Je lève les yeux au ciel et me retiens de grogner en entendant l’enseignant dire à ses élèves : Comme vous l’a dit l’animatrice, bla bla bla… Il commence à me courir, lui ! Après m’avoir fait le même coup l’an dernier, et déjà qu’il est incapable de tenir sa classe de 18 gamins de 9 ans… Je le laisse finir et dès que les enfants se sont dispersés dans tout l’espace jeunesse pour y feuilleter les livres, je le regarde droit dans les yeux :
« Si je peux me permettre une remarque, on n’est pas un centre de loisir ici. Je ne suis pas une animatrice.
_ Ah, oui, oui, pardon… » s’excuse-t-il mollement « C’est le premier mot qui m’est venu à l’esprit… »
OK. Jusqu’ici j’hésitais, je lui laissais le bénéfice du doute, je me disais qu’il était sans doute timide, mal dans sa peau, à côté de ses pompes… mais là c’est officiel : il n’a vraiment aucune considération pour mon travail.
« Si vous prenez votre classe pour une garderie, monsieur, ça vous regarde. Quant à moi, je tiens au titre de bibliothécaire. »