Ainsi soit-elle
4 heures ! A pied et bourré, bon pour la rime comme ils diraient sur Scribay. Obscurité totale. Zut ! Fallait que ce soit la nuit sans lumière pour les pétrels de Barau. J'dois picoler trois fois par an, c'est bien ma veine. Si je me souviens bien, c'est tout droit. J'me marre. Je tombe. J'me marre plus. Putain, j'ai mal. Je me relève et reprends mon ascension. J'arrive au bout du village. J'entends un chant. Sa pureté me dessaoule immédiatement. Que c'est beau ! La voix est grave, envoûtante. Séduit, j'avance. J'aperçois les lueurs des flammes des bougies au pied du Saint Expedit. Elles dansent autour d'une silhouette, mains levées vers le ciel. Je m'avance lentement. Je ne suis plus qu'à trois mètres de l'autel rouge. C'est une jeune femme. Elle porte une robe longue et fluide, d'une couleur que je ne connais pas, indescriptible, qui m'emplit. Je me sens entier, complet tel l'univers. Je ne suis pas étonné. C'est ici et là que je suis. Je sens des fragrances de vanille, d'orange, de musc, une exhalation orientale divine. Je tends la main. Un galet tombe de la paroi. L'inconnue se retourne. Sur son visage, se lisent peur et panique mais elle ne bouge pas. J'effleure son épaule. Elle semble absente, perdue. D'une voix à peine audible elle implore Saint Expédit, patron des causes désespérées. Je l'entends lui demander le chemin des mots qui aiment.
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