Ce qu'il aurait fallut vivre 2
Elle revenait des courses avec son fils, elle était partie laissant la copine de ce dernier seule à la maison. Ça ne la dérangeait pas avait-elle dit, elle avait du travail. Elle rentra par la porte de derrière pendant que son fils garait la voiture, et sur le carrelage ambré de la pièce principale elle reconnut la voix de la jeune fille qui semblait être au téléphone. Elle allait se manifester quand une phrase retint son attention quelques secondes alors elle se tut.
– Non là il est parti faire des courses avec sa mère ils ne devraient pas tarder à rentrer d'ailleurs.
– …
– Oh non arrête, dit-elle en s’esclaffant, il est génial ce garçon je l'adore
– …
Et alors que son interlocuteur répondait la mère entendit son fils arriver derrière elle, d'un geste elle lui intima le silence. Le jeune homme fut dans un premier temps surpris, en effet il avait lui aussi compris que sa petite-amie assise sur le banc était au téléphone et il savait que ce n'était pas le genre de sa mère de s'immiscer de la sorte dans la vie des autres. Alors il la regarda, un lueur d'incompréhension dans les yeux, lui posant une question silencieuse. La mère ne fit aucun geste, restant parfaitement immobile. A cet instant, elle oublia toutes les règles d'éthiques que l'ont lui avait inculquées, remplacées par une voix intérieur plus forte, celle de l'instinct maternelle. C'est comme si, au fond d'elle, elle savait qu'il ne fallait pas perturber la jeune fille, qu'il fallait que son fils lui aussi écoute. Elle l'avait remarqué depuis longtemps, cette gamine, si frêle, réussissait là ou elle avait échoué. Elle parvenait à recoller les morceaux brisés, elle avait réussi à faire, comme une fêlure dans le masque de son garçon. Car même si elle ne lui en parlait jamais, elle savait à quelpoint derrière son sourire et son assurance son fils était en souffrance. Elle l'entendait parfois, se réveiller, au beau milieu de la nuit, victime d'un énième cauchemars. Mais elle n'allait jamais le voir, non elle pensait que c'était trop tard, qu'elle avait laissé passer sa chance. Alors elle avait placé tout ses espoirs dans cette gamine au sourire constant. Elle voyait comment son fils la regardait, comment il en parlait ; avec des étoiles dans les yeux et des espoirs pleins la tête. Et elle voyait que ça fonctionnait, doucement c'est sur, mais peu à peu le jeune homme regagnait de l'assurance. Et ça pour une mère ça n'avait pas de prix. Alors elle tourna son regard vers lui et sourit.
– Non non il est au même lycée, mais en S
– …
– Ouais c'est ça, je fricote avec l'ennemi, dit-elle en s’esclaffant
– …
– 16 ans comme moi. Et tu veux savoir quoi exactement ?
– …
– Comment il est... Physiquement tu veux dire
– …
– Ah oui les deux d'accord, et bien... il est grand, brun, les cheveux bouclés, de magnifiques yeux marrons avec un pitipeu de vert et... et il est incroyablement beau...
Le jeune homme s'était tut, il regardait le sol, le souffle lent, le regard fixe. Lui non plus n'avait plus envie de l'interrompre maintenant.
– Oh arrête de te moquer un peu, tu fais la maline mais je suis sûr que t'es pareil avec ton mec alors chut. Bref, je disais, il est... à coupé le souffle, je te jure des fois je le regarde et ça me frappe d'un coup. Comme un grand coup de massue sa beauté me submerge.
– …
– Non pas vraiment...
– …
– Et bien il n'est pas aussi convaincue que je le suis, mais je le ferais changer d'avis j'ai pas d'inquiétude à ce niveau là.
– …
– Après il est... il est parfait. Il fait constamment attention à moi, il s'inquiète toujours de mon humeur, et il répète tellement souvent qu'il m'aime si tu savais. Je crois qu'il est autant accro que moi. Et c'est merveilleux, c'est merveilleux de savoir que quelqu'un nous aime autant qu'on l'aime.
Le jeune homme souriait, d'un sourire sincère, rempli d'affection. Lui qui doutait constamment de ne pas être à la hauteur venait d'avoir la preuve qu'il avait tord. Et les doutes s'étaient tous envolés, car la gamine assise sur le banc était sincère, elle avait parlé avec l’honnêteté de quelqu'un qui n'est pas entendu. C'est toujours plus simple de parler des gens quand ils ne sont pas là. En mal d'habitude, mais aujourd’hui, et elle ne s 'en rendait pas encore compte, c'était en bien qu'elle avait, à son échelle, bouleverser un petit peu de son monde.
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