Chapitre 2

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Après avoir ramassé les ce qu’il restait des deux tasses en porcelaine d’Orient, cadeau d’un émissaire particulièrement important de cette région, Charmant attendit, debout contre la porte, n’osant s’asseoir sur un des canapé de peur de se faire réprimander, le dos bien droit, que sa fiancée Princessa revienne.

Mais elle ne revint jamais.

Le jeune homme, bien qu’il ne souhaitait pas vraiment la revoir, commença à s’inquiéter de son absence. Elle qui était si à cheval sur les horaires, pourquoi mettait-elle autant de temps ?

Malgré tout, il n’arriva pas à se décider à frapper à sa porte, et encore moins à entrer. Et s' il ne lui était rien arrivé ? Et si elle prenait juste son temps ? Si c’était le cas, on n’entenderait sûrement plus jamais parlé du Prince Charmant du royaume de Heuchelei. En fait si, on parlerait bien une fois : pour ses funérailles.

Il était encore jeune, beau, plein de fougue et d’espoir - quoiqu’une bonne partie d’entre eux s’étaient désintégrés depuis ses fiançailles - sa vie ne pouvait pas se terminer ainsi !

C’est alors qu’au bout de deux heures à marcher dans tous les sens, à se demander si oui ou non il pouvait ouvrir cette fichue porte, entra une domestique.

« B-bonjour V-votre Altesse, bafouilla-t-elle, certainement intimidée par la réputation du prince, en faisant une révérence, le peintre royal m'envoie vous chercher vous et la Princesse. Vous ne vous êtes point présenté à l’heure qui avait été convenue et ce dernier commençait à s’inquiéter. Où se trouve-t-elle ?

  • Ma tendre Princessa est en train de se changer, ne vous inquiétez point. Elle a toujours été très soucieuse de son apparence, alors elle doit sûrement hésiter sur sa tenue ou ses bijoux, d’où son retard. Mais il est vrai que nous ne puîmes faire attendre ce brave homme plus longtemps. Pouvez-vous aller vous enquérir de sa situation pour moi ?
  • B-bien Votre Altesse. »

La domestique entra dans la chambre de la Princesse. Un hurlement résonna depuis la pièce entrouverte, suivi d’un bruit de chute. Charmant se précipita à l’intérieur, inquiet qu’il ne soit arriver quelque chose à la domestique, pour la retrouver évanouie sur le sol. Il s’agenouilla à ses côtés pour vérifier si elle ne s’était pas blessée à la tête en tombant et, une fois rassuré, il regarda tout autour de lui.

Rien.

La pièce était vide.

La Princesse avait disparu.

Les gardes, que le hurlement avait alarmé, déboulèrent alors dans la pièce et, une fois que la situation leur fut expliqué, ils se mirent à la fouiller de fond en comble à la recherche du moindre indice sur ce qu’il avait bien pu se passer.
Pendant ce temps là, le prince restait immobile, au milieu de la chambre, les yeux dans le vide, murmurant inlassablement :

« Ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible. »

Lorsque la nouvelle de cette disparition et de l’état du prince se répandirent dans le château, les gens se dirent que cet événement l’avait tellement affecté, tellement choqué, qu’il en était resté pétrifié. On plaignait ce pauvre prince qui, malgré sa grande force, n’avait rien pu faire contre l’enlèvement de celle qu’il aimait tant. Mais la réalité était tout autre.

Le prince avait effectivement été particulièrement choqué par cette nouvelle. Pas parce qu’il déplorait l’enlèvement de Princessa, loin de là, mais parce qu’il lui était impossible d’envisager le fait qu’une telle brut puisse se faire enlever ! Il côtoyait la Princesse depuis plus de dix ans, malgré lui, il la connaissait bien - trop bien, pour son plus grand malheur. Jamais elle ne se serait laissée faire. Il en venait même à se demander si ce pauvre kidnappeur en était sorti indemne. Le pauvre homme, il ne s’avait pas ce qui l’attendait.

Car une fois le choc passé, il ne put s’empêcher de danser intérieurement de joie. Il se devait, de part son titre et sa réputation, de montrer une affliction profonde quant à la disparition de la Princesse, mais dès qu’il se retrouvait seul, il s’empressait de prendre un oreiller pour étouffer ses hurlements de bonheur. Le simple fait de retenir son sourire était pour lui une véritable torture !

Libre ! Il était enfin libre !

Libéré de ce tyran qui lui faisait vivre un enfer ! Délivré de cette despote qui menaçait sa vie au moindre écart, à la moindre erreur ! Il n’avait à présent plus à s’inquiéter de se voir défigurer, voir plus, pour un oui ou pour un non par cette sauvageonne de Princesse.

Quelqu’un avait réussi à kidnapper la Princesse ? Et bien qu’il la garde ! Il y aurait au moins un heureux ! Et puis un tel plan avait sûrement demandé beaucoup d’effort, il ne pouvait décemment pas tout gâcher.

Libre… Il était… Enfin… Libre.

Mais ses réjouissances ne durèrent pas longtemps. Dès qu’il apprit la nouvelle, le royaume d’À Côté s’insurgea. C’était inadmissible que la Princesse ait pû être enlevée alors qu’elle était sous la protection du royaume de Heuchelei, pire encore, alors qu’elle était sous la protection du prince Charmant, que l’on disait si fort, si courageux et si brave ! Ces deux contrées étaient au bord de l’incident diplomatique et pourtant, le prince ne semblait pas vouloir partir à sa rescousse, aggravant d’autant plus les tensions.

Un jour, le Roi, n’en pouvant plus de le voir se lamenter - ou plutôt ce qu’il croyait être des lamentations - sur son sort sans agir, donna alors à son fils Lexaucrib, une épée mythique offerte par une fée au premier Roi d’Heuchelei il y a bien des siècles de cela et transmise de génération en génération dans la famille royale, et lui intima fermement d’aller sauver la Princesse.

Pour l’accompagner et le soutenir dans sa quête, il plaça également à ses côtés Raymond Aliron, un fidèle écuyer de la famille royale qui s’était porté volontaire, et les deux hommes prirent donc la route.

Ainsi débuta la longue quête du Prince Charmant et de son écuyer Raymond au secours de la pauvre et délicate Princesse Princessa, alors retenue prisonnière par un terrible sorcier...

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