Les habitants de la région racontent que le couvent fut frappé d'une malédiction. Qu'en un instant un mal foudroyant précipité sur eux par l'hérésie de l'abbesse elle même avait provoqué la mort de toutes les sœurs du couvent, ne laissant aucune survivante. Des cadavres animés se trainèrent jusqu'aux villages alentours pour vomir des entrailles sur le sol et corrompre la terre elle même. Les habitants du lieu prirent la fuite, et la région fut bientôt abandonnée.
On dit que l'on vit sortir par la porte grande ouverte du domaine de saint Adolphus, une silhouette sombre comme la nuit, encapuchonnée, recouverte de ténèbres pures et suivie d'une nuée de chauve souris et de corbeaux. Avec sur ses lèvres un sourire carnassier dévoilant des crocs pointus.
Cette chose erra dès lors, se faisant connaître comme "la sorcière des sept vents" en référence aux sept péchés capitaux. Partout où elle allait, les hommes tombaient malade et souffraient atrocement. Elle pénétrait dans des châteaux dont les gardes étaient trop occupés à vomir et à se tordre de douleur, elle se glissait jusqu'aux bibliothèques, et volait tous les livres relatifs à l'alchimie ou aux poisons. Puis elle repartait. Parfois les hommes guérissaient difficilement, mais chacun de ses passages laissa des morts.
Elle empoisonnait les rivières, les puits, les récoltes et les moulins. Elle vagabondait par le monde, faisant des milles et des milles pour atteindre des endroits où on ne la connaissait pas pour voler le savoir relatif aux poisons. Elle installait ses ateliers partout et elle y fabriquait toute sorte de substances alchimiques. Si bien qu'on dit qu'elle trouva le secret permettant de rallonger sa vie.
Et des siècles durant elle parcourut le monde sans répit, au hasard des mouvements de marées qu'elle seule pouvait voir, suivant les courants du mal.