- Chérie, tu descends les poubelles et on commence l’apéro ?
- J’y vais dans cinq minutes, je termine le tri et j’arrive. Je ne voudrais surtout pas faire d’erreur…
C’est vrai…parfois…on ne sait plus dans quelle poubelle on doit mettre les déchets.
Bon, commençons par les bijoux, c’est le plus simple. Ils semblent tout droit sortis d’une quincaillerie. Franchement mon chou, tu t’es pas foulé hein. Peur d’un trou dans les comptes si tu avais opté pour des vrais, probablement. Bon, poubelle jaune, la quincaille, sans hésitation.
Les faux-ongles…rah elle bouge trop…c’est pas facile…mais ça semble évident. Poubelle jaune aussi. Plastique, qui deviendra peut-être un joli petit morceau de tissu…un mouchoir, tiens pourquoi pas ? Ca pourrait être utile pour son mari, et le mien.
Ah les cheveux…ils viennent facilement en tirant dessus, j’ai arraché plusieurs mèches en une fois. Le sang enrobe magnifiquement les petites boules de kératine qui servent à fixer les extensions. Ca c’est pour le seau à compost, c’est indéniable.
Les faux cils…décidément…pas grand-chose d’authentique chez toi ma chérie. A part le numéro de mon mari qui apparait 150 fois dans ton portable sur ces deux derniers jours.
C’est cartonneux ça…je tire dessus, un par un, oh ça va, arrête de pleurer…Ah pour se faire poser tout un tas de trucs, ya du monde, mais pour les enlever on fait sa chochotte tssss.
Ca ressemble fortement à des bandes de papier collées les unes sur les autres…poubelle bleue allez hop !
Rah à cause du mascara coulant, je ne vois plus la délimitation de la paupière inférieure. Faut pas que je me loupe…bien découpé, ça fera la joie de Mitsy et Crapouille. Elles adorent faire rouler tout un tas de trucs, les faisant avancer d’un coup de patte pour mieux courir derrière. Voilà. Parfait. Deux beaux joujoux pour mes pépettes. Gratos. Beau détournement d’objet, je suis fière de moi.
Heureusement que j’ai pensé à mettre un caleçon de Phil dans ta bouche ma belle, tu as l’air de crier fort là.
D’ailleurs j’ai bien envie de faire cesser ces hurlements étouffés. Ou…de les accentuer encore un peu…
Allons voir du côté de ta poitrine. Pas de soutien-gorge…seins refaits. Je m’en doutais. Ils tiennent bien, alors que tu es sur le dos. C’est une chance. Enfin non, c’est de la triche en fait. Allez, on enlève tout ça…oh je suis déçue, j’espérais que ça se dégonflerait comme un ballon, mais il y a juste une légère coulure brune qui s’échappe. Je vais percer à plusieurs endroits, ça ira plus vite. Voilà c’est mieux, tu ressembles à une belle passoire comme ça. J’ai bien envie d’attendre et de les voir s’aplatir tes deux obus. Mais Phil m’attend pour l’apéro.
Bon maintenant que j’ai ouvert, je peux écarter un peu plus. Ah voilà le foie…sa jolie couleur prune…ah…arrête de bouger…je veux juste en prendre un petit morceau pour Julius. Ca me donnera une occasion de parler à son maitre, le beau Pablo d’en face… Fan de reptile, c’est sûrement son seul défaut. Pour entretenir les relations de bon voisinage je vais lui offrir un magnifique foie pour son python.
Pancréas, intestins, colons…bof…pas grand intérêt tout ça. Et quelle galère à détacher. Là je remercie fortement les séances de rameur. Allez….venez par là… et voilà ! Poubelle noire directement.
Là…tu commences à ressembler à quelque chose ma belle. Evidée de cette manière, tu es superbe. Et immobile. Enfin.
Ce qui te sert désormais de corps est bien vide. Mais va encore m’être utile. On ne jette rien ! Toute molle, tu es bien plus facile à manipuler. Je dois me dépêcher avant que tu te raidisses. En boule…les bras sous les jambes. Parfait. Ton crâne chauve et rougie me rappelle une grenade. J’espère que j’en ai dans le frigo.
Tu rentres pile poil dans le cuir. Je tasse un peu, avec tes vêtements ça aide à prendre la forme. Encore un effort…j’y suis. Je remonte la fermeture éclair et place ma création devant moi. Beau travail. Laisse-moi t’essayer…pas mal. Je vais te garder pour moi ce soir. Le temps que ton dos s’arrondisse encore un peu.
Je descends les poubelles rapidement parce que Phil s’impatiente.
- Me voilà mon amour !
- Ah enfin ! mais…qu’est-ce que tu as encore r…
- Il est beau hein ? ! Une pouf, heu, un pouf, tout recyclé !! Il ne m’a rien coûté !
- Tu es incorrigible…on en a déjà 2 !
- Je sais…elles…ils ne pouvaient pas être ailleurs qu’ici mon amour…
Non, ce genre de pouf a bien sa place chez moi. Après avoir eu la chance de voir les fesses de mon mari maintes fois, ils…elles ! vont devoir subir les miennes pour l’éternité.
Sonia trône devant la table basse. Mais Charlène et Anne-Laure sont là pour lui tenir compagnie. Pas de jalouses les filles.