

 - Maintenat que tu le dis.. Il est vrai que les Elfes et autres crétaures ot une force démesurés contrairement à vous. Même si nous, les Elfes, n'aimont pas l'exploiter pour des broutilles. N ous l'utilisons plus pour les guerres et des batailles. Après, nous avons d'autres sens plus aiguisés que vous. L'odorat, l'ouïe, la vue le goût, le toucher...

 - Le toucher !? Mais c'est impossible ! Non ?..

 - Comment t'expliquer... Tiens un exemple...

Je me suis approché de lui et lui est carresser le bras, ce qui le fit frissonner et sursauter légèrement. J'ai remonter à son épaule pour commencer à glisser ma main sous sa tenue, sentant les moindres particules de sa peau s'activer et frémir à mon contact.

 - Tiens ? Ta peau est froide. Tu as froid ? demandais-je, étonné de ne pas retrouver la chaleur que j'attendais pour procurer plus de plaisir à ma manipulation qui aurait pu m'apporter tellement d'informations sur mon locataire.

 - C'est juste que ta main est chaude... Et arrête.. Je... Ça me perturbe..

J'ai retiré ma main, vexé de ne pas pouvoir aller plus loin. J'étais presque triste de ne pas pouvoir sentir sa peau se réchauffer. Elle était restée froide, même quand je lui avait tâté la peau délicatement.

 - Bon, je reviens à mes explications. Alors je m'en étais arrêté au toucher. Il y a également nos " talents ". Moi je suis un Elfe Mage donc je peux pratiquer la magie, comme les Mages, logique non ? Ensuite il y a un autre sens que nous seuls avons, on peut le développer ou juste l'ignorer. Nous avons la capacité de lire les pensées. Enfin avec quelques petites ondes, nous arrivons à déduire ce que vous pensez en quelque sorte. On a pas tout les temps raison mais ceux qui le développe sont très précis et donc vont " lire les pensées ".

Tom me regardait, mais ne me fixait pas directement dans les yeux. Malgré ça, il buvait mes paroles comme de l'eau de vie et ses yeux pétillaient et brillaient presque. Cette lueur me rappelait l'enfant que j'avais été et qui avait été englouti, dévoré par le désespoir et la haine.

 - Drisfin, tu peux m'expliquer ce qu'est un Déchu ?

 - Pourquoi ? Et comment connais-tu ce mot ? demandais-je, surpris et choqué qu'il sache le mot que chaque Elfe redoutait plus que la mort.