Le cadeau.

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Le 31 mai 1886,

Ce matin, Violetta m'a apporté un bouquet de pervenches qu'elle a cueilli, hier, en allant au bois avec sa gouvernante. Au creux de celui-ci, elle a glissé une carte et une petite broche sertie de pierres mauves. Ses joues ont rosi, à peine :

- Promettez -moi de ne pas la lire tout de suite. Quand vous reviendrez dans votre époque, vous l'ouvrirez et alors, vous vous souviendrez de moi.

Elle a déposé sur mon front un baiser doux comme un bonbon.

- Merci ma petite fille pour ce témoignage d'amitié.

Puis, je l'ai serrée contre mon coeur en lui promettant de lire la carte dès mon retour.

Violetta m'a dévisagée comme pour débusquer un trait de ma personnalité qui lui aurait échappé.

- Et quand vous porterez cette broche, vous ne pourrez m'oublier, n'est-ce pas ?

- Non, même sans ces jolis cadeaux, je ne pourrais vous oublier. Jamais. Vous êtes une petite fille singulière, espIègle comme un chaton.

Elle a ri tout à coup, passant de la gravité de l'émotion à la gaïté la plus débridée :

- Que veut dire "espiègle" ?

- Vive et malicieuse.

- Ma gouvernante me dit parfois que je suis dissipée.

- Vous êtes surtout pleine de vie et votre intelligence est grande.

- J'aimerais que vous soyez ma gouvernante. Mélie ne me donne pas le droit de m'exprimer et il me faut toujours obéir à des règles qui ne me laissent jamais le temps de rêver. Et vous, que faisiez-vous avant de me connaître ?

- Je donnais des cours de piano dans une école de musique.

- Une école de musique ?

- Oui, c'est un établissement où l'on regroupe des enfants pour leur apprendre à déchiffrer la musique et jouer d'un instrument. Il faut beaucoup de discipline pour progresser.

- Comme j'aimerais apprendre à jouer d'un instrument...mais seulement avec vous !

Soudain, des appels au rassemblement se sont fait entendre de la chambre où nous devisions. Les cris provenaient des coursives.

- Mon Dieu ! dit-elle affolée. Je crois bien que c'est un assaut ou un siège.

- Les catholiques ?

- Oui, ! Il va falloir encore nous réfugier dans les souterrains. Et mon père qui est absent !

Je regardais avec inquiétude ce petit bout de femme déjà rompue aux vicissitudes de la vie. Je lui ai pris la main pour tenter de la rassurer.

- Où est ta maman ?

- Elle doit être dans la basse-cour avec les paysans. Elle est allée faire provison de légumes ce matin. Pourvu qu'il ne lui arrive rien !

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