chapitre 2-5
Les cloches du morceau de Black in Black d’ACDC sonnèrent dans l’atmosphère du bar, immédiatement suivi du grésillement électrique de la mélodie des guitares accompagnant la montée progressive en puissance de la batterie. Nicolas ne put s’empêcher de balancer la tête d’avant en arrière emporté par le rythme du standard du hard rock des années 80.
— Mais finalement, cette influence maléfique, tu penses qu’il s’agit de quoi exactement ?
Il prit son temps, celui de quelques mesures musicales, pour me répondre. J’eus l’impression que ces yeux bleus devinrent plus pâles encore lorsque le chanteur Brian Johnson, le remplaçant de Bonn Scott décédé d’un comas éthylique quelques mois avant l’enregistrement de ce morceau, entama les rugissements aigres de son chant déchainé.
— La même chose qui peut entrainer la mort d’un alcoolique par l’alcool qui lui était jusque-là nécessaire, bénéfique pour sa créativité artistique, ou qui le soulageait de l’état douloureux et insupportable lié au manque, commença à répondre Nicolas avec une insinuation à la musique. Nous sommes des drogués aux « ondes du bonheur », poursuivit-il ironiquement. Un jour ou l’autre, elles seront la cause de notre disparition. Il suffira pour cela d’un déclencheur négatif qui les transforme en un poison mortel, comme l’alcool le devint pour notre ami rockeur alcoolique le fit une contrariété avant une triste soirée arrosée.
Nicolas maitrisait parfaitement l’art de la parabole et de la métaphore. Il avait beau ne jamais dire directement les choses, son discours demeurait clair et limpide. Je l’admirais beaucoup pour cela, il m’avait montré tant de voies de réflexion depuis qu’on se côtoyait !
— Tu penses qu’une influence maléfique est en train de rendre les ondes protectrices dangereuses pour nous ? Mais de quoi s’agirait-il exactement ?
— Je n’ai aucune idée de quoi il peut s’agir, mais si on commence à dézinguer les têtes de gondole, c’est que l’affaire est assez grave. Et le pire, c’est que si on n’y met pas tous les moyens nécessaires, c’est peut-être tout simplement qu’on ne peut pas le faire. Si ça se trouve, toutes nos forces sont déjà mobilisées pour d’autres missions. Bref, je n’aime pas ct’ambiance. Je vais aller me renseigner, j’ai pas envie d’être pris au dépourvu par je ne sais quoi. Tu viens avec moi ?
— J’ai pas compris, tu vas où, là ?
— Je vais voir Docteur Moreau, il est toujours au courant de quelque chose celui-là.
— Non merci, très peu pour moi. Pas de temps à perdre avec ce vieux taré. Il parle pendant des heures, et on doit écouter toute sa vie sans l’interrompre, sans pour autant être sûr d’apprendre quoi que ce soit à la fin. Tu me raconteras demain, je passerai ici vers 14 heures.
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