24/04
Le glaïeul s’impatiente dans les veines sacrées où le temps s’écoule, irrigue le jardin des pensées pullulantes, invasives lianes vertes qui s’enroulent aux sabots des chèvrefeuilles indolents. L’air se mielle à la longe des cœurs volants que tu agites de tes brises outremer, sur le serpent des méandres, nuages s’amoncellent en contrebas, au violon des hêtraies suaves de l’été indigo. Les lingots dorment sur le coussin des volontés propres, lavé au sel des hymnes à la joie criés sous les pluies diluviennes, nuages de coton qui démaquillent les cieux lourds au soir des étreintes chaloupées. Naufrage des corps au bord des verres en bigorne, au fil du vin mille mieux sous les draps éplorés, fanés de pétales de peaux que l’on s’amuse à conter, à lire et relire, des yeux et des mains, sans férir mais faire rire, oui, rire aux abeilles et bailler aux cornouailles, sur des falaises à perdre haleine que les vagues taraudent. Des appeaux à peu près, comme des diamants de paupières tombant au lys des rivières empourprées, tresser des hamacs aux glycines et glisser entre les gouttes des arrosoirs osés. Livrer les histoires à dormir debout en bout, sur des trapèzes eunuques, aux cordes coupées et aux mélodies si claires que l’on s’incline sans y croire, à faire frémir nos collines dans le creux des volcans à l’étroit. Les grilles des cimetères brandis à la gorge des clavecins cramoisis, sous les bannières qui flottent dans l’espace interstice des palabres sereines que l’on couronne de printemps et d’espoir. A s’interdire les groseilles à ramequin dans le pavé des ivresses innocentes, les noirs désirs dont on s’enchante l’âme ouragan dans le regard électrique des yeux cyclonéens, à se rattraper aux jetées des ports d’opale, sur le parvis des cathédrales englouties, à se saler les lèvres aux brise-larmes dont les vagues se jouent, à se caresser d’embruns sous des girandoles d’étoiles, fractures inassouvies dans les poumons dirigeables, dans les saint des seins aux voussures côtelées et au pinacle aréolé de grâces engourdies, où chantent les coeurs fringilles sur les bouillons blancs des écumes alvéoles. Damnez-nous en ce jour les lendemains de pierre où s’écrivent les sillons d’or et de pulpe, à la bouche des affamés notoires, masqués à la frange des forêts échevelées et des sourires papillotes, dans les rides de l’aube qui dort, à l’ombre des canneliers aux six troncs édredons, quand soufflent les crocs exquis des regards ocelots. A se chercher, se frayer des chemins sous les dais de lumière et les rais menthe à l’eau qu’inonde le soleil au filtre des ramures, à boire les mers au goulot des cascades et s’épuiser la peau à la hune des jours noyés de lys et d’hélices ritournelles, graines d’érable que le vent vire et vole et glisse aux oreilles cendrées des lupins arsenic. S’embraser les poignets de parfums tangerine sous des cieux larimar, et des tombereaux immenses où s’étiolent d’étoiles les renoncements d’éveil sous des aurores balnéaires. Se dégriser les yeux à l’éponge des nuages et aux lauriers en fleurs, se prendre au jeu des chandelles et des chandails entrouverts, des sabirs exotiques où charment les orages et séisment les frissons, au musée de cire des lacis couchés et des caresses mosaïques. Les draps de marbre immobiles dans l’étuve, sous les corps obsidiennes, d’ébène poli, satinés par la ferveur de milliers de mains que l’on s’échange au fusain des épaules, les vertiges des hespérides sur les nappes blanches des vanités, les vases canopes où s’ébrouent les polatouches incendiaires, quelques larmes de thé dans les verveines insipides… Nuit morne et moribonde, sous des fourmilières étincelles, quand l'absinthe se noie dans l’absence des idées vagabondes et vague à l'âme, souvent, nuit déchire et nuit désir, aux voiles des misaines et des perroquets jaunis, quand la langue se brûle de pigments oiseaux aux marches du palais fournaise, dans les ruines romantiques des merveilles vespérales. Le brouillard s’étend sur le lagon des rêves coralliens, dans les anses d’airain qui scintillent encore du ressac, sur la nacre humide des langueurs insulaires. Les vendredis chantent sur la plage abandonnée des mélanésies entêtantes, la tête pleine d’arrangements et de rhum des foins. Le jour s’apprête et se vêt, endimanché de regards entrebaillés, de sourires créoles jusqu’aux oreilles, torpeur qui se meut, se cherche et s’écrin sur les perles sauvages des cyprées porcelaines.
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