Ma tête bourdonnait, des douleurs diffuses s’en prenaient à tout mon corps, je n’arrivais pas à ouvrir les yeux, comme un boxeur lors d’un violent KO alors que son manager et son soigneur le secouent pour lui faire reprendre conscience. A ce bourdonnement, et cet engourdissement général, se mêlaient des bruits plus clairs, autour de moi, et je reconnus ceux d’une bagarre. La douleur qui s’empara de moi lorsqu’on me souleva pour me transporter, me força à ouvrir les yeux. Le lit d’une chambre d’hôpital, le désordre, des objets et des appareils cassés jonchant le sol. Je distinguai Johana, son visage d’ange et son air des mauvais jours. Elle m’avait soulevé et installé dans un fauteuil roulant avec l’aide d’un membre important de son ordre, un homme corpulent que je ne connaissais pas mais dont j’identifiai immédiatement le rang élevé à l’intense pâleur du bleu de ses yeux. J’eus à peine le temps d’apercevoir deux corps en uniforme de policiers qui gisaient dans un coin de la chambre avant que Johana ne poussât le fauteuil pour me faire sortir dans le couloir aux lumières blanches et fades et aux odeurs acides et éthyliques typiques du milieu médical.

— C’était un cavalier de lumières, tentai-je plus ou moins de prononcer. Je n’en avais jamais vu des comme ça. Le premier a attaqué Nicolas. Faites gaffes, ils ne doivent pas etre loin, nous sommes leurs cibles, ils veulent nous tuer. Attention… finis je dans un souffle, épuisé par l’effort dans lequel je mettais toute l’énergie qui me restait pour tenter d’expliquer et de prévenir Johana du danger.

Puis de nouveau, je retombai dans les pommes, submergé par l’immense douleur emprisonnée à l’intérieur de mon torse et qui se déchainait alors comme pour en détruire tout ce qu’il contenait.