15 07
Dru, comme les poils entre mes doigts et les ruisseaux en crue, débordant sur la rive, hier, aujourd’hui envahissant les prés et les loins, et demain, qui sais-je ? Les rapaces, ragondins en radeau de brindilles, lestés de nuit sur le bouillon des feux éteints, des feux morts de n’avoir su s’allumer, à s’épuiser les doigts sur des rouages à vide. Puis le rire, comme un caillou sur la vitre, comme un impact, moins de deux euros, dirait olivier, vendant sa tapenade, le pauvre, quel con cet olivier, mais là, où va le monde, la pièce est trouée et déborde en fissure, briser la glace, briser le reflet entre toi et moi, les reflets des espaces manqués, des instants oubliés au frigo, des dates limites et des lattes mitées, la glace se fend d’un sourire. Où va le monde, le sourire dit, entre deux larmes, deux larmes de rien du tout, même pas de crocodile ou bien d'alligator, à quoi bon, pas de quoi remplir un dé à coudre, à en découdre, à propos décousus et abscons. Les larmes coulent, les larmes roulent, la joue humide donne envie qu’on l’embrasse, le sel, ça pique, la morve, tout s'emmêle, de quoi elle se mêle, l’autre. La solitude ronge le chemin comme un vagabond, la vague au doigt, comme un abcès, elle ne s’approche pas, non. Le chemin est en pente, les marches mènent à l’envers, à l’endroit du feu, il faut des cendres pour y accéder, un pas, trois pas, qu’est ce que c’est trois pas qui glissent comme une saucisse sur une balançoire. Trois pas c’est rien pour un feu en cendre, pour un feu en braise j’aurais fait mille pas, pour la chaleur des flammes, qui sais-je ? Les draps m’en tombent, sur le rouet des écheveaux félins pour l’autre, monter à crue sur des flots d’amazone, le gel dépasse, le froid se nuit aux pieds des stalles de pierre où canassonnent les lendemains qui chantent. Tintamarre, marre de moi, marre de rire à plus soif, comme un bocal, comme un poisson ivre rouge, le sang dans la bouche et des oreilles plein les yeux de trop voir, écoute gamin, petit, écoute. Eh bien ? Le sifflement des trains loupés, partis trop vite, à courir sur le quai on reste sur le rail, à fixer la blanche qui s’envole et le jaune qui descend, se moirer de vêpres et de guepier. Se noircir la face au charbon des continents, des adieux à la ligne. Garde la pêche, point, à la ligne, garde la ligne, garde le moral, garde le sourire, garde à vous, fixe, garde chasse et garde fou, ou bien garde boue, toujours debout, regarde toi, enfin, à trop garder, à trop t’égarer en bras chargés, alourdis de trop. Où va le monde, qui tourne, qui tourne en rond, qui ne tourne plus rond ? Où va la vie, qui passe, qui trépasse, dans le fossé des iroquoises, à noyer les iris dans des prunelles, à noyer le regard sur le trottoir des années passent, à guetter, l’escarpin trop haut où j’ai égaré mon estomac, accroché à son talon. Le vide reste mais où va le vide qui ballotte au gré des hanches et des hauts les coeurs trop entendus. La masse à la ramasse à la petite cuillère, d’argent dans la bouche, et de couteaux dans le ventre, à vouloir se vider sur le sol comme des pâtes bolognaises. A se jouer les entrailles à l’entracte, et les prospectus trop longtemps tus, placardés aux murmures, comme des muselières trop tard. Jamais plus. Jamais plus courber les yeux et baisser le dos, jamais plus sourire en coing de compote, et hocher la caboche cabossée, les cocards colères au remugle, plus jamais enfiler les camisoles cravates et les cilices de repentance. A tout prendre, la corde et la branche, le vent sur les pieds en l’air, et le vol des corbeaux comme des comètes sur le désastre que l’on ne saurait voir, des orbites plein les yeux.
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