Au loin s’en va le jour
Au loin s’en va le jour, vois, l’automne revient
Dans cette île-maison de pierre et de silence,
Chaque coin y murmure un souvenir ancien
Et la chute du jour s’étire en quotidien
Jusqu’à ensabler d’ombre une éteinte existence,
Au loin s’en va le jour, vois, l’automne revient.
Le rivage jadis était vierge et sauvage
Quand du néant surgit le plus étrange port.
La mer que jusque là nous goûtions pour sa plage
Enflamma nos esprits de rêves d’abordage.
À peine débarqués, nous en rêvions encor,
Le rivage jadis était vierge et sauvage.
Un à un, les amis partirent sans retour,
Peut-être immunisés au parfum des circées,
À moins que leur effet n’ait connu son décours.
Depuis longtemps, cette île en avions fait le tour,
Nous devions lever l’ancre, en solo traversée,
Un à un, les amis partirent sans retour.
Moi seul n’ai pas quitté cette île en survivance.
Vers l’horizon pourtant, j’aspire à naviguer
Là où voguent les uns forts d’une belle alliance,
Ou vers les courants vifs de la petite enfance.
Mais le jour devient nuit et je suis fatigué,
Moi seul n’ai pas quitté cette île en survivance.
Face au monde qui change, aux troubles relations,
J’ai trop souvent buté pour tomber dans le piège.
Volatiles liaisons où tout est transaction,
Ou course artificielle à la validation,
Trop de feux en hiver, ça fait pleurer la neige.
Au loin s’en va le jour, vois, le printemps revient.
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