Chapitre 5

14 minutes de lecture

Come on, come on, turn the radio on

It's Saturday and I won't be long

Gotta paint my nails, put my high heels on

It's Saturday and I won't be long

[1]

Les journées se suivent et se ressemblent, faite de vide entrecoupé de rendez-vous chez le kiné ou l’avocat. Et même si les séances de rééducation sont bien plus espacées qu’elles ne l’étaient au début de ma convalescence, je me dis que j’ai difficilement le temps pour un emploi entre toute la réadaptation physique et psychologique que je suis. L’alarme de mon téléphone me sort de la contemplation de mon dressing pour me rappeler la séance d’hydrothérapie de l’après-midi. Le centre de rééducation dans lequel je suis accompagnée possède une piscine qui permet des exercices immergés. Les sessions aquatiques sont un vrai bonheur, comparées aux manipulations classiques.

Je profite d’une météo plutôt clémente pour me rendre au centre à pied, la marche me permets de chauffer mes muscles et de vider ma tête avant de retrouver Sofian, le kinésithérapeute. Les sens en éveil, je prends malgré cela le temps de flâner dans le parc qui jouxte le centre de soin. C’est un lieu que j’apprécie particulièrement car il est aménagé autour d’un vaste étang qui abrite plusieurs espèces animales. Sa proximité avec le centre de rééducation en a fait un exutoire régulier, il a accueilli mes larmes lorsque les efforts me paraissaient insurmontables, il a retenu mes cris lorsque la rage m’envahissait.

Les écouteurs sur mes oreilles diffusent une musique discrète : barrière contre le monde extérieur, le faible volume me permets de rester attentive aux bruits environnement et de rester concentré en cas d’attaque.

En cas d’attaque.

Cette simple hypothèse m’arrache un frisson et suffit à accroitre mon rythme cardiaque. Je me concentre sur mon environnement extérieur, focalise mon attention sur la brise qui souffle, les rayons du soleil qui réchauffent mon épiderme.

Me raccrocher à du[VA1] réel.

Je poursuis mon examen détaillé des alentours lorsque mon regard est attiré par un couple assis sur un banc. Je stoppe mes pas, spectatrice silencieuse de ce bout de vie qui ne m’appartient pas. La femme semble peinée, ses épaules tressautent sous les sanglots qui l’agitent, son conjoint passe un bras rassurant pour contenir toutes les émotions qui semblent l’assaillirent. J’imagine les scénarios qui ont pu conduire à cet instant. Les pires forcément. A-t-elle perdu quelqu’un ? A-t-elle appris une mauvaise nouvelle ? Lutte-elle contre une maladie ? Je n’ai pas le temps de m’appesantir plus que le couple se lèvent déjà. C’est à cet instant que je reconnais Liam. Que fait-il ici ? Me suit-il ? Cela serait la raison la plus probable de sa présence dans ce parc. Le hasard ne peut pas le mettre si souvent sur mon chemin alors que je ne l’avais jamais croisé jusqu’à présent. Ou bien ne l’avais-je pas repéré ? Depuis combien de temps dure sa petite filature ? L’envie d’aller le confronter se fait intense. Mais est-ce pour les bonnes raisons ? Je me réfugie derrière ma paranoïa mais c’est de le croiser ici avec une femme qui m’insupporte. Et ma réaction m’agace encore plus. C’est finalement une bonne chose qu’il ait quelqu’un dans sa vie. Si je l’avais su, je me serais peut-être épargné cette crise de panique ridicule hier au bar.

Je me sens bête de m’être projetée, d’avoir imaginé que je pouvais plaire. J’ai mélangé les signaux. Ces regards n’étaient probablement que compatissants. Il m’a vue blessée au stadium, a assisté à mes crises de démence et de panique, il a dû avoir pitié. Malgré cela, je ne peux pas détourner les yeux de la scène qui se déroule devant moi. La femme qui accompagne Liam semble avoir une quinzaine d’années de plus que lui. Pas que la différence d’âge me choque, mais ils sont si mal assortis… Je me fais l’effet d’être une vieille teigne jalouse ! D’un mouvement de tête je chasse les pensées négatives qui m’assaillent et reprends ma route. Je vais devoir être vigilante.

Lorsque j’arrive enfin devant les portes du centre, je suis d’une humeur exécrable. La séance est une torture, je ne suis bonne à rien, mon esprit est focalisé sur Liam et ses apparitions multiples sur ma route mais surtout, surtout sur cette femme qui l’accompagnait. Est-elle sa conjointe ? Une amie ? Une sœur ? Elle avait l’air trop jeune pour être sa mère mais là encore j’étais trop loin pour l’affirmer avec certitude. Après vingt minutes à ne mettre aucune bonne volonté dans mes mouvements Sofian m’enjoint à quitter la piscine arguant qu’il est inutile que je ne force pour rien au risque de me blesser si je ne me concentre pas plus.

Le rendez-vous chez l’avocat n’est pas mieux. Mon agresseur, qui est aussi mon ex-coéquipier, n’en démord pas, ce n’est pas lui qui m’a tiré dessus et je n’avais rien à faire sur les lieux. Cette histoire me rend folle. C’est sa parole contre la mienne. Le témoignage d’un ancien, respecté dans le milieu, contre celui d’une bleue. Pour beaucoup, je suis celle qui fout en l’air la carrière d’un flic respectable. Personne n’a chaussé mes baskets pour marcher dans mes pas. Personne n’a serré les dents à ma place durant la rééducation. Personne ne se réveille en sueur la nuit, terrorisée que quelqu’un soit tapi dans l’ombre pour finir le travail. J’ai de la chance de remarcher, mais les choses auraient pu être bien différentes. La balle a traversé l’os et a fait peu de dégâts aux muscles et aux ligaments, à quelques centimètres près j’aurai pu perdre la quasi-totalité de ma mobilité.

La partie adverse me propose des arrangements, le paiement de mes frais médicaux et des dommages et intérêts pour ne pas aller jusqu’au procès, mais je ne suis pas intéressée par l’argent. Je veux que mon coéquipier reconnaisse sa faute et surtout connaitre le fin mot de l’histoire. Que faisait-il dans cet entrepôt sans m’en avoir informée et sans aucun renfort ? Pourquoi ne me voulait-il pas sur place ? Et que cherchait-il à cacher au point de me tirer dessus ? L’enquête n’avance pas. La plupart des collègues ne croient pas à ma version. Les preuves ont été ramassées négligemment et surtout, il n’a pas utilisé son arme de service. Sa défense est basée sur le fait que je me suis retrouvée entre les tirs croisés de deux bandes rivales lors d’un règlement de compte. Ni l’arme ni le suspect n’ont jamais été retrouvés. Ont-ils seulement été recherchés ?

Une fois rentrée dans le cocon protecteur de mon appartement, l’agacement ne m’a pas quitté. Matt est de garde à l’hôpital et l’appartement me paraît soudain tellement vide, tellement triste. Je me fais la réflexion qu’il reflète mes états d’âme. Combien de temps vais-je encore passer à m’apitoyer sur mon sort ? Les héroïnes de littérature et de cinéma sont des femmes fortes, des guerrières. Elles auraient déjà prouvé la culpabilité de leur agresseur et ne seraient pas restées là à se morfondre. Elles seraient reparties sur le terrain, auraient enquêté avec leurs propres moyens en faisant appel à d’anciens collègues. Mais la vraie vie ce n’est pas ça ! Je n’ai pas les ressources nécessaires à une investigation de cette envergure, à peine quelques indics recrutés durant ma courte expérience professionnelle. Je dois faire confiance au système, laisser l’enquête suivre son court. En même temps, en y réfléchissant, est-ce que j’ai envie qu’elle s’arrête cette enquête ? Car à ce moment-là, le procès débutera. Il faudra témoigner. Affronter mes anciens collègues, qui, pour sûr, feront l’éloge de mon co-équipier : cet homme intègre, ce flic à la carrière exceptionnelle et ce père de famille aimant. Je vois d’ici le tableau. Moi la petite sotte, la bleue sans expérience. Comment justifier ma présence sur les lieux ? Je n’étais pas en service, il ne s’agissait pas d’un appel officiel. Tout m’accable et pourtant je le sais, mon ex co-équipier traîne dans quelque chose de louche et ce jour-là il a tenté de se débarrasser de moi. Pourtant, ce soir encore je dois me faire violence, mettre de côté toute l’horreur de cette situation et sourire. Sourire à mon amie à qui j’ai promis une dernière soirée avant son départ.

Ma montre m’indique que comme d’habitude j’ai mal géré mon temps, et que je vais devoir me préparer en vitesse si je ne veux pas être en retard. J’enfile un jean mom sur un chemisier noir légèrement transparent. J’adorerais chausser une paire de talons pour parfaire ma tenue, mais solliciter ma jambe plus que nécessaire ne serait pas raisonnable. J’opte donc pour une paire de Derby qui apporte un look un peu garçonne à ma tenue. Mes cheveux remontés en un chignon flou, je finis par un maquillage léger. Tout en me préparant, je revêts ce masque qui m’accompagne à chacune de mes sorties maintenant, celui de la fille bien dans sa peau. Est-ce que j’arrive à tromper les gens ? Je ne saurai le dire et à vrai dire c’est surtout mon cerveau malade que j’essaie de duper. Et c’est toujours dans cet optique que j’arpente les rues animées de mon quartier, mon masque comme une armure, mon mantra résonnant en boucle dans ma tête.

Un pas après l’autre Rae, un pas après l’autre.

L’angoisse n'est jamais loin lorsque je me retrouve dans la foule. Je sais que mon agresseur habite Chicago, que je pourrais tomber sur lui à chaque coin de rue. Cette pensée suffit à faire accélérer mon rythme cardiaque. J’accélère le pas avant de me laisser submerger par le stress, les poings serrés dans les poches de ma veste, j’applique les conseils de respiration de Sofian pour faire refluer la panique.

Shay repart demain pour Séville où elle doit essayer un hôtel afin de le faire apparaître au catalogue de l’agence de voyages pour laquelle elle bosse. Je ne sais pas si je dois l’envier de voyager aux quatre coins du monde ou la plaindre de ne jamais réellement se poser. D’aussi loin que je me souvienne, Shay n’a jamais pu tenir une relation amoureuse plus de quelques mois. Difficile d’être en couple à mi-temps, j’imagine. Malgré cela j’admire sa joie de vivre et son optimisme a tout épreuve. Renouer avec elle m’a apporté plus en quelques semaines qu’en un an. Son amitié devrait être prise en charge par les assurances maladies. A son contact j’ai repris gout à la vie nocturne et social. Enfin social c’est vite dit, il ne faut pas extrapoler non plus.

Une fois n’est pas coutume, nous retournons dans le petit bar sympa de la dernière fois. Étrangement, j’espère tomber sur Liam. Et en même temps, j’appréhende. Je ne l’ai pas revu depuis ma fuite du mois dernier, si on ne compte pas ma séance d’espionnage dans le parc. Je me demande ce qu’il a pu penser de moi. Il a dû me prendre pour une folle. Je dois l’être un peu. On ne sort pas vraiment indemne d’un tir à bout portant. Surtout lorsque votre agresseur vous regarde dans les yeux.

Lorsque j’avise l’heure, je constate que Matt ne devrait pas tarder à sortir de l’hôpital, je profite du trajet pour lui envoyer un texto lui proposant de nous rejoindre.

Arrivée sur le lieu de rendez-vous je vérifie que Shay n’est pas encore arrivée et en profite pour m’enfiler un martini cul sec à peine installée au bar. La brûlure de l’alcool a le mérite d’apaiser mes maux. La chaleur envahit mes joues et je me détends un peu. Je sais que l’alcool n’est pas la solution et que boire ne fera pas disparaitre mon stress post traumatique mais c’est le moyen le plus rapide de noyer mes pensées dans une espèce de brouillard et d’éviter à ma paranoïa de m’envahir. Mon amie arrive peu de temps après, toujours aussi élégante avec ses cheveux de jais et son sourire lumineux. Elle me serre dans ses bras et son étreinte respire de sincérité. Son parfum familier vient chatouiller mes narines et me rappelle des jours meilleurs, plus heureux, plus naïfs aussi. Mais ce sentiment si chaleureux et vite remplacé par la culpabilité qui fait son retour en force. Je mets fin à notre étreinte incapable de la regarder dans les yeux et me fustige pour ce changement d’humeur intempestif.

—J’ai cru ne jamais arriver, dit-elle dans un sourire. J’ai dû finir mes valises, je décolle à 5h demain. La nuit va être courte.

—5h ? Du matin ? Oh ! Putain, mais qu’est-ce que tu fais là ? Va te coucher !!

— Mais non, je voulais passer une dernière soirée avec toi avant de repartir. Je serai absente un peu plus d’un mois cette fois-ci, dit-elle alors que nous nous éloignons du bar pour nous installer à une table.

— Tu restes un mois en Espagne ?

Nope une semaine, ensuite j’enchaîne avec la Bolivie puis la Bulgarie et je pensais m’arrêter voir mon frère à New York avant de rentrer. Surtout que fin août je pars en congé donc je ne sais même pas si j’aurai le temps de te voir avant de partir en vacances.

— Ton emploi du temps m’épuise alors que je ne bouge même pas. Je ne sais pas comment tu fais pour tenir ce rythme infernal. Tu n’as jamais envie de te poser ? De savoir où tu seras le mois prochain ?

— Si bien sûr, j’y pense de plus en plus. Mon employeur compte ouvrir une autre agence dans le sud de Chicago, dans le quartier de Near South Side. Je suis en pourparlers pour en prendre la gérance.

— Ah, mais c’est super !

— Oui, ça serait vraiment bien. J’aurai la supervision de 6 agents et surtout je bougerais beaucoup moins. J’espère vraiment avoir le poste.

— Moi je dis, buvons à ça !

Ses yeux se posent sur le verre vide devant moi, mais elle ne dit rien. Elle hoche la tête dans un sourire et part commander nos boissons au bar. Lorsqu’elle revient, Matt la talonne. Il semble fatigué. En tant qu’interne, il enchaîne les gardes. Les week-ends de nuit, les urgences sont toujours pleines à craquer et cette nuit n’a pas dû faire exception. J’accroche son regard et lui offre un sourire compatissant. Mais surtout, je croise les doigts intérieurement pour ne pas déranger son sommeil avec mes cauchemars cette nuit.

— Vous n’êtes que toutes les deux ? me demande-t-il.

— Ben oui, tu voulais qu’il y ait qui d’autre ?

— J’ai écrit à Alec savoir s'il voulait nous rejoindre. Il devait en parler à Liam car ils avaient prévu une soirée MMA.

À l’évocation de Liam, mon cœur fait un loupé. Je me donne l’impression d’être une vraie gamine.

—Ah ! OK, je réponds nonchalamment.

Matt me regarde interrogateur. Putain, ce gars capte tout ! Il me connaît beaucoup trop bien. C'en est presque gênant.

— Je ne pensais pas que vous aviez accroché au point d’échanger vos numéros.

Le sourire narquois que m’oppose mon ami me laisse perplexe mais lorsqu’il entame une espèce de danse ridicule avec ses sourcils, je laisse échapper un éclat de rire.

Les minutes suivantes passent à la vitesse des verres que je descends. Lorsque Matt a annoncé que Liam allait nous rejoindre, l’angoisse a refait surface de plus belle. Et depuis, j’ai mis toute mon énergie à l’assommer à grand coup de vodka pomme, le martini n’étant pas assez fort pour assourdir le bruit des battements frénétique de mon cœur. Résultat, je suis complètement saoule, mais tellement légère. Sauf qu’à trop assommer mon angoisse à grands coups de verre, j’ai aussi assommé mon self contrôle. L’arrivée des garçons est saluée par notre petit groupe et je profite du courage lié à mon alcoolisation pour prolonger l’étreinte que m’offre Liam quelques secondes supplémentaires que le voudrait la convenance. Puis très vite Shay m’attire sur la piste, je retiens un grognement involontaire face à la douleur qui irradie ma cuisse et saisi un verre à la volée pour tenter d’apaiser le feu qui brule en moi. Voilà comment je me retrouve à me déhancher sur la piste de danse en espérant que Liam n’en perde pas une miette. J’ai senti son regard peser sur ma chute de reins lorsque Shay m’a arraché au confort tout relatif de mon tabouret. Ça serait mentir de dire que je n’en ai pas rajouté des tonnes. Ça me donnerait presque envie de glousser comme une dinde. Enlevez-moi mon verre, je vire greluche ! J’explose de rire au milieu de la piste devant une Shay qui peine à ne pas se foutre de moi. Prise d’un élan d’amour - merci la vodka-, je l’enlace et lui rappelle à quel point elle m’a manqué. Je lui fais promettre de ne plus me laisser la tenir à distance. Il me semble qu’elle écrase une larme sur sa joue avant de me tirer par le bras.

— Viens, j’ai soif ! Il fait une chaleur dans ce bar.

J’opine du chef, j’aurai bien besoin de me rafraîchir moi aussi.

À la table, les garçons sont en pleines conversations avec deux filles. Qu’est-ce qu’elles veulent ces deux-là ? Je sens poindre un sentiment violent de jalousie. Je rêve de renverser mon verre sur leurs lèvres trop maquillées et leurs cheveux trop brushés !

— Rae, viens voir je te présente, me crie Matt par-dessus la musique.

Je fais mine de ne pas écouter et remplis mon verre avec une nouvelle vodka pomme. C’est sûr, ce soir le lit va tanguer !

— Rae ! Houhou !

Je peste intérieurement, je n’ai pas bien envie de faire la connaissance de pouf numéro un et pouf numéro deux. Je prends tout mon temps pour faire le tour de la table et me colle à Matt. Deux prunelles vertes me fixent avec attention. L’alcool aidant, je soutiens son regard. J’écoute Matt me donner le nom des deux filles, mais je ne les retiens pas. L’une d’elles s’adresse à moi, me contraignant à rompre le contact.

— Enchantée Rae, Matt nous a tellement parlé de toi.

— C’est Raelynn...

Froid. OK j’aurais pu y mettre du mien. Je ne sais pas bien pourquoi je sors les griffes. Probablement leur proximité avec Matt et Liam. J’ai du mal à partager.

Matt s’éclaircit la gorge et me fait les gros yeux. Va falloir qu’il arrête de se prendre pour mon grand frère celui-là. Voilà, je recommence à en vouloir à la terre entière. Je lui fais un grand sourire tout ce qu’il y a de plus faux et descends mon verre d’une traite. Le monde devient flou quelques secondes et se met à tourner. J'ai vraiment abusé. L’avantage c’est que ma jambe est complètement anesthésiée. Un peu comme mon cerveau apparemment. Je vacille légèrement quand une main saisit mon coude. Liam est juste derrière moi, je sens la chaleur que dégage son corps, son parfum m’enveloppe. La température vient de monter d’un cran j’ai vraiment beaucoup trop chaud.

— Tout va bien ? me chuchote-t-il.

Son souffle dans mon cou me met au supplice. Mon corps, ce traître, réagit beaucoup trop à son contact. Comme s’il se vengeait d’avoir été tenu éteint durant ces longs mois.

Je hoche la tête et essaie de me tourner, mais les litres d’alcool ingérés compliquent la manœuvre. Je vacille et trébuche pour me retrouver les fesses au sol.

Liam me regarde, ébahi, je le vois prendre sur lui pour ne pas exploser de rire. Alors je lâche les vannes et pars dans un fou rire mémorable, là, sur le sol poisseux du bar. Mes amis explosent à leur tour, Shay me rejoint par terre, suivi par Matt qui râle qu’on va choper une MST. Alec et Liam se regardent un peu interloqués. On doit passer pour des fous, mais ce fou rire me fait tellement de bien. À cet instant, par terre, dans ce bar, entourée de mes amis, je renoue avec l’ancienne Raelynn, je la laisse revenir doucement comme on accueille une veille amie – merci le dédoublement de personnalité-. Mon rire résonne de plus belle, les larmes me montent aux yeux et pour la première fois depuis longtemps, ce ne sont pas des larmes de tristesse.

[1]Sia - Cheap Thrills

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