«Mon objectif, ce n'est pas d'être le meilleur joueur possible, c'est d'être le meilleur être humain... Je ne sers pas qu'à taper dans un ballon... j'ai deux orphelinats au Sénégal, plus de 300 enfants là-bas. Ça, ce sont mes vrais trophées. Pas de gagner des Ligues des champions ou des titres.»

http://www.leparisien.fr/sports/evra-les-jeunes-vont-me-faire-gagner-l-euro-14-06-2016-5881645.php

Il s'appelle Patrice Évra.

Il a trente-cinq ans. Ce n'est donc pas un jeune joueur. Il était déjà dans l'équipe de France lors de la Coupe du Monde de 2010 en Afrique du Sud. Il y occupait même la place de capitaine pendant cette fameuse et pathétique tragi-comédie. On se souviendra des insultes d'un joueur, de son expulsion, du boycott des entraînements en signe de protestation, des rumeurs de bagarres, de la défiance envers le sélectionneur, d'une altercation entre le préparateur physique et Patrice Évra, de la démission de proches du staff… des épisodes relayés dans le monde par tous les medias présents pour cette compétition majeure, une crise sans précédent... Patrice Évra a ensuite été sanctionné d'une suspension de cinq matchs.

Il a réfléchi, compris, changé.

Il avait simplement voulu sauver l'équipe, oubliant le contexte. Il vivait dans un univers si clos qu'il en avait négligé l'essentiel.

Le football n'est pas qu'un jeu de balle entre sportifs talentueux. C'est une mise en lumière d'hommes qui incarnent les valeurs d'un peuple. Le sport collectif de haut niveau, c'est l'esprit d'équipe, la solidarité, le respect, l'obéissance, l'effort, la persévérance, la dignité. C'est l'exemplarité, avec ou sans victoire. Le peuple attend des héros.

Patrice Évra ne le savait pas.

Il a depuis découvert les millions de spectateurs qui vibrent avec les trajectoires des ballons, les supporters qui se déplacent et tendent un carnet pour recevoir en trophée quelques signatures, les enfants qui s'identifient à tous les Zidane du monde, les bénévoles des clubs amateurs qui inculquent un état d'esprit avant des jongles, des tacles, des dribbles et des têtes…

Son passé en équipe de France a bouleversé sa vie. Patrice Évra a mûri. Il aime lire et méditer, rechercher au fond de son âme la paix de sa mission, vivre sans regret et sans futur, juste être à sa place dans l'instant présent. Il affiche ses respects, celui du maillot, celui du public, il chante l'hymne, il continue de s'effacer devant son équipe, mais pour mieux la consolider et l'améliorer.

Patrice Évra est simplement devenu un homme. Il n'offre pas au public une stature héroïque, elle doit rester un fantasme, mais lui, il assume un comportement d'homme, au service d'un pays, d'un peuple, d'un sport et d'une équipe.

Il atteint ses buts en dehors des championnats, utilisant ses passions, ses moyens, ses motivations et son humanité pour révéler des destins sur les stades de la vie.