Faire face
Je me réveille avec la nausée, dans ma chambre. Mon réveil annonce dix-neuf heure, j’ai mal aussi au crâne avec des souvenirs horribles qui me hantent. La sensation de doigts dans mon vagin, l’odeur de parfum et l’amusement de mon père…Non ! Ce n’est pas possible ?!
Pour en avoir le cœur net, je remarque que ma culotte me manque. Plus de doute, je dois mettre les choses au clair. Arrivé dans le salon, je m’attends tout mais pas à la tristesse de mon père. Il fume sa cigarette, encore en tenu, fixant ses chaussures.
— Je sais que tu t’en souviens. Tu as le droit de m’en vouloir, si tu tiens à partir, je te paye un appart. Et avant que tu me craches à la gueule, sache que j’ai vraiment ouvert les yeux tout à l’heure. Il voulait réaliser un fantasme et pour moi, c’était juste, la drogue du sexe. J’étais toujours comme ça, même avec ta mère. Et puis, je cherche la raison qui m’a poussé à lui faire passer un test. Je n’ai pas réussi à communiquer mes désirs de changement, sans doute par peur, j’en sais rien. Alain va m’aider à trouver un psy pour me soigner, faire face à mes pulsions.
Il me regarde enfin et je le crois. Cependant, faut que je lui dise tout ce que cela m’a fait. Il veut me retenir tandis que je tangue.
— Non !
— Je suis un père horrible, tu as donc le droit de…
— Tu as préparé à le voir pour qu’il me viole ! Tu m’as forcée à me droguer une deuxième fois pour qu’il reprend !
— Il t’a juste doigter et puis, on a vite arrêter.
— Tu rigoles ! Il m’a doigter ! Tu lui a offert mon sexe ! Si tu m’aimais vraiment, jamais tu aurais pu dériver !
— Je sais que jusqu’à maintenant, je suis un salaud. Pourtant, je t’aime et puis…
— Et puis ?!
— En allant chez lui, il y avait deux choses. La première, c’est ton avenir et la deuxième, c’est qu’avant qu’on annule ce plan stupide….
— Le plan ?! Le plan de me violer ouai !
— Non ! Non ! Je voulais que tu te marie avec lui pour que tu dérives pas en allant ailleurs. Il avait donc dit oui, sauf qu’il m’a avoué, qu’ayant vu le danger que je suis, sentant que tu te renferme, comme je lui parlais de toi, il fallait t’aider à s’ouvrir au monde, à avoir un bon réseau. Et enfin, comme je menais la danse, je lui ai forcé à te dire que sa boutique était qu’érotique. Il tient vraiment à s’excuser, lui aussi.
— Tu me promets que tu vas consulter ?
— Oui Marine, oui.
— J’ai besoin de temps pour m’en remettre. Tu m’as détruite, nous a détruite. Plus rien ne sera pareil.
— Pardon.
— Laisse moi du temps pour te pardonner.
— Et Alain ?
— Je tiens à ses excuses ce soir ! Et qu’il me rende ma culotte aussi ! Ensuite, je verrais si, je pourrais travailler avec lui !
— Il n’est pas aller loin, je suis un début de doigtage.
— Stop !! Stop ! Je veux donc qu’il s’incline devant moi ! Je vais me doucher.
Je m’en vais me calmer avec de l’eau froide et en larme. De retour dans ma chambre, une petite enveloppe de mon père coller sur le cadre photo de mon bureau. J’avais sept ans, dans ses bras et on était à la campagne pour une journée poney : « Ma princesse, ta naissance à changé l’homme que j’étais. Je suis bon, je le sais et je veux retrouver cette sensation. Le poison était brûlant sur ta pauvre mère. Je brisais en fait, moi. Aveugler entre haine de mon mal-être et mon amour pour vous. Je sais, que rien ne sera comme avant. Pourtant, pour avancer vers enfin ma paix intérieur, je vais me soigner. Je continuerais ainsi, à être dans une meilleur version de moi-même, pour ton bonheur. Ma vie est déjà finit, toi, elle se dessine. Si je pouvais revenir en arrière, crois-moi, je le ferais. Si tu as aussi besoin de voir quelqu’un, je t’aiderais. Ton père, qui t’aime. »
Je pleure une deuxième fois et j’hésite à lui accorder cela. Faut que je m’accorde une semaine, voir peut-être la psy de l’école pour avoir son avis. Pourtant, jusqu’à maintenant, il était parfait à mes yeux. Je peux comprendre que sa drogue au sexe soit malsaine, dans ce besoin de reprendre le contrôle.
— Il est là Marine.
— J’arrive papa.
Je range la lettre dans l’enveloppe pour m’habiller en pyjama. Alain est toujours à l’entrée avec mon père, gêné en me donnant ma culotte sortant de sa poche de manteau. Je la récupère pendant ses excuses. Je ne peux m’empêcher de regarder ses mains, en me souvenant qu’elles ont pénétrés mon intimité. Droguée, donner comme un jouet pour un fantasme.
— Vous méritez la prison, tous les deux.
— On le sait bien, ma puce.
— Monsieur ?
— Oui ?
— Je vous donnerez la réponse quand je me sentirais prête. Par contre, si jamais je travaille avec vous, je veux avoir l’assurance, que ça restera professionnel. Et que j’espère que ce fantasme horrible, ne se reproduira plus, sur d’autres jeunes filles.
— Je te le garantie.
— D’ailleurs, pourquoi avoir ce genre d’idées sordides ?!
— Cela nous excite et puis, dans la réalité, désolé, mais je ne voyais plus, qu’un…
— Un jouet oui ! Et il a fallu attendre mon réveil pour que vous prenez enfin conscience ?!
— La pulsion était plus puissante que la raison. Je pense que je me serais pas stopper…quelque part, ton réveil nous a donc libéré. Je tiens aussi à me soigner même si je suis moins accros au sexe que ton père.
— Merci pour vos aveux. Je vous crois comme pour mon père. A l’avenir, j’espère que cette scène sera oublier de la mémoire de tous.
— Tu veux rester manger Alain ?
— Je vais rentrer, mais c’est gentil.
Il me sourit un peu puis s’en va. Mon père referme bien à clef et je lui annonce :
— J’ai pas trop faim, tu sais pourquoi ?
— Je vais préparer le repas alors. Enfin, si tu veux manger un bout, tu sais, moi aussi, j’ai peu faim.
— Je vais faire mes devoirs.
— D’accord.
Une fois lui aussi douché et à table, on mange dans le silence puis, il s’isole dans le salon pour mater une série TV et moi, écouter de la musique. La nuit sera évidemment agitée et des dix-heures, à la pause, j’attend le rendez-vous avec la psychologue de l’école. Je dois attendre jeudi en début d’après-midi pour tout déballer et elle me conseille de se revoir plus souvent.
Finalement, entre mes notes de cours qui varient comme mes nuits, c’est mi-décembre, que je donne une seconde chance à mon père et Alain. Mon père est heureux et continue à démontrer qu’il est comme avant le divorce. Il apprend à cuisiner, réduit ses heures de travail et commence à faire de la course à pied.
Ma mère n’est au courant de rien mais je le vois un peu plus, depuis qu’elle trouvé une petite location. Elle se sent plus en paix et je souhaite plus revenir à la maison. Bien qu’elle approuve l’évolution de père.
Enfin, Paul, lui, non plus, ne doit rien savoir. Il reste une petite bouée, de l’air frais dans mon traumatisme. Il ne peut rien m’arriver de plus, qu’il puisse me fragiliser, si ? Si…et ça s’appelle, la mort. Dans l’apparence de ce super pote, qui, n’ayant pas supporter la perte de sa grand-mère qui l’élève depuis ses six ans, c’est tué par pendaison.
Le jour du nouvel ans, une énorme blague mec ! J’étais là ! J’aurais pu t’épauler ! Moi, qui n’avait que toi…moi, qui ne se sait plus faire face pendant des rencontres avec ceux de mon âge.
Comment vais-je faire ? Mes parents essayent de me soutenir, mes profs voient le bateau coulé et la fumée verte n’est qu’un brouillard gris, une chappe de plomb qui m’étouffe. Seul, Alain, semble avoir une solution. Une pour faire le deuil, c’est d’écrire.
Je ne sais pas le faire hormis en cours et c’est dans l’arrière-boutique, qu’il me présente, Stéphanie, sa collègue, qui a écrit et publier, déjà quatre romans en quinze ans. Une fois Alain partit, la femme me sert du thé et des biscuits.
— Merci pour cet accueil mais, mes mots resteront privés, enfin je voudrais. Je ne sais pas pourquoi, sans vous décevoir, j’ai accepté.
— J’anime des ateliers d’écritures de tout niveaux. Et évidemment, si tu tiens à ce que cela reste privé, je le respecte. Je suis là, uniquement pour te faire découvrir les méthodes libératrices de l’écriture.
— Et ça marche ?
— Alain m’a raconté que tu lisais beaucoup.
— J’aimerais au fond, maitriser, une recette. Disons, imiter ou m’inspirer de mes auteurs favoris, un jour. Mais, pour le moment, en poème ou en prose, je voudrais cracher ma haine, ma peine, ma douleur sur le suicide de mon seul ami. Depuis l’enfance on se connaissait et la mort de sa grand-mère, qui l’a élevé, la fait sombrer…moi qui pensait que comptais aussi pour lui.
Elle m’écoute comme ma psy que je compte revoir et ses questions, sans jugement, me fait dévoiler un peu plus sur mes sentiments avec Paul. Et il paraît clair, que j’était amoureuse…Puis, l’atelier commence et mes mots me font du bien. Elle m’offre un carnet en cuir pour continuer chez moi, cette thérapie avant que je désire apprendre à écrire des histoires tout en annonçant mon projet flou, de travailler dans un endroit comme celui-ci.
Elle m’éclaire sur son parcours, ses succès de romans ados et les clichés, réalités du métier qu’elle fait. Alain, donne aussi son point du vue à la fin et je reste quand-même motivé à tenter l’aventure.
Pour conclure, on établit un contrat de travail pour une première durée de deux mois, pour des inventaires et des journées d’observations, mises en situations. Je commencerais dès la semaine suivante. C’est avec, un peu plus de baume au cœur, que j’invite mes parents au restaurant pour la nouvelle.
A moi de découvrir les clients et continuer à faire face. L’année n’est pas finit et les emmerdes, une fois commencé, ça décolle plus !
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