Apocalypse 2.0 : la vierge Europe et le Dragon (sans recourir aux champignons)
Le Monde, sourde pulsation,
Du Verbe est manifestation.
- (Le vent murmure : « En doutez-vous ?»)
La Parole fut donnée à l’Homme
Pour ouïr Vrai – l’unique idiome !
- (Le vent murmure : « Entendez-vous ?»)
Mais l’homme, ce méchant animal,
Qu’un rien effraye et pousse au mal,
- (Le vent murmure : « Observez-vous !»)
Parfois oublie la main conseillère
Qui le soulage de ses œillères :
- (Le vent murmure : « Aucun tabou !»)
Je parle ici du libre Esprit, saint,
Que ni force ni loi ne contraint,
- (Le vent murmure : « Soyez fous !»)
Qui œuvre dans le temps, dans l’histoire,
Pour que l'Homme s'ouvre au Christ en gloire.
- (Le vent murmure : « C’est l’époux.»)
Ecoutez donc ce qu’Il m'a soufflé,
L’Esprit qu’une brise m’a porté :
Il est une vieille prophétie,
Révélation, non facétie :
« Une femme vaincra le Dragon. »
Lui, l'hydre-temps, la veut hors des gonds.
Elle, dont l’un des noms est Europe,
Depuis le cèdre jusqu’à l’hysope,
Est notre source et notre destin,
Elle est l’humanité par dessein :
Libre, égalitaire et fraternelle,
Image d’une extase éternelle.
Mais le Dragon projette son feu,
Il promet la vie loin de l’essieu,
Il se nourrit de toute colère,
Et mène les peuples vers la guerre.
Ceux-ci disent : « Europe est Circé !
C’est une pute au règne vicié ! »,
Quand elle n’est qu’une adolescente,
Dans l’âge ingrat, parfois indécente,
Elle qui, enfant, durant mille ans,
Ne vit que rapines et forbans.
Alors, à ceux que le Dragon charme,
Va, parle, et colporte cette alarme :
L’oracle dit qu’Europe vaincra,
Que femme sage elle deviendra,
Et la paix qu’elle poursuit en rêve
Sous l’égide de l’amour se lève.
Ensuite la brise s’est enfuie,
Je restai seule, nue, sous la pluie.
- (Mon cœur murmure : « Je m’en fous.»)
J’étais ivre d’un ordre divin
Qui commande d’aimer son prochain
- (Mon cœur murmure : « Je est un Vous.»)
Qui dit : « Aime autrui comme toi-même ;
« Qui s’oppose à cette loi blasphème.»
- (Mon cœur murmure : « Tout est nous.»)
Maintenant que tu peux entrevoir
La course du monde et ton devoir,
- (Mon cœur murmure : « Croire en nous.»)
Vois qui de l’Europe ou de l’aigreur,
En mai, tu te feras l’électeur.
- (Chut… Le silence est d’or et si doux)
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