Ballotée par les flots
Oh non ! C’est pas vrai ! Dites-moi que c’est un cauchemar ! Je ne peux pas nager dans cette eau !
Elle n’en voyait pas le bout, ni devant, ni derrière, ni sur les côtés. Une mer d’eau sale sans aucune terre en vue. Il y avait même une houle par endroit. Le fleuve était en crue et son débit était féroce. Il lui faisait l’effet d’un égout furieux, celui de la forêt amazonienne et de ses habitants.
Ils s’avalaient l’un l’autre, le courant et elle. Entre deux brasses, vaines, elle s’enfilait de grosses gorgées de cette eau fétide. Le goût était infect.
« Saum-âaatre », aurait dit Joëlle si ses neurones n’étaient pas paralysés par la panique.
Elle hurlait à chaque fois que les flots lui permettaient d’émerger. Le ressac ne se lassait pas de la gifler. Ses glapissements redoublaient à chaque fois qu’elle fut en contact avec un corps solide. Plus fort encore lorsque c’était mou et visqueux.
Elle savait que c’était infesté de serpents. Leur guide – quand il était toujours en vie – en avait dressé l’inventaire : des serpents arboricoles, des anacondas, des boas, des couleuvres et d’autres noms qu’elle n’avait pas retenus.
Mais qu’est-ce qui m’a pris d’écouter Antoine ? se répétait-elle.
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