Rencontre Elfique - Partie II

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Firiel tenta de masquer la panique qui s’était emparée d’elle. Elle se félicita de ne jamais quitter ses armes. Elle se baignait à quelques pas du campement lorsqu’une lumière vive l’entoura. Quand celle-ci se dissipa, elle se trouvait ailleurs. Elle avait atterri au milieu d’un jardin luxuriant où des centaines de fleurs rivalisaient de couleurs chatoyantes. Un doux soleil irradiait dans un ciel azur sans aucun nuage. De subtiles fragrances emplissaient l’air. Était-ce ça le paradis, songea le général elfique ? Les sens aux aguets et la main sur la garde de son épée, elle s’enfonça dans le labyrinthe végétal.

Elle marchait dans ce dédale lorsque son attention fut attirée par un miaulement sur sa gauche. Un chaton venait de sortir des fourrés. L’animal : une boule de poils toute noire dissonait complètement en ces lieux. Firiel s’accroupit pour s’approcher du félin. Ce dernier la dardait d’un regard intense bleu-gris qui transpirait d’une intelligence singulière. Le chaton miaula derechef puis se retourna comme pour indiquer le chemin.

Elle sentait le piège. Devait-elle céder à l’étrange insistance du félin et le suivre ? Une seule idée la rassurait dans ce monde inconnu : elle était toujours armée. Son épée pendait à sa ceinture, une arbalète prête à l’emploi était rivée dans son dos et si un agresseur parvenait à la mettre en déroute, elle gardait un poignard bien affuté caché dans sa botte. Que risquait-elle vraiment ? Elle consentit donc à suivre docilement ce chat tout en restant aux aguets pour anticiper une embuscade.

***

Elle marcha jusqu’à une mare. L’animal venait de s’arrêter là comme s’il l’attendait. Elle atteignait l’étang quand un grondement de tonnerre se fit entendre au loin. Firiel sursauta et observa le ciel se couvrir de nuages menaçants. Elle ne put anticiper l’attaque fulgurante qui survint alors. Deux bras puissants la ceinturèrent et son agresseur la força à plonger dans l’eau. Elle se débattit comme elle le put, buvant allègrement la tasse et bataillant pour se défaire de l’étreinte. Le monde autour d’elle bougea vertigineusement et elle ferma les yeux pour échapper aussi bien à la noyade qu’à la nausée. Les poumons en feu, elle lutta contre l’asphyxie. L’eau ne tarderait pas à la tuer. La mort rôdait dans ses pensées et, à bout de forces, elle abandonna. Elle prit une profonde inspiration tout en ouvrant les yeux… Mais rien ne se passa. Tout était étrangement calme. Elle se trouvait sur les rives d’un lac, étendue sur le dos, le corps à demi émergé. Au-dessus d’elle se tenait un inconnu, ses longs cheveux noirs gouttaient, son visage affichait un sourire avenant . Elle reconnut les yeux du chat, même si leurs pupilles n’étaient plus fendues.

L’homme s’approcha d’elle, le cœur de Firiel s’emballa. Il n’espérait quand même pas l’embrasser ! Et puis quoi encore ? D’un geste vif, elle remonta son genou violemment jusqu’à rencontrer la partie la plus charnelle de son agresseur. Elle se dégagea d’un coup de poing vengeur et se redressa pointant son arbalète vers l’inconnu. Ce dernier leva les mains en signe d’apaisement et déclara :

  • Doucement ! Vous êtes libre. Je viens de vous sauver.

Il mentait ! Firiel voyait bien son stratagème. Le carreau partit sans prévenir et se ficha dans l’épaule de l’individu qui rugit de douleur.

  • Qui êtes-vous ? vociféra-t-elle en rengainant son arme pour mieux tirer son épée au clair.

Il s’apprêtait à répondre lorsque le tonnerre gronda. Un éclair frappa le sol juste à côté du couple et un homme grassouillet apparut en déclarant d’une voix à la fois mielleuse et inquiétante :

  • Ma colombe, pourquoi es-tu partie si vite ? Enlevée par un cancrelat qui a osé t’extraire de mon royaume.

***

Les pensées de Firiel étaient troublées. L’homme qu’elle avait agressé disait donc la vérité. Il venait de la sauver. Elle détailla le grassouillet qui était apparu. Courtaud, engoncé dans une toge, il lui provoqua un dégoût instantané : ses yeux porcins suintaient de lubricité. En tout cas, c’était lui son ennemi. Elle serra la garde de son épée et fondit sur lui comme une tigresse. Elle levait sa lame pour porter son premier coup lorsque son corps se tétanisa soudain. Elle fut instantanément incapable de bouger, comme si elle était entravée par une main invisible. Elle sentit ses pieds se soulever du sol et s’approcha malgré elle de son tortionnaire.

  • Voyons ma colombe, lui susurra-t-il. Est-ce ainsi que l’on traite son futur maître ?

Une horrible angoisse lui contracta l’estomac. Firiel tressauta, imaginant ce que ce pervers pourrait lui faire subir. Elle se sentit comme une vulgaire poupée à sa merci.

  • Laisse-la tranquille, rugit une voix derrière elle.

L’inconnu qui l’avait aidée venait de se redresser. Il devient soudain terrifiant passant d’un gentilhomme avenant à un masque froid et cruel. Firiel comprit qu’un combat de mage allait avoir lieu. Elle ne s’était pas attendue à la réaction du grassouillet. Ce dernier se décomposa sur place, blêmissant et se ratatinant à vue d’œil.

  • Milles excuses, Monseigneur, j’ignorais que c’était vous. Je ne souhaitais nullement vous manquer de respect ou vous nuire. J’implore votre pitié. Je…
  • Hors de ma vue, souffla le ténébreux inconnu.

Firiel tomba au sol comme une poupée de chiffon tandis que son tortionnaire disparaissait sans demander son reste. Que s’était-il passé ? Et qui l’avait secourue ? Depuis la chute de la Tour Blanche les mages se comptaient sur les doigts d’une main. Elle redoutait déjà de connaître l’identité de son sauveur. Ce dernier, retrouvant son sourire charmeur, s’était approché pour l’aider à se relever.

  • Qui êtes-vous ? demanda Firiel.

Un voile de mélancolie passa sur le visage de l’homme tandis qu’il se retournait. Il lâcha alors son prénom dans un soupir et le cœur de Firiel s’accéléra. Yondorog, le fils du diable ! C’est ainsi que les elfes avaient surnommé celui qui se tenait devant elle. Un monstre puissant et terriblement dangereux. Elle raffermit sa poigne autour de la garde de son épée tandis que le magicien, la regardant à nouveau, déclara :

  • Votre régiment vous attend de l’autre côté de ce lac. Calion a pour mission de me conduire auprès de votre reine.

Il mit les genoux au sol et tendit ses mains en ajoutant :

  • Je me rends.

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