Episode 3
Le temps est idéal pour partir à moto. Le comportement des gens sur la route me consterne affreusement. Pas besoin d’aller très loin pour se faire peur. Après avoir jonglé entre les excités du volant et les piétons inconscients, je m’extirpe miraculeusement indemne de la ville. Sur les routes de campagne les bonnes sensations me reviennent. Après trois heures de bitume, je m’arrête à Parthenay. Je débarque au garage de Sylvain. Je ne vois pas d’accueil. Un parking plein de motos, un immense atelier, deux grands tonneaux. Sur ces bidons une cafetière et quelques gobelets abandonnés, certains pas tout à fait vidés et d’autres complètement pleins. Un chien crade mais affectueux vient me recevoir. Dans l’atelier on entend des bruits métalliques et en fond une musique aux airs cubains. Un type assez maigre, au visage fin et aux traits tirés arrive.
- Bonjour. Vous cherchez quelque-chose ?
- Sylvain ?
- Vous êtes bien tombé, c’est moi.
- Marc m’a dit qu’il fallait absolument que je passe voir ton atelier.
- Tu dois être Luc ?!
- Lui-même.
- Ravi de te rencontrer. Marc m’a beaucoup parlé de toi aussi. Il désespérait que tu reprennes une bécane.
Sylvain me sert un café. Il est absolument imbuvable. Pas étonnant qu’il accroche autant au palet vu la quantité de marc que j’avale dès la première gorgée. Sylvain ne s’arrête plus de parler. Il débite une quantité d’anecdotes. Ici chaque moto a une histoire et il en a pléthore dans le garage. Sylvain a monté une collection assez impressionnante. Des gens viennent d’assez loin pour voir les pièces rares qu’il peut avoir. Il en vend partout dans le monde. Je n’y consacrerais pas mon temps comme il le fait, mais il met une passion admirable. Il passe des heures à retaper ses bécanes, à faire des bornes pour en trouver ou en livrer. Après deux heures de visite on termine notre rencontre au resto ouvrier d’a côté. Je reprends la route rassasié d’une bavette bien saignante et d’haricots verts excessivement beurrés.
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