Quand j'avais quinze ans, je devais être au collège autour de la 3ème.
J'aurais aimé écrire que j'ai adoré mes années collèges et que mon quinzième anniversaire a été merveilleux. Foutaise !
Petit blonde dans un collège ZEP ( zone d'éducation prioritaire) de banlieu parisienne et grosse tête de la classe. On ne peut pas dire que j'ai la côte auprès de mes camarades. Chaque jour le même calvaire : se lever, aller en cours, supporter et rentrer. Les coups bas, on me les a tous fait, enfin je crois, donc plus rien de peut me surprendre.
Je vagabonde, d'une journée à l'autre. Je tais ma souffrance que ce soit à l'école ou bien à la maison. De toute façon l'ambiance chez moi n'est pas au beau fixe. Avec ma mère s'est le festival des prises de tête, avec mon frère et ma soeur je n'ai pas la patience et mon père, et bien faudrait déjà le voir. Alors pourquoi mettre encore plus de feu aux poudres en parlant de ce que je vis à l'école. De toute façon c'est d'une banalité déconcertante. Il faut une tête de turc et ils m'ont choisit, c'est comme ça partout non ?
Mon bol d'air je le retrouve dans la danse. Trois fois par semaine c'est la délivrance. Quand j'y suis j'oublie tout. J'oublie ma mère, son caractère de cochon et ses ambitions pour moi. J'oublie mon père, son boulot qui me l'enlève du lundi au vendredi. J'oublie mon frère et ma soeur qui se disputent constamment et qui font un bruit pas possible. Et j'oublie le collège, ces journées difficiles où je ne suis que l'ombre de moi même car je sais bien que si je venais à exploser je me ferais virer tant j'aurais de compte à régler.
Je ne garde pas de bons souvenirs de ma quinzième année. Elle est arrivée comme une année de trop dans mon ecosystème déjà ravagé par les précédentes depuis mon entrée au collège. J'ai perdu confiance en tellement de chose, en moi pour commencer. Je suis devenue cette fille mal dans sa peau, incapable de nouer une relation saine et stable et surtout vide d'émotion.
Aujourd'hui j'ai trente ans et je ne danse plus. Cela me manque bien sûr, mais la vie d'adulte ne permet pas toujours de poursuivre ses rêves d'enfants. En revanche, je continue à me reconstruire car les vestiges de mon passé ont fait quelques ravages. Dieu merci, j'ai fait des rencontres qui 'mont évitées le pire et surtout j'ai renouer avec ma famille. Mais intérieurement, je saigne encore. Mon corps ma bataille mon fléau. Même avec les regards bienveillants qui m'entourent, je reste cette ado au milieu de la cours pointé du doigt. C'est dure, mais c'est ma réalité. Alors qu'un jours peut-être cette douleur s'apaisera. Pour le moment elle me poursuit, silencieuse, se rappelant à moi de temps à autre.
Quinze ans, ce n'est pas le bonheur tous les jours.