Départ pour les jardins d'eau
Demain, dès l’aube,
Je lui tournerai dos
Pour la sombre anse
À l’horizon, croissant
Portant le tendre clos
Des gris bourgeons
Ronds rutilants.
Vers l’encor noir
Marmoréen rideau,
Mort décombre où
Les preux rayons couvrant,
Criblant, n’ont pas écho ;
Où Libre est nom,
Don contingent.
Dans ce jardin
Capricieux, mièvre ! l’eau
Choie pénombre et
N’a volition qu’en chant,
Qu’en danse, en chute, halo
De la motion ;
Bons ouragans.
J’irai courir,
À l’abordage ! Vaux,
Marais, contrées
Défileront glissant
Grisants, plus vifs faisceaux
Que ceux du Lion,
Bombes brûlant.
J’irai cueillir,
Tirant sur Lune en haut !
Ce ciel nombreux
Des orions roux, géants
Élancés dans l’hameau
Des séductions ;
Mont d’ambre-enfants.
Pour ma besace
Aux lacs usés par flots
Liés au nombril
Contre Attrition. Puissant
Onguent contre fardeaux,
Ses secrets sont
Monde vivant.
Je la convoite,
La grand-sorgue, sa peau
Céladons bris,
Douce maison. Solents
Hurlants, je supplie mots.
Mon ambition :
Plonger devant.
Voilier qu’est l’âme,
Vient vent ! et ces fanaux
Chantant longs bruits,
Susurrations d’estran,
Serments de renouveau :
Vœux rois seront,
Songes sultans.
Alors tout coule
Bois ! avide Œil éclos
Bois ! dans mon ventre
Ces stellations, ce temps.
Levant n’aura ces sceaux
Rouilles citrons,
Troncs hélïanths.
Demain. Je t’ai tourné dos ;
Tes ocelles asphodèles,
Ton corps écorce écharpé
Des cris dedans, des lois dehors,
Rongé de contrition.
La vue de ta carcasse,
Ta peau de regrets rapiécée,
Exuvie de nos pleurs consorts,
A fini de m’en libérer.
J’ai tremblé, hésité,
Dans notre cabane à trois murs,
Figé de la peur que tu suintes,
Que les « demain » enveniment ;
Mais c’est MON jardin !
Qu’importe la raison, qu’importe l’Ordre,
Les cent yeux qui nous chargent et nous toisent gratter.
Et qu’on toise gratter ;
Je ne suivrai pas l’aube.
Car moi, j’entends la mer
Des brouissants astres ! Je pars
M’inonder dans cette immensité
Rallier les vergers idéels
Le dos brûlant des dards naissants,
Voûté ; la vue troublée de larmes
D’atramente-joie ; la face
Dans son lange de ténèbres.
Je vois dedans, de mes paupières écrins de rêve.
J’ai trouvé le lieu doux
L’ombre ; l’ombre où rien ne brûle
Où Légèreté soutire mon soupir.
Drossé.
J’enserre mon roncecor, jais de lierres convolus
Sans cris le silence me semble infini.
Moi j’attends l’infini.
Transi.
Une pelote encre aux viscères
Est-il vraiment berceau sans rais ?
Je songe et sombre ; infime et froid.
Bonace.
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