Quelque part à Melun.

 — Par contre, Daniel, il serait bien que vous laissiez votre poste de travail aussi propre que vous l'avez trouvé. Vos collègues de l'après-midi n'ont pas tellement envie d'avoir les doigts englués sur le clavier.
 — Qu'entendez-vous par " englués " ?
 — C'est une expression. On a trouvé vos déjections nasales entre les touches du clavier. Des gros morceaux par moments. On a cru que c'était des boulettes de shit au départ. Mais non. C'est un peu dégeux...
 — Je ne comprends pas.
 — Je vais vous expliquer Danou, parce que là, les synapses n'ont pas l'air d'être connectées : vous vous décrottez le nez, pas de problème... Les caméras ont enregistré votre cadence, c'est impressionnant d'avoir tout ça dans le pif... Bref. Décrottez-vous si vous voulez, mais lavez-vous les mains ensuite pour éviter de souiller le clavier et déposez vos trésors dans une poubelle, un mou...
 — Là, vraiment, je suis confus.
 — Le budget clavier Logitec a triplé, Danou ! Vous bousillez tout ! Tenez, regardez ! le 'e' accent grave là... On ne peut plus l'utiliser. On est obligé de faire ALT+0200* ! Et la barre espace ne remonte plus, on doit tirer dessus ! C'est plus possible Danou.
 — C'est-à-dire qu'en Alsace, on a l'habitude de toujours avoir les doigts gras. C'est signe d'une part, de bonne santé et d'autre part, c'est la garantie qu'on travaille dur. Je ne fais que perpétuer une coutume ancestrale qui...
 — En Alsace, vous dîtes ?
 — Marckolsheim, précisément.
 — Daniel, avec tout le respect que je vous dois, puis-je vous demander où vous êtes né et où vous avez passé vos 32 premières années ?
 — Pointe-à-Pitre, pourquoi ?

*Avouez. Vous venez d'essayer ?