17/10/24
Si seulement. Si seul ce soir, dans le manque des arpèges sans voix ni loi, du bleu sur les hanches, du bleu au fond des yeux qui flanchent, des déserts et des forêts noires à perte de vue, à pertes et fracas sans dommage ni plus d'intérêts. C’est l’heure des hommages, de lever les vers des poèmes comme des rubans de ciel, comme des lames émoussées par nos lèvres trop sèches, des chiffons de soi que l’on nuage et charpie, les cotons cicatrices et les brumes sans cornes ni courage. La musique gronde dans le ventre du silence, des façades blanchies par les chaux encores vives, encore vides, qui ne pèsent plus rien que les pours et les contrebasses, les contrats déchirés et les résiliences chérissables, dont on pique nos yeux et nos fards, pour un peu de lumière, pour un peu de demains écarlates. Voilà qu’on a hâte, voilà la faim au diapason, en canons assoiffés de se poursuivre et de se bombarder d’ardeurs digitales, de poisons mauves et angulaires, de coudées franches, sous le drap sale des libertés. Après l’horreur vient l’aurore, viennent les borées et les comètes aux queues de paons et de paniques. Dans le froid des glaces, faut il réfléchir avant de semer les discordes autour de nos cous, faudra-t-il des rivières, des fleuves et des fleurs sans parfum, faudra-t-il maquiller nos épines, nos esquilles et nos échardes, faut-il ronger nos ongles et nos aspérités, n’être plus que l’ombre et la douceur, n’être plus que le velours élégant de nos pattes au creux des gants, et ne plus rien toucher encore, ranger nos doigts au fond des yeux jusqu’aux coudes, et la tête dedans. Ça la changera, des nuages et des lunes, des images trop sages et des dunes trop brunes, ça la changera, des vents de panurge qui moutonnent les cieux, des vagues sans rivage, qui s’échouent au grand large, l'âme en rouleau et l’écume qui nous mouille la moelle, qui nous emporte par les fenêtres des sous-pentes. La salle est comble, il n’y a rien à voir pourtant, le compas dans l'œil des cyclones, ou des cyclopes, des fétus de pailles et de bataille, des fêlures d’entrailles et de chamades en chamarres. C’e ancora la voglia, di andare, dans les andes levantines, le dernier bateau, l’ultimo, l’ultime fugue, fugace, qui se joue en noir et blanc, sur des pianos d’autrefois, altra volta sur l’air des traviata, des travées sans trajectoire, juste aller plus loin, sur le dos des élans, que nous poussent des élytres, des voilures électriques, des envols en volutes, des spirales de fumée aspirées par l’ailleurs, par le loin et le confin. Des courbes et des ellipses, qui éludent les courbatures, élucident les idées de clartés de calabre, de marbres et de palabres, de parades un peu sottes, de grands sauts et de grands soirs, pour brûler les bougies et les bourgeons qui pointent et jaillissent, des narcisses noires comme des amours sales, des amours de suie et de sarabande, sauvages et diaphragmes, des hauts le coeur et des clameurs d’enfin. Comme des frissons d’enfance, des fourmis dans les jambes et des grillons dans la voix, qui s’échappent, qui débordent en bordées franches et filandières, en brocard et en cocarde, qui allongent sans censure leurs motions criardes et leurs bigarrures moirées sur le tapis moite des feuilles blanches qui jonchent les automnes monochromes.
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