Chapitre I
C'était une catastrophe. Une catastrophe. Il devait forcément y avoir une erreur, sinon je ne vois pas pourquoi, dans la lettre de promotion que je venais de recevoir, il serait marqué, en gras, "Lieu du poste : Marseille". A l'évidence, la personne qui avait tapé la lettre hier devait être très perturbée - peut-être une rupture ? une gueule de bois ? - mais ce qui était sûr c'est qu'elle ne disposait plus de toute sa capacité de concentration à ce moment-là.
Il n'y avait qu'un moyen de m'en assurer.
Je décrochai mon combiné et composai le numéro de Jack, mon supérieur.
- Allo ? Olivia ? Vous avez reçu la bonne nouvelle ? Félicitations, depuis le temps que vous attendez ça !
Je pris le temps de m'éclaircir la gorge avant de prendre ma voix la plus mielleuse pour répondre :
- Oui Jack, je vous remercie, suis FOLLE de joie ! A ce propos d'ailleurs... il me semble avoir repéré une petite erreur de frappe... La lettre mentionne Marseille, mais je suis certaine que cela sera corrigé rapidement n'est-ce pas ?
- Ma chère Olivia, il n'y a pas d'erreur ! Pierre ne vous a rien expliqué ? Nous avons un petit bureau à Marseille et nous avons besoin de personnes compétentes comme vous pour le développer ! C'est une occasion en or, qui ne se présentera pas deux fois ! Vous savez - entre nous - vous êtes la plus jeune de toute l'histoire de l'entreprise à obtenir un tel poste ... avec un salaire si élevé ! Et vous verrez, Marseille est une ville formidable, baignée de soleil.
Je devais être en train de rêver, il ne pouvait pas y avoir d'autre explication. Sinon, comment expliquer que le poste de mes rêves, pour lequel je travaille si dur depuis trois ans, me soit enfin accordé, mais dans une ville qui se situe à plus de 800 km de là où se trouvent ma famille, mes amis, et mon fiancé ?
Je fermais les yeux et comptais jusqu'à trois.
1.... 2...3....
Pourtant, quand je les rouvris, j'entendais toujours la voix nasillarde de Jack me vanter les mérites de Marseille à travers le téléphone.
- Vous devez vous dépêcher de prendre votre billet d'avion, Olivia. Vous commencez lundi !
Je réfléchis - deux seconde seulement - avant de prendre ma décision. Le contrat indiquait un an. C'était la durée qu'il me faudrait tenir avant de pouvoir négocier de revenir ici.
Après tout, un an, ce n'est pas si long, et Marseille, pas si loin en transport, tentais-je de me convaincre. Je n'allais pas sacrifier tous mes efforts de ces trois dernières années pour un petit imprévu mineur.
C'est ainsi que le lendemain matin, je me retrouvai dans l'avion avec ma valise, direction Marseille.
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