Rencontre
La porte dessinait son encadrement sombre face à moi, et dans la nuit noire, je ne distinguai pas de prime abord la silhouette qui s'y tenait.
Une forte carrure, d'environ ma taille, estimais-je, vêtue d'une veste en cuir et d'un pantalon noir, rangers au pied.
Mon maître était ainsi, mélange improbable, d'une élégance farouche, sauvage, dangereuse.
Ses petits yeux perçants, d'un noir de jais, me clouèrent sur place, mais je ne pouvais demeurer ainsi immobile et m'avançai timidement vers lui.
De son côté, il me dévisageait, froid, me scrutant, me détaillant comme s'il m'évaluait, pesait attentivement mes mérites et mes défauts. Je tremblais devant son regard dur, et devançant mes hésitations, il me guida jusqu'à l'appartement, lui devant et moi derrière, la tête basse, comme il seyait à ma position.
Je ne pus m'empêcher en y pénétrant de remarquer qu'une barre de traction avait été ajoutée dans le couloir, et que plusieurs châines y pendaient.
Elles m'étaient destinées, sans aucun doute. Un frisson se répandit dans mon corps et je manquai de trébucher sur mes hauts talons.
Bien que mon maître me précédât, je sentis d'instinct qu'il avait remarqué mon geste de panique, mais il ne se retourna pas.
De toute manière, c'était ainsi que je le désirais, inflexible, implacable, et c'était cette appréhension qui me transportait.
Obligeamment, il me proposa de m'asseoir, afin de me permettre de fumer une cigarette. Il savait que c'était un de mes vices, et que cela me serait nécessaire pour surmonter le stress intense qui me submergeait. Je lui sus infiniment gré de cette marque d'attention.
Alors que j'expirai la fumée, presque haletante, j'avais aperçu, par l'entrebâillement d'une porte, un large lit, recouvert d'une bâche, sur lequel étaient exposés tous les instruments de mon futur supplice.
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