Episode 6

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Avec Marie nous sommes restés toute la nuit sur la plage. On a refait le monde, on a refait nos vies aussi. Toute notre complicité est revenue telle quelle. Le temps s'est retrouvé suspendu sans qu'on ne s'aperçoive ni de la nuit qui passe ni du soleil qui se lève. La fatigue, la faim, la soif et toutes autres sensations parasites n’existaient plus. Marie doit me laisser pour sa boutique. Un moment de solitude sur la plage me convient très bien.

Tout est plus doux au petit matin; l’air frais, le bruissement des vagues, la lumière de l’aurore. C’est exactement ce cadre idyllique dont j’avais besoin pour me poser et prendre le temps de ne rien faire. J’erre les pieds dans l’eau. Je réfléchis, je réfléchis beaucoup trop. Déjà un peu habité par le souvenir de cette jolie nuit. Intrigante cette forme au loin dans les rochers ?! Il me semble bien l’avoir vu bouger. Ma curiosité m’emporte, je vais voir que ça peut être. On dirait un animal. Pas très gros. Un chient visiblement. Oui, ça ressemble à un Jack Russel. Il dort. Il respire fort. Son poil est plutôt long avec de belles tâches marrons et noires. Je m’assied discrètement près de lui. On voit son abdomen gonfler à chaque respiration. Son souffle est haletant, comme si il avait couru sans cesse le long de la plage.

Je me suis assoupi, ou peut-être complètement endormi. Il fait déjà beaucoup plus chaud. Le petit chien est toujours là, assis face à l’océan comme si il était en pleine méditation. Quelque-chose attire son attention. Il met un coup de patte dans l’eau et y plonge son museau. Le chenapan a chopé un crabe dans sa gueule. Il fonce sur la plage, lâche le crabe et se met à jouer avec. Il finit par se lasser de la mollesse du crustacé et le chope de nouveau, très violemment. Pas sûr que ce soit de la méditation qu’il faisait finalement. Cette fois je crois avoir entendu la carapace craquer sous ses crocs. La terrible bête remonte vers moi. Il s’arrête, dépose son trophée devant mon rocher et penche sa tête en me fixant du regard. Son expression semble étonnamment très humaine. Le Jack vient se coucher près de moi et se rendort très vite, l’air paisible cette fois.

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