Ballotée par les flots
Une masse rouge flottait vers elle. C’était le sac Hermès en cuir de crocodile qu’elle avait emporté pour l’excursion. Chahuté par les remous, il tournoya et disparut au loin. Elle eut une désagréable sensation. Comme si la peau de bête façonnée en accessoire de luxe venait de la narguer. Avait-elle retrouvé son lieu de naissance ? Et si la Nature lui donnait une leçon ? Elle n’aima pas ça du tout, cette idée saugrenue de Nature vengeresse. Perverse !
En rentrant, je m’achèterai un nouveau sac et il sera – vraiment – en peau de crocodile de l’Amazonie. Ils doivent avoir ça chez Hermès. Ensuite, j’irai chez Ladurée avec Ghislaine. On parlera de cette idiote de Sylviane qui se vante – encore et toujours – de son mari, le célèbre cinéaste… Alors qu’elle a des cornes jusqu’au plafond ! Tout le monde sait qu’il n’y a pas que la secrétaire…
Pendant un dixième de seconde, Joëlle se sentit mieux. Cette pensée l’avait extirpée de cet enfer. Que le cerveau est bien fait !
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