Chapitre 6

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 Gabrielle avançait avec peine dans un couloir éclatant. Ses pieds nuent tremblaient contre le marbre glacial et son estomac se serrait sous l’appréhension. Autour d’elle, une armée de soldats à l’armure étincelante et aux larges tuniques enluminées l’escortait à travers le palais.

Une porte dorée s’ouvrit sur son passage et lui dévoila son ultime destination. Au milieu de trois gigantesques parois aux vitraux historiés, bénie sous la lumière pure du soleil levant, le Grand Roi dirigeait son tribunal.

Ostengarld s’agenouilla au sol, une main sur le cœur et l’autre sur le manche son arme.

Gloire à vous, Haut Souverain Gregory, envoyé de Sanctia parmi les Hommes. Nous avons reçu la missive que vous avez adressée à la Muraille Ouest. À la demande de votre Majesté, voici la femme s’étant introduite dans l’enceinte du mur. Elle est la première suspecte à l’origine de la catastrophe qui nous a frappé il y a plusieurs lunes.

Je salue la rapidité avec laquelle vous avez répondu présent, Général Ostengarld. Maintenant que vous êtes là, dites-moi en quelles circonstances une telle chose a pu arriver.

Une charge a été placée dans l’enceinte du mur et a ouvert une brèche. Nous y avons retrouvé des traces de Vignite par la suite. Une puissante magie a été à l’œuvre pour permettre au Mal de pénétrer le continent. Il s’agit donc là d’un acte minutieusement orchestré.

Et en quels aspects cette prisonnière en est-elle liée ?

Lors de l’invasion, elle s’est introduite dans la forteresse. Elle prétend être née de la Terre des Géants et a fait preuve d’une force qui ne peut être clamée par autre chose qu’une bête assoiffée de sang. Son apparence, je vous l’assure mon roi, est son seul aspect humain. Mais n’ayez crainte, sa force l’a bel et bien abandonnée.

Quels dégâts a-t-elle causé ?

Il nous est difficile de l’estimer à l’heure actuelle. Elle s’est jetée dans la bataille, et a tout détruit sur son chemin.

Ikaar s’approcha à son tour, se courba face au Grand Roi et rétorqua :

Sauf votre respect mon Général, il est bien grâce à son intervention que l’envahisseur a été repoussé. Je n’ai point remarqué d'hostilité la concernant de tout mon temps passé à la forteresse. De plus, l’enquête concernant l’incident n’est resté que secondaire à vos yeux à côté de votre venue à la capitale.

À l’entente de ces mots, le vielle homme serra ses poings et s’exclama :

Votre Majesté ! Le Paladin spécule ! Il n’était pas de ceux présents lors de…

Il suffit, Ostengarld ! Le chaos et l’ingérence de toute cette situation sont de votre ressort. Qu’avez-vous donc à m’apporter aujourd’hui, si ce n’est la preuve de votre incompétence ?

Je vous ramène la femme qui nous permettra de retrouver les responsables !

Gregory poussa un profond soupire. Il se leva, soulevant dans la foulée son épais manteau, et reprit d’une voix haute.

Aria, tu es l’âme la plus pure et attentive de cette assemblée. Approche donc, et exprime-moi, avec la sincérité que je te connais, ton avis propre sur cette situation.

La chasseuse s’avança, s’agenouilla et prit un ton solennel.

Il est un soldat, qui faisait partit de la première lignée à partir au front, avec qui je me suis personnellement entretenu. Dans le cœur même du combat, Gabrielle, la femme ici présente, l’a secouru et a veillé sur lui jusqu’à ce qu’il soit en sécurité. Ses actes n’ont pas seulement été salvateurs, mais désintéressés. Voici mon humble opinion, votre Majesté : il n’est point de sauveur telle qu’elle qui mérite des chaînes.

Le Grand Roi descendit les épaisses marches menant à son trône et s’arrêta devant le général.

Marcus Adriel Ostengarld… Vos actes font honte à votre lignée. Vous me rapportez, pieds et poings liés, l’héroïne ayant sauvé tout une partie du continent. Cette effronterie ne peut être qualifiée d’autre qu’hérétique. Pour cela, vous purgerez la peine qui doit en être encourue. Vous serez envoyé au plus tôt de l’autre côté de la muraille que vous avez échouée à protéger.

Non ! Votre majesté, d… de grâce !

La prisonnière sentit son sang bouillir. En voyant le visage décomposé de son ancien geôlier, de sombres souvenirs lui rivèrent à l’esprit. Sans hésiter, elle s’avança, faisant sursauter les gardes la surveillant, et hurla :

Arrêtez !

Tais-toi Gabrielle ! Tu vas tout foutre en l’air… Se murmura Aria en mordant sa lèvre inférieure.

Tandis qu’Ostengarld restait figé de peur, les yeux écarquillés, le Grand Roi reprit :

Qui y a-t-il guerrière ? Parle !

Personne… Personne ne mérite d’être envoyé là-bas. C’est inhumain !

Un sourire se dessina sur le visage de Gregory. Il attrapa l’épée du Général et la positionna sur sa nuque.

Dans ce cas-ci, penserais-tu qu’une mort directe et indolore soit préférable ?

Vous comprenez pas… Les seules choses qui méritent de mourir, ce sont ces atrocités là-dehors !

Après un court silence, le souverain lâcha l’arme au sol et s’exclama :

Voilà donc les paroles d’une vraie chasseuse ! S’il faut remercier tes actes par la grâce de cet imbécile, qu’il en soit ainsi. Sortez-le-moi du palais. Qu’aucune auberge ni temple ne lui offre l’hospice dans mon royaume.

Sans attendre, deux soldats vinrent attraper le vieil homme et l’amenèrent hors de la pièce. Ce dernier, tremblant de peur, n’arrivait à murmurer que quelques lamentations discrètes.

Quant à toi, Gabrielle, il n’est nul doute que tes compétences aient une valeur certaine. Voici une offre, la chance de toute une vie, que je te proposerais qu’une fois. Rejoins les rangs de la chasse royale et contribue au combat contre ces « atrocités ».”

Je ne suis pas venu ici pour vous servir et mourir à votre volonté…

Oh, mais il ne s’agit pas que de cela. En tant que membre éminent, Il te seras accordé les plus grands privilèges. Je tiendrais à ce que ta faim soit rassasiée, que tes plaisirs soient comblés et ta bourse remplie. En échange de cela, tu te battras aux côtés des chasseurs et repoussera le Grand Mal hors de nos frontières. Mais le choix reste le tien. Si tu refuses, tu pourras sortir d’ici et retourner à la boue et au froid.

Gabrielle resta figée quelques instants. Dans son esprit, des échos lancinant resurgirent.

“Tu sais, les personnes comme moi ne peuvent pas trouver le repos avant la mort. Je souhaite qu’il n’en soit pas de même pour toi. Sans cette volonté, je n’aurais jamais survécu…

D’accord… J’accepte, à une condition…

Je suis tout ouïe…

Mon épée, rendez-la-moi.

Le Grand Roi souri face à une demande si menue. Tout en remontant les marches de son trône, il reprit :

Soit, je demanderais qu’elle te soit rapportée au plus vite. Gardes, enlevez-lui ces chaînes. Que les meilleures géminenciennes d’Azur s’occupent d’elle et qu’une suite lui soit offert au palais. Sa cérémonie commence demain.

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