On ne veut plus jamais te parler.

C’était les derniers mots que j’avais entendu de Sarah. Ensuite, Blondie, Maxence et Logan avaient ri, comme si leurs mots n’étaient qu’un assemblage de lettres, que leurs langues de vipère avaient tracées à mon égard. Mais leurs mots étaient bien plus. Ils étaient des lances aiguisées qui se fichaient dans mon cœur douloureusement et lentement.

On

Ne

Veux

Plus

Jamais

Te

Parler

Pourquoi moi ? Qu’ai-je donc fait de travers pour qu’on se débarrasse de moi tel un vieux déchet ? Je ne me voyais pas vivre sans leur soutien. Avant ce jour fatidique, ils m’avaient toujours épaulé, je les considérais comme mes sauveurs, mes dieux. Mais hélas, toute bonne chose a une fin. Peut-être n'aimaient-ils pas ma façon d’être, ou bien était-ce par amour qu’ils s’éloignaient ? Le mystère était aussi grand que le trou béant dans ma poitrine.

A chaque inspiration, une plaie s’ouvrait à l’intérieur de moi, et je ne pouvais rien faire contre cette douleur ; elle était psychique et non physique. Désormais je dois vivre sans eux. Prendre des décisions seule. Repenser à nos blagues seule. Les voir s’épanouir sans moi.

Si un Dieu existait réellement, pourquoi me laisserait-il souffrir autant ? Est ce que je le méritait ?

On me dit toujours que ça passera. Que ce n’était pas de bonnes personnes. Que je trouverais mieux.

Mais c’est faux.

C’était mes bonnes personnes à moi. C’était mes idéaux, ma famille, mon bonheur et ma raison d’aimer. Ils étaient tout ce dont j’avais besoin. Comment trouver mieux qu’eux ? Et puis, pourquoi prendre le temps de chercher mieux quand on sait qu’on va finalement être abandonnés ? Si la détresse était personnifiée, elle aurait probablement mon visage.

Mais je dois ravaler mes pleurs et mes peines, mes malheurs et mes doutes. Ils sont certainement mieux sans moi, je le vois. Ils sont débarrassés d’un poids, ils n’ont plus besoin de sans cesse devoir rester avec moi.

Je sèche mes larmes, j’étire mes lèvres en un sourire et je me réjouis pour eux. Tout ce qui m’importe est leur bonheur. S’ils vont bien, alors je vais bien.

Un sourire triste s’étale tendrement sur mon visage humide de larmes. Tout ira mieux maintenant.