Je l’ai vu parler avec ses amis aujourd’hui. J’ai espéré qu’il viendrait vers moi aussi. Mais il ne l’a pas fait. Il ne s’est jamais tourné vers moi, pas une fois.  Je ne pense pas qu’il sache que je l’attends, ni même que je le connais et qu’il représente quelque chose à mes yeux. Il ne voit pas l’aide que je tente de lui apporter. Mais qu’importe, je veux lui montrer l’amour que j’ai pour lui alors sur le chemin du retour, je tente de le lui faire sentir au travers du parfum des fleurs, des couleurs dans les feuilles d’automne, de la fraicheur du vent sur son visage,… Mais il n’est pas venu me voir. Ni ce soir, ni le lendemain matin. Pressé, il a quitté sa maison sans m’adresser le moindre mot. Il semblait tellement seul que cela m’a rendu triste. Il ne sait pas à quel point je le comprends. Il ne sait pas que lorsque j’étais sur terre, mes amis se sont moqués de moi et m’ont laissé tomber tout comme les siens, tout comme ces jeunes qui se sont mieux intégrés que lui dans cette société. Il ne voit pas à quel point je le comprends et à quel point j’ai envie de l’aider. Alors j’ai laissé couler mes larmes dans la pluie mais il ne s’est pas rendu compte que c’était pour lui. Il se pense trop petit pour qu’une personne telle que moi s’intéresse à lui. Mais il se trompe.

    C’est vrai que ce que j’ai fait, je l’ai fait pour chacun. Je ne regarde pas qu’à lui. Mais en ce moment, c’est son bien-être qui m’importe. Je veux lui montrer à quel point il a de l’importance. Je voudrais tellement faire de lui mon ami. Je voudrais le serrer dans mes bras et lui dire qu’il n’est pas seul. C’est pour cette raison que je dépose sur son visage un rayon de soleil. Je voudrais lui montrer le sourire qu’il aurait en se tenant à mes côtés. Je voudrais l’accompagner sur le chemin de sa vie.

    Je voudrais lui présenter aussi mon Père. C’est lui qui, par amour, l’a créé. Et même si il lui désobéit souvent, c’est ce Dieu qui m’a envoyé sur la Terre afin de leur permettre d’avoir une relation à travers moi. C’est parce que nous l’aimons que j’ai pris sur moi toutes ses souffrances en mourant sur cette croix. Maintenant il lui suffit de tout me remettre, tous ses soucis, et je l’en débarrasserai. Mais ce jeune homme, comme beaucoup d’autres, n’en a pas encore conscience.

    J’ai envoyé plusieurs de ses amis et membres de sa famille auprès de lui pour lui parler de moi. Il ne les a pas écoutés, il préfère s’enfermer dans sa propre souffrance. Il lui est très difficile de se détacher de tout ce qui le blesse et lui fait du mal, de l’abandonner et de me le laisser afin que je le détruise complètement. Il a probablement l’impression que cela fait partie de son identité. C’est pourtant une solution que ne regrette aucun de ceux qui l’ont déjà prise. Et ils savent que jamais je n’abandonnerai ce garçon, que je l’aime bien trop pour cela, et c’est pour cette raison que déjà ils prient pour lui en mon nom, celui de Jésus-Christ.