Alter égo un peu salaud

2 minutes de lecture

J’allais éteindre l’ordinateur quand j’ai attendu appeler.

- « Eh ! toi, oui, toi ! »

Je jetai un œil sur l’écran. Là, sur ma page Ward 2013, quelque chose remuait. Les mots semblaient se déplacer par petits bonds. La voix reprit :

- C’est bien toi qui écris des petits textes à la noix ?.

- Euh ? Oui, ça m’arrive…

- Tu ne me reconnais pas ? Un guignol rigolo, vulgaire et pitoyable, ça ne te dit rien ? Je suis le « toi » qui se dégage de tes écrits, celui que tu ne veux pas voir. Je suis celui qui joue le rôle du nigaud, de l’immoral ou du paumé. Tu me fais assumer tes rôles minables, tes échecs et tes regrets. Tu te crois drôle, avec ton ironie à la con ? C’est tout juste navrant. D’ailleurs, ton « second degré » est si confus que tu es sans doute le seul à le percevoir.

- Eh ! Attends ! T’es dur, là ! Je veux juste m’amuser à écrire des historiettes, sans prétention…

- Ah, la prétention, parlons-en ! Tu écris comme si tu étais humble, mais l’arrogance et la vanité suintent de tes pages. Tu n’es qu’un orgueilleux contrarié, un humilié revanchard. Regarde-toi, regarde comment tu te comportes sur les réseaux sociaux. Ose dire qu’au moment où tu te connectes, tu n’es pas un peu anxieux. Tu espères que tes conneries ont été likées et tu redoutes par-dessus tout le néant, le rien, le vide. Tu as peur de voir que personne n’aime tes trucs. Tu te rends malade si ton post est là comme un con, tout seul. Personne n’a daigné le commenter, ni même laisser un petit « j’aime » par compassion. Alors tu t’apitoies sur ton sort. Tu te traites de minable et de nul. D’ailleurs, sur ce point, tu n’as pas tout à fait tort.

Je me sentais nauséeux, l'âme déchirée et complètement perdu. Et j’en avais assez entendu. J’appuyai sur la touche « on/off » pour que tout s’arrête. Il continuait son cruel réquisitoire.

- Tout ce que tu veux, c’est être aimé ! Tu voudrais que tout le monde t’aime et te respecte ! Tu es prêt à tout pour y arriver. Aucun honneur. Aucune dignité. Mais le pire, c’est…

L’écran s’éteignit. Je restai là je ne sais combien de temps, hébété, blessé au plus profond de mon âme, la gorge nouée jusqu’aux tripes.

Je n’ai plus jamais écrit une ligne.

Ni approché un ordinateur.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 12 versions.

Vous aimez lire MARQUE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0