Je crois que j’ai trouvé mon inconscient, ou bien c’est elle qui m’a trouvée. Quoi qu’il en soit, je n’aime pas le résultat.

        Plus tôt, je me découvre ligotée dans une cave humide et sombre, presque gelée, les yeux bandés. Cette fille qui n’est autre que moi, panique en me voyant entrer dans la pièce. “Vite, détache-moi et emmène-moi loin de ces fous.” Elle pleure. Je remarque des écorchures sur ses bras, et deux hématomes entre les cuisses. Je sens la peur marteler son estomac, et bientôt mon cœur bat aussi vite que le sien.

        Nous partons ensemble, laissant dans cette pièce un bandeau et des liens défaits, gisants là où elle gisait. Il a fallu faire preuve de prudence pour duper la censure et éviter le refoulement. Mais finalement, nous y sommes parvenues et voilà que je me retrouve dans ma chambre avec… moi.

        Les œillères ne me siéent plus maintenant que je suis deux. Je vois le monde d'une façon plus nette ; il semble affreusement différent de celui que l'on m'a décrit.

        C’est ainsi que j’ai découvert la vérité ; une eau bouillante, qui passe mal dans la gorge. Elle m'a brûlé la langue et a manqué de m'étouffer, la garce. J'ai eu du mal à l'avaler.