À peine sortis de la voiture, cette dernière est repartie. Tranquillement mais sûrement, nous regagnons alors notre dortoir et, étrangement, nous entendons beaucoup de bruit ce soir comme si aucun surveillant n'était présent.

Erwan et moi réalisons que pas un seul d'entre eux n'a d'ailleurs été croisé. Et c’est à se demander pourquoi. On cogite mais rien ne nous semble logique, aucun élément ne permet de savoir ce qu’il se passe réellement.

Erwan cherche et je lui fais part d’un bruit que j'avais entendu il y a plusieurs semaines de cela, mais je n’ose croire à autre chose qu’une vulgaire porte claquée. Le voilà parti! Il s’imagine l'impensable : un coup de feu, un meurtre au cœur de notre dortoir.

Je le rassure, ce ne peut être cela, c’est invraisemblable : nous aurions vu la police, le secours, quelque chose. Rien n’y fait : il se brode un film et m’en déroule un scénario digne d’une réalisation à gros budget.

Très vite, afin de le rassurer, je prends les devants. Nous posons nos valises dans notre chambre avant de nous rapprocher des chambres dont s’échappe le plus de bruit. Je toque ; immédiatement le bruit cesse et quelqu'un m’interpelle au travers de la porte fermée.

- X : Qui c’est ?

- Moi : Je suis un élève, je cherche à savoir ce qu’il se passe.

- X : Il se passe que l’un des pions a été évacué par les pompiers. Apparemment il se droguait.

- Moi surpris : Ah bon? Mais du coup on n'a plus de surveillant?

- X : Si, il en reste un, il est juste probablement dans le dortoir des filles, enfin je pense.

- Erwan : Et il dit rien avec ce bordel?

- X : Si mais il a bien du mal a se faire entendre vu qu’il est seul. Maintenant fichez le camp avant qu’il arrive.

- Moi : OK merci.

- X : Rentrez vite dans vos piaules, il nous a été demandé d’y rester sages.

- Moi : D’accord. Nous, on n'a vu personne.

- X : Normal : s'il est seul, difficile pour lui d’être partout. Par contre, je n’ai pas envie d’avoir de problème.

- Moi : D’accord merci

Je réalise qu'Erwan est resté très discret durant cette discussion ; j’ai l’impression de ne pas le reconnaître, il est comme au tout début où je l’ai connu à savoir terriblement impénétrable. J’ai parfois l’impression d’avoir un compagnon avec de multiples facettes.