J'avais embarqué avec moi quelques livres. Je décidais de les garder pour les premiers jours d'Automne. Là, au beau milieu du mois de mai, je ne pouvais que m'astreindre à profiter des premières chaleurs et des grandes lumières.

 Au petit matin, après mes ablutions, mes deux cafés sur le perron, et la mise à l'eau d'une ligne de pêche aléatoire, je m'installais, fumant, parfois nu, dans le hamac. Observant chaque arbre, chaque branche, chaque feuille s'assujettir à la légère brise tout au-dessus de moi, je me laissais tout à fait transporter dans des rêveries de temps en temps, mais surtout dans mes souvenirs.

 Astrid était tout à fait nue aussi, couchée sur le flanc. Nous venions tout juste de nous rencontrer quelques semaines auparavant.

 Nous nous étions arrêtés comme ça pour pique-niquer dans un petit pré au bout d'un chemin de terre d'un village quelconque. La bouteille de rosé ayant coulé dans nos veines avant même d'avoir ouvert le panier, nous avions baisé ainsi sous cette calme douceur juste avant de s'endormir.

 Une fourmi grimpant sur mon bras m'avait fait me réveiller avant elle. Elle , elle dormait son dos face à moi. Mon regard s'était alors mis à épouser ses courbes voluptueuses tout naturellement.

De ses cheveux mi-longs aux reflets roux, ses épaules roumaines laissant son corps filer jusqu'à ses hanches prémices de ses douces fesses rebondies. Mes yeux dégustaient, mon sexe se dressait. Il y avait quelque chose du paradis là-dedans. Je n'en doutais pas.

 Un moustique dégueulasse, me piquant tout juste au-dessus de la cheville vint me sortir de cette parenthèse. Le bord de l'eau a aussi ses démons, ses parasites.