Chapitre 1
[Attention ! Ne va pas plus loin. Ceci est un texte ensorcelé… Trop tard !]
Tu es prêt ? On peut commencer ? Bien.
Lis attentivement ce qui va suivre. Ton avenir en dépendra certainement. Evite de tomber dans les pièges et passe les étapes avec brio. Ce n’est pas si compliqué.
Ce que tu dois faire concrètement ? Quelle drôle de question. Tu dois simplement suivre les règles du jeu.
Quelles sont-elles ? Tu l’apprendras bien assez tôt !
Oh ! Et avant que tu ne partes plus loin, un dernier conseil : ne suis pas trop à la lettre ce qui est écrit ici. Ce texte est rédigé par un humain et l’on sait tous que l’erreur est humaine. Par contre, le Diable est dans les détails. Bonne chance et puisse la raison guider ton chemin.
Tu avances, torche en main, le tunnel dans lequel tu te trouves ne semblant pas avoir de fin. Parfois il faut tourner à droite, parfois à gauche. Il te semble même que tu as fait demi-tour à plusieurs reprises. Tu remarques certaines phrases gravées sur les murs, mais tu n’es pas capable de les déchiffrer. Elles sont écrites dans une langue qui t’est étrangère. Tu te contentes de suivre ma voix qui te guide à travers les dédales de ce labyrinthe. Car oui, je suis toujours là et je ne t’abandonnerai pas.
Mais voilà que vient le moment où il te faut faire un choix. Tu arrives devant une bifurcation. La voie de droite semble mener vers un endroit plus éclairé. Du chemin de gauche, tu entends quelqu’un pleurer. Quel sentier choisis-tu ? Très bien. Avançons par ce chemin.
Le feu dessine de drôles d’ombres qui te font croire à une présence fantomatique. Tu te retournes plusieurs fois. Quelqu’un te suit ? Tu décides d’accélérer le pas, voulant mettre un terme le plus rapidement possible à cette histoire. En plus, tu es claustrophobe, les endroits clos ne t’enchantent guère. Voilà que tu arrives enfin dans une grande pièce. Ta lumière se meurt à quelques mètres ; l’obscurité est trop dense. Le plafond paraît loin au-dessus de ta tête et tu te demandes s’il y a une sortie. Tu avances, essayant de faire le moins de bruit possible. Soudain, les pleurs reprennent. Tu te figes. Il y a quelqu’un ici. Tu te trouves ridicule à essayer de passer inaperçu alors que tu es une source lumineuse perçant les ténèbres. Tout à coup, ta compassion te semble être un défaut. Et si c’était un piège ? Après tout, je t’en avais informé. Tu ne peux plus reculer, alors tu avances dans le noir oppressant. Des yeux semblent t’observer mais tu parviens à te raisonner. C’est ton imagination qui te joue des tours.
Chaque pas te rapproche de la personne qui pleure. Au mieux, tu auras un compagnon de voyage, au pire… Mais lisons plutôt la suite. Soudainement, tu vois apparaître une forme humaine. Elle semble être de dos et les pleurs proviennent bien d’elle. Tu avances à pas de loup, priant inconsciemment qu’elle ne se retourne pas. Elle ne fait aucun mouvement, ce qui te donne confiance pour la contourner. Tu te rends compte que ce que tu avais pris pour un être humain était en réalité une statue. Tu ne comprends pas. Les pleurs se sont arrêtés.
Tout à coup, ils reprennent. Tu sursautes et recules de quelques pas. Des larmes coulent des yeux de pierre. Le visage de la statue semble fixer le mur. En l’éclairant, tu vois apparaître un message : « La lumière semble rassurante à tous ceux qui oublient que l’ombre est le meilleur endroit pour se cacher ». Bravo, tu as passé la première étape.
Tu reprends ton chemin et trouves une porte cachée qui te permet de continuer à avancer dans la suite du tunnel. Tu commences à trouver le temps long lorsque, soudainement, le chemin se sépare en trois. A gauche, tu entends le vent siffler. A droite, tu entends l’eau goutter. En face, tu n’entends rien. Quelle direction choisis-tu ?
Tu es rapide ! Très bien, voyons ce que l’avenir te réserve. Tes pas se font plus assurés mais ton cœur bat plus fort. Tu as fait un choix et tu as peur d’avoir pris la mauvaise décision. Tu n’aimes pas choisir en temps normal, et maintenant, tu comprends pourquoi. Faire un choix, c’est prendre le risque de mourir. Dans ce jeu, ne rien faire, c’est mourir par défaut. La vie n’est pas si différente. Mais revenons plutôt à notre tunnel : tu approches désormais de la deuxième étape. Tu entres dans une seconde pièce tout aussi sombre que la précédente. Aucun bruit ne parvient à tes oreilles. Est-ce un mauvais présage ? Tes pas se font hésitants, tes sens sont à l’affût du moindre mouvement. Puis tes pieds rentrent en contact avec une surface molle. Tu ne marches plus sur de la roche, mais sur de la terre. Tu profites de chacun de ces pas si agréables lorsque, tout à coup, un message apparaît au sol à la lumière de ta torche : « Aussi bruyants que soient l’eau et le vent, seule la terre constitue un sol assez solide pour que tu puisses y tenir debout ». Félicitation, tu viens de réussir la deuxième étape.
Je te guide habilement vers la sortie, afin que tu reprennes ton chemin dans le tunnel qui devient de plus en plus étouffant. A moins que ce ne soit le stress qui t’empêche de respirer. Il te semble que tu n’aies fait que quelques mètres avant que n’apparaisse le prochain carrefour. Cette fois, quatre chemins sont possibles, mais rien ne te permet de les différencier. Tu es perdu, ne sachant où aller. Tu réfléchis longuement, hésitant à sauter le pas. Tu te creuses la tête pour savoir quelle destination te permettra de réussir et d’avancer encore plus loin. Au bout d’un moment, tu acceptes le fait que ces quatre voies n’arborent aucune différence. Tu laisses ton instinct te guider et tu choisis le chemin le plus à droite.
Tu avances cette fois d’un pas régulier, résigné quant à ton probable échec. Pourtant, malgré toute la pression que tu t’étais infligée avant de franchir le cap, tu sembles calme. Prenant ton courage à deux mains, tu pénètres dans la dernière pièce du jeu. Des torches sont accrochées au mur et cela te fait penser à la salle du boss dans les jeux vidéo. Tu espères qu’il ne te fera aucun mal si jamais il existait. Tu cherches un message écrit dans ta langue, mais tu te rends compte que tu dois monter les quelques marches qui mènent à une estrade. Un réceptacle y est disposé sur une table en pierre, un message gravé à l’intérieur : « Peu importent tes choix, la connaissance et l’expérience se trouveront toujours au bout du chemin ». Bravo, tu as gagné. Fier de ton parcours, tu sors enfin de ce long tunnel. Ta torche ne te sert plus à rien ; tu peux la laisser derrière toi. Une autre personne pourrait en avoir besoin.
Tu viens d’arriver au terme de mon jeu. Du temps s’est écoulé, peut-être aurais-tu pu l’utiliser à des fins plus matérielles. Quoi qu’il en soit, je t’encourage à achever ta lecture. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Il te reste à trouver la réponse à mon intrigue, le seul moyen de mettre un terme définitif à ton maléfice. Alors, je te fais mes adieux, te guider fut agréable. Bon courage pour la suite.
« Souvent tu les contournes, parfois tu souhaites les changer, mais toujours elles te guident ».
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