Chapitre 1
Le don de guérir
"livre 3 tome 6"
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CHAPITRE 101 (Paris) (Dimanche fin d’après-midi) (Retour à Reims)
L’erreur d’Antonin a comme de bien entendu, fait les choux blancs du petit-déjeuner et ce n’est qu’une fois dans le train pour le retour vers Reims, qu’ils en reparlent en comité bien entendu beaucoup plus réduit.
- (Damien) Sur le coup on s’est demandé quoi avec « Math », tu n’imagines pas la surprise de sentir quelqu’un au fond de ton lit à te sucer la queue.
- (Antonin) N’abuse pas quand même, c’était juste un petit coup de langue avant que je m’aperçoive qu’il y avait anguille sous roche !!
- Tu as trouvé le bon mot ! Hi ! Hi !
- (Damien) Fais ton malin !!
- (Antonin) Toujours est-il que je me suis vite rendu compte que ce n’était pas « Flo », ni Yuan d’ailleurs, pour être honnête et je me suis senti vraiment mal, il y a fallu que ces abrutis-là en rajoutent une couche en plus !! Comme si je n’étais pas assez gêné comme ça.
- Ils étaient peut-être sérieux, va savoir ??
- (Damien) Bah non tu vois, ce n’est pas qu’Antonin ne soit pas hyper craquant !! Loin s’en faut !! Mais « Math » me suffit amplement.
- On a entendu ça ! Hi ! Hi !
- C’est bien à toi de dire ça !! Bon !! Si on parlait d’autre chose pour changer ?? Mathis est rentré à Aix et je ne voudrais pas avoir le barreau toute la semaine en vous écoutant parler de cul !!
Je regarde Damien en souriant, en reportant ensuite mon attention sur « Tonin ».
- Tu as bien fait comme on a dit pour les rendez-vous au cabinet ??
- (Damien) Non !! Vous allez chier ensemble ?? Je n’y crois pas !!
- Trop drôle ! Ha ! Ha ! Tu vas finir par vraiment nous faire rire un de ces quatre, je trouve que tu t’améliores !! Pas toi « Tonin » ?
- On va dire ça comme ça !! Pour répondre à ta question, tu n’as que deux patients demain matin en consultation et j’ai dû en refuser toute une flampée pour des broutilles !!
- Normal !! Il faut le temps que ça rentre dans le crâne que je ne m’occuperai pas des bobos de tous les jours, mais que des choses sérieuses du genre maladies orphelines ou encore des cas que mes confrères m’enverront s’ils se sentent impuissants.
- (Damien) En plus ça te laissera du temps pour toi, j’imagine que tu as toujours l’intention de faire des passages à la fac ??
- Tu as raison, ça et aussi passer quelques heures au centre de recherches du labo pour mettre au point quelques idées qui me sont venues dernièrement.
Je reste un moment à réfléchir.
- Essaie de nous libérer trois ou quatre jours le plus rapidement possible pour qu’on parte en voyage, j’ai eu vent d’une rumeur inquiétante sur l’état de santé d’un ami et j’aimerais aller me rendre compte sur place, comme dit l’adage il vaut mieux courir que guérir.
- (Antonin) Je vais voir à ça !!
Damien regarde le blondinet noter la demande de Florian sur son agenda électronique, avant de le remettre dans sa poche et les regarder en souriant.
- Et bien !! On ne peut pas dire que c’est la curiosité qui t’étouffe, parole !!
Comme personne ne répond, il enchaîne curieux comme une concierge.
- Tu vas cracher le morceau oui ??
- Bah non !!
- Tu n’as pas confiance en moi ??
- Ça n’a rien à voir et si tu te demandes pourquoi « Tonin » n’a rien demandé, c’est tout simplement parce que je lui ai donné la réponse mentalement.
- Pour ne pas que je l’entende ??
- Exactement !!
Je vois mon « Dami » se renfoncer dans le siège où il est assis, son visage commençant à se fermer.
- Oh !! Tu ne vas pas commencer à te mettre à bouder ??
- …..
- (Antonin) C’est bien parti pour ! Hi ! Hi !
- (Damien) Je ne trouve pas ça drôle !!
Je le fixe en lui faisant des grimaces.
- Mon petit « Daminou » nous fait un gros boudin ??
Damien hausse les épaules.
- Pffttt !!!
- Mon petit « Daminou » n’a pas pensé que peut-être c’était une surprise pour que « tonton Flo » l’emmène avec lui ??
- C’est vrai ??
- Bien sûr banane !! Tu sais bien que je n’ai rien à cacher, surtout pas à toi !!
- On va où ??
- Comme je l’ai dit, voir un ami.
- Je le connais ??
- De nom très certainement !!
- (Antonin) Arrête Damien, comment veux-tu que ça reste une surprise si on est obligé de tout te dire.
- Rhaa !! J’veux savoir !! Dis-moi au moins qui sera avec nous ??
- Juste nous trois normalement, à part si « Thom » et « Math » peuvent se libérer. Toi tu seras en congé, mais pas forcément eux, alors nous verrons bien.
- Cool !!
CHAPITRE 102 (Reims) (Mercredi matin) (Fac de droit)
Le dernier cours de la matinée arrive à sa fin, quand une main qui se pose sur son épaule fait sursauter Sylvain qui comme à son habitude reste attentif aux cours jusqu’à la sonnerie.
Il porte un regard surpris sur la personne qui se confond en excuse de lui avoir fait peur, reconnaissant enfin en cette personne un étudiant de dernière année qu’il avait déjà eu l’occasion de croiser quelques-fois sans toutefois que ça n’aille plus loin que de simples signes de tête ou tout au plus un bonjour-bonsoir de temps à autre.
- Excuse-moi si je t’ai fait peur, je voulais juste te parler.
- Ça ne peut pas attendre la fin du cours ??
- Si, bien sûr !! Je t’attends dehors !
- Ok !!
Sylvain le regarde s’éloigner en se demandant bien la raison qui l’a poussé à venir vers lui et n’en voyant qu’une de réellement plausible, il soupire avec quand même une petite grimace d’amusement en se disant que ce n’est sans doute que le début et qu’il risque de se découvrir des amis jusqu’à là inconnus, maintenant que Florian est officiellement de retour.
Il pousse un léger soupir d’exaspération anticipée, avant de redevenir attentif à la fin du cours.
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« Sortie de l’hémicycle. »
Sylvain n’a pas fait deux pas dehors qu’il aperçoit le garçon s’avancer vers lui et lui prendre la manche en le tirant gentiment mais fermement vers un coin tranquille, son sourire crispé montrant bien qu’il ne se sent pas forcement des plus à l’aise de cette situation qu’il a lui-même provoquée.
- (Sylvain) Si tu me disais à quoi rime tout ceci ??
Le garçon devient de plus en plus nerveux, hésitant manifestement à lui parler.
- C’est un peu délicat et je ne voudrais surtout pas que tu prennes mal ce que j’ai à te demander, je suis parfaitement conscient de n’être pour toi qu’un gars qu’on croise de temps en temps.
- Si tu en venais au fait ??
- Est-ce que tu as déjà quelqu’un dans ta vie ?? Je veux dire, quelqu’un dont tu serais vraiment amoureux ??
Sylvain reste soufflé par la question, ne s’attendant manifestement pas à ce qu’elle soit aussi directe mais surtout qu’elle entre dans le domaine de sa vie privée.
- Je ne vois pas ce que ça peut te faire et en admettant que ce soit le cas, en quoi ça pourrait te concerner ??
Le garçon baisse la tête, surpris du ton sur lequel Sylvain lui a répondu et fait mine de répliquer quand ses lèvres se serrent subitement, une extrême tristesse voilant subitement son regard.
Sylvain s’en inquiète, son début de colère s’évaporant aussi soudainement qu’il était apparu.
- Quelque chose ne va pas ?? Ce n’est quand même pas parce que tu es amoureux de moi ??
Le garçon relève les yeux, visiblement étonné par la question.
- Mais non !! Qu’elle idée !!
- Pourtant à t’entendre, je commençais à me demander quoi !! Bon…ok !! C’est vrai que je suis amoureux, ça ne date pas d’hier mais ça fait plus de deux ans qu’on se l’est avoué. Ça ne me dit toujours pas en quoi ça te concerne ??
- C’était juste une question pour savoir si tu pourrais comprendre l’angoisse qui me ronge depuis quelques mois, je suis amoureux fou d’une fille qui traverse un moment très difficile et je ne sais plus quoi faire pour lui venir en aide, les médecins parlent d’un problème psychologique mais je ne veux pas y croire tu comprends ?? Je n’en dors plus de la voir s’étioler de jour en jour et s’éteindre à petit feu.
- Qu’est-ce qu’elle a au juste ??
- Les médecins disent que c’est incompréhensible, certains prétendent même qu’elle n’a rien et que c’est purement dans son imagination, pourtant je vois bien que son état se dégrade à chacune de nos rencontres. Ses parents sont de l’avis des médecins et refusent maintenant de me laisser la voir, sous prétexte que je lui mets de mauvaises idées dans la tête.
- Qu’attends-tu de moi ?? Que j’en parle à Florian ??
- C’est donc bien vrai alors ?? Tu es vraiment un de ses amis ??
- Ce n’est pas un secret même si je n’en fais pas étalage !!
- Tu pourrais lui en parler pour moi ??
- Pourquoi n’as-tu donc pas pris rendez-vous ? Il a réouvert son cabinet et je ne pense pas qu’il refuserait de s’occuper d’un cas aussi mystérieux que celui de ton amie !!
- Comme je te l’ai dit, je ne peux plus la voir et encore moins la faire sortir de chez elle, en plus je ne suis pas d’ici !!
Sylvain reste un moment silencieux, le regard implorant du garçon lui remue suffisamment les tripes pour qu’il pousse un profond soupir en prenant sa décision.
- Rends-toi libre cet après-midi après seize heures !!
Il griffonne rapidement une adresse sur une feuille de son agenda, qu’il sépare ensuite du carnet pour la lui tendre.
- Je t’attendrai à cette adresse !! Sois à l’heure !!
Le garçon prend la page du carnet pour lire l’adresse, il fixe ensuite Sylvain d’un regard reconnaissant.
- J’y serai !!
Sylvain hoche la tête en guise d’acquiescement, puis lui tend la main.
- Je ferais ce que je pourrais !! Au fait, moi c’est Sylvain !!
- François !! …. Je ne sais comment te remercier, je….
- Ne dis rien, j’aurais moi aussi apprécié que quelqu’un m’aide si j’avais été dans ton cas !! Je comprends mieux maintenant pourquoi tu m’as posé cette question de savoir si j’étais amoureux, il faut l’être ou au moins l’avoir été pour comprendre ce que tu ressens et à quel point ça peut faire mal de voir la personne qu’on aime souffrir sans qu’on ne puisse rien y faire, moi aussi j’aurais tout tenté pour lui venir en aide.
CHAPITRE 103 (Reims) (Mercredi midi) (CHU)
« Cabinet médical du docteur De Bierne, annexe du CHU de Reims. »
Antonin s’apprête à fermer le cabinet quand la porte s’ouvre, d’abord contrarié que quelqu’un se présente à une heure pareille et qui finalement retrouve le sourire en reconnaissant son copain Sylvain, surpris malgré tout de le voir ici en plein milieu de la semaine.
- Kikou beau gosse, tu viens pour prendre un rendez-vous ??
- En quelque sorte, mais pas pour moi !! Il est où le « rouquinousse » ??
- Il a filé au labo depuis maintenant quasiment une heure, c’est plutôt calme ici depuis qu’il ne prend plus les bobos du quotidien !!
- Justement j’ai un gars à la fac qui m’a harponné au sujet d’un truc bizarre qu’aurait attrapé sa copine, je pense que ça devrait intéresser « Flo ».
- Tu ne pouvais pas appeler plutôt que de venir jusqu’ici ?? Tu veux que je le contacte ?
Antonin se tapote le crâne en souriant.
- J’ai la ligne directe, rappelle-toi ! Hi ! Hi !
- Bah !! En vrai je voulais aussi vous faire un petit coucou, ça fait un moment que je ne vous ai pas vus !!
- C’est sympa !! J’ai fini mon taf pour aujourd’hui, si tu veux on casse une croûte vite fait et on y va ensemble ??
- Ok, cool !! Je suis garé pas loin, on prend ma voiture !!
- Ta voiture ?? Tu n’utilises plus la Clio de Carole ??
- Bah non !! C’était devenu galère depuis qu’elle a emménagé chez Mireille avec « Flav », « Séb » a aussi la sienne maintenant.
- Va falloir que j’y pense aussi un de ces quatre, Florian préfère utiliser le véhicule de ses gardes du corps.
- (Sylvain) C’est bien pratique !!
- Faut dire aussi que c’est plus facile pour tout le monde, ils ne risquent pas de le perdre dans la circulation comme ça !! Et puis comme il a souvent la tête ailleurs, je préfère que ça se passe de cette façon !!
Les deux amis continuent à discuter jusqu’à la cantine et ensuite durant tout le trajet, jusqu’à ce qu’ils arrivent enfin à la société pharmaceutique dont ils ont tous hérité des parts.
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L’ancien patron de ladite société avant qu’elle ne soit rachetée par la holding formée par Florian, Hassan et Ming, est resté le directeur général du pôle recherche et développement.
Il est actuellement comme l’ensemble de ses employés, en admiration pour ne pas dire en complète dévotion devant les connaissances phénoménales que met en pratique sous leurs yeux ébahis le jeune rouquin.
Quelques griffonnages de formules complexes sur le tableau noir sont immédiatement mis en œuvre dans le petit laboratoire qui lui est spécialement réservé et la façon naturelle avec laquelle il officie sans laisser paraître un seul instant une quelconque moue d’hésitation, les scotche tous à la baie vitrée depuis son arrivée, cherchant à percer le mystère de sur quoi il travaille exactement.
Ce n’est qu’en entendant des pas derrière son dos, qu’il détache enfin son regard du jeune prodige qu’il est fier d’avoir comme employeur et ce même si ce n’est plus tout à fait exact juridiquement, qu’il se rend enfin compte du temps passé, sermonnant ses employés pour qu’ils reprennent leurs tâches.
Il s’approche ensuite d’Antonin et de Sylvain, avec un sourire d’excuse.
- Regarder ce garçon est tellement passionnant, qu’on en oublie que nous aussi nous avons un métier !!
- (Antonin) C’est partout pareil vous savez, alors ne vous en sentez pas fautif !!
- (Sylvain) Pourquoi avoir mis cette vitre alors ?? Une cloison en dur, ne vous aurait pas permis de l’observer et le tour était joué ??
- Cette vitre est une sécurité de plus en cas de problèmes, les molécules qui sont testées peuvent être dangereuses en cas d’erreur de manipulation et l’intervention des secours grâce à la vision que nous avons des laboratoires, nous permet d’interagir rapidement si une situation anormale venait à se déclarer.
- (Sylvain) Merci pour l’explication !!
- (Antonin) Allons-nous asseoir tu veux bien ? « Flo » en a encore pour quelques minutes avant de nous rejoindre.
Le directeur du département recherche observe avec curiosité le petit blond suite à ces dernières paroles, se demandant comment il peut bien prédire la sortie de son employeur et ami, alors que celui-ci n’a même pas fait attention à eux depuis leur arrivée.
Ceci dit, il y a tellement de mystères liés à son patron qu’il préfère ne rien dire et retourner à ses occupations en les laissant l’attendre tranquillement, c’est donc avec le sourire qu’il prend congé des deux garçons avant de rejoindre son bureau.
Sylvain attend qu’il soit suffisamment éloigné pour faire part de sa remarque à Antonin.
- Il a dû te prendre pour un devin ! Hi ! Hi ! J’ai bien vu sa tête quand tu as dit que Florian en avait encore pour quelques minutes !!
- Bah !! À mon avis, s’il n’en a pas fait la remarque c’est qu’il ne doit plus être à ça près avec « Flo » !! Tu as vu comment ils étaient tous là à le regarder ??
- On le fait bien nous ??
- Oui mais pas pour les mêmes raisons !! Eux, je pense que c’est purement professionnel alors que là où nous ne voyons que notre ami, eux y voient de nouvelles découvertes en passe de voir le jour avec une aisance qui doit les déconcerter au plus haut point !!
Sylvain reporte son attention sur Antonin, après avoir remarqué une chose dans le comportement de Florian qui visiblement l’amuse.
- Tu avais déjà remarqué la façon qu’il a de se trémousser le popotin depuis tout à l’heure ??
- (Antonin sourit) Oh que oui !! Il fait toujours son canard quand il est en plein travail et que ça le passionne, c’est sa manière à lui d’évacuer son trop-plein d’excitation.
- Remarque à ce que j’en sais depuis que je le connais, il n’y a pas qu’au travail qu’il s’excite comme un canard ! Hi ! Hi !
- Je confirme ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 104 (Reims) (Mercredi début d’après-midi) (En route vers la fac de médecine)
C’est au bout des quelques minutes prévues, que Florian apparaît devant eux tout sourire et qu’il se penche pour embrasser Sylvain d’un bref baiser mouillé sur le coin du bec, celui-ci y étant habitué n’en faisant plus cas depuis longtemps et ce même si au départ ça le surprenait toujours, comprenant ensuite que c’était tout autant par amitié que pour le protéger d’éventuelles maladies.
Sylvain lui raconte alors la conversation qu’il a eu le matin même avec François, lui posant la question s’il pourrait se libérer pour seize heures chez Mireille.
- Comme ça, je pourrais également voir ma frangine et faire un coucou à tout le monde, en plus ça ne lui fait pas un grand détour pour nous retrouver là-bas !!
- Il va falloir se bouger le cul alors, j’ai promis à Alain de donner un cours d’explication pratique sur les dangers de la médecine moderne sur l’évolution de l’espèce.
- (Sylvain) Toi y en a parlé petit nègre ! Hi ! Hi ! Mais je ne doute pas un instant que tu vas encore tous les captiver.
Antonin regarde sa montre.
- Allons-y alors parce qu’il est déjà presque quatorze heures !!
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« Quatorze heures trente, grand amphithéâtre de la fac de médecine. »
Antonin et Sylvain se tiennent près du recteur, quand le silence se fait devant l’entrée tant attendue qui a fait que cet après-midi-là la salle soit bondée comme elle ne l’a quasiment jamais été.
La frêle silhouette de Florian traverse la salle au pas de charge jusqu’à l’estrade des professeurs, prenant la chaise pour la poser sur le bureau et venir ensuite s’asseoir dessus afin que tous puissent le voir mais également pour que le son de sa voix porte jusqu’aux derniers rangs.
- Kikou tout le monde !!
Un brouhaha d’amusement se fait entendre, très vite interrompu pour devenir attentif aux paroles du petit rouquin qui commence son exposé.
- Notre société actuelle a pu traverser les millénaires grâce à la sélection naturelle qui …….
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« Une heure plus tard. »
- …Nous devons donc nous interroger pour conclure sur la médecine actuelle, le « à tout prix » ou encore le « jusqu’au-boutisme » dans la pratique médicale est-il vraiment en toutes circonstances la meilleure solution ?? Faut-il préserver la vie des plus faibles et de ce fait affaiblir le génome de l’espèce humaine, du fait d’une reproduction qui ne tient plus compte de la sélection naturelle mais qui sur le long terme nous amène inexorablement vers la dégénérescence ??
Plusieurs mains se lèvent, j’en désigne une au hasard.
- Oui ??
- Quelle serait la solution que vous préconiseriez dans ce cas ??
- Ce sera le sujet de la dissertation que vous devrez remettre au recteur qui me les fera parvenir. Lors de mon prochain cours je demanderai aux trois personnes que j’aurais retenues de venir défendre leurs points de vue devant vous tous et je suis certain que les différents points de réflexions ne manqueront pas d’être commentés, ceci afin de vous voir prendre conscience de la nature de votre engagement dans une profession qui a pour seul but de sauver des vies. Merci de m’avoir écouté tout ce temps et à bientôt pour ceux qui souhaiteront continuer à suivre mes cours tant théoriques comme aujourd’hui, que pratiques à de prochaines occasions.
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Sylvain écoute éberluer la salve d’applaudissements qui suit les dernières paroles de son ami, il regarde sa montre pour être certain qu’il n’y a pas d’erreur et qu’il s’est bien passé une heure entière alors que pour lui le temps semble avoir fait un bond en avant tellement il a été captivé par les paroles de Florian, paroles étayées d’un nombre impressionnant d’exemples concrets sans qu’il ne paraisse un seul instant chercher ses mots.
Il voit bien d’ailleurs aux regards ahuris des étudiants se levant pour quitter la salle, qu’il n’a pas été le seul dans son cas et que beaucoup semblent sortir d’une sorte de transe, ne revenant à la réalité de l’instant présent qu’après être passés par une phase d’étonnement que ce soit déjà la fin du cours.
Alain Dupré le recteur.
- J’écouterais parler ce garçon rien que par pur plaisir, tellement il sait trouver les paroles qu’il faut au moment où il faut pour nous donner l’envie d’en entendre toujours plus de sa bouche.
- (Antonin) J’ai l’impression d’avoir tout suivi de A à Z !! J’étais littéralement suspendu à ses lèvres et j’avoue franchement que même pour un profane de la profession comme moi, ces paroles ont été on ne peut plus claires.
- (Sylvain) J’avoue que je paierais cher pour avoir un professeur de droit comme « Flo » !!
- (Antonin) Pourquoi tu ne lui demandes pas ?
- (Sylvain) Pour ça il faudrait qu’il s’y connaisse à minima ! Hi ! Hi !
- Et qui te dit que ce n’est pas le cas ?? Tu parles de « Flo » là, ne l’oublie jamais !! Pas du premier quidam venu et quelque chose me dit qu’il pourrait bien encore une fois te surprendre, parce que je vois bien que tu l’as découvert sous une autre facette depuis cette dernière heure !!
- (Sylvain) Bah oui, j’avoue !! À part son « kikou » de bienvenue qui a aidé à détendre tout le monde, je ne l’avais jamais entendu parler si longtemps sans qu’il éprouve le besoin de faire le clown !!
CHAPITRE 105 (Reims) (Mercredi milieu d’après-midi) (Rendez-vous chez Mireille)
« Quinze heures cinquante, devant chez Mireille. »
François vérifie sur la feuille que lui a donnée Sylvain qu’il est bien à la bonne adresse, avant de se permettre de sonner quelques petits coups brefs.
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Mireille est dans son canapé, occupée à son tricot quand elle entend la sonnette extérieure, elle lève les yeux de son ouvrage alors que des pas dévalent l’escalier pour laisser apparaître Marc et Sébastien, qui vont directement vers la porte d’entrée.
- (Marc) Ne bouge pas « Mimie », on gère !!
- Merci les garçons !! Je me demande bien qui cela peut être à une heure pareille ?
- (Sébastien) On va vite le savoir !!
D’autres pas rapides se font entendre à leurs tours et cette fois c’est Dorian qui montre le bout de son nez, Gérôme faisant le service de surveillance de l’après-midi avec une nouvelle recrue.
- Tu attendais quelqu’un « Mimie » ? Il y a un jeune homme devant le porche qui semble attendre qu’on lui ouvre ?
- (Mireille) Non, mais je vois que je ne risque pas de me faire agresser avec vous ! Hi ! Hi !
Dorian sourit à la vieille femme toujours de bonne humeur en venant s’asseoir près d’elle, il n’a pas à attendre bien longtemps avant que Marc et « Séb » n’apparaissent, accompagnés d’un garçon qu’il voit pour la première fois.
François entre en hésitant légèrement, surpris de voir autant d’inconnus alors qu’il s’attendait plutôt à y trouver Sylvain et son ami Florian, soudainement intimidé de se retrouver devant ces trois garçons et cette mamie toute menue qui le regarde avec curiosité.
- (Mireille) Détendez-vous jeune homme, mes garçons ne vont pas vous manger !!
- Excusez-moi de vous déranger, c’est Sylvain qui m’a donné rendez-vous ici pour que je rencontre un de ses amis.
- (Dorian) Sylvain ??
- (Marc) Tu peux nous dire qui tu dois rencontrer ici ?
- Florian !!
Mireille se lève soudainement toute guillerette pour foncer directement dans sa cuisine d’où très vite, tous entendent des bruits de gamelles qui font sourire les trois habitués tout en laissant le nouveau venu dans un fort étonnement.
- (Sébastien) Tu as prononcé le nom magique, je ne serais pas plus étonné que ça si pour goûter il y a des crêpes ! Hi ! Hi !
François est fortement troublé par cette ambiance visiblement très familiale qui règne dans cette maison, autant peut être que par la vue de ces garçons qui il doit bien l’avouer et ce même si ce n’est pas dans ses habitudes de le faire, qu’ils sont tous autant qu’ils sont de très beaux mecs.
- (Dorian) Détends toi, ils ne devraient pas tarder s’ils t’ont donné rendez-vous ici !! Je me prénomme Dorian et mes deux amis Marc et Sébastien, Sylvain et Florian, sont comme qui dirait de la famille même s’ils ne vivent pas ici comme nous.
- (Marc) Sylvain ne nous avait encore jamais parlé de toi ?
- C’est que nous ne sommes pas de vrais amis en fait, c’est juste que je ne savais plus à qui demander de l’aide. Comme j’ai eu souvent l’occasion de le croiser à la fac et que j’ai entendu dire qu’il était ami avec le docteur De Bierne, ou Florian comme vous semblez tous l’appeler.
- (Dorian) Tu t’es dit que peut-être il pourrait t’aider à le rencontrer pour que tu puisses lui soumettre ton problème !!
- C’est ça, je me rends bien compte de ce que ma démarche peut paraître incongrue !! Mais je ne savais plus quoi faire d’autre pour trouver de l’aide, vous comprenez ??
- (Marc) Bah !! Si Sylvain t’a proposé ce rendez-vous, c’est qu’il a jugé que tu le méritais et d’ailleurs à te voir, je pense qu’il a eu raison de le faire.
- Comment ça, à me voir ?
- (Marc) Rien que le fait de te sentir gêné à demander de l’aide en utilisant cette façon, prouve que tu es quelqu’un de bien et je suis sûr que tu as eu de bonnes raisons toi aussi pour le faire.
François dévoile en quelques mots ses états d’âme, son regard devenant triste quand il aborde l’état alarmant de sa chérie et dur quand il explique de quelle façon il a été rejeté par les proches de celle-ci, qui sont dans le déni total de ce qui pour lui paraît évident.
Mireille qui entend tout depuis sa cuisine, passe la tête dans l’ouverture de la porte en prenant la parole et en se voulant rassurante.
- Florian saura voir où est la vérité dans tout ça, tu as frappé à la bonne porte et tu n’as pas à rougir de la manière utilisée pour y parvenir, si tes craintes s’avèrent réelles tu auras fait ce qu’il faut pour ton amie.
Un bruit de porte qui claque à l’extérieur, puis des pas s’avançant vers la maison leurs font dresser l’oreille et c’est sans surprise qu’ils voient la porte d’entrée s’ouvrir en dévoilant le visage à la bouille grêlée rayonnant de contentement, qui entre accompagné de Sylvain et d’Antonin.
- Coucou tout le monde !! Nous ne sommes pas trop en retard ??
- (Mireille) Entrez les garçons !! Votre visiteur est déjà arrivé.
Tous voient le petit rouquin lever le nez pour capter les odeurs venant de la cuisine, souriant ensuite jusqu’aux oreilles en se pourléchant les babines.
- Il a eu raison d’arriver plus tôt !! Ça sent drôlement bon !! En plus ça tombe bien, j’ai complètement zappé le repas de ce midi !!
- (Mireille) Et bien prenons le temps de remplir les estomacs qui crient famine, vous aurez tout le temps de discuter ensuite de ce qui amène François.
CHAPITRE 106 (Reims) (Trois jours plus tard, samedi matin) (Départ pour Dijon)
Il nous a fallu deux jours pour organiser une rencontre en douceur avec Cindy la petite amie de François, en faisant très attention à ce que sa famille ne se doute de rien.
Ma première démarche a été de contacter le médecin qui s’occupe d’elle, celui-ci s’est retrouvé fort étonné quand je lui ai dit qui j’étais et je pense que ça a beaucoup aidé ensuite pour qu’il s’autorise de me donner sa version malgré le secret médical qui le lie à sa patiente, acceptant de bon gré au final ma demande de pouvoir consulter en toute discrétion la jeune fille.
Il est pourtant resté un long moment sur ses positions, m’expliquant que tous les examens démontraient que celle-ci était en parfaite santé et que l’inquiétude de son petit ami n’était absolument pas fondée, l’amaigrissement constaté lors des dernières visites n’étant dû suivant ses dires qu’à un changement d’alimentation trop rapide.
C’est comme ça que j’apprends que Cindy s’est mise depuis quelques mois à suivre un régime strictement végétarien, ce que m’a ensuite confirmé François qui une fois que je l’ai interrogé sur la question m’a donné la raison de ce changement alimentaire soudain.
Sa réponse m’a tout d’abord surpris, n’étant pas loin moi aussi de penser qu’il se fourvoie complètement et de ce fait donner raison à la majorité tant familiale que professionnelle se retrouvant contre lui, ne serait-ce la fin de son explication qui me laisse un instant songeur.
La jeune fille ayant constaté depuis quelque temps une prise de poids anormale dès qu’elle ingère des protéines animales, ne trouvant rien d’autre pour contrecarrer ce surcroît important de masse graisseuse, que son nouveau régime alimentaire essentiellement à base de végétaux.
Le deuxième jour fut réservé pour l’essentiel à la mise en place avec François d’un petit stratagème afin qu’elle nous retrouve à l’hôpital de sa ville natale et surtout qu’elle nous y retrouve seule.
C’est donc ce samedi matin très tôt que nous prenons la route pour Dijon, les trois heures nécessaires se sont passées dans une très bonne ambiance qui nous a permis et d’une, de mieux faire connaissance avec François, et de deux, d’avoir quelques fous rires assez spectaculaires pour qu’il faille stopper plusieurs fois le long de la route tellement Sylvain n’en pouvait plus, manquant de nous emmener dans le décor à plusieurs reprises.
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« Hôpital de Dijon, dix heures du matin. »
Quand nous nous garons sur le parking, François nous montre du doigt un véhicule avec à l’intérieur une jeune fille semblant attendre quelque chose ou quelqu’un.
- C’est la voiture de Cindy !! Elle est seule à l’intérieur on dirait bien !!
- Va la rejoindre et tâche de la réconforter, elle doit se poser plein de questions !! Je vais prendre contact avec le patron de l’établissement, il m’a promis hier au téléphone de mettre une salle d’examen à notre disposition. Sylvain viendra vous chercher dès que tout sera prêt.
- D’accord !!
Je sors à mon tour en faisant signe à Dorian qu’il peut rester avec son collègue à nous attendre dans sa voiture, emmenant Antonin et Sylvain à ma suite, pour nous diriger vers l’accueil où une jeune hôtesse nous regarde arriver vers elle visiblement prise d’une forte émotion.
- Je crois que tu as un ticket « Tonin » ! Hi ! Hi !
- Je pense plutôt qu’elle se demande ce que font deux beaux gosses avec un tas de rouille !!
- (Sylvain) Je vois que la fratrie commence à déteindre sur toi ! Hi ! Hi !
- Tu ne veux pas le prendre un peu chez toi en pension ?? Depuis qu’il voit « Pat » on ne peut plus le tenir !!
J’approche de la jeune secrétaire.
- Bonjour !! Je suis attendu par monsieur Dutilleul !! Docteur Florian De Bierne !!
Je sors ma carte professionnelle de mon portefeuille.
- Tenez !!
La jeune femme détache enfin son regard du mien qu’elle fixait depuis notre entrée dans l’établissement, pour retrouver un semblant d’assurance malgré sa voix encore fortement perturbée.
- Nous savons tous ici qui vous êtes docteur !! C’est juste que votre visite soit suffisamment surprenante pour que nous ayons eu du mal à y croire quand monsieur Dutilleul nous a prévenus ce matin. Je vais l’avertir de votre arrivée, si vous voulez bien attendre un instant dans la salle d’attente qui est tout de suite à votre gauche.
Le petit clin d’œil amusé que je lui envoie la trouble encore plus, très certainement parce que je dois faire encore plus gamin en réel qu’à la télé.
Je n’ai pas fait deux pas dans la direction indiquée, que la pièce où nous nous trouvons se remplit de manière exponentielle et que nous nous retrouvons entourés subitement par très certainement une grande majorité du personnel hospitalier présent ce matin-là.
Sylvain n’en croit pas ses yeux tellement ça a été vite, il se penche alors vers Antonin pour lui demander à voix basse.
- C’est toujours comme ça ??
- La rançon de la gloire que veux-tu !! Mais c’est vrai que tu n’y étais pas habitué, pour ma part je n’y fais quasiment plus attention !! Je te parie à un contre mille que nous ne sommes pas encore sortis d’ici !!
- Qu’est ce qui te fait dire ça ??
- Ils ne le lâcheront pas tant qu’ils ne l’auront pas vu pratiquer un acte chirurgical de leurs propres yeux, je me fais curé direct si je me trompe !!
CHAPITRE 107 (Dijon) (Samedi midi) (Cindy)
« Hôpital de Dijon, juste avant midi. »
Cindy serait une jolie fille si elle n’avait pas cette mine de papier mâché à la pâleur alarmante, c’est ce que je me dis en la regardant une nouvelle fois après lui avoir fait un prélèvement sanguin.
- Combien de kilos as-tu perdu depuis le commencement de ton nouveau régime alimentaire ?
- Une douzaine environ !!
- Tu m’assures que ce n’est pas volontaire ??
- Bien sûr que non !! Je me trouvais bien avant toute cette histoire et maintenant je ne ressemble plus à rien !!
- Quels étaient les effets visibles qui t’ont décidé à supprimer la viande ??
Elle sort une photo de son portefeuille et me la tend avec une expression marquant le dégoût, ce qui m’en apprend beaucoup sur la vision qu’elle pouvait alors avoir d’elle-même.
- Voilà comment j’étais devenue !!
- Ah !! Quand même !!
- Et maintenant je ne suis plus qu’un sac d’os !! Pourquoi cela m’arrive-t-il tout d’un coup ?? Je n’avais jamais eu de problèmes de poids avant ça !!
- Nous allons très vite le savoir, ne t’inquiète pas et fais-moi confiance !!
- Tout le monde me traite comme si j’inventais toute cette histoire et que je faisais exprès de me faire passer pour une malade, il n’y a que François qui me croit pour le mérite qu’il en a eu en retour !! Maintenant je n’ai même plus le droit de le voir !!
- Tu es majeure pourtant, qu’est ce qui t’en empêche ??
- Ça veut dire quoi être majeur quand on est encore complètement dépendante de sa famille ? D’autant plus que François est encore en plein dans ses études !!
Pendant ma conversation avec Cindy, j’ai commencé mes recherches avec un de ses échantillons sanguins et les premiers relevés commencent à s’afficher sur l’écran, donnant des indications qui semblent correctes au vu de la jeunesse de la patiente.
Tous les critères respectent la fourchette en dehors de laquelle il serait bon de s’inquiéter et je commence à me demander si vraiment le problème si problème il y a n’est pas tout simplement dans sa tête, n’étant pas loin moi aussi à faire le même diagnostic que mes confrères.
Ce n’est que le regard franc que porte sur moi la jolie brunette, qui me décide à une dernière expérience qui sera sans doute innovante pour ceux qui vont devoir m’assister.
- Très bien !! Comme il est midi ça tombe bien !! Je voudrais vérifier en direct comment seront assimilées diverses protéines par ton organisme.
- Comment ça en direct ??
- Je vais t’implanter une micro-caméra dotée d’un zoom de la puissance d’un microscope à balayage électronique, nous pourrons suivre alors toutes les phases de la transformation des aliments jusqu’au rejet final des déchets par le colon s’il le faut. Mais à mon avis nous aurons découvert le problème s’il existe bien avant, j’ai déjà ma petite idée qui ne demande qu’à être confirmée.
- Pourquoi cet examen n’a-t-il pas été fait précédemment ??
- Tout simplement parce que ce sera une première, je ne pense pas qu’il y a des antécédents à cette étrange pathologie qui semble t’affecter.
***/***
« Salle d’examen, quatorze heures trente. »
- Regardez-moi ça !!
L’exclamation victorieuse que je pousse en relevant la tête de l’écran, fait sursauter les quelques spécialistes qui tenaient à assister à cet examen pour le moins peu banal.
- (L’un d’eux) Qu’est-ce que c’est ??
- Aucune idée !! Ça agit comme un ver, mais ce n’en est pas un pourtant !! L’apport protéinique animal semble forcer son développement à une croissance hors norme, les lipases l’attaquent alors pour stocker ces graisses et de ce fait occasionne la prise de poids anormal qui effrayait tant Cindy !! Je dirais qu’il y a un rapport de un à cinq avec la prise d’aliment, ce qui fait beaucoup reconnaissez-le !! Un steak de cent cinquante grammes lui donne un apport graisseux normal d’environ cinq à quinze pour cent et dans ce cas de figure nous arrivons à un ratio entre vingt-cinq et soixante-quinze pour cent, pas étonnants que l’effet de surpoids soit quasi immédiat sur une jeune fille d’environ quarante à quarante-cinq kilos toute mouillée !!
- Mais d’où vient ce truc ?? C’est la première fois que je vois ça de toute ma carrière !!
- Il sera bien temps de l’étudier, pour l’instant il faut trouver un moyen de le faire disparaître de son organisme avant qu’il ne finisse par la tuer !!
- Pourquoi le fait d’un régime végétarien la rend-elle anorexique ?? Je ne comprends pas, cette…chose devrait également en faire son quatre-heures pourtant ??
- Mais c’est ce qu’elle fait !!
Je reprends le fichier au tout début quand l’apport de nourriture ne consistait qu’en protéines végétales.
- J’avais déjà remarqué que ce que j’appellerai « le ver » s’en nourrissait, seulement il ne donnait rien en échange et la partie de son corps que j’appellerai faute de mieux le premier segment, laisse le système lipidique au repos !! Ce qui explique la perte de poids puisque son nouveau régime végétarien est complètement ingéré par cette chose. C’est un peu comme si elle faisait la grève de la faim en fait !!
- Et nous qui pensions qu’elle nous menait en bateau !! Jamais nous n’aurions découvert un truc pareil sans votre intervention !!
- J’ai failli en arriver au même constat que le vôtre, c’est juste parce que j’ai voulu croire sa version que j’ai poussé plus loin cet examen croyez le bien !! Nous allons devoir faire une biopsie pour prélever cet organisme afin de l’envoyer dans divers centres de recherches pour une étude poussée, s’il s’agit d’une nouvelle mutation d’un parasite existant quelconque, nous devrons nous tenir prêt quand elle apparaîtra au grand jour !! Il n’y a pas de raison qu’elle se soit uniquement produite dans ce corps, il faut absolument et rapidement découvrir d’où provient cet organisme, avant que nous ayons une véritable épidémie sur les bras.
- Que faisons-nous pour la patiente ??
- Vous allez la faire transférer avec toutes les précautions nécessaires, quoiqu’il soit un peu tard pour ça vous ne trouvez pas !!
- Où voulez-vous que nous la transférions ??
- Là où je pourrais m’en occuper comme il se doit, au CHU de Reims en précisant que ses rejets organiques ne soient pas évacués dans le tout à l’égout mais conservés pour analyses !! Il ne s’agit pas non plus de prendre le risque d’infecter toute une population. Pensez également à faire faire des prélèvements à la sortie de votre centre d’épuration, il vaut mieux en faire trop que pas assez quand on est comme aujourd’hui devant quelque chose que nous ne savons pas encore expliquer.
***/***
Il est presque dix-sept heures quand nous sortons enfin de l’établissement pour reprendre la route, le trajet passe en grande partie à rassurer François qui croyait bien en arrivant ce matin que je résoudrais le problème en un tournemain.
Chose que j’aurai très certainement pu faire rapidement en utilisant mes « dons », mais qui amènerait encore plus la suspicion sur moi si comme je le pense d’autres cas similaires devaient très bientôt se déclarer et qu’on me demande la nature des soins de ce qui aurait permis sa guérison.
CHAPITRE 108 (Reims) (Samedi fin d’après-midi) (CHU)
« Salle d’attente des urgences, dix-huit heures vingt. »
René regarde en soupirant d’exaspération les agents de sécurité expulser une fois de plus des personnes qui se croient tout permis, faisant scandale d’une attente qui leur semble trop longue alors que leur pathologie ne nécessite pas une intervention prioritaire réservée aux cas en ayant réellement besoin.
Maxime voit bien la colère dans le regard de son chef de service et ami, il vient à sa rencontre pour essayer de lui remonter le moral.
- Il y en aura toujours des comme ceux-là, tu sais ??
- Tout ça parce que les médecins généralistes ne jouent pas le jeu, nous recevons maintenant de plus en plus de personnes qui n’ont rien à faire ici !!
- Comment ça, ils ne jouent pas le jeu ??
- Ils sont pires que des fonctionnaires et voilà-t-il pas que maintenant ils ne prennent plus que sur rendez-vous, c’est complètement absurde !! Comme si les gens pouvaient prévoir à l’avance qu’ils vont tomber malades !!
- La prise en charge immédiate des services comme le nôtre part d’un bon principe, dommage qu’elle soit galvaudée par des profiteurs de tout poil !! Je les comprends aussi, ça ne doit pas être la fête tous les jours !!
- Mais bordel !! C’est un service d’urgence ici !! Ça veut bien dire ce que ça veut dire quand même !! En plus ils se permettent de faire un scandale dès qu’il y a un peu d’attente, je ne vais quand même pas faire passer les simples rhumes devant tout le monde sous le prétexte qu’ils étaient arrivés les premiers !!
La porte située en face de Maxime s’ouvre en laissant apparaître la seule personne qui pourrait lui amener un sourire tel que celui qu’il arbore alors.
- Arrête de grogner, regarde qui nous arrive et je suis sûr que ton moral va remonter d’un coup !!
- Quoi ?? Que….
René se retourne et reconnaît à son tour le nouvel arrivant, son expression alors change du tout au tout et c’est un pur sourire de joie qui illumine aussitôt son visage.
- Florian ??
- Wouah !!! C’est chaud ici, qu’est-ce qu’il se passe ??
- (René) Bah !! Comme d’habitude, des gens qui se prennent pour le nombril du monde et qui ne comprennent pas qu’il n’y a pas qu’eux sur terre !!
- Je vois !!
Maxime fait la bise à son ami, avant de lui poser la question de ce qui l’amène un samedi, à une heure pareille.
- Je suis passé mettre en place un protocole de prise en charge pour une de mes patientes qui ne devrait pas tarder à arriver, j’en profite pour faire un petit coucou à mes amis et voir si je peux me rendre utile à quelque chose, il y a longtemps que je ne suis pas venu dans le service et je vous avoue que l’ambiance me manquait un peu, alors me voilà !!
- (René) Il y a toujours quelque chose à faire, si tu veux te rendre utile tu pourrais coacher les nouveaux internes !! Cette année nous en avons beaucoup trop pour la raison que tu connais, le problème c’est que nous ne sommes pas assez nombreux pour les former comme il faudrait.
Maxime percute au moment où il comprend le sens du clin d’œil que René vient de lui faire discrètement, il enchaîne donc à son tour en retenant difficilement le sourire d’amusement qui lui montait aux lèvres.
- Dis oui « Flo » !! Justement il y en a plusieurs qui sont là à attendre que quelqu’un les prenne en charge !!
- Mais…j’ai déjà mon équipe ??
- (René) Elle sera plus utile à servir d’appui pour un chirurgien débutant, tu te rappelles de « Pierrot » ?
- Très bien pourquoi ??
- Il a terminé son cursus un an en avance et je pensais mettre tes gars à sa disposition, ça devrait le rassurer pour débuter sa carrière.
- Si c’est ce que vous voulez !!
René tout comme Maxime ne sont pas dupes de la mimique pas franchement joyeuse de leur ami, comprenant très bien qu’il va devoir tout réapprendre à son nouveau staff alors que l’ancien composé d’amis était très bien rodé à ses méthodes opératoires.
- Allons !! Ne fais pas cette tête-là, tu te verrais ! Hi ! Hi ! Patricia restera encore cette année avec toi en binôme pour obtenir son diplôme final, attend de voir quels seront tes futurs assistants avant de faire la grimace !! Nous en avons parlé lors de notre dernière réunion et il a été décidé de te mettre trois internes de troisièmes années plutôt qu’un nouveau staff d’infirmiers plus facile à recruter quand le besoin s’en fera sentir, nous avons estimé que ce serait bon pour eux de commencer leur formation avec toi.
- Y a-t-il une raison à ça ?? Il me manquera encore une personne si je compte bien, puisque « Pat » prendra la direction de l’équipe quand je serai absent !!
- Une excellente je dirais même !! Mais Maxime va te conduire jusqu’à eux et tu comprendras pourquoi cette décision a été prise, pour la dernière personne il s’agit de quelqu’un qui a demandé à se reconvertir comme infirmier de bloc et au vu de sa valeur reconnue, nous avons accepté sa demande.
- Voilà qui est bien mystérieux, je me demande bien ce que ça cache ??
- (Maxime) Je te connais comme ta poche « Flo », je suis sûr que tu en as déjà une petite idée et ton petit sourire en coin ne me trompe pas !!
- Pour ma poche, tu n’as pas de mal !! Tu sais bien qu’elle est toujours vide ! Hi ! Hi ! Avouez que vous avez fait ça pour me rapprocher de mes amis ??
- (René) Ça devrait t’éviter de trop t’éparpiller, il fallait bien qu’on trouve une solution puisque tu tiens tellement à garder tout le monde autour de toi.
- (Maxime) Il fallait aussi des personnes qui sont au courant de tes petits… disons…. Secrets !! Allez, suis-moi !! J’en connais qui vont être surpris de te voir aussi vite au courant, alors qu’eux n’y sont pas encore ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 109 (Reims) (Samedi fin d’après-midi) (CHU) (fin)
« Salle de repos des internes. »
La quinzaine de futurs médecins qui ont été convoqués suite à leur candidature comme postulants à un poste d’interne, attendent patiemment leurs tours avec malgré tout une pointe de nervosité bien compréhensible étant donné que c’est leurs avenirs qui se joue.
Ils se connaissent tous pour la plupart, venant de la même fac et en étant à leur quatrième année de cursus universitaire, seul un trio semble se tenir à l’écart des autres pour une raison facile à deviner puisqu’ils se demandent tous les trois pourquoi ils ont été convoqués.
- Il nous manque un an d’étude pour commencer notre formation pratique, je ne comprends pas cette convocation !!
- Relax « Marco » !! Si nous sommes là ce soir, c’est que nous allons très vite en connaître la raison !!
Marc sourit à son amie qui reste zen accrochée au bras de son grand blond, Flavien qui pour sa part répond aux regards curieux des autres récipiendaires de cette convocation par une attitude complètement sereine, alors que Marc sait très bien qu’à l’intérieur de lui il bout d’impatience d’en savoir plus.
Les autres candidats sont appelés un à un à un rythme égal, jusqu’à ce qu’enfin il ne reste plus qu’eux trois et qu’après quelques minutes semblant des heures d’attentes, la porte s’ouvre à nouveau et qu’apparaisse Robert Mercier le directeur de l’établissement, qui devant leurs visages exprimant bien leur attente sourit en se voulant rassurant.
Il referme tranquillement derrière lui en prenant le temps ensuite de s’asseoir confortablement, détaillant une fois de plus ces trois amis de Florian qu’il connaît pour les avoir vus à diverses occasions et dont la beauté ne détonne en aucune façon du reste de cette bande pour le moins stupéfiante, pour ne pas dire plus.
Bien sûr celui qui depuis qu’il l’a vu pour la première fois, l’impressionne au plus haut point par son physique et sa carrure d’athlète, retient encore une fois son attention jusqu’à ce qu’il se rende compte de la gêne qu’il lui amène à se sentir observé de la sorte.
C’est donc en mettant la main sur sa bouche pour faire entendre une légère toux qui lui permet de se reprendre, qu’il reporte son regard vers les deux autres jeunes gens en accentuant son sourire.
- Vous devez vous demander quelle est la raison de votre présence ?
- (Carole) En effet monsieur !! Nous n’avons pas encore la formation théorique suffisante pour intégrer vos services, de plus je ne me rappelle pas avoir fait une quelconque demande en ce sens !!
- (Marc) Moi non plus !!
- (Flavien) Ni moi !!
- (Robert) Je suis parfaitement au courant de tout ceci, votre contribution pour l’année à venir si vous acceptez ma proposition sera d’assister un chirurgien confirmé !! Vous serez en quelque sorte son staff opératoire !!
- (Marc surpris) Mais…monsieur !! C’est un poste d’infirmier, pas d’interne ??
- (Robert) J’en suis conscient, seulement dites-vous que c’est aussi l’opportunité pour vous d’avoir une année de pratique supplémentaire sur le terrain à votre actif !! Cette année vous apportera certainement une expérience professionnelle autrement plus intéressante que tout ce que vous pourrez voir ou apprendre sur le campus et cela dans le cursus d’une troisième année traditionnelle, ne le croyez-vous pas ??
- (Carole) Certainement, mais ce que je ne comprends pas bien c’est le pourquoi d’une telle proposition ?
- (Robert) Tout simplement parce que nous devons adapter nos ressources afin de planifier la perte inéluctable en personnel, qui interviendra lors de l’inauguration du complexe africain de notre ami commun.
- (Flavien) C’est donc pour ça !!
- (Robert) Nous devons préserver la continuité des services, il a donc été décidé de regrouper ceux qui comme vous seront les plus susceptibles de partir et de vous former pour le mieux tout en pérennisant les remplacements naturels d’effectifs.
- (Carole) Donc si j’ai bien compris, le chirurgien avec qui nous allons travailler est de ceux qui devraient rejoindre le complexe à son ouverture ??
- (Robert) C’est exactement ça et d’après mon étude de la question, nous devrions perdre un bon tiers de nos effectifs actuels et pas des moindres, car que ce soit René, André et bien d’autres, ce sont les piliers de l’établissement !!
- (Marc) Avec qui allons-nous travailler ?? Forcément avec un de ceux que vous avez cités !!
C’est à ce moment qu’arrive Maxime accompagné de Florian, Robert regarde ce dernier avec étonnement car il ne s’attendait vraiment pas à sa visite.
***/***
Quand nous entrons dans la salle de repos des internes, je capte immédiatement le regard étonné par ma présence que me jette Robert et je vois ensuite son petit sourire quand il répond très certainement à une question posée par un de mes amis qui sont présents avec lui dans la pièce.
- Et bien retournez-vous et vous aurez votre réponse !! Tu arrives pile-poil au bon moment mon garçon, je présume en te voyant avec « Max » que tu es au courant des changements qui ont été décidés lors du dernier conseil ?
Le regard ébahi de mes trois amis m’amuse au plus haut point, aussi c’est avec un immense plaisir que je me retrouve rassuré d’avoir vu juste et c’est donc tout ressentiment oublié, que je m’avance vers eux pour les embrasser.
- Voilà donc mon nouveau staff ?? Du moins une partie !! C’est marrant mais vos têtes me disent quelque chose ! Hi ! Hi ! On ne se serait pas déjà rencontré par hasard !!
Flavien me soulève comme un fétu de paille, d’un doigt sous chaque aisselle jusqu’à coller mon visage à hauteur du sien et me fixe ensuite attentivement en cherchant visiblement à déchiffrer quelque chose sur mes traits, puis j’ai droit à un clin d’œil quand il me repose au sol toujours avec la même étonnante facilité.
- Hum !! Il me semble bien à moi aussi, que ta tête de gribouille ne m’est pas inconnue ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 110 (Tokyo) (Premier lundi des vacances de la Toussaint) (Dispositif de protection)
« Aéroport international, dix heures quinze local. »
Un dispositif policier exceptionnel se met en place depuis bientôt une heure, filtrant avec un soin attentif toutes les personnes entrant ou sortant du complexe aéroportuaire.
Ikito Taïchi surveille d’un œil préoccupé le travail de ses hommes en tenant son portable à l’oreille, directement relié avec la plus haute des instances gouvernementales et il doit bien s’avouer qu’il n’en mène pas large comme simple lieutenant dans la police, d’avoir de telles personnalités qui lui parlent directement.
- L’avion est annoncé pour dans une heure monsieur !! Nous serons prêts d’ici là, l’aéroport est déjà quasiment sécurisé !!
- ….
- Il ne reste plus que les parkings et l’accès aux pistes d’envol, ce devrait être terminé d’ici quelques minutes !!
- ….
- Non monsieur !! Sa majesté n’est pas encore annoncée !!
- ….
- Je n’y manquerai pas monsieur.
- …
- Entendu monsieur !!
Ikito soupire en se déconnectant, il se tourne vers un homme encore jeune aux nombres de tatouages déjà imposant.
- Que veut exactement notre maître ??
- L’Oyabun tient personnellement à ce que la sécurité du jeune Florian et de ses amis soit sans faille, il m’envoie juste pour vérifier que ce sera bien le cas.
- Nous ne pouvons guère en faire plus, l’arrivée de sa majesté nous a beaucoup aidés dans ce sens et les moyens mis en œuvre sont exceptionnels.
- Te rends-tu compte de ce qui arriverait dans le cas contraire ??
- Ma vie et l’honneur de ma famille seraient entachés à jamais !!
***/***
« Quelque part loin du Japon. »
L’immense bureau n’est plus qu’un tas de verre cassé, l’homme qui l’arpente sans cesse depuis le début de l’opération n’a trouvé que ce défoulement pour tromper ses nerfs mais surtout de la conscience qu’il en a des retombées sur sa personne et par là même sur son pays, au cas où tout ne se déroulerait pas comme prévu.
« Toc ! Toc ! »
L’homme sursaute comme un animal sauvage pris dans sa tanière, se reprenant rapidement pour aller se rasseoir à son bureau.
- Oui !! Entrez !!
La personne qui pénètre alors dans la pièce semble sortie tout droit d’un magazine de mode, regardant avec une moue désabusée le bordel régnant dans ce lieu où d’habitude règne un certain ordre austère.
- Oui !!
- L’opération devrait débuter dans moins de cinq minutes excellence !! Je tenais à vous en informer moi-même !!
- Vous avez eu la liste des personnes à bord de l’avion ??
- Oui excellence !!
- Combien sont-ils à l’accompagner ??
- Deux seulement, son secrétaire et ce qui semblerait un de ses amis très proche, nous nous renseignons actuellement sur lui !!
- Le reste des passagers ??
- Hormis nos hommes, il y a soixante-deux ressortissants essentiellement Français et Japonais, la liste vous a été envoyée en courriel sécurisé.
- Je ne veux pas de témoins qui pourraient plus tard nous porter préjudice, c’est bien compris ??
- Nos hommes savent ce qu’ils ont à faire excellence !! Que faisons-nous des deux garçons qui l’accompagnent ??
- Il ne doit rien leur arriver pour le moment, nous risquons d’en avoir besoin en échange de sa coopération active. Je ne pense pas qu’il apprécierait qu’un de ses amis souffre par sa faute, vous devrez bien le lui faire comprendre et au besoin lui montrer jusqu’où nous sommes prêts à aller pour qu’il coopère.
- Bien excellence, vos ordres seront transmis sitôt la communication établie avec nos hommes !!
- Surtout rappelez-vous qu’il est beaucoup plus dangereux qu’il y parait, il ne doit absolument et à aucun moment être conscient de ce qui lui arrive et ce tant qu’il ne sera pas en lieu sûr.
Le dandy acquiesce de sorte à bien faire comprendre à son supérieur qu’il a bien compris le message, s’apprêtant à faire demi-tour pour mettre en application les dernières instructions qu’il vient de recevoir et quand la voix aux intonations ne prêtant à aucun doute sur ses prochaines paroles résonne à nouveau, il se fige en ressentant dans son dos le long frisson d’angoisse de finir comme ses deux prédécesseurs.
- Ne me décevez pas, ce serait une énorme erreur de votre part et rappelez-vous, il ne doit rester aucun témoin !! J’ai bien dit…aucun !!!
- J’avais parfaitement saisi vos paroles excellence, nos…amis qui recevront les paquets se chargeront des derniers témoins !!
Un sourire cruel apparaît alors sur le visage de l’homme toujours assis derrière son bureau.
- Parfait alors !!!
CHAPITRE 111 (Dans les airs) (Premier lundi des vacances de la Toussaint) (L’enlèvement)
« À bord de l’airbus d’Air France, en classe affaire. »
L’hôtesse souriante arrive avec son plateau, visiblement aux petits soins pour les trois garçons qui depuis leur montée dans l’appareil sont l’attraction principale des autres passagers.
- Voici les boissons que vous avez commandées !!
- (Antonin) Merci beaucoup mademoiselle !!
- Peut-être devriez-vous réveiller votre ami ?? Nous nous apprêtons à entamer les manœuvres d’approche et la vue sur l’archipel est magnifique !!
- (Damien) Il est déjà venu vous savez, mon frère est une vraie marmotte dès qu’il voyage ! Hi ! Hi !
L’hôtesse dépose la boisson de Florian sur la tablette en face de lui, elle repart ensuite en direction du petit bar et vient directement approcher ses lèvres de l’oreille du steward qui remarque aussitôt sa mine contrariée.
- Nous avons un problème !! Le rouquin dort toujours et ses amis ne veulent pas le réveiller, s’il ne prend pas sa boisson nous devrons revoir nos plans !!
L’homme regarde sa montre en grimaçant à son tour.
- Nous n’allons pas pouvoir attendre beaucoup plus longtemps, il y a déjà plus de la moitié des passagers qui ressentent les effets du somnifère et nous allons bientôt survoler la zone de largage !!
Il prend un plateau qu’il remplit rapidement de quelques verres et de plusieurs bouteilles, se dirigeant ensuite dans l’allée en direction des trois garçons.
Il passe devant eux sans leurs jeter un regard et trébuche en laissant tomber son plateau dans un vacarme à réveiller un mort, s’agenouillant rapidement pour tout ramasser en jetant un œil vers le jeune rouquin que le bruit a réveillé en sursaut.
- Excusez-moi si je vous ai réveillé !!
***/***
Je suis tiré du sommeil par un bruit sourd qui me fait sursauter, j’ouvre alors les yeux pour voir à deux pas de moi un steward agenouillé qui semble avoir fait tomber son plateau.
Celui-ci lève le regard vers moi en s’excusant, je lui réponds par un sourire en jetant un œil amusé sur mes deux copains qui ne semblent pas avoir été gênés par le bruit puisqu’ils dorment toujours.
- Ce n’est pas grave, de toute façon j’ai suffisamment dormi comme ça !! Nous sommes encore loin ??
- Le pilote a entamé les manœuvres d’approche, nous devrions toucher le sol d’ici une quarantaine de minutes environ !!
- Ah, d’accord !! Merci !!
Je le regarde se relever après avoir ramassé le contenu de son plateau, il s’approche de ma rangée en récupérant les verres vides d’Antonin et de Damien, regardant le mien l’œil interrogatif.
J’ai dormi une bonne douzaine d’heures, ma bouche pâteuse me rappelle à l’ordre et c’est pourquoi je prends le verre en face de moi pour le boire d’une traite avant de le lui tendre pour qu’il le ramène avec les autres.
- Tenez !! Ça vous évitera un voyage !!
- Merci !! Vous devriez vous attacher pour l’atterrissage, vos amis l’ont déjà fait.
J’obtempère aussitôt par sécurité, le silence autour de moi commençant à me sembler assez bizarre et c’est avec étonnement que je constate que tout le monde semble encore dormir, ce qui est pour le moins étrange surtout à l’approche de notre destination.
Je vais pour faire part de ma remarque, quand je me sens brusquement partir dans les limbes du sommeil et ce n’est qu’à ce moment précis que mon cerveau m’amène une suspicion sur le contenu de la boisson que je viens de boire cul sec.
Je sens que ma conscience ne va plus durer bien longtemps et je n’ai le temps que d’envoyer une onde mentale à Thomas pour le prévenir que quelque chose de pas naturel se passe, sombrant ensuite dans la nuit absolue.
***/***
Le steward envoie un ordre dans son micro, prévenant ses acolytes qu’il est temps de mettre le plan en route.
- Les paquets sont prêts à être largués !! Nous avons trois minutes !!
Tout se passe alors très vite, le copilote se lève de son siège en prévenant son collègue d’un besoin pressant et quand celui-ci reporte son attention sur son tableau de bord, il l’assomme avec l’extincteur après l’avoir décroché de la cloison.
La mise en pilotage automatique ne lui prend que quelques secondes, il sort ensuite de la cabine en attrapant le parachute qu’un autre homme l’attendant derrière la porte lui tend.
- Merci !! Il était temps !!
- Le rouquin n’avait pas bu sa boisson !! Va ouvrir la soute, on te rejoint !!
- Ok !!
Le copilote passe devant un groupe occupé à harnacher les trois garçons chacun d’un parachute, il descend jusqu’à la soute et actionne le dispositif d’ouverture en s’agrippant fermement au montant pour ne pas être aspiré par l’appel d’air dû à la décompression et ce malgré qu’ils étaient déjà en altitude basse pour le premier passage au-dessus de l’archipel.
Le groupe d’hommes le rejoint, trois d’entre eux tenant chacun un des garçons en s’élançant dans le vide et il attend que les autres en aient fait autant pour les suivre, sans même jeter un regard en arrière de ceux qui vont périr quand l’avion se crashera en pleine mer.
CHAPITRE 112 (Dans les airs) (Premier lundi des vacances de la Toussaint) (L’enlèvement) (fin)
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Les deux hélicoptères tournent sur la zone depuis déjà dix minutes quand les pilotes aperçoivent l’avion, bientôt les corolles de soie des parachutes apparaissent et ils se dirigent rapidement vers le point d’impact de ceux-ci avec l’océan, les deux hommes à l’arrière de chaque appareil déployant les treuils qui serviront à les remonter.
Les corps inanimés des trois garçons sont hélitreuillés en premier, suivis ensuite par le reste de l’équipe avant que les appareils ne disparaissent dans les airs, bien loin du lieu qui va bientôt attirer tous les regards.
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Le commandant de bord du sous-marin reçoit les coordonnées GSM du point de ralliement avec l’heure d’arrivée des deux hélicos, il donne les ordres de navigation en conséquence pour faire ensuite surface une fois en place et attendre pour prendre en charge les colis, deux de ses hommes munis de lance-missiles portables attendant ses ordres.
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Les deux hélicoptères reprennent de l’altitude une fois la livraison effectuée, gardant à leur bord l’équipe d’intervention de l’airbus ainsi que les pilotes qui ne voient pas arriver sur eux les deux missiles qui les pulvérisent en plein vol, ne laissant quasiment aucune trace de leur passage.
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« Deux jours plus tard. »
Le sous-marin accoste dans un lagon où l’attendent plusieurs véhicules militaires, le transfert des colis toujours drogués se fait alors de nuit vers une destination en plein cœur d’une végétation luxuriante où après quelques heures de routes chaotiques, apparaît un bâtiment en béton pourvu d’un important dispositif de surveillance.
Les trois garçons sont alors séparés pour être placés pour deux d’entre eux dans une cellule sordide, avec le minimum d’équipement sanitaire et pour le dernier dans une espèce de cage de verre étanche, truffée d’appareillages électroniques.
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« Jeudi après-midi. »
J’ouvre brusquement les yeux en me demandant bien où je suis, mes souvenirs revenant d’un coup en me faisant me relever brusquement de l’endroit où je me trouvais allongé.
Il ne m’est pas difficile de comprendre que je suis prisonnier dans une espèce de geôle spécialement adaptée à ce que mes agresseurs semblent connaître de moi, tout étant d’une propreté méticuleuse et un rapide sondage mental me confortant dans l’idée qu’ils doivent en avoir appris suffisamment sur moi, pour aller jusqu’à faire en sorte d’empêcher les ondes de traverser les cloisons.
Que s’est-il passé pour que je me retrouve ici ?? Où sont Damien et Antonin, ainsi que les autres passagers de l’avion ?? Leur ont-ils fait quelque chose ?? Voilà les questions qui me passent par la tête et auxquelles hélas je n’ai pas la queue d’une réponse.
Nul doute qu’il s’agisse d’un enlèvement, tout comme je ne me pose pas la question de savoir pourquoi car la raison principale ne fait aucun doute dans ma tête et j’éprouve alors un sentiment de colère qui m’aide à ne pas m’apitoyer sur mon sort, étant plus inquiet sur celui de mes deux amis.
J’entends un léger clic qui me fait tourner la tête vers un des pans de la cloison opaque, qui s’ouvre en laissant apparaître un plateau contenant de quoi boire et manger, me donnant immédiatement un sentiment de faim mais aussi de méfiance envers ce que peut bien contenir comme drogue le contenu du plateau.
Je me suis laissé surprendre une fois, il ne faudrait pas qu’on me croie si naïf pour m’y laisser prendre à nouveau et c’est donc avec prudence que je goûte à la nourriture, que je dévore ensuite avec appétit n’y sentant rien d’anormal dans sa composition.
Par contre la boisson contient un puissant somnifère que mon organisme une fois en alerte modifie pour le rendre complètement inefficace, simulant ensuite de replonger dans un sommeil profond histoire de voir ce que me réserve la suite des événements.
Il ne faut pas cinq minutes pour que j’entende une porte coulisser, des pas s’avançant vers moi pour très certainement vérifier mes constantes et ce simple fait suggérerait que la personne ait des connaissances médicales, aussi je ralentis mes rythmes vitaux pour simuler au mieux mon endormissement.
Mon esprit cherche à pénétrer celui de l’autre occupant de la pièce, la surprise de ne pas y arriver manque de me trahir et il me faut vraiment faire un réel effort de volonté pour ne rien laisser paraître de mon trouble, décidant d’attendre un moment plus favorable pour me découvrir.
L’homme car je présume que c’en est un, finit par quitter la pièce non sans m’avoir fait un prélèvement sanguin qu’il va sans doute tenter d’analyser avec toutes les questions qui se poseront à lui quand il comprendra à quoi il s’attaque.
Je n’ai pas d’autres choix pour garder ma couverture que de dormir pour de bon, en réglant mon réveil à celui que m’aurait occasionné la drogue si je ne l’avais pas modifiée.
CHAPITRE 113 (Paris) (Jeudi après-midi) (Recherches infructueuses)
« Direction de la DST. »
Le visage de Maurice montre à quel point ces deux derniers jours lui ont amené comme défaut de sommeil, entre l’appel de Thomas du premier jour lui signalant en panique totale que Florian courait très certainement un grave danger, du fait de son message interrompu à peine commencé et du silence mental total qui depuis lors le coupe de son amant, jusqu’à l’heure actuelle où les recherches restent infructueuses et ce malgré l’impressionnant dispositif international mis en œuvre ces dernières quarante-huit heures.
Inutile de préciser que les médias en font la une depuis lors, donnant aux personnes qui les lisent, les regardent, ou les écoutent, des informations vides de sens puisque aucune piste n’a encore été trouvée pour étayer leurs paroles bien souvent tournant en boucle sur les quelques faits avérés.
Maurice se rassoit en reprenant tous les événements depuis le début, afin d’essayer une fois de plus de trouver l’indice qui lui aurait échappé.
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« Classement des faits. »
• Dix heures vingt-deux, lundi matin temps local : Appel de Thomas pour signaler le contact qu’il a eu avec Florian et l’inquiétude de ne plus pouvoir communiquer mentalement avec lui ni avec Antonin depuis lors.
• Dix heures trente-cinq, lundi matin temps local : Annonce officielle venant des autorités japonaises sur le détournement de l’airbus.
• Onze heures dix-huit ; lundi matin temps local : Atterrissage de l’airbus avec la majorité des passagers, sauf Florian et ses deux amis, le copilote, deux hommes d’équipage et trois passagers.
• Onze heures quarante-deux, lundi matin temps local : Rapport du pilote laissé pour mort et qui a repris conscience à temps pour reprendre le contrôle de l’appareil, celui-ci toujours par chance en pilotage automatique au-dessus de l’océan.
• Douze heures vingt-trois, lundi après-midi temps local : Mise en place du dispositif de recherche internationale, décision de mettre les forces d’interventions sous l’égide du gouvernement Français avec l’aide de l’OTAN.
• Treize heures quarante, lundi après-midi temps local : Découverte des débris de deux hélicoptères et de plusieurs corps flottants méconnaissables, trois d’entre eux revêtus de restes d’uniforme de la compagnie Air France.
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Maurice soupire d’exaspération car depuis plus rien de concret n’est venu apporter des renseignements qui pourraient guider les recherches, l’examen des images satellites survolant la région n’ayant encore rien donné.
Deux longues journées déjà à se morfondre sur l’état de santé des trois garçons, Maurice ainsi que les divers experts travaillant sur la question, refusant de croire que le but de l’opération était de les supprimer.
Il aurait suffi pour ça de faire exploser l’avion en vol, toute cette mise en scène ne voulant rien dire dans le cas contraire et d’avoir retrouvé les cadavres des kidnappeurs, prouve le degré de cruauté ainsi que toute la prudence qui règne autour de cette affaire.
« La » ou « les » personnes qui ont monté ce coup, étant parfaitement conscient que seul leur anonymat pourrait leur éviter la colère internationale qui sinon s’abattrait irrémédiablement sur eux.
Rien que cette pensée met Maurice dans une angoisse sourde, ne se faisant pas d’illusion sur le sort de ses trois jeunes dès qu’ils auront obtenu tout ce qu’ils en attendent et c’est l’urgence de les sortir de cette situation tout autant que le fait de n’avoir pas le moindre début d’une solution pour y arriver, qui lui a fait perdre le sommeil durant ces deux longues et interminables journées.
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« Nuit de jeudi à vendredi. »
« Centre d’étude satellitaire, nouveau Mexique. »
Le bourdonnement des ordinateurs tournant à plein régime remplit la salle, chaque technicien devant son écran a passé image par image la zone du détournement aérien depuis les fichiers vidéo des différents satellites survolant la zone ce jour-là.
La fatigue peut se lire sur les visages soucieux de tous ces gens qui s’usent les yeux à chercher l’aiguille dans la botte de foin, conscients de l’importance de leur mission.
Un homme parmi tant d’autres qui participe à ce travail de fourmis, essuie ses lunettes après avoir frotté ses yeux fatigués, il change de position sur sa chaise pour tenter de détendre ses muscles et d’un doigt tente d’enlever le grain de poussière sur son écran qui fait un petit point blanc, le faisant loucher dessus à force de concentration.
Rien n’y fait pourtant et le point reste sur le devant de l’image, lui faisant zoomer dessus quand il comprend enfin qu’il fait partie de l’image numérique envoyée depuis le satellite.
Son front se plisse de perplexité devant ce qui ressemble bien maintenant à un périscope de sous-marin, il avance l’image plus rapidement jusqu’à hoqueter de surprise devant la scène qui maintenant se déroule devant lui.
Il enclenche le micro de son casque pour contacter son supérieur, lui indiquant les coordonnées de la séquence qu’il est toujours en cours de visionner.
CHAPITRE 114 (Nouvelle Zélande) (Vendredi matin) (Ultimatum)
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« Jeudi matin, base de l’OTAN, Nouvelle Zélande. »
La salle est bondée de militaires de haut grade venant pour la plupart des divers états faisant partie de l’organisation internationale, chacun tenant en main un rapport qui ne laisse aucun doute sur l’identité du sous-marin ni sur celle des passagers héliportés depuis les deux appareils avant qu’ils ne soient abattus comme à un vulgaire tir aux pigeons.
L’homme imposant par les médailles bien visibles sur sa poitrine ainsi que les cinq étoiles ornant ses épaulettes, se lève pour prendre la parole d’une voix grave empreinte de détermination.
« Traduit en Français. »
- Messieurs l’heure est grave !! L’ultimatum a été envoyé conjointement à « zéro sept zéro-zéro » à la république de Corée du nord et à celle de Russie, il se termine ce soir à
« Vingt zéro-zéro » !! Nos forces armées se mobilisent actuellement pour une intervention immédiate en cas de refus d’obtempérer à la demande de restitution sans condition des trois garçons. Dès maintenant, un blocus économique total est mis en œuvre pour isoler du reste du monde ces criminels et il est demandé à leur population respective par tous les moyens en notre possession, de se révolter contre leurs dirigeants capables d’un tel acte envers ce que nous pouvons appeler un bienfaiteur de l’humanité.
Un brouhaha général confirme ce que tous pensent de ce kidnapping qui a heurté suffisamment les populations internationales, pour qu’une telle opération punitive soit mise en œuvre aussi rapidement et surtout sans les éternels palabres liés à ce genre de situation.
- Très bien !! Vous avez tous reçu vos ordres et je ne vous prendrais donc pas plus d’un temps, à chaque minute plus précieux !! Je vous rappelle juste qu’il est impératif que nous sortions ces garçons de là où ils sont sans dommage corporel, les hommes qui seront envoyés sur place dès que nous connaîtrons avec exactitude leurs positions devront n’avoir que cet objectif en tête. Que chacun rejoigne sa base, prions pour que tout se passe bien !!
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« Kremlin »
Les vociférations qui malgré l’insonorisation du bureau arrivent à s’échapper jusque dans le couloir, laissent les hommes de garde en faction dans un malaise profond.
- Mais je ne suis entouré que d’une bande d’incapables !!
- Monsieur…nous….
- Silence !!! Cette opération devait être d’une discrétion absolue !! Au lieu de ça, nous avons le monde entier contre nous !!!
- Je….
- J’ai dit… silence !!! Je devrais vous faire exécuter sur-le-champ pour ce fiasco !!
Vladimir fou de rage jette un mémo reçu quelques minutes plus tôt, au visage du Dandy qui remplace Igor depuis son décès dans des conditions horribles.
- Et voilà que notre seul allié n’a qu’une proposition à nous faire, celle de faire disparaître toute trace de son implication !! Vous avez compris ce que pour lui, toute trace peut signifier !!
- ….
- Il vous reste la journée pour nous sortir du merdier auquel vous nous avez mis !! Nous devons absolument être lavés de tous soupçons sur cette accusation, peu importe la solution utilisée !!
Le responsable du FSB déglutit avec peine, comprenant que sa vie ne tient plus désormais qu’à un fil qui s’amenuise au fur et à mesure que la journée s’avance.
- Je m’en occupe immédiatement excellence !!
- Alors qu’attendez-vous !! Kim mettra ses menaces à exécution s’il se sent acculé, les hommes sous notre contrôle restés avec les prisonniers doivent être informés que leurs vies ainsi que celles de leurs familles dépendent de celles de ces garçons.
- J’ai déjà donné les instructions en ce sens excellence, de plus l’équipage du sous-marin a été déclaré comme terroriste et les ordres ont été donnés de les abattre sans sommation dès qu’ils seront à portée d’un de nos bâtiments, ce qui devrait être le cas d’ici quelques heures puisque l’équipage ne se doute de rien.
- Chose qui aurait dû être faite dès le départ, je vous avais demandé à ce qu’il n’y ait aucun témoin il me semble ?
Le Dandy préfère ne pas répondre, n’ayant pas la mauvaise foi de son patron qui n’envisageait certainement pas de perdre un bâtiment aussi coûteux qu’un sous-marin nucléaire de dernière génération.
Il est à peine sorti du bureau, que Vladimir convoque deux de ses principaux chefs militaires ainsi que son ministre des affaires étrangères, sans oublier les ambassadeurs des différents pays présents ce jour-là dans la capitale.
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« Jeudi midi, Kremlin. »
Vladimir entre dans la salle de réunion, avec l’air outragé de quelqu’un accusé à tort d’être l’auteur de la forfaiture qui défraie et obnubilise les médias du monde entier et par là même la populace toute entière, qui commence à manifester sa colère dans toutes les villes du pays.
Il fait un tour d’horizon des visages qui le fixent depuis son arrivée, ne laissant le temps à personne de prendre la parole pour une quelconque accusation et il préfère prendre les devants, en prenant bien garde à conserver son expression outragée de circonstance.
- Messieurs !! Laissez-moi vous dire combien me blesse profondément cette accusation calomnieuse et mensongère !! Un coup monté de main de maître pour laisser penser à notre implication dans cet acte infâme de kidnapping !!
CHAPITRE 115 (Quelque part) (Vendredi fin de matinée) (Colère et conséquences)
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Je tourne en rond comme un lion en cage depuis ce matin à attendre que quelqu’un daigne venir me parler, ayant eu tout le temps de comprendre pourquoi mon esprit ne peut s’échapper de cette espèce de cage qui bloque mes ondes mentales.
Ne serait-ce mon inquiétude sur le sort de mes amis, je serais assez amusé par la situation actuelle qui me change du train-train qui commençait à s’instaurer depuis ces dernières semaines.
Ces gens quels qu’ils soient, en connaissent assez sur moi pour me rendre impuissant à donner l’alerte mais aussi à m’en sortir par des moyens que je qualifierai d’habituels, quoique le fait d’utiliser les diverses espèces animales ne le soit déjà pas vraiment en soi.
Mais dans cette pièce, la désinfection a été poussée à l’extrême et même la faible concentration de bactéries ne me permet pas de les utiliser à des fins de défense contre mes agresseurs.
La combinaison de l’homme qui m’a fait le prélèvement sanguin la veille, doit être recouverte du même alliage qui m’empêche de contacter Thomas ou « Tonin » par le biais de l’esprit et mon cerveau mouline à fond pour trouver la solution à cette séquestration, un début de plan d’action commençant néanmoins à voir le jour.
Il va me falloir leur faire croire que j’accepte de coopérer pour que l’occasion se présente d’agir ensuite à ma façon, seulement pour ça il faudra que je m’insurge suffisamment longtemps pour que ce soit crédible à leurs yeux car une capitulation trop rapide pourrait leur amener le doute d’une entourloupe de ma part.
C’était sans présager des événements qui vont m’obliger à précipiter les choses, mais commençons par le début quand l’homme en scaphandre vient peu avant midi me rendre visite pour m’interroger.
Les liens qui me retiennent sont suffisamment courts pour qu’il puisse rester raisonnablement à l’écart de ma personne afin d’éviter tout contact et c’est visiblement gêné par son harnachement de cosmonaute, qu’il s’assoit devant la table qui est avec le lit et la chaise où il se trouve assis, la seule pièce d’ameublement de ma geôle.
Mon air détaché et serein semble le déstabiliser, son visage derrière la visière marquant bien son sentiment de stupeur à l’égard de mon comportement.
- Si vous pensez vous en tirer comme les fois précédentes, laissez-moi vous dire que nous avons pris toutes les précautions nécessaires pour que ça n’arrive pas !!
- Je ne comprends pas de quoi vous parlez monsieur !! J’attire juste votre attention sur le fait que vous n’apprendrez rien de moi qui pourrait servir à des fins militaires, ni à quelque autre fin que ce soit d’ailleurs !!
- C’est ce que nous verrons !! Vous tenez beaucoup à vos deux amis il me semble ??
- Ce n’est pas un secret !!
- Dans ce cas il va vous falloir être un peu plus coopératif si vous voulez qu’ils ne leurs arrivent rien de fâcheux !!
- Dois-je prendre ça comme une menace ??
L’homme a un étrange sourire ou plutôt devrais-je dire une étrange grimace, un mélange de délectation et de dégoût, qui me donne immédiatement matière à réfléchir mais surtout à m’inquiéter.
Il ouvre la petite mallette qu’il avait posée en arrivant en face de lui sur la table, en sort un petit paquet composé d’un sac en plastique dans lequel un tissu rouge de sang semble servir d’emballage à un objet de petite taille.
Quoique je m’efforce à ne pas le montrer, mon cœur se serre soudainement d’une prémonition que ce que cet homme va me faire découvrir ne va pas me plaire.
Il prend tout son temps en ne me quittant pas du regard, sortant le linge sanguinolent du sachet plastifié et le déroulant ensuite encore plus lentement, jusqu’à ce que je découvre la chose morbide qui est à l’intérieur.
- Voilà de quoi vous faire revenir sur votre décision, ce doigt est celui d’un de vos camarades et j’en déposerais un nouveau sur cette table à chaque heure que vous me ferez perdre, si vous tenez à vos amis il ne vous reste plus qu’à coopérer avec nous très vite.
La vue de ce doigt m’est intolérable, quelque chose en moi se libère qui traverse la barrière du vêtement de protection qu’il porte et mon esprit devient comme un objet contondant qui enserre son cerveau comme dans un étau jusqu’à ce qu’il se transforme en une bouillie immonde et que son corps sans vie s’affale sur la table en la renversant dans ma direction, amenant la mallette et son contenu à portée de mes mains qui s’en emparent avidement, fouillant à l’intérieur pour y chercher n’importe quoi pouvant servir à me libérer.
Je sens le contact métallique froid d’un couteau, que j’attrape alors par le manche pour le sortir et qui apparaît à ma vue, recouvert de sang, sans doute est-ce l’arme qui a servi pour couper le doigt d’un de mes deux amis.
Mon sang à moi ce glace d’effroi quand je tranche mes liens, ne perdant pas plus de temps en réagissant au plus vite pour revêtir le scaphandre de l’homme qui heureusement n’était pas beaucoup plus grand que moi et ensuite sortir de la pièce en récupérant le chiffon avec son sinistre contenu, pour retrouver au plus vite son propriétaire avant que trop de temps ne passe et m’empêche de le lui remettre en place.
La porte à peine ouverte que je retrouve le contact avec Antonin, qui aussitôt me harcèle de questions et qui me montre à quel point il a eu peur pour moi, alors que sa vie qui pourtant elle aussi est en jeu, était le dernier de ses soucis.
- Florian ?? Tu es vivant ?? J’avais perdu ton contact et je m’étais imaginé le pire !! C’est quoi cet accoutrement ?? Nous sommes dans l’espace ??
- Je t’expliquerai, mais pour l’instant essaie de me guider jusqu’à toi !! Damien est avec toi ??
- Dans la pièce d’à côté il me semble, je l’ai entendu hurler tout à l’heure !! Je me demande ce qu’ils lui ont fait, son cri était horrible j’en tremble encore !!
Je tape rythmiquement sur les murs en avançant lentement, surveillant également que personne ne vienne dans ma direction.
Je perçois le son depuis son esprit et je me guide au bruit dans le couloir, me retrouvant très vite devant une première porte que j’ouvre à la volée étant donné que la clé est restée dans la serrure.
Je libère Antonin qui était entravé comme moi à son lit, fouillant dans son esprit d’où venaient les cris de Damien quand il les a entendus et sans une parole nous nous dirigeons vers la seconde porte qui une fois ouverte à son tour, me montre mon « frère » évanoui sur son lit avec la main gauche en sang recouverte un pansement compressif sur la dernière phalange du doigt coupé.
- (Antonin) Mon Dieu !! Mais ils lui ont fait quoi ?? C’est de la barbarie !!
CHAPITRE 116 (Quelque part) (Vendredi fin de matinée) (L’évasion)
Je retiens d’une main sur sa bouche la suite des paroles d’Antonin, le poussant à l’intérieur de la pièce en refermant derrière moi et après un scan mental qui me rassure sur le fait que personne n’a encore donné l’alerte, je m’agenouille devant Damien en déballant le doigt encore tiède que je repositionne à l’endroit de la coupure sur sa main pour ensuite envoyer dessus un maximum de salive.
Le « don » encore une fois fait effet, la cicatrisation pouvant se voir à l’œil nu et quelques minutes plus tard, sa main à notre plus grand soulagement est redevenue comme avant.
Ne me reste plus qu’à lui faire oublier le traumatisme qu’il vient de vivre, j’efface de sa mémoire l’acte horrible perpétré contre lui et je fais signe à Antonin de me suivre dans le couloir, ce qu’il fait sans poser de questions puisqu’il a lu dans mon esprit mes intentions qui consistent à le libérer comme je l’ai fait pour lui.
C’est donc en réouvrant la porte bruyamment que nous le tirons de son sommeil, le libérant de ses liens en lui expliquant à ma façon les derniers événements.
- J’étais certain que tu nous sortirais de là « Flo » !!
- Chut !! Moins fort, on pourrait nous entendre !! Tu vas rester là avec « Tonin » pendant que je m’occupe de trouver une solution de sortie !!
- (Antonin) Mais !!
- C’est mieux comme ça, je t’assure, vous pourriez me gêner dans mes mouvements s’il fallait que j’intervienne rapidement !! L’homme que j’ai neutralisé ne devait très certainement pas être seul, ça pourrait devenir dangereux pour vous deux et je préfère de loin avoir les mains libres, vous comprenez ?? Enfermez-vous dans cette pièce et n’ouvrez que si c’est moi qui suis derrière la porte.
- (Antonin) Ok, mais tu laisses ton esprit ouvert cette fois-ci !!
***/***
« Salle de recherche biologique avancée, quelque part dans le bâtiment. »
Ils sont cinq à avoir passé le sas de décontamination la veille au soir et à être restés tout ce temps pris dans leurs recherches, ce qu’ils découvrent leur ôtant toute envie de sommeil tellement l’intérêt et l’exaltation scientifique priment sur les besoins du corps.
Celui qui semble être le responsable de l’équipe, lève les yeux de l’ordinateur qui compile les résultats des différentes recherches et reporte son regard sur ses quatre confrères, visiblement troublé par les informations qui apparaissent à l’écran.
- Tout ceci est proprement incroyable !! Ce garçon ne peut pas être humain, son ADN est beaucoup plus complexe que le nôtre !!
- Les propriétés de son sang sont en effet sans commune mesure avec celui de notre espèce, nous devons lui faire d’autres prélèvements !!
- Nous avons nos ordres, ne pas toucher à son intégrité physique pour l’instant !!
- Loin de moi une telle pensée !! J’envisageais juste d’analyser ses autres fluides corporels, comme sa salive, sa sueur et voire son sperme !!
- Nous devons suivre strictement le protocole qui nous a été transmis, rendez-vous compte déjà de ce que nous faisons !! Cette histoire ne me dit rien qui vaille et je n’ai pas envie de tomber avec ceux qui se sont emparés de lui, quand quelqu’un viendra le délivrer.
- Cet endroit est sûr !! Tes paroles pourraient te causer du tort, surtout si elles tombaient dans certaines oreilles !!
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« Salle de garde, quelque part dans le bâtiment. »
Ils sont trois hommes armés à observer les écrans de surveillance, quand un bip d’alerte se fait entendre et que les trois paires d’yeux se concentrent sur une caméra donnant sur l’extérieur.
- Qu’est-ce que c’est que ça ??
- Des tigres de Sibérie ?? Qu’est-ce qu’ils viennent foutre ici ??
- J’en compte quatre !! Non en voilà d’autres !!
- Bah !! Ils ont dû être attirés par le gibier qui prolifère dans le coin, de toute façon nous sommes en sécurité à l’intérieur !! Ce bâtiment est plus solide qu’un bunker !!
- Ce n’est quand même pas normal, ces animaux ne vivent pas en groupe il me semble et là !! Regardez… voilà qu'il en arrive encore d’autres !!
Un deuxième bip d’alarme se fait entendre, qui met cette fois les trois hommes en alerte en comprenant le danger.
- Bordel !! Quelqu’un ouvre la porte principale !! Le con !! Il va les faire entrer dans le bâtiment !!
- Sonne l’alarme !! Que nos hommes interviennent rapidement pour refermer cette foutue porte !!
Un des gardes appuie sur le bouton d’alerte générale puis attrape le téléphone pour signaler le lieu de l’incident, quand quelque chose le fige sur place.
- Regardez les gars !! Qu’est-ce qu’il fout là celui-là !! Bordel !! Il va se faire bouffer !!
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J’entends les sirènes résonner dans le bâtiment, signalant que je viens de me faire repérer et c’est avec un grand sourire aux lèvres que je surveille le rideau d’acier qui se lève en m’envoyant l’air lourd d’humidité et rempli de senteurs venant de l’extérieur, me saturant avec ravissement les narines alors qu’apparaissent les pelages aux stries foncées sur fond blanc de ces magnifiques félins qui ont répondu à mon appel.
- Rrrrrr !!!
- Moi aussi je suis heureux de vous voir !! Mais entrez donc je vous prie ! Hi ! Hi ! J’en connais qui vont être surpris de se retrouver en si bonne compagnie !!
CHAPITRE 117 (Quelque part) (Vendredi fin de matinée) (L’évasion) (fin)
La petite garnison nord-coréenne s’arme rapidement, sous les yeux vigilants des quelques observateurs russes armés eux aussi jusqu’aux dents.
Le chef du groupe retient ses camarades qui s’apprêtaient à suivre le reste de la troupe, pour se diriger vers l’entrée principale où il semblerait qu’un ennemi inconnu ait pénétré avec l’intention d’en découdre.
- Наши заказы являются не вмешиваться напрямую! (Nos ordres sont de ne pas intervenir directement !!)
Les trois hommes se retournent surpris vers le responsable de l’expédition, celui-ci recevant de toute évidence des instructions venant de haut depuis son oreillette.
La garnison se regroupe dans le couloir, quand il reprend la parole en faisant signe à ses hommes de le suivre et il pointe son fusil-mitrailleur dans la direction des soldats nord-coréens, aboyant alors un ordre sans équivoque en pressant la détente de son arme.
- Стреляйте их всех! (Abattez-les tous !!)
Un staccato d’armes automatiques retentit alors pendant les quelques brèves secondes, suffisantes pour abattre le peloton dans le dos.
- Чтобы удалить все следы нашего присутствия! Заложников на всех расходов должны остаться в живых! (Il faut effacer toutes traces de notre présence !! Les otages doivent rester vivants !!)
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Ils sont une bonne vingtaine à avoir répondu à mon appel, tous plus magnifiques les uns que les autres avec leurs pelages luisants de santé et leurs yeux braqués sur moi n’attendant plus que mes ordres pour intervenir à ma défense, le cas échéant au péril même de leurs propres vies.
Je reprends donc mon chemin jusqu’au couloir qui donne sur la pièce où sont enfermés mes deux copains, donnant l’ordre à deux d’entre eux de rester sur place à garder la porte.
Je repars ensuite avec le reste du groupe, cherchant un endroit d’où je pourrais donner l’alerte et c’est comme ça que je me retrouve devant l’hécatombe de corps sans vie étalés dans une mare de sang en obstruant entièrement un couloir donnant visiblement vers une espèce de casernement
- Merde !! C’est quoi ce bordel !!
- Rrrrrr !!
Je reviens donc sur mes pas pour prendre une autre direction, tombant cette fois dans ce qui ne peut être qu’un laboratoire au vu du matériel sophistiqué qui y est installé et je tombe également sur la découverte macabre de plusieurs cadavres en blouses blanches eux aussi baignant dans leur sang.
- On dirait bien que quelqu’un a fait le grand nettoyage ici aussi !! Enfin !! Quand je dis grand nettoyage, c’est façon de parler !!
Je n’ai pas terminé ma réflexion à haute voix, qu’une rafale d’arme automatique se fait entendre venant d’où nous venions précédemment.
Ma première pensée va vers Antonin et Damien, l’estomac pris d’une énorme boule d’appréhension.
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- « Tonin » ?? Ça va ??
- Oui !! Mais ce n’était pas loin !!
- Restez enfermés surtout !!
- T’inquiète !! Je ne tiens pas à m’en prendre une !! Qu’est-ce qu’il se passe donc, c’est bien des coups de feu qu’on entend depuis tout à l’heure ??
- Si seulement j’en avais la moindre idée !! C’est comme si quelqu’un faisait le vide dans le bâtiment en tuant tout le monde !!
- Ils viennent peut-être nous chercher ??
- Humm !! C’est trop violent pour que ce soit des gens de chez nous !!
- Qu’est-ce que tu vas faire ?? Sois prudent quand même !!
- Je ne suis pas tout seul, mais t’inquiète !! Je cherche juste un moyen d’appeler l’extérieur !!
- Comment ça, tu n’es pas tout seul ?? et Thomas ?? pourquoi tu ne le contactes pas directement ??
- Connecte-toi à moi et tu comprendras, je pensais que tu l’étais toujours !! Pour Thomas j'ai juste zappé ! Hi ! Hi !
- Waouhhhhh !!! Impressionnant les matous !! J’en ai les poils qui se dressent !!
- Depuis quand tu as des poils toi ?? Hi ! Hi !
Un bruit d’explosion venant de l’extérieur se fait alors entendre, si puissant qu’il en fait trembler tout le bâtiment.
- (Antonin) Qu’est-ce que c’était ??
- Là à mon avis, c’est la cavalerie qui arrive !! Restez tranquillement où vous êtes, je viens vous chercher dès que j’ai mis mes amis en lieu sûr !! Ça devient trop dangereux pour eux cette fois !!
***/***
Je quitte la liaison mentale avec « Tonin » pour rappeler les deux tigres qui gardent leur porte, emmenant la meute dans une salle vide d’où je pourrais faire en sorte qu’il ne leur arrive rien de fâcheux et j’envoie une nouvelle sonde mentale pour essayer de comprendre ce qu’il en est exactement de tout ce raffut.
La poignée de porte qui nous sépare du couloir tourne lentement, indiquant par là même que quelqu’un derrière va entrer avec précaution dans la pièce où nous nous trouvons et je tends mon esprit vers la personne qui se trouve de l’autre côté, lisant en lui ses intentions qui me font pousser un grand ouf de soulagement quand je comprends qu’il fait partie des forces envoyées pour notre libération.
Je prends alors la parole pour déjà une le rassurer et ensuite pour l’avertir de ne pas avoir peur de ce qu’il va découvrir en ouvrant la porte, pour le cas où il aurait la gâchette facile.
J’utilise l’anglais pour lui parler, ayant lu dans son esprit ses origines britanniques.
- I'm “Florian De Bierne” and I am unarmed, friends are with me who came to my call for help me! They will do you no harm, do not pull above all! (Je suis « Florian De Bierne » et je ne suis pas armé, des amis sont avec moi qui sont venus à mon appel pour me secourir !! Ils ne vous feront aucun mal, ne tirez pas surtout !!)
CHAPITRE 118 (Tokyo) (Samedi matin) (Jour de folie)
Une ville de plus de trente millions d’habitants ne doit déjà pas être facile pour y circuler à l’ordinaire, mais la même ville avec toute sa population dans la rue est une chose qui marque les esprits.
C’est ce que je peux voir depuis le hublot de l’avion qui s’apprête à atterrir en périphérie de cette mégapole impressionnante, le clignotement bleu des véhicules de police contrastant bizarrement dans la nuée des piétons qui remplissent actuellement les rues.
- Wouah !! Tu as vu ça « Flo » ?? Comment ils peuvent vivre dans des conditions pareilles ??
- Ils n’ont pas vraiment le choix !! Il doit y avoir quelque chose d’exceptionnel aujourd’hui pour qu’ils soient tous dans les rues, à ma dernière visite c’était beaucoup plus fluide !!
Damien qui avait posé la question, se tourne vers Antonin en lui faisant un clin d’œil.
- Je suis certain qu’il n’a pas encore pigé que tout ce raffut était pour lui ?
- (Antonin) Ça, c’est sûr !!
- Pour moi ?? Comment ça pour moi ??
- (Damien) Il va te falloir te faire à l’idée que tu n’es plus le petit gars qui pouvait circuler partout sans trop de problèmes, maintenant chacun de tes déplacements à l’étranger sera perçu comme un moment important pour tous ces gens qui te sont redevables de tes découvertes pour améliorer leur quotidien mais aussi et surtout leur santé.
- (Antonin) Tu as bien vu depuis notre libération, comment ils sont tous aux petits soins pour toi ??
- Mouaih !! Si vous le dites !!
Nous apercevons maintenant l’aéroport, le pilote amorçant la descente vers une piste au bout de laquelle nous apercevons une espèce d’estrade aux couleurs chatoyantes.
- (Damien) Le comité d’accueil est déjà en place, on dirait bien !!
- (Antonin) Au fait « Flo » ?? Tu ne nous as pas dit si la princesse Masako a répondu à ton texto ??
- Pffttt !! Qu’est-ce j’en sais moi ??
- (Damien) Tu es impayable quand même, tu aurais pu vérifier.
- Et comment j’aurais fait ça banane ?? Je te signale qu’il n’y a pas d’antenne relais en pleine mer, au cas où ça ne te serait pas venu à l’esprit !!
Damien se penche un peu plus vers le hublot, il se retourne vers moi en souriant et avec une mauvaise foi assez comique, me pose la question qui tue.
- Où tu vois la mer toi ??
- C’est ça !! Prends-moi pour un imbécile !! Hi ! Hi !
Je sors mon téléphone de ma poche de veste et je consulte ensuite ma messagerie qui m’indique un nombre de messages non lus assez impressionnant,
Je cherche dans le lot s’il y en a un de mon amie Masako, en trouvant même plusieurs qui datent pour le plus ancien de quelques heures à peine.
- (Damien) Alors ??
- Tu permets que je les lise quand même ??
Antonin pour sa part continu à observer ce qu’il se passe en bout de piste et qui se précise de seconde en seconde avec l’avancée de l’appareil sur le tarmac.
- Houlà !! Il y a du beau monde droit devant !! Regardez-moi tous ces costumes d’apparat, on se croirait revenu plusieurs centaines d’années en arrière !!
Je jette un coup d’œil à mon tour, souriant ensuite de plaisir de reconnaître les armes impériales sur le drapeau flottant haut au-dessus de leur tête.
- J’ai l’impression que l’empereur lui-même a fait le déplacement, ça expliquerait tout ce mouvement de foule en ville dans ce cas !!
- Tu ne veux vraiment pas entendre raison !! Pourquoi l’empereur serait-il là si ce n’était pas pour t’accueillir à la sortie de l’avion, tu peux me le dire ??
- (Antonin) Damien a tout à fait raison, il va bien falloir que tu t’y fasses !!
Je souris en m’employant à améliorer mon acuité visuelle, reconnaissant enfin le vieil homme dans ses vêtements d’apparat entouré par toute la famille impériale ainsi que d’un important dispositif de sécurité.
J’aperçois distinctement à ses côtés sa belle-fille tenant son bébé dans ses bras, derrière laquelle se trouvent son mari et deux jumeaux blonds, qui me font pousser un cri de surprise que j’ai beaucoup de peine à réprimer.
- (Damien) Qu’est-ce qu’il y a ??
- Rien !! Je pensais juste qu’il y en a deux qui ont dû s’inquiéter plus que je n’aurais cru !!
- Qui ça ?
- Tu le demandes ?? Nos chéris pardi !!
- C’est marrant que tu penses à eux comme ça en voyant le comité d’accueil !!
- Pas si marrant que ça !! D’autant plus qu’ils en font partie.
- Quoi !!!
- Tu m’as bien entendu, nos deux loustics sont sur l’estrade juste derrière l’empereur !!
- (Antonin) Je comprends mieux pourquoi je n’arrivais pas à entrer en com avec « Thom », il a bien caché son jeu le saligaud !!
Damien les aperçoit enfin maintenant que l’avion est assez près.
- Wouah !! Quand je les vois, je me demande qui est l’empereur tellement ils sont…. Arrh !! Je ne trouve pas le bon mot !!
- Impériaux ??
- Oui, c’est ça !! Impériaux !!
CHAPITRE 119 (Tokyo) (Samedi midi) (Heureuses retrouvailles)
Un peu à l’écart de l’estrade impériale, un homme imposant déjà de par sa corpulence est lui aussi entouré de sa garde rapprochée, observant d’un œil attentif tout ce qu’il se passe autour de lui.
Il s’adresse ensuite à son premier lieutenant qui lui ressemble beaucoup, la raison première en étant que c’est son unique enfant et futur Oyabun le jour où son père lui laissera les rênes, ce qui n’est pas encore semble-t-il pour demain.
« Traduit »
- Ils ne savent pas qui il est !!
- Lui-même le sait-il père ??
- Le temps approche, la prédiction est très claire à ce sujet !! Izanagi retrouvera sa mémoire et tous ses pouvoirs, quand la ferveur de ses sujets lui aura redonné toute sa force !!
- Ce n’est peut-être pas lui père !!
- Qui pourrait-il être d’autre ? Tu as en possession quasiment tous les éléments que j’ai pour m’être fait cette opinion, que te faut-il de plus ?
- Je ne dis pas que ce garçon n’est pas spécial, il vient peut-être et même très certainement d’ailleurs mais de là à vouloir le déifier, il reste encore un énorme pas à franchir qui serait encore inopportun voire dangereux à vouloir le faire.
- Tu as pourtant vu de quoi il est capable, c’est toi qui la première fois est venu m’en parler rappelle-toi !!
- Je sais père, comme je suis conscient qu’il a sauvé la vie de mon fils !!
L’Oyabun sourit à son premier lieutenant en sortant de sa poche un écrin en bois précieux.
- Il y a un dernier secret qui t’est encore inconnu mon fils, ce secret est à l’intérieur de cette boîte et devrait ôter tes derniers doutes.
Il soulève alors le couvercle pour dévoiler à la vue de son fils un minuscule caillou monté en pendentif.
- Ceci te revient de plein droit de ton grand-père !!
Il écarte légèrement le col de sa chemise, dévoilant le même objet autour de son cou.
- (Le fils) Qu’est-ce donc là père ?
- Des météorites contenant un pouvoir qu’elles libèrent pendant notre sommeil, elles nous donnent la vision d’Izanagi et nous préparent à son retour parmi les hommes depuis maintenant presque deux décennies, ton grand-père n’a jamais voulu révéler comment elles lui sont parvenues mais le fait est là que depuis que je porte ce caillou sur moi, des images finissent par rester gravées de ce que pourrait être notre monde le jour où Izanagi se réveillera de son long bannissement volontaire.
***/***
L’avion s’arrête maintenant à quelques mètres de l’estrade où attendent sa majesté et sa famille, un véhicule à l’arrière duquel se trouvent une plateforme et un escalier métallique s’approche pour venir se coller à lui pour permettre la descente des voyageurs.
Ceux-ci sont directement dirigés vers des autobus qui les ramèneront jusqu’à la sortie du terminal, hommes, femmes et enfants, se demandent bien pourquoi tout cet apparat, très peu à part ceux qui tout comme lui voyageaient en classe affaire étant au courant de la présence de Florian dans ce vol somme toute à première vue des plus banals.
***/***
Masako tremble d’impatience en tenant toujours sa petite fille dans un de ses bras, la main de Thomas se voulant rassurante s’étant emparé de l’autre.
Quelle n’a pas été sa surprise quelques heures plus tôt quand elle a retrouvé Thomas dans le bureau de son père en pleine discussion, surprise encore plus forte quand l’autre jeune homme lui est apparu à son tour.
La ressemblance frappante entre les deux cousins, lui amenant une fois encore ces pulsions incontrôlées venant du cœur devant la beauté de ces jeunes hommes.
La main du grand blond lui serre plus fort la sienne, quand il lui glisse deux mots à l’oreille qui lui font oublier tout ce qui n’est pas le retour de son ami après l’avoir cru mort puis kidnappé.
- Les voilà !!
La princesse se libère alors de la main de son ami pour s’élancer comme une folle vers le petit rouquin souriant, qui vient juste d’apparaître accompagné de ses deux copains sur la plateforme à la sortie de l’avion.
***/***
L’empereur retient difficilement l’élan d’affection qui le pousse lui aussi à rejoindre le jeune rouquin, le protocole étant ce qu’il est ne lui permettant pas ce genre d’épanchement en public.
Il ne peut malgré tout retenir la larme qui s’échappe de son œil, enviant sa belle-fille de faire fi des traditions en s’élançant comme elle le fait à la rencontre de son jeune ami Français.
Naruhito observe à la fois son père et sa jeune épouse, comprenant que quelque chose de très fort les pousse chacun à sa façon vers ce garçon qu’il ne connaît pas aussi bien qu’eux.
- Je lis tant d’émotion dans votre regard père !! Ce jeune homme a donc autant d’importance pour vous qu’il en a pour mon épouse ??
- Il est le seul à lire en moi l’homme que je suis vraiment, le seul également qui me parle avec son cœur !!
- Allons père !! À entendre vos paroles, on pourrait penser que nous n’avons pas d’amour pour vous !!
- Ce n’était pas là mon propos mon fils !!
L’empereur sourit comme un enfant quand il voit le jeune Florian au bras de sa belle-fille s’avancer vers lui, le regard brillant de plaisir de cette rencontre.
- Tu vas vite comprendre à quoi je faisais allusion mon fils !!
***/***
Après les embrassades tout en émotion avec Masako, nous nous dirigeons vers l’escalier qui mène à l’estrade où se trouve Akihito.
J’embrasse une nouvelle fois la princesse avant de lui lâcher le bras pour m’élancer vers lui et venir lui ceinturer la taille en le serrant contre moi.
- Ça va ta majesté ?? Je te trouve bien amaigri, va falloir que je m’occupe de te remplumer un peu le temps où je vais rester ici ! Hi ! Hi !
L’empereur au lieu de répondre, jette un regard pétillant autant d’amusement que d’émotion à son fils, qui lui en reste bouche bée de surprise devant ce manque manifeste à l’étiquette de la cour impériale.
- Tu comprends cette fois mon fils ??
CHAPITRE 120 (Afrique) (Samedi midi) (Prématurés ?)
Okoumé observe sa « belle fille », avec toujours dans le regard une pointe d’étonnement du souvenir de ce qu’elle était avant et sa beauté androgyne lui rappelle très souvent le visage et le corps souple de Naomé, ne serait-ce cette poitrine et la rondeur maintenant imposante de sa grossesse, qui lui remet à l’esprit la féminité toute nouvelle encore de celle qui maintenant se prénomme Naomée.
- J’ai l’impression que ta grossesse arrive à terme !! Pourtant il devrait rester encore quatre lunes avant de mettre mes petits enfants au monde.
- Je pense moi aussi qu’ils arriveront plus tôt, j’espère juste que Taha sera de retour pour assister à leur naissance.
- Le père Antoine devrait être bientôt là, je lui ai demandé de passer voir si tout va bien !! Je m’inquiète pour toi Naomée, ton ventre est beaucoup trop gros et quand je lui ai fait part de ton état, lui aussi a eu une lueur d’inquiétude qui ne présage rien de bon.
- De quoi as-tu peur « père » ?
- Je n’oublie pas qu’il n’y a encore pas longtemps tu étais un garçon et je me dis que peut-être ta transformation ne serait pas aussi complète que prévue.
- Les dieux des pierres disent le contraire, peut-être devrions-nous retourner à la clairière pour nous en assurer ?
- J’hésite à entreprendre une aussi longue marche avec toi !!
- Pourtant je m’en sens capable !!
Naomée comprend bien l’inquiétude d’Okoumé et lui est reconnaissante de se faire du souci pour elle, pourtant elle reste étrangement sereine devant ce qui perturbe la tribu qui voit sa grossesse s’accélérer un peu plus à chaque jour qui passe.
- N’oublie pas que Taha a eu un dieu des pierres en lui, qu’il a utilisé sa salive pour soigner le dieu des dieux !!
- Je ne vois pas le rapport avec ce qui t’arrive ??
- Qui sait s’il ne reste pas en lui ce pouvoir des dieux ?? Mes enfants en ont peut-être hérité et mon état dans ce cas pourrait sans doute s’expliquer.
- Nous en parlerons au père Antoine quand il sera là, peut-être as-tu raison de ne pas t’inquiéter !! Taha est sur le trajet du retour, peut-être arrivera-t-il à temps pour voir naitre ses fils !!
Naomée hoche la tête en signe d’accord avec les dernières paroles d’Okoumé, elle se dirige ensuite vers sa case en tenant son ventre à deux mains pour l’aider à se soulager du poids qui lui pèse sur les reins.
Elle s’allonge sitôt arrivée sur la natte en bambou qui lui sert de lit, soupirant d’aise de pouvoir prendre un peu de repos et sombre rapidement dans le sommeil, consciente de son mensonge sur son état physique pour ne pas inquiéter plus que nécessaire le brave homme qui se fait déjà bien du souci pour elle sans qu’elle ait besoin d’en rajouter.
***/***
« Début d’après-midi, ce même jour. »
Le père Antoine sourit à son vieil ami M'Balla, qui est toujours présent quand il s’agit de lui rendre service et de l’emmener quelque part en dehors du dispensaire.
- La description par Okoumé de l’état de grossesse de Naomée m’intrigue fortement, son ventre ne devrait être qu’à peine rebondi après cinq mois de gestation et il me l’a décrit comme venant à terme, je n’y comprends rien de rien !!
- Peut-être a-t-il exagéré ? Il n’est pas médecin que je sache !!
- C’est exact mais il est quand même père de trois enfants, il doit bien pouvoir faire la différence par rapport à son vécu.
- Encore une bien étrange histoire, pourtant plus rien ne devrait nous étonner depuis ces deux dernières années.
- La transformation de Naomée a peut-être été plus profonde que nous ne le pensions !!
- Que veux-tu dire par là mon ami ?
- Ces êtres qui apparaissent comme des dieux à cette tribu !! Ils ont été des hommes avant de devenir ce qu’ils sont devenus, des hommes ayant plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’années d’évolution de plus que nous et qui sait jusqu’à quel point ils ont transformé Naomée, peut-être qu’alors cette grossesse n’est pas si anormale que ça pour eux.
- Tu veux dire qu’ils auraient réduit de presque moitié le temps de gestation d’un enfant humain ? Où est l’intérêt de tout ça ?
- Peut-être pour le bien-être des femmes, chez nous d’autres solutions voient bien le jour depuis quelques décennies pour éviter ces longs mois d’inconfort !! Comme les mères porteuses pour des femmes n’ayant aucun problème physiologique mais ne voulant pas connaître les affres d’une grossesse par exemple !! Ou encore est-ce dans l’évolution naturelle de l’espèce humaine d’en raccourcir la durée, va savoir !!
- Ils auraient transformé Naomée à leur image ?? Moi qui pensais qu’ils s’étaient « contentés » de lui faire changer de sexe, voilà de quoi me poser encore plus de questions !!
- Pour l’instant toute cette conversation n’est que conjecture de notre part, rien ne vient affirmer ou infirmer que nous ayons vu juste !!
M'Balla aperçoit au loin la fumée signalant l’approche du village où vit la tribu.
- Nous allons très vite le savoir, nous y serons dans quelques minutes !!
**/***
Le vieux quatre-quatre s’arrête comme à son habitude de façon à ne pas déranger la tribu, M'Balla a à peine coupé le moteur qu’un cri de douleur retentit qui leur fait dresser la tête en direction du village.
Le père Antoine prend alors dans le coffre du véhicule sa trousse de première urgence, ustensile bien utile qu’il a toujours avec lui lors de ses visites pour le cas où.
- Je crois que nous arrivons juste à temps mon ami, oui !! Juste à temps !!
CHAPITRE 121 (Afrique) (Samedi début d’après-midi) (Naissances)
L’arrivée du père Antoine est perçue comme un énorme soulagement pour Okoumé, qui avec deux anciennes de la tribu est au chevet de Naomée qui ressent la douleur de plus en plus rapprochée des contractions.
Le vieux prêtre prend le temps de passer les bras dans le broc d’eau bouillante, avant de prendre les choses en mains et d’écarter Okoumé avec un sourire se voulant rassurant.
- Voyons voir comment les choses se passent !! Depuis quand as-tu ressenti les premières douleurs mon enfant ?
- Juste après le repas mon père, je venais de rentrer pour m’allonger un peu quand une douleur fulgurante m’a poignardé le ventre.
Le père Antoine mesure à vue l’ouverture du col, donnant ensuite les instructions lui semblant nécessaires pour le confort de la mère et par la suite la prise en charge rapide des enfants, étant averti depuis le début de la conception qu’ils seraient deux magnifiques garçons.
Il se tourne ensuite vers Okoumé qui semble statufié devant l’imminence de la venue de ses premiers petits-enfants.
- As-tu préparé les deux bracelets comme je te l’avais demandé ? Ils seront nécessaires pour les reconnaître si ce sont de vrais jumeaux.
Okoumé met une main tremblante dans la petite besace en cuir d’antilope qui est ceinte à ses reins et qui ne le quitte jamais, pour en sortir deux petits bracelets tressés et teintés en ocre pour l’un et en cyan pour l’autre.
- Voilà père Antoine !!
- Très bien !! Maintenant laissez-moi m’occuper de notre future maman.
***/***
« Une heure plus tard. »
La tribu tout entière s’est rassemblée sur la place principale du village, crispant les mâchoires à chaque hurlement de douleur de Naomée et se regardant ensuite avec le visage visiblement soulagé, quand les premiers pleurs de nourrissons se font enfin entendre.
Ils restent là à attendre, jusqu’à ce que le rideau de l’entrée de la case se soulève et qu’apparaisse le chef Okoumé, tenant un petit bout d’homme dans chaque bras, tout fier de présenter ses petits-fils à son peuple.
- Notre tribu vient de s’agrandir de deux fils, je suis heureux et fier de présenter à mon peuple Flo et Tom, fils de Taha, en l’honneur de ceux qui ont permis ce miracle.
Un murmure d’assentiment résonne venant de toutes les gorges de la tribu, prenant à l’évidence ces nouveaux prénoms comme une marque de respect envers le dieu des dieux et son magnifique amant Thomas.
***/***
« Dans la case, au même moment. »
Le père Antoine sourit en entendant les sons venant de l’extérieur, il tient toujours la main de Naomée qui quoique radieuse d’avoir donné naissance à ces deux magnifiques bébés, ne peut s’empêcher de regretter l’absence de son amour de toujours qui n’a donc pu de ce fait assister à l’arrivée de ses fils.
- Tu penses à Taha ?
- J’avais tellement souhaité sa présence mon père !!
- Comment pouvait-il prévoir que ça irait si vite ??
- Il ne le pouvait pas, j’en suis moi-même encore et toujours la première étonnée.
- Tu as conçu deux enfants magnifiques qui feront la fierté de la tribu, tous les événements extraordinaires liés à leur naissance resteront gravés à jamais dans les mémoires de ton peuple et il ne fait aucun doute que l’un d’eux prendra un jour la place du chef, un chef fier, droit, courageux et honnête, comme l’a toujours été son grand-père.
- Okoumé devra rester fort et vivre longtemps pour que ta prédiction se réalise père Antoine.
- Le don de vos dieux y pourvoira mon enfant, comme il l’a si bien fait pour ma pauvre personne.
- Je prierai chaque jour pour qu’il en soit ainsi !!
C’est à ce moment que le rideau se soulève à nouveau et qu’Okoumé entre pour y déposer les deux nouveaux nés de chaque côté de leur mère, l’instinct leur fait aller directement vers les tétons érigés pour s’y nourrir goulûment et montrer ainsi l’excellente santé qu’ils manifestent malgré leur venue au monde plus que prématurée.
Naomée porte sur eux un regard d’adoration, avant de revenir reporter son attention vers Okoumé avec une petite moue amusée.
- C’est leur père qui va être jaloux, s’ils lui piquent sa place trop souvent ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 122 (Japon) (Samedi fin d’après-midi) (Amour et découverte)
« Palais impérial. »
Damien referme la porte de la chambre qui vient de leur être attribuée pour la nuit à Mathis et à lui, il pousse alors un gros ouf de soulagement en se jetant sur le lit.
- Putain !! J’en ai plein les cannes !!
Mathis vient le rejoindre en s’écroulant à son tour à ses côtés.
- De l’extérieur on ne croirait pas, mais c’est immense ici !!
- Et encore, d’après Masako nous n’aurions pas tout vu !!
- Oui !! Et bien ça attendra demain parce que là je suis entièrement d’accord avec toi, j’ai les jambes en coton d’avoir trop marché !!
- Tu crois qu’ils font quoi, « Flo » et « Thom » ??
- Qu’est-ce que j’en sais ?? Juste qu’ils nous retrouveront pour le dîner, c’est bien ce qu’ils nous ont dit ??
- Tu crois qu’ils vont faire des cochonneries, en profitant de ces quelques heures de répit ! Hi ! Hi !
Mathis tourne son visage vers celui de son chéri qui a déjà les yeux luisants braqués sur lui, comprenant bien où il veut en venir par là.
- Hum !! Ils auraient bien tort de s’en priver !! Mais quelque chose me dit que ce serait plutôt toi qui en aurais envie, dis-moi si je me trompe !!
- Hum !!
Les lèvres de Mathis viennent se poser sur celles de Damien pour un bref bisou, le grand blond se relevant ensuite pour se diriger vers ce qui semble être la salle de bains.
- Je ne suis pas contre, mais pas avant une bonne douche !!
- Je peux venir te frotter le dos ??
- Juste le dos ??
- Tout ce que tu voudras en fait !!
Mathis ne peut s’empêcher de sourire, devant la moue de petit garçon faisant son timide qu’il a sous les yeux.
- Tu me toucherais le « kiki » aussi ??
- Oh oui !! J’aimerais bien !! Tu crois qu’il sera tout raide ??
Mathis ne résiste pas à l’envie de rire qui le prend, faisant tomber ses vêtements un à un devant les yeux de son compagnon, qui admire visiblement avec convoitise chaque morceau de chair révélé à sa vue.
Le grand blond se retourne pour ôter son boxer, dévoilant ainsi une magnifique paire de fesses bien ronde et charnue, s’empressant ensuite d’entrer dans la salle de bains en sachant qu’il y sera très vite rejoint.
- Bouge-toi si tu veux t’en occuper, il ne demande que ça en plus !!
Damien ne se le fait pas répéter deux fois, il saute du lit en envoyant ses habits valser dans la pièce et c’est bandé comme un âne qu’il fonce rejoindre son amoureux, avec la ferme intention de mêler l’utile à l’agréable.
La douche prise en commun n’est qu’un prétexte pour se caresser le corps, faisant monter l’envie de faire l’amour à un point tellement fort qu’ils n’y résistent bientôt plus et qu’ils se retrouvent étendus sur le sol avec chacun en bouche et tétant comme des enfants un biberon somme toute des plus délicieux.
Les mains viennent vite se joindre à la partie, malaxant fiévreusement à l’envi tous les endroits du corps se tenant à portée et terminant leurs explorations quand l’excitation est à son comble, par une intromission simultanée de deux doigts inquisiteurs qui n’attendait que ce moment divin.
L’orgasme qui les embrase alors leur secouant les reins dans un double gémissement libérateur.
***/***
« Un peu plus tard. »
Il leur faut quelques dizaines de secondes pour se remettre, retournant ensuite rapidement sous la douche avant de se sécher et d’aller continuer à se câliner sur le lit jusqu’à ce qu’ils sombrent dans un sommeil réparateur, la journée ayant été suffisamment éprouvante pour qu’ils en ressentent le besoin.
***/***
De leur côté, Thomas et Florian éprouvant le besoin de prendre l’air, se baladent en amoureux dans les jardins du palais impérial.
Ils sont très vite rejoints par Masako suivit de son époux, voulant partager avec eux ces instants magiques où tous leurs sens sont appelés à l’émerveillement devant les compositions végétales de ce petit paradis préservé au milieu de cette ruche humaine.
Naruhito apprend ainsi à mieux connaître les deux garçons, comprenant l’attachement qu’a pour eux son épouse rien que par la beauté mais aussi la gentillesse qui émane d’eux naturellement et c’est un véritable attachement qui le lie bientôt à eux, quand ils terminent leur promenade improvisée.
- Je ne saurais jamais vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour notre famille, mon père a retrouvé le goût des choses simples de la vie et son bonheur se ressent sur nous tous, nous avions perdu ce naturel qui est le vôtre de parler aux gens avec le cœur.
- C’est vrai que je vous trouvais un peu coincés tous autant que vous êtes ! Hi ! Hi !
- (Masako) Ce qui n’est à l’évidence pas ton cas !!
- Heureusement que non ma « Koko », pour moi tous les gens sont kif-kif bourricot et je n’ai jamais vraiment compris pourquoi il y en a certains qui se croient au-dessus des autres, pourtant aux toilettes nous faisons tous la même grimace !! Remarque, c’est sûrement plus facile pour vous ! Hi ! Hi !
Naruhito intrigué.
- Et pourquoi donc ??
- (Masako) Oups !! Tu n’aurais pas dû lui poser ce genre de question, d’autant plus qu’il n’attendait que ça !!
- Je suis bien curieux d’entendre sa réponse !!
Florian mime alors de la plus belle des façons sa théorie sur la question, faisant une grimace très explicite qui lui plisse les yeux en amande.
- Les vôtres sont déjà comme ça au naturel ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 123 (Japon) (Samedi soir) (Gros câlin et conséquences)
Le repas du soir s’est déroulé sans le protocole habituel qui de toute façon n’aurait pas été respecté par Florian, Akihito rayonnant visiblement d’un plaisir qu’il n’avait plus connu depuis bien longtemps.
« Traduit de l’anglais pour une meilleure compréhension. »
- (Masako) Tu devrais venir plus souvent Florian !! Cette soirée restera marquée dans ma mémoire, c’est la deuxième fois que je vois mon cher beau-père aussi heureux !! La première étant la soirée que nous avons passée ensemble à la guérison d’Aiko.
- Je ferais tout mon possible pour ça, j’aime beaucoup être ici.
- (Akihito) Tu es ici chez toi, ma maison te sera toujours ouverte tu le sais bien !! Bien sûr l’invitation va aussi pour tes amis.
Akihito sourit avant de reprendre la parole, en regardant Mathis et Damien.
- Il faudra juste que je fasse insonoriser quelques pièces, d’étranges bruits venant de l’aile des invités m’ont été rapportés par la domesticité.
La rougeur subite du visage de mes deux copains me fait comprendre l’allusion.
- Excellente idée ! Hi ! Hi ! J’imagine que l’on ne parle pas de ronflements !!
- (Thomas) Merci de nous prévenir parce que j’en connais un qui ne fait pas forcément dans la discrétion, lui non plus !!
- (Akihito) Au moins personne ne nie les faits !!
- Bah !! Il n’y a pas de mal à se faire du bien !!
- (Damien) Tu devrais peut-être les prévenir des conséquences quand tu t’extériorises un peu trop ??
- (Masako) Comment ça ?? Quelles conséquences ??
- Disons pour faire court que nos câlins entraînent ceux qui les entendent à en faire autant, ça peut amener à des situations imprévues.
- (Mathis) Comme par exemple donner naissance à toute une génération dans la ménagerie d’un cirque !! Au plus grand bonheur du directeur soit dit en passant !!
Il faut alors expliquer toute l’histoire, ce qui bien sûr ne manque pas d’attiser la curiosité sur les raisons d’un tel comportement sur des animaux n’éprouvant leurs besoins de reproduction pour la plupart qu’à des périodes normalement bien définies, mais surtout en liberté.
Akihito tout comme Masako et son époux, écoutent avec attention et incrédulité ce qui pour eux semble incroyable, découvrant avec ahurissement une des particularités exceptionnelles de leur jeune ami.
- (Akihito) Tout ceci me semble incroyable, ne serait-ce le fait que je sens bien la vérité dans vos paroles et que disons…certains bruits circulaient déjà sur ta personne.
- Il y aura toujours des gens qui voudront faire croire qu’ils en savent plus que d’autres sur moi, moi-même ne comprenant pas pourquoi je suis capable de faire toutes ces choses et ma seule explication à tous ces « dons » que je me découvre depuis quelques années, seraient que j’ai été comme qui dirait « imprégné » par ce que j’appellerais des « entités » extra-terrestres faute d’autre dénomination. J’ai été soigné par l’un d’eux à une époque où je n’étais alors qu’un bébé, nul doute que ses « soins » ont été beaucoup plus loin que de remettre simplement en état un corps fortement endommagé. J’ai la conviction qu’il s’est ensuivi une modification radicale de mon ADN, ce qui a eu pour conséquence d’accélérer en moi une évolution qui j’en suis quasiment certain, finira par modifier l’ensemble de l’humanité. Je ne suis qu’un précurseur en quelque sorte de ce que deviendra l’être humain dans le futur.
- (Thomas) Je ne crois pas trop à cette théorie, elle n’explique absolument pas l’expérience que nous avons vécue dans l’autre réalité.
Il s’aperçoit alors en avoir trop dit devant le visage ahuri de leurs hôtes qui me regardent les yeux ronds, ce qui pour des Asiatiques avouons-le n’est pas chose aisée.
Je pousse un long soupir, comprenant qu’une fois de plus il va me falloir reprendre toute l’histoire à zéro et mettre de ce fait de nouvelles personnes dans la confidence, c’est donc en m’installant le plus confortablement possible que je commence mes explications.
***/***
« En milieu de nuit, chambre de Florian et de Thomas »
- Tu ne dors pas ??
- (Thomas) J’ai beau connaître toute l’histoire, à chaque fois que je la réentends ça me fait toujours pareil !!
- Comment ça ??
- C’est comme si j’y avais moi aussi un rôle, tu comprends ??
- Bien sûr que tu en as un !!
- Je sais à quoi tu penses et je ne parlais pas de ça !!
- De quoi alors ??
- Rappelle-toi une fois, quand je t’ai dit que je faisais d’étranges rêves ??
- Ceux où tu étais fâché contre moi ??
- Ceux-là, oui !! Je me suis réveillé en sueur cette nuit-là, c’est comme si je revivais quelque chose que j’avais déjà vécu.
- Les rêves ne s’expliquent pas toujours forcément, il ne faut pas y voir là une quelconque prémonition ou pire encore un vécu dont on a perdu la mémoire.
- C’est là le problème « Flo » !! Plus j’y pense et plus j’ai la conviction que ce n’était pas un rêve, mais une réminiscence d’un passé que j’aurais vécu !! Le hic dans tout ça, c’est l’impossibilité d’une telle situation !!
- Du moment que tu n’y es plus !!
- De quoi parles-tu ?
- Et bien fâché contre moi, pardi !!
CHAPITRE 124 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Benjamin) (Le retour)
« Retour en arrière, au soir de l’échange. »
Il faut plusieurs minutes à Antonin et à Taha pour comprendre que non seulement Thomas avait retrouvé sa réalité en impliquant le retour de Benjamin, mais aussi que le corps de Florian n’est plus habité par lui mais par une entité autant surprise qu’eux d’en être arrivée là.
- (Antonin) Je suis content pour toi « Ben’j », mais que va-t-il se passer pour le corps de Florian ??
- (L’entité) Je devrais vivre avec je pense, l’enveloppe me servant de support physique étant restée dans l’autre réalité.
Antonin fait un signe à Taha, celui-ci comprend où il veut en venir.
- Le dieu dans ma tête a disparu, je ne pense pas qu’il soit retourné à la clairière des pierres du ciel.
- (Benjamin) De quoi parle-t-il ??
- (Antonin) Une entité avait investi l’esprit de Taha pour vérifier que Florian était bien celui qu’ils attendaient, il devait communiquer la réponse à ses frères par le biais de son jeune frère Akim qui lui, est resté auprès des autres entités.
- (Benjamin) Oui et alors ??
- (Antonin) Florian a voulu en savoir plus en fouillant dans la mémoire de l’entité, celle-ci a alors mystérieusement disparu de l’esprit de Taha qui depuis ne pouvait plus contacter Akim !! Quelque chose n’a pas tourné comme Florian l’espérait, d’après lui l’entité aurait préféré se sacrifier pour ne pas divulguer ce qu’elle savait.
- (Benjamin) Une sorte de suicide ??
- (Antonin) C’est l’idée qu’en a eue Florian à l’époque, mais nous ne sommes sûrs de rien en fait !!
- (L’entité) Je pense en effet que mon frère s’est sacrifié !! Son enveloppe physique serait donc restée auprès de mes autres frères ??
- (Taha) La pierre du ciel l’attendait là-bas pour qu’il y retourne dès mon retour.
- (Benjamin) En faisant ça, qu’adviendra-t-il du corps de Florian ??
- (L’entité) Ce corps mourra comme il aurait dû le faire si l’âme errante n’était pas entrée en lui !!
- (Antonin) Je ne pense pas que sa famille ni nos amis, ne soient prêts à accepter cette solution !!
- (Benjamin) Ils s’apercevront vite que ce n’est plus Florian, ne serait-ce qu’à cause des souvenirs qui seront perdus.
- (L’entité) Ceux de cette réalité j’en conviens !! Par contre ayant vécu durant presque toute son existence avec lui là où je viens, la chose est réalisable.
- (Taha) Ce serait tromper tout le monde ??
- (Antonin) Tu as raison, le mieux est encore de dire la vérité et nous verrons ensuite ce qui sera le mieux à faire.
- (L’entité) Pour ma part, je suis entièrement d’accord pour cette solution !! Je n’apporterai rien de plus à ce corps et mes frères auront besoin de mes réponses aux questions qu’ils se posent.
- (Benjamin) Retournons rejoindre les autres, il se fait tard et je pense que la nuit ne fait que commencer pour nous !! J’imagine bien toutes les questions qui vont nous tomber dessus dès qu’ils vont me reconnaître !!
- (Antonin) Je pense sincèrement qu’ils seront tous contents de te revoir, surtout ta famille et si Thomas commençait à bien être accepté de tout le monde, je sentais quand même une certaine tristesse de la part des tiens de t’avoir perdu. Maintenant tu risques aussi d’avoir une énorme surprise, des choses que Florian a faites alors que tu étais déjà parti ont changé l’ordre établi.
- (Benjamin) Comment ça, explique-toi ??
- (Antonin) Je préfère te laisser la surprise ! Hi ! Hi ! Sache juste que comme il l’a fait pour toi, Florian a cherché à tout prix à réparer les erreurs de « l’autre ».
- (Benjamin) Ça veut dire quoi ??
- (Antonin) Juste qu’il a été jusqu’au bout du but qu’il s’était donné, en découvrant par là même un nouveau « don » qui en a étonné plus d'un !!
C’est donc avec un Benjamin la curiosité mise en exergue, qu’ils parcourent la petite centaine de mètres qui les séparent des mobil homes où les attendent leurs amis.
***/***
Chloé est la première à les apercevoir au loin, alertant le reste du groupe de leur retour.
- Les voilà qui revienne, vous voyez bien qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter !!
- (Yuan) Dis plutôt que c’est toi qui t’inquiétais ma grande ! Hi ! Hi !
Léa sort du mobil home et rejoint sa copine en plissant les yeux pour mieux voir les quatre garçons qui maintenant sont assez proches, pour qu’elle pousse un cri d’étonnement qui fait sursauter ceux qui sont près d’elle.
- « Ben’j » !!! C’est « Ben’j » !!! Il est revenu !!
Éric sort à son tour suivi de Raphaël et de Mathis, ce dernier le visage décomposé par le cri mais surtout par les paroles de sa sœur.
Son regard se pose directement sur le grand blond qui arrive vers eux, son estomac se nouant à l’idée de retrouver enfin celui qu’il croyait perdu à jamais et bien sûr ne se rend absolument pas compte de l’effet pour Benjamin de retrouver son ami d’enfance vivant, celui qu’il considérait comme un frère en apprenant depuis que c’était en fait le cas.
L’un pensant que l’autre était mort tandis que l’autre le croyait perdu à jamais dans la réalité de Thomas, les pensées des deux garçons revivant l’espace d’un instant leurs rires et les joies venant directement de la mémoire intacte d’une jeunesse heureuse, d’un temps lointain maintenant où ils ne pouvaient que difficilement se passer l’un de l’autre.
Il va sans dire que l’instant présent les met tous deux dans une émotion sans borne, se jetant dans les bras du frère retrouvé avec les larmes d’une joie sans pareille inondant leur visage.
Il leur faut quelques longues minutes avant de retrouver assez d’esprit pour que les langues se délient, s’abreuvant l’un à l’autre de questions sur ce qu’il était devenu en prenant la place de Thomas pour l’un et de savoir comment il a pu revenir à la vie pour l’autre.
Benjamin s’apercevant alors soudainement que Mathis avait des souvenirs de lui ses sept dernières années alors que lui n’en avait aucuns, pas même des quelques jours de lucidité après sa guérison qu’il sait maintenant miraculeuse et ce du fait de l’excursion temporelle de Florian pour éviter le suicide de Mathis alors que lui-même était déjà transféré dans l’autre réalité.
Excursion que lui n’avait pu connaître, n’étant plus dans cette réalité mais remplacer par Thomas au moment des faits, ce qui lui amène un fort trouble en se rendant compte qu’il n’était plus vraiment le même que celui qui était parti.
CHAPITRE 125 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Benjamin) (L’amour dévoilé)
« Quelques jours plus tard, une fois de retour à Aix en Provence. »
Tout commence tranquillement à rentrer dans l’ordre des choses, Benjamin retrouvant sa famille biologique qu’il a appris à aimer autant que celle hélas disparue qui était la sienne officielle.
L’entité dans le corps de ce qui était Florian étant repartie pour Paris, où des explications lui seront demandées sur ce qu’il est et la raison de sa quête, avant de mettre en place le subterfuge du décès officiel de celui-ci décidé après l’accord de toutes les parties.
Le jeune Akim fera donc une brève visite en France, pour ramener la pierre servant d’habitacle à cet extra-terrestre dont le gouvernement doit bien accepter l’existence comme une réalité et ce malgré la réticence bien naturelle à croire qu’une autre espèce quelque part dans l’espace ait pu croître et prospérer bien avant la nôtre.
C’est donc juste après le petit-déjeuner ce matin-là, qu’un simple coup de sonnette va changer le destin de Benjamin dans un sens pour le moins aussi surprenant qu’inattendu, autant pour lui que pour sa famille.
Nathalie visiblement surprise de recevoir une visite aussi tôt, se lève pour aller ouvrir et son visage devient subitement blanc comme un linge quand elle reconnaît la personne qui traverse le petit jardin pour se présenter à elle.
En effet le jeune homme ne lui est pas inconnu, l’ayant plusieurs fois aperçu au centre psychiatrique où Benjamin a passé ces sept dernières années et maintenant qu’il se présente devant elle, elle peut le regarder plus en détail sans toutefois s’empêcher de penser qu’il faisait partie de ceux que Maurice a fait incarcérer, suite aux tristes événements qui leur ont permis de reprendre leur fils chez eux quelques semaines avant sa majorité.
Vingt-cinq ans environ pour un mètre quatre-vingt, musclé ferme et le visage somme toute agréable, loin de l’idée qu’elle se faisait d’un pervers sexuel.
Pervers qui avec quelques autres, a profité de Benjamin et de son physique pour le moins avantageux, alors qu’il n’avait pas toute sa raison.
C’est donc et on peut bien le comprendre, d’une voix sèche marquant sa colère de se retrouver face à face avec lui, qu’elle lui adresse la parole.
- Vous avez un certain culot de venir vous présenter chez nous, après ce que vous avez fait subir à mon fils !!
Le jeune homme sursaute, visiblement surpris de cette agression verbale.
- Vous faites erreur madame !! J’ai été blanchi de ces accusations pour ne pas y avoir participé, sinon pour quelles raisons serais-je libre alors que les autres attendent l’heure de leur jugement en prison ??
- (Nathalie) Blanchi par qui donc ??
- C’est une de vos connaissances, un certain Florian De Bierne !! Il a apparemment témoigné en ma faveur auprès des autorités judiciaires, ce qui m’a permis de m’expliquer auprès de ces mêmes autorités et de pouvoir donner ma version des faits sur les raisons toutes professionnelles, honnêtes et amicales, de mes visites ainsi que la justification du temps passé auprès de Benjamin
- Florian ?? Que vient-il faire là-dedans ??
- Je n’en sais strictement rien madame !! Le fait est pourtant que c’est grâce à son intervention que j’ai pu me sortir de ces accusations de viols, j’ignore totalement quelles sont les éléments qu’il a donnés pour que je sois relâché et innocenté, mais ça a bien été le cas heureusement pour moi !! J’ai repris depuis mon emploi au centre et ça fait déjà plusieurs jours que j’hésitais à venir aux nouvelles sur la santé de Benjamin, j’étais très attaché à votre fils peut-être du fait de son âge assez proche du mien.
- (Nathalie) Très attaché dites-vous ?? Alors pourquoi avoir laissé faire vos collègues et ne pas les avoir dénoncés ??
- Je n’étais absolument pas au courant de ce qu’ils faisaient subir à Benjamin, je vous assure !! D’ailleurs rien n’aurait pu me faire penser à une chose pareille, votre fils n’avait aucune séquelle tant physique que morale qui aurait pu m’amener un quelconque doute sur une maltraitance de la part de mes collègues.
- Même pas la pancarte qui signalait que quelqu’un était dans le patio ??
- Même pas, non !! J’utilisais moi-même ce moyen pour prévenir que Benjamin n’était pas seul, comment aurais-je pu imaginer à quoi d’autre ça pouvait servir.
Nathalie quelque peu rassurée.
- Mais vous ?? Pourquoi passiez-vous tout ce temps avec mon fils ?? Cela ne faisait pourtant pas partie de votre travail ??
Le garçon semble chercher ses mots, visiblement gêné par la question.
- Heu !! Comme je vous le disais, j’étais très attaché à Benjamin et je sentais qu’il était heureux lui aussi quand je me trouvais à ses côtés, c’était aussi pour moi une façon agréable de passer mes temps de pause. La tranquillité du patio et les sourires de Benjamin étaient une source de paix, cela m’aidait beaucoup ensuite pour reprendre plus sereinement mon travail avec les autres résidents !! Vous comprenez ??
- Vous me semblez sincère dans vos paroles, alors je veux bien vous croire !! Je tiens à vous prévenir que Benjamin a beaucoup changé depuis sa sortie du centre, je tenais à vous en avertir de façon à ce que vous ne soyez pas trop surpris.
Le jeune homme fixe Nathalie en fronçant les sourcils, visiblement soucieux.
- Son état s’est-il dégradé depuis sa sortie ??
- (Nathalie) Tout au contraire !! Mais nous ne nous sommes pas présentés, je suis Nathalie la mère de Benjamin.
- Enchanté madame, moi c’est….
Mathis, resté dans l’ombre de la porte à écouter depuis un moment la conversation et à observer avec attention le garçon, se souvient d’une discussion d’avec Benjamin qu’ils ont eu le lendemain soir de son retour.
Un grand sourire de compréhension soudaine illumine son visage jusque-là plutôt renfrogné de la présence de leur visiteur, pour apparaître d’un bond devant eux en les faisant légèrement sursauter de surprise.
- Olivier !!.... C’est bien ton prénom ??
CHAPITRE 126 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Benjamin) (L’amour dévoilé) (suite)
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« Flash-back. »
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« Un soir quelques jours plus tôt, dans la chambre de Benjamin. »
Mathis est assis sur le lit face à son frère, conversant avec lui sur les souvenirs qu’il a de leur enfance et retrouvant avec plaisir celui qui déjà tout jeune représentait la quintessence de ce qu’était pour lui un ami.
De fil en aiguille ils en sont venus à des confidences d’ordre plus intime, Mathis dévoilant la façon inattendue par laquelle il est tombé amoureux lors de ses dernières vacances et comment ils comptaient bien se revoir souvent, le frère de son amoureux s’étant également épris de Léa qui tout comme lui avec son Kevin n’a plus que son Dylan en tête.
Mathis en est venu ensuite à questionner Benjamin sur son parcours amoureux, se doutant bien qu’il devait être au mieux très récent au vu de ces sept années d’enfermement et ne voulant pas revenir sur la sinistre expérience qu’il a pu avoir là-bas, il s’arrange donc pour poser la question sur des moments plus récents de sa vie.
- Tu as connu quelqu’un pendant que tu étais dans l’autre réalité ?
- Comment ça quelqu’un ??
- Un petit copain ??
- Pas vraiment ! Hi ! Hi !
- Qu’est ce qui te fait rire ??
- Et bien en fait, on a voulu essayer avec Antonin !! Celui de là-bas, pas celui que tu connais !!
- Et ??
- Ça a été la plus grosse partie de rigolade que j’ai connue ! Hi ! Hi !
- Personne alors ??
- Personne, non !!
Mathis hésite un bref moment, mais sa curiosité est bien trop grande pour s’arrêter en si bon chemin.
- Et ici ??
- Tu le saurais puisque tu m’as dit avoir été avec moi tout le temps depuis ma sortie du centre !!
- C’est ouf quand même que tu ne t’en souviens pas ??
- Tu sais bien que nous n’avons pas les mêmes souvenirs depuis que Florian a été dans le passé pour t’empêcher de commettre l’irréparable !!
- J’ai du mal à me faire à cette idée !! Donc pour en revenir à ma question, tu es encore puceau ??
- Heu !! Pas vraiment, non !!
Mathis voit bien le visage de son « petit » frère s’assombrir, il se reprend aussitôt pour reformuler sa question.
- Je ne parlais pas de ça, tu le sais bien !! D’ailleurs tu ne t’en souviens pas toi non plus, alors c’est comme si ça n’avait pas existé !!
- Tu as raison, il vaut mieux oublier cette partie-là de ma vie !! C’est d’ailleurs quasiment la vérité quand tu dis que je ne me souviens de rien !!
- Comment ça quasiment ??
- Il y avait bien quelqu’un avec qui je me sentais bien quand il était près de moi, la nuit quelques fois je me réveille en ayant son visage en tête.
- Un de tes violeurs ??
- Non !! Absolument pas !! Olivier ne m’a jamais rien fait contre ma volonté, il me prenait juste la main en me regardant dans les yeux et il me parlait d’une voix douce, qui me berçait en me rendant heureux.
- C’est la première fois que je t’entends prononcer ce prénom ??
- C’est bizarre, mais ça vient juste de me revenir et pourtant ça fait un moment que je cherchais dans ma tête à m’en souvenir !!
- Alors comme ça, il ne t’a pas touché celui-là ?? Juste te prendre la main, les yeux dans les yeux à te parler ??
- C’est ce que je viens de te dire, non ?? À quoi veux-tu en venir avec tes questions ??
Mathis sourit avec une petite pointe d’ironie, que ne manque pas de remarquer Benjamin.
- Ça veut dire quoi ce sourire ??
- Juste que c’est bizarre quand même, je suis quasiment sûr qu’il devait être amoureux de toi et…
- Pfft !! N’importe quoi !!
- Laisse-moi finir au moins ma phrase, tu veux bien !! Je disais donc qu’il devait très certainement être amoureux de toi et je pense que ça devait être réciproque pour que tu te souviennes de lui, alors que tu ne te souviens de rien d’autre !!
- Je me souviens aussi des visites de nos parents et de Léa, du moins j’ai des images dans ma tête de ces moments-là !!
- Ça n’enlève rien à ce que je disais sur ton fameux Olivier !! Au contraire je dirais même !! Tu n’as gardé de ces sept ans que des images des gens que tu aimais, j’en conclus donc que tu éprouvais toi aussi quelque chose pour ce garçon !! Bien sûr à cette époque tu ne t’en rendais pas compte, c’est juste parce que ton esprit était déconnecté de ta conscience.
- Et bien !! Tu m’en diras tant !!
- (Mathis) J’irai même plus loin jusqu’à prétendre que si tu n’es toujours pas tombé amoureux depuis ta sortie du centre, c’est juste parce que ton cœur était déjà pris sans que tu t’en rendes compte.
- Houlà !! Dites docteur Freud ?? Elle va me coûter combien cette psychanalyse ?? Pour ma part, je dirais juste que si je ne suis pas avec quelqu’un c’est tout simplement parce que je n’ai encore pas trouvé la bonne personne !! Il me semble avoir un « grand » frère plus âgé que moi qui vient juste de se déniaiser ! Hi ! Hi ! Alors dis-toi que c’est peut-être juste de famille !!
CHAPITRE 127 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Benjamin) (L’amour dévoilé) (fin)
« Retour au moment présent. »
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- Olivier !!.... C’est bien ton prénom ??
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L’arrivée sans prévenir tout comme les paroles de Mathis, laisse perplexe sa mère ainsi que son visiteur, qui maintenant le regarde avec des yeux exorbités.
- Benjamin ?? Mais !! Ce n’est pas possible !!
Nathalie comprend bien le quiproquo, ce qui lui déclenche plusieurs choses qui vont très certainement changer l’idée qu’elle se faisait de ce garçon.
Déjà son visage ahuri qui libère sans voile l’espace d’un instant ses vraies émotions, donnant la conviction à Nathalie que des sentiments très forts sont la cause essentielle de cette étonnante visite.
Ensuite l’erreur manifeste sur la personne de Mathis qui après quelques secondes d’étonnement bien compréhensible, lui fait revenir sur ses paroles avec une conviction qui démontre une fois encore ce que représente Benjamin pour Olivier et qui comme tout le monde au premier contact visuel d’un des deux frères, n’auraient pas pu faire la différence aussi rapidement sauf si un lien puissant même inconscient ne les unissait pas.
- (Olivier) Tu n’es pas Benjamin !!
Mathis jette un regard à sa mère, surpris lui aussi que l’erreur sur la personne ait été détectée aussi rapidement.
- (Nathalie) Mathis est le frère aîné de Benjamin, ils se ressemblent beaucoup et très peu de gens peuvent faire la différence aussi rapidement que vous venez de le faire jeune homme.
- (Olivier) C’est que j’étais très proche comme je vous l’ai dit de votre fils, l’instant d’étonnement passé j’ai tout de suite vu les différences et puis de toute façon vu l’état de Benjamin, ce ne pouvait à l’évidence pas être lui.
- (Mathis) C’est vrai, j’oubliais que mon frère n’était qu’un légume !! C’est bien ça, pas vrai ??
- (Olivier) Je suis sûr qu’il y avait quelque chose dans son esprit qui était toujours raccordée au présent, j’ai passé des heures et des heures à lui parler vous savez, en espérant qu’il en sorte quelque chose.
- (Mathis) Et ??
- (Olivier) Je suis certain qu’il savait faire la différence quand c’était moi qui étais près de lui, comme je voyais bien son visage plus épanoui qu’à l’ordinaire quand il recevait la visite de sa famille.
- (Mathis) Bizarre alors que tu ne m’aies jamais vu, je ne manquais jamais les visites quand mes parents ou ma mère allaient le voir.
- (Olivier) Je travaillais à l’opposé de la salle où elles se déroulaient, de plus nous n’étions pas autorisés à converser avec les familles.
Nathalie repense soudainement aux paroles de Mathis, quand il a répondu à la place du jeune homme.
- Comment tu pouvais connaître son prénom ??
- (Mathis) Parce que tout simplement Benjamin m’en a parlé dernièrement, il se rappelle bien de certaines choses de son séjour au centre comme le prétend Olivier et je pense qu’il avait vu juste sur le fait que son esprit était bien conscient, surtout en contact des personnes vers lesquelles il éprouvait des sentiments très fort. Je sais aussi que tu n’as pas participé aux viols de Benjamin, il m’a raconté comment tu t’asseyais près de lui en lui tenant la main et en lui parlant pendant des heures, ses souvenirs reviennent lentement depuis qu’il a été guéri par Florian.
Olivier sent son cœur qui d’un coup tambourine dans sa poitrine, les paroles de Mathis lui faisant espérer soudainement l’impossible.
- Comment ça, guéri ??
Nathalie reprend vite la parole pour éviter que Mathis révèle des choses qu’ils ont promis de taire, même si celui que tous appellent Florian est reparti dans sa réalité et qu’ils ont compris et accepté que son corps d’emprunt repose en paix, malgré la souffrance qu’ils ressentent tous à cette décision issue d’un consensus commun.
- Une opération très risquée qui heureusement a été un franc succès !! Mon fils Benjamin n’a pas retrouvé la mémoire de ces sept années, du moins c’est ce que je pensais jusqu’à aujourd’hui !! Il réapprend petit à petit à rattraper son retard tant scolaire que celui lié à son âge réel, il a déjà réalisé beaucoup de progrès.
- (Mathis) Je pense que tu souhaites voir ça par toi-même ??
Olivier hésite.
- Je ne sais pas si je dois !!
- (Mathis) C’était bien le but de ta visite pourtant ??
- (Olivier) Oui mais j’ai peur de sa réaction !! J’aimerais tellement garder l’image que j’avais de lui, vous comprenez ??
- (Mathis) Tu as peur que ses sentiments ne reflètent pas les tiens maintenant qu’il peut s’exprimer, c’est bien ça ??
- (Olivier) Je…oui…c’est ça, enfin je crois !!
- (Mathis) Pourtant lui se rappelle de toi en particulier, peut-être faut-il y voir un signe qu’il n’était pas indifférent à ta présence.
- (Nathalie) Vous devriez entrer pour lui parler, c’est la seule façon pour vous d’en avoir le cœur net !! Je pense sincèrement que c’est la meilleure chose à faire, ne serait-ce tout simplement pour ne pas que vous vous posiez la question de ce que ça aurait pu être si le lien que vous ressentiez envers mon fils était réciproque.
Le trouble d’Olivier en dit long sur ses hésitations mais aussi sur la peine qu’il ressentirait à, sinon être rejeté, du moins ne plus connaître cet apaisement que lui apportait la présence quotidienne de Benjamin et qui lui manque cruellement depuis ces dernières semaines.
Il n’aura pas à se torturer plus longtemps sur la décision à prendre, car c’est Benjamin qui la prendra à la plus grande surprise de tous.
Curieux de l’absence prolongée de sa mère et de son frère, il décide lui aussi d’aller voir ce qu’il en est de ce visiteur qui met bien du temps à repartir.
Lui aussi comme quelques minutes plus tôt son frère, se positionne de façon à entendre sans être vu et il reconnaît immédiatement le garçon visiblement troublé en pleine conversation avec Mathis, entendant tout des dernières paroles qui lui amènent les mêmes émotions que celles qu’il peut discerner dans la voix d’Olivier.
Benjamin comprend alors que Mathis avait vu juste, que quelque part s’il ne cherchait pas aventure c’était tout simplement parce que son cœur était déjà pris et que l’heureux élu à sa plus grande surprise, se trouve à quelques pas de lui.
Il respire alors un grand coup, son visage s’illuminant d’une étrange douceur et Benjamin fait les quelques pas qui le séparent encore du jeune homme, n’attendant pas qu’il réagisse à sa présence pour lui prendre doucement la main et l’emmener ensuite jusqu’au canapé du salon, où il s’assoit avec Olivier à ses côtés.
- Parle-moi s’il te plaît !! Ne plus entendre ta voix m’a tellement manqué !!
CHAPITRE 128 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Damien) (Coïncidence ou destin ?)
« Un mercredi en début d’après-midi. »
Comme convenu avec son fils pendant le week-end précédent, Victor part pour Reims sitôt le déjeuner terminé en l’emmenant avec lui pour qu’il puisse retrouver son ancien camarade de classe qui semble l’avoir fortement marqué.
Chacun dans ses pensées, le silence du trajet ne laisse entendre en fond sonore que le ronronnement du moteur et ce n’est qu’après le dernier péage, que le père et le fils décident de l’interrompre.
- (Victor) J’espère que ton copain sera là !! Parce que je ne compte pas m’attarder longtemps chez les Viala tu sais !!
- (Jonas) Dis-moi p’pa !! C’est quoi cette mission qui te rend si bizarre depuis quelque temps ? Et en quoi concerne-t-elle la famille de Damien ?
Victor hésite à dévoiler même à son propre fils les raisons qui l’ont poussé à faire le déplacement, il décide finalement d’en dire le moins possible sans pour autant mentir à Jonas.
- Nous protégeons quelqu’un qui devra vivre à Reims pendant quelque temps, les Viala sont la famille que nous avons contactée pour diverses raisons que je ne peux te révéler afin qu’ils l’hébergent chez eux.
- Une sacrée coïncidence tu ne trouves pas ?
Victor qui en sait un peu plus que son fils sur toute l’histoire, se contente de sourire à celui-ci en lui répondant.
- Peut-être un jour quand je serai autorisé à t’en dire plus, tu comprendras que cette journée était… disons…prédestinée !!
- Te voilà bien mystérieux p’pa ?
- Je suis lié par mon travail, essaye de le comprendre !! Le principal n’est-il pas que ton envie de retrouver ton copain, soit commune avec ma mission de visiter sa famille ?
Victor voit bien l’inquiétude marquer soudainement le visage de son fils.
- Quelque chose ne va pas comme tu voudrais on dirait ?
- Ce n’est pas ça p’pa !! Juste que je me demande si Damien se rappellera de moi, nous n’étions pas dans la même classe et en plus nous ne nous fréquentions pas vraiment, juste quelques paroles de temps à autre.
- Ça t’a suffi pourtant pour éprouver des sentiments envers lui ?
- Pas forcément réciproques !!
- Si tu es venu avec moi, c’est bien pour t’en assurer, pas vrai ?
- Rends-toi compte que ça fait plus d’un an que je ne l’ai plus revu !! Il a dû passer à autre chose depuis, je ne sais pas moi !! Se faire de nouveaux amis en oubliant ceux qui sont restés, il a peut-être même déjà trouvé un nouveau copain !!
- Ou une copine !!
Jonas jette un œil rapide vers son père, visiblement amusé de sa répartie.
- Ça m’étonnerait beaucoup, il s’est fait repérer plus d’une fois à mater un autre gars de sa classe ! Hi ! Hi !
- Qui n’était pas forcément intéressé d’être plus qu’un ami pour lui !!
- (Jonas) Comment tu peux savoir ça ??
- Disons que je connais l’histoire, j’ai eu l’occasion d’avoir la version de Jean Baptiste.
- C’est « JB » le garçon qui doit vivre chez eux ?? Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt, quand tu nous as dit que c’était un de ceux du spot télé que tu étais chargé de surveiller !! Si j’avais su ça avant, je ne serais pas venu parce que je sais bien que je n’ai aucune chance contre lui !!
Victor entend bien la déception dans le timbre de la voix de son fils, il soupire alors un bon coup avant de prendre la décision d’en dire plus afin que Jonas comprenne qu’il garde toutes ses chances, si chance il y a de renouer avec celui qui semble l’avoir autant marqué.
- Jean Baptiste n’a jamais éprouvé rien d’autre que de l’amitié envers Damien Viala, pour la bonne raison qu’il avait déjà une autre personne en tête. Tu gardes donc toutes tes chances, j’espère juste que tu ne repartiras pas déçu après avoir revu ton copain !! Reconnais quand même qu’il te faudrait un sacré coup du destin pour qu’il en soit autrement, si ça tombe comme tu le disais juste avant, il ne se rappelle même plus de toi et j’ai bien peur de te conduire vers une grande désillusion, combien penses-tu avoir de chances qu’il éprouve la même chose que toi tu ressens à son égard ??
- Je le sais bien p’pa !! Mais au moins je pourrais passer à autre chose si c’était le cas et dans le cas contraire, j’aurais fait ce qu’il faut pour ne pas le perdre.
- Et bien !! Tu vas vite le savoir puisque nous arrivons !! J’espère juste que ce sera moins compliqué avec tes sœurs, qu’est-ce que tu ne me fais pas faire quand même !!
- Je t’aime p’pa !!
- Moi aussi fiston, c’est bien là la raison qui m’a poussé à t’emmener avec moi et à avoir l’impression de jouer les entremetteurs, comme l’a fait ton grand-oncle avec moi d’une certaine façon ! Hi ! Hi ! Mais c’était plus simple dans le temps !!
- Tu parles d’oncle Albert ??
- Lui-même !! Figure-toi qu’à mon époque, il était de tradition qu’une personne mâle se « dévoue » pour emmener découvrir les joies du sexe à un jeune garçon de la famille pour ses dix-huit ans et même souvent bien avant quand il le jugeait assez formé pour se faire. Il y avait des maisons pour ça où pour quelques billets, des filles de petite vertu déniaisaient volontiers les jeunes puceaux qu’on leur amenait.
- Ouah !! Je n’y crois pas !! Oncle Albert t’a emmené aux putes ??
- A ma plus grande joie, quoique tu m’aurais mis une olive dans le cul avant d’entrer dans la maison close et bien, il en serait sorti au moins un litre d’huile ! Hi ! Hi ! Première pression qui plus est, quitte à faire !!
Jonas rit de bon cœur avec son père.
- Dommage que les traditions se perdent !!
- Humm !! Pas sûr !! J’ai un peu l’impression de faire pareil avec toi sur ce coup-là !!
- Damien n’est pas une pute !!
- C’était une image !! Je sais bien que ton copain n’a rien à voir avec ça, juste que c’est la situation qui m’y a fait penser.
CHAPITRE 129 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Damien) (Connivence bien agréable)
« Au même moment, chez les Viala. »
Annie est en plein repassage car elle profite de son après-midi de libre, après-midi qu’elle a prise suite à la visite imprévue qu’elle attend de cet agent de la DST, un certain Victor Novak.
Celui-ci l’ayant appelée la veille, pour lui demander s’il pouvait passer pour mettre au point les derniers arrangements concernant l’hébergement éventuel du jeune De Bierne.
Comme elle l’a bien comprise, cette visite est surtout destinée à s’assurer des moyens à mettre en œuvre pour sa sécurité.
La curiosité bien naturelle du reste de la famille, a fait en sorte que miraculeusement tout le monde soit présent dans l’appartement et vaque à diverses occupations en attendant son arrivée.
Frédéric en profite pour ranger son bureau, terminant par la même occasion ses préparations de cours pour le prochain trimestre de fac.
Aurélien et Guillaume, discutent tranquillement dans la chambre de ce dernier de leurs recherches de conquêtes féminines, recherches qui en sont au stade du néant quasi absolu et qui les désolent au plus haut point, ne trouvant pas parmi leurs connaissances celles avec qui ils aimeraient passer le pas.
Damien quand il a compris qu’ils en avaient pour un moment, a préféré s’éclipser dans sa chambre car peu pour ne pas dire pas du tout intéressé par ce qui obnubile tellement ses frères.
Lui aussi fait un point sur sa vie sentimentale, reconnaissant volontiers que depuis qu’ils sont installés à Reims c’est plutôt Waterloo morne plaine et du coup repense aux quelques amis ou connaissances qui lui plaisaient de côtoyer à l’époque de sa vie parisienne.
La vue de Jean Baptiste dans ce spot télé qui passe en boucle depuis plusieurs jours, lui a remis la boule à l’estomac des sentiments qu’il éprouvait pour lui à cette époque et qui hélas n’étaient pas réciproques, refaisant du coup l’inventaire de ses différents coups de cœur qu’il avait pu avoir dans son lycée Parisien durant les deux années où il y était inscrit comme élève.
En seconde alors qu’il commençait sérieusement à regarder les garçons, il y a bien eu Gabriel et Arnault, qui le faisaient fantasmer au point de s’en masturber plusieurs fois chaque soir, deux garçons hyper mignons qui ne voyaient rien bien sûr de ses regards appuyés quand ils étaient dans la cour de récréation et qui passaient leur temps à faire les fanfarons devant les filles pour se rendre intéressants à leurs yeux, passant d’un groupe à l’autre sans jamais concrétiser à leurs plus grandes déceptions et au plus grand amusement de leurs copains.
En première il y a tout de suite eu Jean Baptiste, dès le premier jour où il est arrivé dans sa classe, Damien en a été fou au point de ne plus avoir que son visage en tête et ce n’est que quand il a compris qu’il ne serait jamais rien d’autre qu’un bon copain, que l’année se terminant, il s’est retrouvé à court de temps pour regarder autour de lui si un autre garçon pourrait l’intéresser.
Damien se rappelle pourtant d’un beau petit rouquin qui n’était encore qu’en seconde, il sourit en revoyant sa coupe de cheveux qui défrayait alors les qu’en-dira-t-on du bahut et ce dit que s’il avait eu un an ou deux de plus, il se serait très certainement rapproché de lui car en y réfléchissant un tant soit peu, il lui semble bien que le jeune rouquin lui tournât manifestement autour.
Damien se secoue en cherchant à se vider le crâne de toutes ces pensées qui de toute façon sont du passé, malgré tout rien que le fait de s’être remis tout ça en mémoire a suffisamment excité sa libido pour qu’il sourit malicieusement en sachant très bien comment vont se terminer les dix prochaines minutes.
La main droite s’assurant de sa bandaison en remettant l’objet dans une position plus confortable, il se dirige vers la porte pour mettre un tour de clé et va ensuite prendre une de ces revues coquines cachées dans le fond de l’armoire sous une pile de vêtements, s’installant enfin tranquillement avec un soupir de satisfaction sur son lit.
Pantalon et slip ont vite fait de se retrouver aux chevilles, alors qu’une main recherche fébrilement la photo du moment qui l’inspire et que l’autre entame les va-et-vient qui l’amèneront une fois de plus à prendre son plaisir en solitaire.
L’affaire étant très bien rodée, il ne lui faut que quelques minutes avant de ressentir les premiers picotements qui annoncent l’orgasme et d’envoyer dans les secondes qui suivent plusieurs longs jets de foutre odorant sur son ventre, ayant eu juste le temps de remonter son tee-shirt pour qu’il échappe à l’inondation.
Deux mouchoirs en papier plus tard et le voilà rhabillé et soulagé pour un temps, sachant très bien qu’il ne pourra s’empêcher d’en remettre une, voire deux couches avant de dormir ce soir.
Il en est là dans ses « occupations », quand la sonnerie de l’entrée se fait entendre.
- Juste à temps ! Hi ! Hi ! Voyons voir ce que nous allons apprendre sur ce Florian que nous ne sachions pas déjà !! J’avoue qu’il est plutôt beau mec et qu’il a l’air marrant en plus de ça, je kiffe bien les rouquins en fait !! Mais bon !! Arrête ton char « Dami », la roue est voilée !!
Il entend alors sa mère qui ouvre la porte en accueillant son visiteur, il se rapproche sans bruit de la porte en tendant l’oreille et écoute quelques secondes les présentations, une voix grave d’homme adulte répondant au bonjour de sa mère.
Quelle n’est pas sa surprise quand une voix visiblement nettement plus jeune en fait autant quelques secondes plus tard, la curiosité étant d’un coup beaucoup trop forte pour qu’il n’aille pas voir par lui-même ce qu’il en est.
Il a alors comme un bug devant la vision qu’il a du jeune garçon d’à peu près son âge qu’il découvre dans l’entrée, reconnaissant parfaitement le petit rouquin à sa coupe si spéciale, bien qu’il soit visiblement plus mature que la dernière fois où il l’a aperçu et auquel il pensait justement avec un certain regret juste avant, son prénom qu’il cherchait alors désespérément lui revient d’un coup.
- Jonas ??
- Salut Damien, ça baigne ??
- Heu… !!! Oui !! Mais qu’est-ce que tu fous là ??
Annie regarde son fils, visiblement surprise.
- Vous vous connaissez ??
- (Damien) On était dans le même lycée à Paris !!
Victor faisant l’innocent.
- Comme quoi le monde est petit !!
- (Annie) Tu peux emmener ton copain dans ta chambre ?? Nous avons à parler avec son père et je ne pense pas que la conversation t’intéresse plus que ça !!
Damien qui pourtant était resté à la maison spécialement pour l’entendre, ne pipe mot car son intérêt vient subitement de changer du tout au tout et c’est en souriant qu’il hoche la tête en signe d’acquiescement, montrant d’une main la porte restée ouverte de sa chambre.
- C’est par là !! Si je m’attendais à ça !!
Les deux garçons entrent donc dans la chambre, Damien refermant derrière eux et reporte ensuite son attention sur Jonas qu’il trouve encore plus canon que dans ses souvenirs, celui-ci reniflant l’odeur de la chambre en fronçant les sourcils.
- Ça sent bizarre dans ta chambre ??
- Heu !! Tu trouves ??
- Oui !! Ça sent le cul ! Hi ! Hi ! Tu faisais quoi avant que j’arrive ??
- Heu !! Joker !!
Le regard complice qu’ils se jettent alors tous les deux, révélerait à n’importe qui assistant à la scène que quelque chose se passe entre les deux garçons, une alchimie bien connue qui annonce un nouveau couple en formation.
Le reste de la visite ne se passera qu’en allusions à peine voilées et taquineries de la part de l’un tout comme de l’autre, jusqu’au départ de Jonas et de son père, avec la promesse de se revoir très vite.
CHAPITRE 130 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Antonin) (Le fils de substitution)
« Paris, appartement des De Bierne. »
Antonin a les yeux encore rouges d’avoir trop pleuré, pourtant la décision prise lors de la réunion de famille et d’amis de Florian, était sans aucun doute la seule à prendre.
L’entité gardant en vie le corps maintenant sans âme, ne se sentant ni l’envie, ni n’éprouvant le besoin de maintenir l’illusion alors que tous savent maintenant la vérité.
La décision unanime de mettre fin à ce qui sinon passerait pour une sinistre mascarade, n’a pas manqué de marquer les traits des personnes y ayant pris part, d’une forte émotion et c’est donc enfermé dans sa chambre, qu’Antonin pleure une dernière fois son ami reparti rejoindre sa réalité.
Bien sûr ce n’est pas comme s’il était vraiment mort, quoiqu’il soit troublant d’avoir débattu en la présence de son corps bien vivant et le plus dur il s’en doute bien, a été pour Hellène et son mari Pierre, acceptant de perdre pour la deuxième fois leur fils unique.
« Toc ! Toc ! »
Antonin sursaute en entendant frapper à sa porte, il s’essuie les yeux vite fait avant de répondre d’une voix encore émue au vibrato hésitant.
- Oui ?? Vous pouvez entrer !!
Pierre passe la tête dans l’encoignure de la porte, le regard sondant le visage d’Antonin et devant l’état émotionnel où il se trouve, entre franchement pour se diriger vers lui en le prenant dans ses bras.
- Nous devions prendre cette décision, même si elle a été difficile pour tout le monde !! Nous savons tous que « Florian » n’est pas mort et que quelque part il pense très certainement à nous, j’ai perdu celui qui était mon fils lors de l’accident de voiture pendant sa fuite après le vol de la bijouterie !! Le reste n’a été que du bonheur et nous a permis de vivre quelque chose de pas banal tu en conviendras. De plus nous y avons gagné un autre fils et ce grâce à cette belle âme qu’était cet autre Florian, sans lui nous n’aurions peut-être jamais eu l’occasion de nous connaître vraiment ni de nous apprécier au point de former maintenant une nouvelle famille.
- Je suis conscient qu’il a changé ma vie, (sanglot) mais j’ai tellement de peine de l’avoir perdu !!
Pierre lui caresse sa longue chevelure blonde d’une main apaisante.
- Nous devrons vite passer à autre chose une fois que l’enterrement aura eu lieu, mais avant ça nous nous devons bien d’être aux côtés du corps quand il cessera de vivre, de celui qui malgré tout a été à deux reprises mon fils.
- Je ne m’en sens pas le courage tu sais !!
- C’est aussi le cas pour nous tous, mais ça nous permettra je pense de faire notre deuil.
- Je viendrai pour vous deux !! Vous m’avez offert votre cœur et un toit, alors que ma vie n’avait plus aucun sens !!
Pierre a alors un sourire attendri, une pensée lui vient alors qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de la partager avec Antonin.
- J’ai demandé à Maurice s’il voulait bien nous aider afin d’obtenir les papiers nécessaires, pour que soit officialisé le fait que tu es maintenant une partie intégrante de notre famille et que tu puisses ainsi le plus tard possible malgré tout, hériter de tous nos biens comme le ferait un véritable fils.
Antonin sent son cœur frapper très fort dans sa poitrine, se resserrant contre le corps rassurant de cet homme qu’il a appris à aimer et qui lui fait le plus beau des cadeaux, celui d’avoir un nom et d’en être fier, gommant ainsi toutes ces années de galères qui ont marqué sa vie.
***/***
« Le lendemain matin, aéroport Charles de Gaule. »
Akim sort de « l’oiseau de fer » encore tout éberlué par tout ce qui lui arrive, il a quitté sa tribu avec une des pierres du ciel pour retrouver son frère Taha et ramener le nouveau dieu des pierres auprès des siens, sautant dans les bras de Taha sitôt ses pieds sur le tarmac de l’aéroport.
Une fois les effusions des retrouvailles terminées, ils sont pris en charge tous les deux par Victor qui les emmène directement là où va se passer le transfert.
***/***
« Hôpital militaire de Bégin, une heure plus tard. »
La pièce semble beaucoup plus petite qu’elle ne l’est réellement et ce tout simplement, du fait du nombre de personnes qui y sont à attendre pour faire leurs adieux au corps du jeune rouquin qui pour l’instant se trouve bien vivant et debout à leur côté, écoutant l’entité délivrer ses dernières explications sur les raisons qui ont fait que ces derniers mois ont été pour eux riches en émotions mais aussi les amenant tous dans une autre vision de la réalité du monde telle qu’ils le connaissaient.
Ce n’est qu’à l’apparition des deux jeunes Masaïs, qu’il cesse de parler et qu’il s’allonge sur le lit en faisant un dernier tour d’horizon du regard, une lueur bleutée s’échappant alors de ce corps qui cesse immédiatement de vivre.
La transition a été si rapide mais surtout si imprévue que tous n’ont encore pas compris que tout est désormais terminé et qu’ils ne leurs restent plus qu’à prier pour l’âme disparue bien avant son corps de celui qui avait fait tant de mal autour de lui mais qui avait su trouver grâce à leurs yeux depuis lors, par les bienfaits de celui qui temporairement avait pris sa place.
Le général Mathéi s’approche du corps semblant endormi, il vérifie alors que c’en est bien terminé et passe ensuite sa main sur les yeux du jeune corps étendu pour en refermer une dernière fois les paupières, actant ainsi la fin de cette aventure extraordinaire.
***/***
« Cimetière d’Aix en Provence, deux jours plus tard. »
Les employés terminent de déverser la terre sur le cercueil, les proches ayant assisté à l’enterrement commençant à quitter le petit cimetière avec leurs visages profondément marqués par le chagrin.
Toute la bande formée autour du nouveau Florian, restant soudée dans une amitié aussi puissante que récente avec la ferme intention de maintenir sa mémoire grâce justement au lien très fort qui les unit.
Préférant oublier que le corps sans vie reposant ici, appartenait à celui qui quelques sept années plus tôt avait failli détruire leurs vies.
Ils sont tous là en se tenant la main pour un dernier hommage, leurs pensées dirigées vers celui qui quelque part a repris sa vie après leur avoir rendu le goût à la leur en créant ce groupe au sein duquel ils ne seront plus jamais seuls.
CHAPITRE 131 (L’autre réalité) (L’après Florian) (Afrique) (Retour autant que possible à la normale).
« Plusieurs jours plus tard, au village Masaï. »
Okoumé entend le bruit du moteur du quatre-quatre de son fidèle ami M’Balla, c’est donc en petite foulée qu’il rejoint la piste à peine carrossable située à quelques centaines de mètres du village.
Taha ainsi que son jeune frère, l’aperçoivent de loin et sautent quasiment en marche, au grand dam du vieux père Antoine qui marmonne sous sa barbe.
- Vous pourriez au moins attendre qu’on s’arrête !! Ah !! Ces jeunes, il n’y a rien à leur dire !!
Les deux frères bien sûrs ne l’entendent pas de cette oreille et s’ils sont aussi pressés de retrouver leur père, c’est autant à cause du plaisir de le revoir que pour une autre raison tout aussi légitime mais concernant directement un autre membre de la famille, tellement ils sont curieux de voir l’effet magique sur leur frère aîné du cadeau qu’a fait Florian à Taha juste avant son départ dans l’autre réalité.
Okoumé les reçoit dans ses bras, les yeux brillants de la joie de revoir ses fils sains et saufs de ce long voyage au-delà du grand océan.
Il accueille ensuite avec toujours la même joie au cœur, le vieux père blanc et son ami de toujours l’ex capitaine M’Balla, qui durant toutes ces années de service a su montrer son soutien à la tribu.
- Merci de me ramener mes fils père Antoine.
- C’est tout naturel grand chef, même si ma décision de les accompagner jusqu’au village a été grandement motivée par ce que transporte Taha avec lui. Quand il m’en a parlé, ma curiosité a été plus forte que la fatigue du voyage.
- (Okoumé) La pierre du ciel retrouvera la clairière des dieux dès ce jour mon père, je peux vous l’assurer sur mon honneur.
- Ce n’est pas parce que je doute de ton honneur ou que je me préoccupe de ces dieux des pierres comme vous les appelez. Je sais ce que je leurs dois et je leurs en serai éternellement reconnaissant, crois-le bien !!
Okoumé se tourne alors vers Taha, cherchant visiblement l’objet qu’il transporte et qui semble intriguer au plus haut point le vieux père, n’y voyant rien de plus que la besace qu’il avait déjà pour son départ.
- Qu’as-tu donc rapporté du village des hommes blancs, qui intéresse tant notre bon vieux père ?
Taha ouvre son sac de peau où se trouve la pierre du ciel ramenée par Akim pour le transfert, ainsi que quelques vêtements qu’il n’a pas voulu laisser au dispensaire et sa main plonge tout au fond pour en ressortir une boîte qu’il manipule avec précautions, comme si sa vie en dépendait.
- C’est cette boîte, ou plutôt ce qu’elle contient qui a amené le père Antoine à nous accompagner !! Dedans il y a un remède pour guérir Aomé de la blessure causée par mon manque d’adresse, c’est celui que nos dieux appellent « l’unique » qui m’en a fait don !! Il connaissait tout sur cet accident qui depuis qu’il a eu lieu, m’empêche souvent de dormir et m’a séparé de mon frère qui depuis comme vous le savez tous, m’ignore comme si je n’existais plus.
- (Le père Antoine) J’ai tenu à venir pour aider le cas échéant à raisonner Aomé et je dois confesser que c’est aussi le péché de curiosité qui me pousse à être présent pour assister à ce que beaucoup nommeraient un miracle.
***/***
« Un peu plus tard dans la journée. »
Aomé ayant repris visage humain, ne cesse depuis lors de se caresser la joue qui maintenant est débarrassée de cette balafre hideuse qui le défigurait.
Il n’a pas encore réussi à faire le pas pour pardonner à son frère, le laissant quitter le village avec son père et son petit frère pour rejoindre la clairière, ramenant ainsi le dieu des pierres auprès des siens.
Le père Antoine l’observe, attendant le moment opportun pour lui faire entendre raison et ce n’est que quand enfin Aomé se décide à le questionner sur ce qui vient de lui arriver, qu’il profite de l’occasion pour le sermonner sur son comportement qui dure depuis bien trop longtemps à son goût.
- (Aomé) Je n’arrive pas à comprendre pourquoi l’unique a fait ce cadeau à…mon…frère !!
- Est-ce si difficile pour toi de l’appeler par son prénom ?? Sache que cette potion lui a été donnée par amitié et aussi parce que c’était le vœu le plus cher de Taha, il a beaucoup souffert de cet accident et ensuite d’avoir perdu l’amour de son grand frère, l’indifférence que tu as eue à son égard depuis toutes ces années n’a que trop duré !! Ce que contenait cette fiole avait une valeur que tu ne peux même pas imaginer, pourtant il n’a pas hésité un seul instant à l’utiliser entièrement pour te guérir. Songe s’y au lieu de te murer dans ton ingratitude, ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir un frère tel que le tien qui t’aime au point de ne penser à rien d’autre que de réparer le préjudice qu’il t’avait causé sans le vouloir.
- J’ai honte père Antoine !!
- Honte de quoi ??
- D’avoir agi de cette façon avec Taha mais ça fait si longtemps que je ne sais plus comment faire !!
- C’est pourtant simple, dis-lui que tu lui pardonnes !!
- ….
- Tu l’aimes, ne me dis surtout pas le contraire !! Je vous ai connus trop proches pour qu’il en soit autrement, seul ton entêtement a fait qu’un fossé s’est creusé entre vous !! Un entêtement qui a touché toute ta famille, crois-tu qu’Akim ne souffre pas de ne pas pouvoir profiter de ses deux frères ensemble ? Crois-tu que tes parents soient heureux de vous voir vous ignorer comme si l’autre n’existait pas ? Crois-tu enfin que toute ta tribu n’éprouve pas le malaise de cette situation ? Profite que tout soit rentré dans l’ordre et que tu aies retrouvé ton visage tel qu’il était avant ce sinistre événement, pour faire table rase de toute cette période et surtout de faire la paix avec ton frère, profites-en par la même occasion pour le faire avec toi-même !!
- ….
- Aomé tu m’énerves là !! Tu n’es peut-être plus un enfant, mais je me sens encore capable de t’en mettre une si tu persistes dans tes bêtises.
Aomé regarde le vieux père tout frêle, à côté de lui qui respire la force brute du jeune chasseur au sommet de ses capacités physiques, il ne peut s’empêcher de sourire de ces dernières paroles.
Paroles dites il en est parfaitement conscient, sans l’intention de les mettre à exécution mais simplement sous l’effet de l’exaspération devant son mutisme.
- Je ne tiens pas à ce que vous m’abimiez le visage père Antoine, surtout maintenant qu’il est guéri ! Hi ! Hi !
- Tu parleras à ton frère alors ??
- Je lui parlerai, oui !!
- Et tu feras la paix avec lui ??
- J’aurais trop peur sinon que vous vous en preniez à moi !!
- Humm !! Alors ça va !! C’est vrai que j’aurais pu te blesser et nous avons utilisé toute la potion, alors je compte sur ta parole !! Tu ne sais pas le bonheur que tu vas faire à ton frère, à tes frères devrais-je même dire !!
- C’en sera un aussi pour moi père Antoine !! Vous êtes un homme de bien, vos paroles font plus mal que vos poings.
- Il est parfois nécessaire de dire les choses comme elles doivent être dites mon enfant, la persuasion est une force toute aussi puissante que celle des mains pour qui sait la manier.
CHAPITRE 132 (Japon) (Dimanche soir) (Les meilleures choses ont une fin)
Le retour à l’aéroport après ce week-end inoubliable surtout pour Damien, Antonin et Mathis, qui ont les yeux encore remplis d’émerveillement du faste dans lequel ils ont vécu ces deux jours, se fait dans le silence avec un arrière-goût évident de trop peu.
Pour Thomas et Florian qui connaissaient déjà le pays, la raison en est surtout de devoir déjà quitter leurs amis et ce malgré la promesse de ceux-ci à venir les visiter pour les fêtes de Noël.
Jun’ichirô a tenu lui aussi à passer quelques heures avec Florian, déjà par amitié mais aussi de façon plus officielle pour l’informer sur l’enquête en cours suite à son enlèvement et des répercussions autant économiques que militaires qui s’ensuivront.
Lui faisant entendre par là que la coalition mondiale horrifiée par cet acte criminel, n’en restera pas là dès que le dossier sera bouclé et que les preuves irréfutables leurs seront exposées, prêts à en découdre jusqu’à une déclaration de guerre s’il fallait aller jusque-là.
***/***
« Bureau de Jun’ichirô, ce matin-là. »
- (Jun’ichirô) Nous connaissons ceux qui ont été les instigateurs de l’ombre de cette sinistre affaire, pour l’instant ils nient toutes implications dans ces meurtres et aussi bien entendu dans votre enlèvement, mais nous ne désespérons pas de faire parler le gouvernement nord-coréen qui vient d’être destitué par son propre peuple dès qu’ils ont appris la nouvelle. Hélas nous n’avons rien pu faire pour sauver le dictateur qui a péri par la main même de son armée, quand je dis hélas ce n’est pas par regret pour la vie de cet homme mais juste parce que lui seul avait les tenants et les aboutissants, nous évitant ainsi de trop longues recherches.
- Vladimir est un malin, il a dû prendre toutes les précautions pour que rien ne remonte jusqu’à lui !! J’ai entendu parler d’un sous-marin russe de dernière génération qui nous aurait transportés jusqu’à l’endroit où nous avons été retrouvés, difficile pour lui de nier ce genre de fait !!
- Oh !! Mais il ne le nie pas, nous avons appris qu’il venait de le faire couler avec tout l’équipage !!
- De quoi !! Mais il est complètement dément ce type !!
Jun’ichirô opine de la tête, son visage aux lèvres pincées démontrant bien ce qu’il en pense.
- Il ne leurs a donné aucune chance, faisant même une déclaration internationale rendant hommage à son armée qui a su retrouver et détruire les traîtres qui ont fomenté ces actes impardonnables, complices d’un état barbare qui les a soudoyés.
- Et les gens vont le croire ??
- Pas si nous réunissons suffisamment de preuves de son implication !!
- Qu’arrivera-t-il ensuite, une guerre ouverte contre la Russie ?? C’est le peuple qui en souffrira le plus, comme c’est hélas l’habitude dans ce genre de conflits !!
- Sauf si c’est justement ce même peuple qui décide de faire justice, il suffira de faire en sorte qu’il ait accès à l’information et que le dossier soit si accusateur qu’il ne puisse nier l’implication de celui qui le dirige !!
- Ce serait un massacre !! Il y aurait toujours des fidèles au régime en place, cela déclencherait une guerre civile !!
- Nous ne pouvons quand même pas le laisser s’en sortir, ce serait lui donner blanc-seing pour qu’il recommence et qui sait, peut-être réussir cette fois-ci !!
***/***
« Retour au présent. »
En me remémorant cette conversation, je me dis qu’il serait peut-être bon que j’aille le voir histoire d’avoir une conversation sérieuse avec cet homme, qui à notre première et unique rencontre, me semblait pourtant avoir changé dans ses intentions de me faire "travailler" pour lui coûte que coûte.
Il va falloir également que j’aie une discussion avec Maurice, savoir ce qu’il pense de mon idée et si surtout, le risque en vaut la chandelle.
C’est l’arrêt du véhicule devant l’entrée de l’aéroport qui me sort de mes pensées, remarquant avec le sourire que l’effet est identique sur mes amis qui s’ébrouent en regardant autour d’eux, l’air surpris.
C’est alors que mon regard se porte sur la porte automatique permettant l’entrée au terminal, que je m’arrête soudainement en reconnaissant un homme à la stature imposante, tenant un jeune garçon par la main.
Il n’y a pas que moi qui me rends compte de sa présence, le service de sécurité qui nous accompagne vient aussitôt resserrer les rangs autour de nos cinq personnes et je sens bien l’état de nervosité qui les prend soudainement, ne serait-ce déjà que par leurs visages qui se couvrent de sueur.
Que cet homme qui dirige l’organisation mafieuse et criminelle la plus importante du pays, puisse se montrer en toute impunité au grand jour en instillant une telle crainte respectueuse autour de lui mais le pire de tout sans que personne ne cherche à l’arrêter, montre bien la différence fondamentale de culture avec celle de nos pays du vieux continent.
J’avance d’un pas pour prendre le chef du groupe par le bras.
- 彼は私に来て、私は彼に話行くよ!心配しないで、友達です! (Il est venu pour moi, je vais aller lui parler !! Ne vous inquiétez pas, c’est un ami !!).
L’homme du « Naisho » me fixe un instant, semblant me sonder pour connaître mes intentions.
- きっとこれは何をしたいですか。 (Vous êtes sûr que c’est ce que vous voulez ?)
- 私は友人だと教えて、ので、彼は、少年は彼の小さな息子です。私の最初の訪問で彼女の人生を保存する機会を持っていたここでは、彼は私を望んでいた場合トラブルあなたはありますか彼一人でそ
こにいるのではなく、いくつかの取り巻きはむしろ送信ことですか? (Puisque je vous dis que c’est un ami, le jeune garçon qui est avec lui c’est son petit-fils !! J’ai eu l’occasion de lui sauver la vie à ma première visite ici, s’il me voulait du mal ne pensez-vous pas qu’il aurait plutôt envoyé quelques sbires plutôt qu’être là en personne ?)
Je ne lui laisse pas le temps de me répondre, que je m’avance déjà vers ce personnage impressionnant qui n’a pas un seul instant quitté mes yeux du regard depuis que je suis sorti du véhicule.
Le gamin m’a lui aussi reconnu, son sourire chaleureux me va droit au cœur et je ne suis pas surpris quand il se jette dans mes bras, m’embrassant plusieurs fois sur la joue.
« Traduit pour une lecture plus fluide. »
- Grand père savait que tu passerais par ici ce soir, je voulais te remercier de m’avoir sauvé la vie !!
- C’est mon métier, j’étais là au bon moment c’est tout !! Un autre médecin en aurait fait tout autant !!
- Ce n’est pas ce que dit grand-père, il dit que tu es « Izanagi » !! C’est vrai ??
CHAPITRE 133 (Japon) (Dimanche soir) (Izanagi ??)
Je souris, amusé une fois de plus d’être pris pour un dieu.
- On me donne beaucoup de noms tu sais !! Celui duquel je suis sûr jusqu’à preuve du contraire, c’est celui que je porte depuis ma naissance !! Florian De Bierne !!
- Grand père dit aussi que tu ne te rappelles pas, que le temps n’est pas encore venu mais qu’un jour tout te reviendra.
- Ce jour-là tu auras la réponse à ta question alors !!
L’Oyabun prend son petit-fils par les épaules pour le faire reculer derrière lui.
- Il faut l’excuser, c’est un enfant curieux de tout.
- Il n’y a pas de mal, à son âge la curiosité est la meilleure méthode pour apprendre les mystères de la vie !! À un autre âge elle pourrait être prise comme de l’indiscrétion !!
- Comment ne pas en éprouver devant ce que vous êtes ?
- Je ne suis rien de plus qu’un garçon avec quelques…. Particularités !!
L’Oyabun emploie alors une langue très ancienne, si ancienne qu’il n’en reste certainement plus aucune trace écrite.
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« Traduction »
- L’enfant verra le jour avec en lui les pouvoirs du divin, il aura avant ça vécu mille vies de rédemptions pour retrouver l’empathie qu’il avait perdue et il retrouvera sa puissance quand les enfants de ceux qui l’ont rejeté prieront à l’unisson pour son retour. Il redeviendra alors Izanagi, celui sans qui la vie n’existerait pas.
- Une belle croyance assurément, comme il y en a quoique toujours légèrement différentes chez tous les peuples !!
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J’ai répondu sans réfléchir, utilisant le même langage ancien qui est sorti de mes lèvres comme si cette langue m’était naturelle.
L’Oyabun a alors un mouvement de recul, ses yeux montrant bien l’effarement pour ne pas dire plus d’entendre ces sons sortir de ma bouche et qui à l’évidence pour lui est une réponse à ce qu’il m’a récité par cœur, alors que je pensais qu’il la maniait suffisamment pour tenir une conversation.
- Tu connais cette langue ?? L’arrière-grand-père de mon arrière-grand-père était le dernier à en comprendre la signification et cette phrase que nous lèguent nos pères depuis des générations, est devenue pour nous une phrase sacrée pleine de mystère et qui annonce le retour de celui qui est le commencement de tout.
- C’est l’éternelle histoire de l’œuf et de la poule ! Hi ! Hi ! Qui est venu au monde le premier ??
- Je constate que tu n’es pas encore prêt à accepter ton destin, mais je sais car je peux le lire sur ton visage, que tu t’interroges sur ce que tu es !!
- C’est un peu normal aussi, vous en connaissez beaucoup vous qui parlent aux zoziaux et à tout ce qui respire sur cette terre ?? Quelqu’un qui … et puis à quoi bon en faire l’inventaire, ce serait bien trop long et l’avion ne va pas nous attendre, j’espère que nous aurons l’occasion de pouvoir discuter de nouveau ensemble à ma prochaine visite !!
- J’en serai honoré !!
- Moi de même !!
- Ma protection sera toujours sur toi !!
- Merci m’sieur !! C’est cool !!
Je n’attends pas de réponse à mes dernières paroles, fort peu protocolaires au demeurant en rejoignant mes amis qui commençaient à s’impatienter en faisant les cent pas quelques mètres plus loin.
Damien tout sourire me demande sitôt arrivé près d’eux.
- Il te voulait quoi le gros bonhomme ??
- Me remercier d’avoir sauvé son petit-fils et me donner sa protection !!
- Sa protection ?? C’est qui ce type ??
- C’est un peu le « Al Capone » du Japon si tu veux tout savoir !!
- Pourquoi ils le laissent se balader comme ça à la vue de tout le monde ??
- Disons qu’ici c’est toléré !! C’est dans leurs traditions tu comprends ??
- Pas trop, non !! C’est des coups à en faire une jaunisse, d’avoir un gugusse tel que lui qui se pointe en face de toi !!
- (Mathis) Remarque qu’ici ou bien ils l’ont tous eue, ou alors ça ne se verrait pas s’il y en a un qui en fait une ! Hi ! Hi !
Bien sûr la remarque fait mouche et nous voilà tous à éclater de rire, le calme ne revenant qu’une fois installés dans l’avion.
Nous retrouvons nos gardes du corps français avec plaisir, chacun ayant quelque chose à raconter et du coup une partie du voyage se fait sans qu’on s’en rende vraiment compte.
Ce n’est que quand Mathis fait part de son regret qu’il nous faille déjà rentrer, que nous avons l’immense surprise d’apprendre que notre prochaine destination n’est pas du tout celle que l’on pensait.
- J’y prendrais vite goût moi à ce genre de voyage, dommage que ce soit déjà terminé !!
Henry notre ami et garde du corps attitré depuis mon retour quand nos autres amis ne sont pas disponibles, nous regarde visiblement surpris.
- Comment ça terminé ?? Vous n’êtes donc pas au courant ??
- (Thomas) Au courant de quoi ??
- Que nous ne rentrons pas directement chez nous ??
- (Damien) Dernière nouvelle !! On va où ??
Henry me regarde avec attention, curieux sans aucun doute de voir ma réaction à l’annonce de notre destination...
- Au Vatican, Sa Sainteté a réexprimé son souhait de recevoir Florian !!
L’annonce me fait bondir.
- Et bien sûr mon avis sur la question ne compte pas !! La moindre des choses aurait peut-être été de me demander si je n’avais rien d’autre de prévu, tu ne crois pas ??
CHAPITRE 134 (Vatican) (Dimanche soir) (Le garde-manger)
« Bureau du Camerlingue. »
Le prélat relit ses notes pour la énième fois de la journée, ses yeux en sont rougis de s’être trop penché sur toutes ces photos et ces témoignages, compilés dans un dossier faisant déjà un poids non négligeable.
L’énigme qu’est ce garçon pour l’Église comme d’ailleurs pour le monde en général, n’est certainement pas résolue par toute cette paperasse qui révèle pour qui sait lire entre les lignes, de bien étranges mystères tous liés directement à ce Florian qui défraie les chroniques internationales depuis l’épuration miraculeuse de l’atmosphère planétaire.
L’homme soupire en refermant le dossier et se lève en s’étirant, son corps entier ankylosé d’une bien trop longue immobilité due à la journée passée à tenter d’en apprendre plus sur ce garçon pour la visite prévue le lendemain avec sa sainteté.
La porte de son cabinet de travail une fois ouverte, il se glisse en silence dans le grand couloir qui mène aux appartements pontificaux.
Son regard capte avec plaisir celui pétillant du jeune garde suisse nouvellement attaché à son service, lui faisant comprendre d’un bref clignement des yeux en réponse à son questionnement muet son accord pour qu’ils terminent la nuit ensemble.
Le jeune homme ravi lui décoche alors un sourire si ardent, que l’homme d'Église en a une bouffée de chaleur qui lui remonte les reins ainsi qu’une raideur soudaine mais significative, qui heureusement reste parfaitement invisible sous sa soutane.
C’est donc d’un pas légèrement gêné aux entournures, qu’il se rend chez Sa Sainteté qui l’attend pour faire un dernier point sur l’entretien prévu le lendemain afin de mettre la dernière touche sur la façon d’accueillir le jeune Florian de manière à ce qu’il se trouve suffisamment à l’aise pour laisser s’exprimer tout son potentiel.
***/***
De son côté le jeune garde suisse attend avec impatience la relève qui lui permettra alors de rejoindre les appartements du Camerlingue, ou de Flavio comme il l’appelle dans l’intimité.
Il savait très bien à quoi s’attendre quand il a postulé pour ce poste au Vatican, les critères de recrutement étant déjà source à bien faire comprendre qu’ils n’attendraient pas des nouvelles recrues que de maintenir la sécurité de l’Église.
Comme beaucoup de ceux qui en ont fait la demande, il connaissait l’expression que la population leur donnait quand ils avaient le dos tourné.
La garde suisse ou « le garde-manger du Vatican » se trouvant au service de ces monsignores, aussi bien pour leurs protections que pour assouvir des besoins beaucoup plus humains.
Paolo sait bien que pour la plupart d’entre eux, ils ne le font que pour obtenir la position sociale et l’aisance financière que procure le fait d’être l’amant choisi d’un ou l’autre de ces hauts fonctionnaires de l’Église mais pour sa part comme pour celle de quelques-uns de ses camarades il n’en va pas de même et c’est tout simplement par goût des personnes plus âgées, qu’il allie alors l’utile d’une situation pépère bien rémunérée à l’agréable avec un plaisir non feint.
Bien sûr il aurait pu tomber sur un de ces prélats ventripotents et ou peu ragoûtants comme il y en a ici aussi comme partout, il a tout simplement eu la chance de tomber dès son arrivée sur Flavio qui tout comme lui a tout de suite compris qu’entre eux deux ce serait beaucoup plus qu’une simple histoire de sexe comme il y en a tant d’autres et quand l’officier est venu lui donner son affectation, il n’a pas du tout été surpris d’apprendre qu’il serait exclusivement rattaché au Camerlingue, monsignor Flavio Di Calo en personne.
Leur première vraie rencontre privée se fit le jour même, Flavio donnant comme prétexte d’avoir à lui communiquer son emploi du temps et l’entraînant alors dans son bureau personnel, refermant la porte derrière eux sitôt entré.
L’un comme l’autre n’attendait que cette occasion, Flavio lui prenant timidement le menton pour fixer son regard dans le sien et lui demander son prénom d‘une voix déjà rauque de désir, la réponse tout aussi peu audible les fit sourire en comprenant qu’ils étaient bien sur la même longueur d’onde.
Flavio néanmoins a attendu plusieurs semaines avant de tenter d’aller plus loin, le surveillant attentivement pour chercher à y détecter ses véritables attentes et très certainement dans l’intention de discerner en lui une quelconque rouerie, ayant eu il le lui avouera plus tard, déjà eu à subir le chantage affectif de ceux qui ne voyaient dans leurs relations qu’un moyen de s’enrichir en simulant une affection qu’ils n’éprouvaient pas.
Paolo comprit ce jour-là que l'attrait de Flavio pour la jeunesse n'était pas justifié que par le simple fait du plaisir de la chair.
Cette façon de penser n’était de toute évidence pas dans la mentalité du Camerlingue mais que celui-ci recherchait dans sa relation autant l’affectif que le jouissif, ce qui était également son cas.
Il va donc sans dire que depuis ce moment-là, entre le jeune garde et le puissant prélat, une amitié amoureuse vit le jour, amitié qui depuis maintenant presque une année ne fit que grandir au point d’en arriver à cette complicité d’aujourd’hui ou un simple signe suffit pour attiser le désir.
CHAPITRE 135 (Vatican) (Lundi matin) (L’amour n’a pas d’âge)
Flavio se réveille comme à son habitude depuis qu’il est en fonction, au son de la cloche indiquant les six heures et sourit en sentant la main douce qui est posée sur sa poitrine, bougeant au rythme de sa respiration.
Il tourne sa tête lentement pour pouvoir regarder sans le réveiller son Paolo qui sourit en dormant comme un enfant, magnifique don du ciel qui depuis qu’ils se connaissent ne lui apporte que plaisirs et sentiments amoureux qu’il n’espérait plus éprouver un jour, le temps faisant qu’il s’était fait une raison de devoir finir sa vie seule.
Flavio se souvient du jour où il l’a vu pour la première fois, jeune recrue d’à peine vingt ans qui regardait autour de lui d’un œil émerveillé toute la beauté des lieux.
Il revoit ce premier regard qu’il lui a jeté quand ses yeux se sont arrêtés sur lui, visiblement troublé au point de le fixer intensément au risque de se faire surprendre et se rappelle combien il lui a été difficile à lui aussi de s’en détacher, tellement la beauté encore juvénile de ce beau garçon blond l’avait déjà marqué au fer rouge.
Un frémissement de paupières lui fait comprendre que Paolo se réveille à son tour, il se permet alors de lui caresser la joue avec une tendresse qui va beaucoup plus loin qu’une simple attirance sexuelle et ce malgré qu’à ce niveau-là, il lui ait fait retrouver une énergie dont il ne se croyait plus capable.
Le regard bleu azur de Paolo se pose enfin sur lui, accentuant un sourire le rendant encore plus angélique.
« Traduit en Français pour la fluidité du récit. »
- Bonjour !
- (Flavio) Bonjour mon ange ! Ce n’est pas moi qui t’ai réveillé au moins ?
- Je sens toujours ton regard quand il est posé sur moi.
Flavio se contente d’un sourire en guise de réponse, sa main accentue sa caresse alors que Paolo se tend de tout son corps comme un jeune chat pour s’aider à bien se réveiller.
Il vient ensuite poser sa tête sur la poitrine étonnamment velue du prélat, respirant avec un plaisir évident son odeur d’homme mûr en remontant lentement jusqu’à la pliure du cou pour lui donner quelques brefs baisers sur la gorge avant d’aller plus haut et de prendre ses lèvres avec une tendresse affective qui fait remonter un long frisson dans la colonne vertébrale de Flavio.
Le jeune homme sent bien le frémissement de plaisir, écartant son visage pour reprendre ses yeux en otage en lui décochant un nouveau sourire radieux.
- Je dois bientôt prendre mon service, tu me manques déjà.
- Comment peux-tu dire ça alors que tu passes tes journées à quelques mètres de moi ?
- Je le sais bien, mais ce n’est pas pareil !! Je dois me forcer sans arrêt à ne pas te regarder, de peur que quelqu’un découvre un jour notre liaison.
- (Flavio) Parce que tu t’imagines encore que quelqu’un l’ignore ? Allons Paolo !! S’il y a un endroit où un secret ne peut le rester plus de cinq minutes, c’est bien ici où tout le monde est à l’affût de tout le monde pour avoir un coup d’avance en cas de besoin !!
Paolo devient rouge de confusion, comprenant toute la naïveté qu’il a encore et qui déclenche un regain d’affection de la part de Flavio.
- Comment un garçon tel que toi a-t-il pu arriver jusqu’ici ??
- C’est un reproche ??
- Bien sûr que non allons !! Tout au contraire !! C’est rafraîchissant de savoir qu’il existe encore des garçons tel que toi, dénués de toutes fourberies et gardant encore la candeur de la prime jeunesse, pour ta gouverne sache que personne ici n’ignore plus depuis bien longtemps le lien qui nous lie !!
- Mais…je…croyais que c’était mal vu et qu’il ne fallait surtout pas en faire étalage ?
- Ne me dis pas que tu ignorais la raison des critères de recrutement en vigueur depuis des décennies ?? Bien sûr tout reste et restera encore longtemps dans le non-dit, ça n’empêche pas que tous ont des yeux pour voir. Pourquoi crois-tu que personne ne t’ait tourné autour depuis que tu es arrivé ?? Tout le monde m’envie tu sais, ils auraient volontiers fait de toi leur quatre-heures si seulement mon poste important ne les tenait éloignés de toi pour ne pas m’avoir contre eux !!
- Quand je te disais que c’était mal vu, je ne pensais pas au sexe car je savais très bien où je mettais les pieds en acceptant ce job !!
- (Flavio) A quoi donc d’autres pensais-tu alors ??
- Aux sentiments que j’éprouve pour toi !!
- Ah !! Je comprends !! Sache que tous ici ne voient pas en vous que des garçons à utiliser pour le plaisir du corps !! Certains mais très peu je te l’accorde, ont des liaisons beaucoup plus fortes que ça et depuis bien plus longtemps que nous crois-le bien, j’aime à penser que le fait qu’elles soient connues aide à faire réfléchir ceux qui ne pensent qu’à assouvir leurs instincts sans considération pour ceux qui se donnent à eux.
- Ceux-là y trouvent des avantages qui compensent leurs dégoûts.
- Nous le savons tous, hélas la nature humaine est ainsi faite et ce n’est pas demain qu’elle changera. Je trouve grâce de t’avoir trouvé, ma seule tristesse est qu’il y ait fallu attendre si longtemps pour ça.
Le prélat essuie ses yeux, l’émotion de ses paroles lui ayant amené quelques larmes.
- Tu vois dans quel état tu me mets ?? Je croyais que tu devais prendre ton service !! Laisse donc le vieil homme que je suis se reprendre, je n’aime pas te montrer mes faiblesses, tu comprends ??
Paolo troublé plus qu’il ne voudrait le montrer, se lève en lui tournant le dos pour cacher son visage où quelques gouttes d’humidité luisent également aux coins de ses yeux et dévoilant par la même occasion son corps nu à la vue de son amant qui le dévore du regard, s’abreuvant des lignes fines à l’anatomie parfaite de son jeune soupirant.
Ce n’est qu’une fois disparu de sa vue que Flavio une fois remis de ses émotions, se lève à son tour pour démarrer une journée qui va très certainement le marquer de façon indélébile.
Mais ça, il l’ignore encore….
CHAPITRE 136 (Vatican) (Lundi matin) (Tel un éléphant dans un jeu de quilles)
« Appartements de Jean Paul II, un peu plus tard dans la matinée. »
Flavio Di Calo termine sa synthèse des connaissances qu’il a compilées avec application sur le jeune De Bierne, sa Sainteté l’a écouté sans l’interrompre et prend enfin la parole quand il comprend que le cardinal en a terminé.
« Traduit en Français pour une meilleure compréhension. »
- Voilà qui est fort intéressant, j’imagine qu’il y a suffisamment de preuves pour étayer votre dossier ??
- Oui très Saint-Père, j’ai cru bon de mettre de côté la part non vérifiable de toutes les rumeurs sur ce garçon. Bien entendu je les tiens à votre disposition si vous en éprouvez le souhait.
- Sont-elles nombreuses ??
- Pour celles qui sont portées à notre connaissance, assez en effet !!
- Quelles sont les principales qui vous paraissent les plus crédibles ??
- (Flavio) Il y en a une, sans conteste la plus blasphématoire si je peux me permettre ??
- Permettez-vous, nous sommes entre nous !! Je pense que vous voulez parler de cette légende de l’unique ??
- Tout à fait très Saint-Père !! Une peuplade protégée d’Afrique croit au retour de l’unique en ce garçon, ou encore le « dieu des dieux » comme ils l’appellent. Nous avons reçu cette information par un de nos pairs qui officie au contact de cette tribu, le plus troublant c’est qu’il semble lui aussi être porté à croire en cette version.
- Intéressant !! J’aimerais m’entretenir avec cette personne, voyez à organiser cette rencontre au plus vite !! Autre chose ??
Le cardinal Di Calo ouvre un second dossier qu’il avait pris soin d’amener avec lui, connaissant suffisamment la curiosité du Saint-Père pour ne pas avoir été surpris de la tournure de l’entretien.
Il en sort quelques clichés datés, qu’il présente dans l’ordre de la plus ancienne à la dernière.
- Voici notre représentant auprès de la tribu Masaï qui fait l’objet de la polémique, il tient depuis un demi-siècle au moins le dispensaire qui donne les premiers soins ainsi qu'une éducation chrétienne aux tribus autochtones de la région. Si vous voulez bien regarder ces photos, peut-être y trouverez-vous comme moi quelques anachronismes qui demandent réflexion.
Le Saint-Père prend les clichés des mains de Flavio, prenant le temps d’un commentaire entre chaque photo.
- Comment se fait-il que ce prêtre soit encore en activité ?? Nous aurions dû le libérer de son sacerdoce depuis déjà bien longtemps il me semble ?? Cet homme d’Église a au moins quatre-vingts ans !!
- Je me suis fait moi-même cette réflexion votre Sainteté et en interrogeant nos services à ce sujet, j’ai été confronté à un blocage inexplicable de la part de la curie responsable de cette mission. Il s’avérerait que plusieurs demandes de la part du père Antoine, c’est cet homme en photo !! Plusieurs demandes donc lui auraient été refusées pour cause de pénurie de volontaires, nous ne trouvons apparemment plus personne pour perpétuer nos actions humanitaires dans ces endroits si reculés.
- Il a donc été décidé de ne rien faire et de laisser cet homme se tuer à la tâche ??
- Il semblerait bien votre Sainteté !!
Une autre photo amène un nouveau commentaire aussi acerbe de la part du Saint-Père.
- Ne me dites pas que ces femmes autour de lui sont également toujours en activité !!
- Je crains bien que si !!
- Quelles mesures avez-vous prises, car j’imagine que vous n’êtes pas resté sans en prendre ??
- J’ai demandé leur retour au plus vite ainsi que la fermeture du dispensaire, mais j’ai reçu une réponse de non-recevoir de leur part !! Après enquête, il s’avérerait qu’un immense complexe financé par le jeune De Bierne voie le jour en lieu et place de notre dispensaire, le père Antoine comme les sœurs qui travaillent avec lui ont tous refusé leur rapatriement !! Si je puis me permettre très Saint-Père de vous conseiller de poursuivre la visualisation de ces clichés, peut-être y verrez-vous tout comme moi ce qui a été très certainement la raison de leur refus.
Le Saint-Père se replonge sans répondre dans la vision des photos, ce n’est qu’arrivé à l’avant-dernière que son front se plisse et que son regard revient vers le cardinal.
- N’y a-t-il pas une erreur dans le classement des clichés ?? Sur celui-ci le père Antoine a au bas mot vingt ans de moins que sur les précédentes ??
- Je puis vous assurer qu’il n’y a pas d’erreur très Saint-Père !! J’ai moi-même vérifié l’exactitude de la date à laquelle elles ont été prises, la dernière sera encore plus parlante puisque se trouvent les fondations du nouveau complexe et que celles-ci n’ont commencé que l’année dernière !!
- Mais alors…comment… ???
- C’est là justement l’anachronisme que je voulais vous montrer votre Sainteté !! Il n’y a aucune explication possible à cette cure de jouvence constatée sur le père Antoine et les quelques sœurs fidèles qui restent à ses côtés, c’est tout simplement ce que j’appellerais…. Un miracle !!
- Y a-t-il un lien fondé avec le jeune De Bierne ??
- Voyez-vous une autre possibilité ?? La précédente photo date précisément de l’époque où nous avons eu vent de l’existence du jeune De Bierne, avouez quand même que ce ne peut être le fait du hasard !! Ça plus sa soi-disant… prétendue mort à quelques kilomètres de là, suivie de sa soudaine réapparition de ces dernières semaines !!
- Beaucoup de mystères en effet !! N’étions-nous pas prêts nous-même à le consacrer ?? J’avoue de ne pas savoir à quoi m’attendre de cette visite, je me demande bien quel genre de personnage cela peut être !! Tout est-il en ordre pour le recevoir ??
- Nous avons fait pour le mieux votre Sainteté !! J’ai eu moi-même le représentant des autorités française qui s’occupe personnellement de ses déplacements, un dénommé Maurice Désmaré qui s’est présenté comme le patron du service de contre-espionnage de son pays et je dois dire que ses paroles m’ont laissé perplexe pour le moins !!
- Comment ça, expliquez-vous ??
- Une impression votre Sainteté !! Comme si cet homme était amusé de par avance par cette visite, j’ai vraiment eu l’impression qu’il se retenait pour ne pas exploser de…rire !!
CHAPITRE 137 (Vatican) (Lundi matin) (Tel un éléphant dans un jeu de quilles) (suite)
« Poste des gardes du palais. »
Damien observe les gardes en faction depuis l’intérieur du véhicule qui les a transportés dès leur sortie de l’aéroport pour les amener jusqu’aux grilles du palais, il se tourne ensuite vers nous l’air mi surpris, mi amusé.
- Pourquoi ils sont habillés comme des Arlequins ??
- (Antonin) Tant que le ridicule ne tue pas, ils ne risquent rien c’est certain ! Hi ! Hi !
- C’est l’uniforme traditionnel de la garde suisse les gars, ça date de plusieurs siècles et ça sert aussi très certainement de décorum pour les touristes !!
- (Damien) En tous cas, ce n’est pas avec leurs hallebardes qu’ils arrêteront qui que ce soit avec une arme moderne !!
- Je pense que des moyens beaucoup plus technologiques existent pour ce cas de figure, vous n’avez rien remarqué d’autre ??
- (Thomas) La place est vide, j’aurais imaginé qu’il y avait des croyants en permanence ou à minima des curieux !!
- (Mathis) C’est peut-être parce qu’ils nous attendent et qu’ils ne veulent pas prendre de risques que quelqu’un cherche une fois de plus à s’emparer de « Flo ».
- (Thomas) Après ce qu’il s’est passé en Corée, je ne pense pas que quelqu’un s’y hasardera avant longtemps. Dis voir « Flo », qu’est-ce qu’il te veut au juste de si urgent pour nous avoir fait nous dérouter jusqu’ici ??
- Nous allons très vite le savoir je pense !! Suivez-moi, Henry nous fait signe de le rejoindre.
Il ne nous faut pas longtemps pour entrer à notre tour dans le vaste poste de garde rejoindre notre garde du corps, celui-ci semble bien emprunté pour répondre aux questions dans une langue qu’il ne maîtrise visiblement pas et c’est peu de le dire, à l’entendre baragouiner l’Italien à la sauce Franchouillarde en rajoutant des « i » ou des « o » à la fin de ses adjectifs.
Ce qui bien sûr est complètement incompréhensible pour ses interlocuteurs, qui maîtrisent de plus en plus mal un certain énervement d’avoir l’impression qu’on se moque d’eux.
- (Henry) Tu peux traduire Florian ? Mon Italien n’est plus ce qu’il était apparemment !!
- Tu m’étonnes ! Hi ! Hi !
Je sers donc d’interprète durant les minutes qui suivent, expliquant qui nous sommes et ce malgré que manifestement j’avais été reconnu, ainsi que la raison de notre présence qui là encore était attendue.
Je remarque toujours avec le même plaisir amusé, la façon qu’ils ont d’observer Thomas en démontrant un intérêt certain pour le physique d’apollon de mon chéri.
Connaissant pour l’avoir lu quelque part il y a bien longtemps, les critères de sélection pour le poste et surtout un en particulier qui n’a pas grand-chose à voir ni avec la religion, ni avec le métier de soldat, je comprends beaucoup mieux le trouble plus que prononcé qu’ils manifestent envers mon « petit » copain.
Un nouvel arrivant entrant dans le poste de garde, me tire de mes pensées pour revenir à des choses plus sérieuses et c’est dans un Français très académique que l’officier me prie de le suivre, sa Sainteté attendant ma présence dans son cabinet de travail.
Un signe de sa part, fait vite comprendre à mes amis et gardes du corps, que leurs présences n’est pas souhaitée.
- Un guide vous fera visiter le palais, pendant l’entretien entre votre ami et le très Saint-Père !! Nous vous retrouverons une fois celui-ci terminé, nous prenons sa sécurité en charge dès cet instant.
Je capte immédiatement la déception sur le visage de mes copains, ainsi que l’hésitation d’Henry et de son collègue, à me perdre de vue ne serait-ce qu’un instant.
- Mes amis ne sont pas assez bien pour lui ??
L’officier se fige en m’entendant prononcer ce qui à ses yeux ne doit pas être bien loin du blasphème.
- Sa Sainteté n’a pas souhaité les honorer de sa présence, les ordres sont très clairs à ce sujet !!
- Et bien tu diras à ta sainteté que j’honore mes amis de ma présence quasi quotidienne, pour qui il se prend celui-là !! Non mais !! En plus ce n’est pas moi qui demande à le voir, il devra donc faire avec ou je rentre directo à la maison !! Capitche !!
- (Thomas) Florian s’il te plaît !!
Je sens la moutarde me monter au nez, la colère me prenant soudainement d’autant de suffisance à se prendre pour quelqu’un au-dessus des autres.
- Quoi Florian !! C’est vrai quoi !! Déjà aller faire la causette avec monsieur sans me demander si ça me convient, un type qui s’habille à l’année en gonzesse qui plus est !! Désolé mais ce n’est pas trop ma tasse de thé et il en rajoute une couche en me faisant comprendre que mes amis ne sont pas assez bien pour lui !! Pour qui il se prend à la fin !! Même Akihito n’en a pas fait cas, alors ce n’est pas un gugusse qui gouverne sur quelques kilomètres carrés qui va se la jouer grand seigneur !! Il se prend pour qui ?? Le bon Dieu ?? Faudrait savoir déjà qui c’est celui-là et s’il croit comme tant d’autres que c’est moi, alors va lui dire que je n’irai nulle part sans mes saints !!
Ma colère s’envole aussi vite qu’elle était apparue, se transformant en début d’amusement quand je vois avec quel air horrifié il me fixe.
- Ah, oui c’est vrai !! Que je vous présente !!
Je me tourne vers mes amis.
- Voilà saint Thomas, saint Mathis, saint Antonin et saint Damien, va donc dire à ta Sainteté que c’est de la famille ! Hi ! Hi !
Un silence à couper au couteau suit mon esclandre, seul l’officier et mes amis ont compris le sens de mes paroles mais si les gardes restent silencieux eux aussi, c’est sûrement à cause du ton que j’ai pris pour répondre au gradé et pour une bonne part aussi, le visage défait de celui-ci devenu aussi blanc que de la craie.
CHAPITRE 138 (Vatican) (Lundi matin) (Tel un éléphant dans un jeu de quilles) (fin)
Alors que Damien me regarde avec un sourire jusqu’aux oreilles, Il en va tout autrement de Thomas, d’Antonin et de Mathis, qui ne sont pas loin d’être aussi horrifié que l’est l’officier, celui-ci en cherchant ses mots pour tenter une réponse d’une voix chevrotante.
- Je vais aller présenter vos doléances à sa Sainteté !! Je vous …serais gré de modérer vos paroles en sa présence, son état de santé ne supporterait pas ce genre de propos sans d’importantes conséquences.
- Il est malade ??
- Comme beaucoup je pense à l’âge avancé qui est le sien.
- Vous ne pouviez pas en choisir un plus jeune ??
Thomas me tire vers lui en prenant la parole, voulant par son geste m’éviter d’en dire plus.
- Excusez mon ami, disons pour faire court que lui et la religion sont deux mondes qui s’ignorent totalement !!
- (L’officier) Je vais voir si le très Saint-Père désire toujours avoir cet entretien, je ne manquerai pas de lui faire part de votre remarque !! Le cardinal Di Calo qui gère les affaires du palais sera averti de votre arrivée, il voudra très certainement vous rencontrer et converser quelques instants avec vous, le temps que sa Sainteté soit avertie du caractère disons…entier de votre ami.
- (Thomas) Ce sera avec plaisir !!
L’officier disparaît de notre vue sans plus attendre, sa mine soucieuse en dit long sur ses pensées et je commence à me dire que j’ai peut-être poussé le bouchon un peu trop loin, les tenant sans doute inconsciemment pour responsable de ce détour qui ne m’enchante pas depuis le début.
Pas que je ne sois pas curieux, ou même ravi de visiter le Vatican et de me remplir les yeux de toutes ces merveilles architecturales, démontrant une fois de plus combien l’homme pouvait bâtir des choses magnifiques.
C’est juste que le contexte qui m’a fait venir ici en me forçant la main, ne soit pas de ceux qui me donnent envie de profiter de cette invitation que beaucoup m’envieraient très certainement.
Thomas qui ne m’a toujours pas lâché le bras depuis qu’il s’est excusé devant l’officier, me tire à l’écart, suivi par mes deux autres copains.
- Tu peux m’expliquer quelle mouche t'a piqué de dire des trucs pareils ??
- Fallait que ça sorte, c’est tout !! Je n’aime pas ceux qui se croient au-dessus des autres.
- Mais enfin « Flo » !! C’est du pape qu’il s’agit !!
- Justement !! C’est encore pire venant de lui !! Tu imagines un peu l’impudence de ces gens et c’est aussi bon pour toutes les autres religions ?? Prétendre représenter un dieu alors qu’ils ne savent même pas de quoi ils parlent !! L’ont-ils jamais vu ?? Non !! Leur a-t-il à un moment quelconque donné son accord pour qu’ils le représentent ?? Encore une fois non !!
- (Mathis) Pourtant il doit bien en exister un, sinon comment expliques-tu notre présence sur terre ??
- Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait rien eu !! Juste que quand on ne connaît pas, on n’invente rien, surtout dans le but de vivre sur la crédulité des peuples !!
- (Thomas) Tu y vas un peu fort là, tu ne trouves pas ??
- Ah, oui !! Vraiment !! Regarde donc autour de toi, toutes ces richesses !! Tu crois qu’elles sont venues toutes seules ?? Tous ces gens vivent comme des nababs alors qu’il y a tant de personnes qui souffrent de la maladie, de la pauvreté ou encore de la faim !! C’est loin d’être le cas ici tu ne crois pas ??
- (Mathis) Vu sous cet angle, je dois reconnaître que tu n’as pas entièrement tort !! Maintenant ils représentent aussi une façon de penser, il faut bien pouvoir donner un nom à toutes choses et même à celles qui sont intemporelles.
- Je n’ai aucun souci avec ça « Math », juste que je ne vois pas l’utilité de tout ce luxe pour amener la bonne parole !! L’humanité a besoin de se raccrocher à des croyances pour expliquer l’inexplicable, seulement ce n’est pas à un groupe d’hommes quel qu’il soit d'’imposer des idées qui ne sont en aucune façon créditées par des faits avérés. Prenez pour exemple la tribu où vit Taha, ils croient dans leurs dieux et la tradition orale transmet cette croyance d’un père à son fils mais ce n’est pas pour ça qu’un d’entre eux ce dit au-dessus des autres ni ne s’enrichisse sous prétexte qu’il les représente.
- (Thomas) Tu remets en question plus de deux mille ans d’histoire, peut être que c’est toi qui as tout faux !!
- Oui et alors ?? Je n’ai jamais prétendu détenir la vérité, seulement je ne me prends pas non plus pour le nombril du monde qui reçoit ou refuse de recevoir qui il veut et quand il veut, sous le prétexte d’être au-dessus du commun des mortels.
- (Damien) Si on changeait de sujet les gars !! Vous ne vous mettrez visiblement pas d’accord ni l’un ni l’autre et nous ferions mieux de profiter d’être ici pour faire du tourisme au lieu de nous prendre le chou comme ça !!
- Tu as raison « Dami » !! Puisque nous sommes là, autant en profiter !!
Comme les gardes suisses ne font plus trop attention à nous à part quelques œillades qui n’ont plus rien à voir avec leurs fonctions, nous nous dirigeons tranquillement vers la sortie du poste de garde.
C’est au moment où Damien allait ouvrir la porte, que celle-ci s’ouvre en laissant apparaître un homme encore bien fait de sa personne malgré un âge conséquent et tout de rouge vêtu de sa tenue d’apparat de cardinal, suivi d’un autre qui tout de suite amène notre stupeur autant à moi qu’à mes deux blonds Aixois.
- Paolo ?????
CHAPITRE 139 (Vatican) (Lundi matin) (Un ami qu’on croyait perdu)
La surprise semble tout aussi réciproque, Paolo se figeant comme une statue la bouche béante d’une surprise qui est tout aussi authentique que la nôtre à le retrouver ici après toutes ces années.
Il habitait Aix en Provence et faisait partie de notre petite bande de copains que nous formions en primaire, puis ensuite en secondaire jusqu’à ce qu’il quitte la France en suivant ses parents dans leurs mutations quelque part dans un pays en voie de développement.
Je me souviens de la peine que nous avons tous eue, en apprenant son départ et je suis certain que si ça n’avait pas été le cas, il serait encore et toujours en bonne place parmi mes copains actuels, tellement nous nous entendions bien à cette époque.
C’est donc avec une curiosité dévorante, que je lui pose la question qui tout de suite me vient à l’esprit.
- Qu’est-ce que tu fais ici ?? Je te croyais parti hors d’Europe avec tes parents ??
Paolo sourit enfin, comprenant par le tutoiement de Florian que pour celui-ci c’est comme s’ils ne s’étaient quittés que depuis quelques jours et non depuis toutes ces années où lui aussi a en maintes occasions pensé à eux, comme des amis très chers qu’il avait dû quitter avec beaucoup de regrets.
- On a atterri en Italie après bien des aventures, pour faire rapide mes parents ont fini par s’installer dans le coin et moi j’ai voulu me trouver une indépendance, du coup j’ai postulé pour ce travail et j’ai été accepté très rapidement, cela va faire un an que je fais partie de la garde du palais.
- (Thomas) Tu m’étonnes que tu aies été accepté !! Tu étais déjà mignon étant gamin, mais là c’est encore plus grave ! Hi ! Hi !
Paolo jette un coup d’œil rapide sur le cardinal, en rosissant suffisamment pour me mettre la puce à l’oreille sur l’éventualité d’une relation beaucoup plus intime entre eux deux.
Il se reprend très vite en souriant brièvement avant de se tourner une nouvelle fois vers nous, s’arrêtant un bref instant avec un regard curieux sur Damien et Antonin avant de répondre avec bonhomie à la dernière phrase de Thomas.
- Tu peux parler !! Il y a des places de libre pour vous ici, si vous cherchez un travail !!
- (Mathis) Heu !! Non merci !! Sans façon ! Hi ! Hi !
- (Thomas) Tu ne nous présentes pas ??
Paolo se tourne vers Flavio qui jusque-là s’est contenté d’écouter avec surprise la conversation qui tendrait à démontrer qu’un lien d’amitié encore très puissant lie « son » Pablo à ces garçons magnifiques, parmi lesquels il a bien sûr reconnu celui-là même qui amène tant de polémiques au cœur de l’Église.
- (Paolo) Voici Monsignor le cardinal Camerlingue Flavio Di Calo, il parle parfaitement notre langue. Camerlingue Di Calo, je vous présente mes amis d’enfance !! Florian De Bierne, Thomas et son cousin Mathis Louvain, et ???
- (Mathis) Damien Viala qui est comme un frère pour Florian, il est également l’ami de Thomas et mon petit ami pour ne rien vous cacher. Le petit blond c’est Antonin, le secrétaire et ami de Florian mais aussi son petit ami ainsi qu’avec Thomas, voilà pour les présentations.
J’observe avec attention la réaction du cardinal, suite à la présentation sans fioriture de Mathis et je n’y vois rien qui choque plus que ça l’homme d’Église, à l’annonce du lien affectif sans équivoque qu’a Damien avec Mathis tout comme pour « Anto » avec Thomas et moi.
- On est aussi ensemble avec Thomas !!
- (Paolo) De meilleur ami à petit ami, le pas a donc été franchi finalement !! Maintenant que les présentations sont faites, peut-être pourriez-vous me dire ce que vous faites ici ??
- Tu as sans doute trop d’occupations pour écouter les informations.
- Je ne te suis pas là ??
- (Flavio) T… « votre » ami a rendez-vous avec le Saint-Père, je venais justement ici pour préparer l’audience et le faire patienter en lui faisant faire une visite du palais à lui et à ses amis, je ne pouvais pas imaginer que vous pouviez vous connaître.
- (Paolo) Florian !! Rendez-vous avec…non !! Je n’y crois pas !! C’est donc toi le fameux Florian qui fait des miracles ??
- (Mathis) Tu étais où ces dernières années ?? Sur une autre planète ou quoi ?? On n’entend parler que de lui depuis qu’il est reve…ressuscité !!
- Et bien ça alors !!
Le Camerlingue toussote pour lui faire comprendre que le contexte n’est pas à ce qu’il s’épanche plus sur la question, Paolo comprend le message en s’excusant.
- Veuillez m’excuser votre Éminence, l’étonnement et le plaisir de retrouver mes amis m’en a fait perdre le sens du devoir lié à ma fonction.
- Il n’y a pas de mal, je comprends très bien !! Vous aurez très certainement l’occasion de pouvoir revoir vos amis avant qu’ils ne repartent, je verrais à ce que vous puissiez avoir l’opportunité de vous retrouver en privé pour cela.
- Merci Fla… Votre Éminence !!
Nous nous regardons tous les cinq avec un petit sourire en coin, il ne fait plus aucun doute aussi bien pour moi que maintenant pour mes amis qu’entre ces deux-là il y ait beaucoup plus qu’une relation de travail.
- (Mathis) Vous semblez drôlement proche par rapport à vos fonctions respectives ?? Tu n’aurais pas oublié de nous dire quelque chose par hasard ??
- (Paolo troublé) Je…non…je…. Pourquoi tu dis ça ??
- (Mathis) Laisse tomber, de toute façon ce sont vos affaires !!
Je fixe le Camerlingue avec un soupçon d’ironie que je n’arrive pas à garder pour moi.
- Vous avez dû vous croire à Noël quand il est arrivé dans votre « garde-manger », un petit suisse tout frais comme dessert pas vrai ??
Paolo effaré.
- Mais non, enfin !! Tu dis n’importe quoi sans savoir !! C’est vrai qu’il y en a qui auraient vu les choses de cette façon, mais je t’assure que Flavio n’est pas du tout comme ça !!
- Flavio ??
- (Paolo) Je… voulais dire monsignor Di Calo…je….
Flavio s’interpose entre nous pour à l’évidence ne pas laisser Paolo s’enferrer encore plus dans ce qui maintenant ne laisse plus place à aucun doute.
- Tes amis ont bien compris, je vous prierai juste d’éviter d’en faire la une des journaux !! Ici les non-dits sont beaucoup plus facilement acceptés que les vérités étalées au grand jour, je suis conscient de ce que peuvent penser des jeunes gens qui découvrent certaines pratiques. Tout comme je suis parfaitement lucide des presque cinquante ans qui nous séparent, croyez-moi ou pas mais j’en suis le premier étonné et je ne me serais jamais engagé dans un tel état de fait si je n’avais pas été certain que ce soit réciproque, maintenant il est temps de clore ce sujet et d’en revenir au but de votre visite, certaines choses se doivent de rester dans la sphère intime de la vie privée.
CHAPITRE 140 (Vatican) (Lundi midi) (Une messe qui marquera les esprits) (1/2)
J’ai quand même du mal à me faire à cette idée de couple entre cet homme plus que mûr et ce grand et magnifique jeune homme qu’est devenu mon copain Paolo, maintenant je vois bien également qu’aucun des deux ne joue un jeu au détriment de l’autre et ça me suffit pour accepter cet état de fait sans y porter un quelconque jugement, n’ayant pas à m’immiscer comme si bien dit juste avant, dans leur vie privée.
- Ça serait possible de voir la chapelle Sixtine ?? J’avoue avoir toujours eu une envie folle de la visiter, je me doute que ça doit être encore plus beau en réel qu’en photo.
Le cardinal jette un coup d’œil rapide à sa montre avant de répondre.
- À cette heure-ci nos fidèles sont en prières, la messe de midi ne fait que commencer.
- Nous resterons discrets je vous le promets.
- Dans ce cas suivez-moi !!
Flavio sourit à Paolo qui visiblement ne sait pas s’il doit les suivre ou pas.
- Passe donc devant avec tes amis, j’aimerais m’entretenir avec monsieur De Bierne en tête à tête pendant que nous nous y rendons.
- Comme vous voulez Éminence !!
Nous attendons donc quelques instants qu’ils aient pris suffisamment d’avance, avant de prendre le même chemin que mes copains.
Le cardinal reste un moment silencieux, avant qu’enfin il se décide à parler.
- Vous êtes quelqu’un de bien étrange, le savez-vous ?
- Croyez bien que je suis le premier à m’en faire la réflexion, je me doute de toutes les questions qui vous brûlent les lèvres et je peux vous certifier que je me les pose également régulièrement depuis bien longtemps, j’imagine que vous devez avoir eu vent de certaines particularités en ce qui me concerne directement ?
- C’est exact !! Certaines s’expliquent en considérant que vous devez avoir un potentiel intellectuel peu commun, alors que d’autres ne trouvent à nos yeux aucune explication rationnelle si ce n’est dans nos croyances à la réalité divine.
- Nous y voilà !! Je me disais aussi que le sujet ne tarderait pas à être abordé, sachez avant toute chose que je n’ai pas eu une éducation religieuse et que mes grands-parents tout comme moi étaient ce que vous appelleriez des athées, vous comprendrez donc que tout ce que vous représentez n’est rien d’autre pour moi au mieux qu’un folklore qui ne s’explique que par le besoin des peuples à vouloir mettre des mots sur ce qu’ils ne comprennent pas.
- Il y a bien eu un commencement pourtant, vous ne pouvez pas nier cette évidence ??
- Savez-vous que certains prétendent que je pourrais être ce commencement ??
- L’êtes-vous ??
- Bien sûr que non !!
- Comment vous définiriez-vous dans ce cas ??
- Honnêtement ?? Je n’en ai pas la moindre idée !! Le plus crédible à mon sens serait que je ne sois pas de cette planète, ou encore que quelque chose ou quelqu’un m’aurait transformé lorsque je n’étais qu’un nouveau-né. Que j’ai pu grâce à ça survivre à des blessures sans aucun doute mortelles, maintenant ce n’est que ma vision des choses et rien ne dit que j’ai raison, j’ai vécu jusqu’à ces derniers mois avec l’idée que mon corps avait évolué de façon à m’octroyer ce que j’appelais alors des « dons » spéciaux. Mon organisme me permettant de me guérir plus rapidement, c’est du moins la première chose que j’ai pu constater.
- La première chose dites-vous ? Il y en a eu donc d’autres ?
- C’est exact !! Beaucoup plus tard, j’ai découvert que ce qui me guérissait pouvait également avoir le même effet sur d’autres personnes.
Flavio stoppe net, l’ambiguïté de mes dernières paroles y étant je pense pour beaucoup.
- Vous parlez sans doute de vos découvertes sur certaines maladies jusque-là sans véritable traitement ? Ou encore de l’habilité qui vous est reconnue pour tout ce qui concerne les actes chirurgicaux ?
- C’est justement de ces particularités disons intellectuelles auxquelles vous faites allusions, qui très jeune me laissaient croire ainsi qu’à mon entourage que j’avais une précocité mentale bien au-delà d’un garçon de mon âge.
- À vous entendre, on pourrait penser que ce n’était pas que de ces aptitudes extraordinaires dont il était question ??
- Certaines choses arrivées récemment laisseraient en effet à entendre que ce n’est pas tout, ce qui jusque-là pouvait plus ou moins s’expliquer par une différence d’ordre purement génétique due comme je vous le disais à une espèce d’évolution, ne collent absolument plus avec le vécu de ces derniers mois.
- J’imagine que vous ne tenez pas à me révéler ce qui vous a fait changer d’idée sur vous ?
- Peut-être une autre fois quand je vous sentirais prêt à l’entendre, pour le moment vous êtes trop dans vos croyances chrétiennes pour avoir l’esprit suffisamment cartésien nécessaire pour ne pas plonger tête baissée dedans.
J’hésite un moment en pesant le pour et le contre, en reprenant toutefois ma marche pour retrouver mes amis.
- D’un autre côté, vous pourriez peut-être avoir une analyse différente des autres et votre culture ecclésiastique qui vous a amené à ce poste je le conçois important, permettrait sans doute une autre approche qui m’éclairerait sur certains points.
- Je vous laisse y réfléchir, nous arrivons à l’endroit où vos amis vous attendent !!
Nous arrivons en effet dans une espèce de sas où nous rejoignons le reste de la bande, Le cardinal passe alors devant nous pour ouvrir la seconde porte qui donne directement près de l’estrade de l’immense chapelle.
Nous restons alors tous bouche bée devant la splendeur du lieu, autant par l’architecture que par toutes ces personnes en prière écoutant l’oraison du prêtre debout derrière l’autel.
Quelque chose me prend alors aux tripes, une impression inconnue qui m’amène une sensation étrange comme si j’avais déjà vécu ces instants de ferveur qui émanent de tous ces gens et qui libèrent en moi comme une force si puissante, que j’en ferme un instant les yeux pour m’en imprégner du plus profond de ma chair.
***/***
Damien vivement impressionné lui aussi, se retourne vers Florian pour lui faire part de ses impressions et son visage exprime alors en le voyant un ahurissement qui lui fait pousser un cri de surprise.
- Florian !!! Qu’est-ce qu’il t’arrive !!
CHAPITRE 141 (Vatican) (Lundi midi) (Une messe qui marquera les esprits) (2/2)
L’exclamation de Damien fait se retourner vers le jeune rouquin tout le reste du groupe, Paolo et le cardinal Di Calo y compris, qui eux aussi assistent sidérés à ce qui lui a valu cette interjection dite à voix haute dans un lieu où le silence est de rigueur.
L’air autour de Florian semble s’opacifier, son corps se floutant bizarrement comme s’il cherchait à garder sa consistance et son apparence humaine.
Le cardinal en tremble de tous ses membres, reculant de plusieurs pas en arrière en se signant pour prendre ensuite la croix qu’il porte sur le devant de sa tenue d’apparat et la porter à ses lèvres en marmonnant des paroles compréhensibles que de lui seul.
Le fait d’avoir reculé, l'amène sans le vouloir au-devant de l’autel et un murmure remplit la chapelle, de plus en plus puissant au fur et à mesure que ses ouailles s’aperçoivent de son comportement pour le moins anormal.
L’orateur prend très vite conscience que quelque chose, autant inattendue que singulière se passe et qui perturbe la sérénité spirituelle ambiante, portant à son tour son regard dans la direction de ce qui semble bouleverser ses fidèles.
Son mutisme soudain, va alors de pair avec l’expression d’extrême stupeur qui marque petit à petit son visage et il assiste sans comprendre à la fin de cette anomalie qui voile le corps du jeune rouquin, juste avant que celle-ci ne cesse aussi brusquement qu’elle était apparue.
Thomas n’a que le temps de rattraper Florian avant que ses jambes ne le lâchent, le tenant fermement dans ses bras jusqu’à ce qu’il revienne à la réalité et reprenne suffisamment possession de ses moyens pour tenir debout tout seul, encore visiblement choqué de ce par quoi il vient de passer.
***/***
Le cardinal réagit le premier, il presse alors le groupe à sortir rapidement.
- Venez !! Ne restons pas ici !!
Ce n’est qu’une fois suffisamment éloigné de la chapelle, qu’il les fait entrer dans une pièce désertée à cette heure et qui ressemble à une bibliothèque, ou du moins à un lieu dédié à la connaissance.
Des milliers de livres atteignant le plafond tapissent deux des murs de la salle, le reste du mobilier étant essentiellement constitué d’une dizaine de petites tables servant très certainement aux personnes venant les consulter.
Mathis ne me quitte pas des yeux, revivant les quelques instants qui l’ont profondément marqué.
- Quelqu’un pourrait-il expliquer ce qu’il vient de se passer ?? Florian … ??
- J’aimerais bien le comprendre moi aussi, j’ai eu comme une sensation d’immense plénitude et puis d’un seul coup plus rien !! Juste une impression bizarre, comme si je retombais de haut !!
- (Antonin) Ça a commencé dès que tu es entré dans la chapelle, c’était comme si tu allais te fondre dans l’air !!
- (Damien) Ça m’a fait cette impression à moi aussi, tu devenais tout flou et ton corps semblait lutter pour garder sa consistance !! En tout cas, tu m’as foutu une trouille bleue sur le moment !!
Thomas repense soudainement à une conversation qu’ils ont eue avec Taha, quand il tentait de leur expliquer les paroles de l’entité alors qu’ils étaient dans l’autre réalité et que celle-ci venait de se « suicider », ou tout du moins de disparaître en comprenant que les intentions de Florian étaient de sonder ses souvenirs.
- Les prières !!
- Quoi, les prières ??
- Rappelle-toi les paroles de Taha, quand il parlait de ses conversations avec son dieu des pierres et qu’il lui avait dit que tu retrouverais ta mémoire et ton identité, quand les prières des peuples seraient assez puissantes.
- Te revoilà encore avec ces absurdités ?? Décidément, c’est une fixation !!
- (Damien) Ça se tient pourtant !! Comment expliques-tu sinon ce que nous venons de voir ??
- J’ai eu un moment d’euphorie, c’est tout !! Mon cerveau m’a encore joué des tours !!
- (Mathis) On ne te parle pas de ce que tu as ressenti, mais de ce que nous avons vu !!
- (Antonin) Peut-être devrions nous y retourner et retenter l’expérience ??
- Sûrement pas, tu n’as pas encore compris qu’ils ne demanderaient que ça !!
- Et pourquoi donc ??
- Tout simplement afin d’y trouver là, matière à relancer leur commerce !!
- (Damien) De quoi tu parles ?? Quel commerce ??
- Le pire qu’il soit, celui de la crédulité des pauvres gens !!
Le cardinal devient blême, ne supportant pas d’entendre balayer en quelques mots les croyances de toute une vie.
- Le fait de ne pas croire en nos préceptes et dans notre foi, ne vous autorise pas à nous traiter comme vous le faites !! Nous ne sommes pas des criminels, nous représentons depuis deux millénaires une façon de penser et je veux bien admettre parce que c’est votre droit qu’elle ne soit pas la vôtre, mais de là à l’entendre fustiger comme c’est le cas je ne peux l’accepter !!
- Ceci dit en passant, je n’ai pas demandé à venir !! Maintenant je suis conscient d’avoir été irrespectueux dans mes propos et je m’excuse pour mes paroles si elles vous ont choqué, mais croyez bien que vous n’arriverez jamais à me convertir. Pour aller dans votre sens, je dirais que je suis comme votre saint Thomas et je ne peux croire ce que je ne peux voir ou prouver de quelque façon que ce soit.
- (Paolo) Dommage alors qu’il n’y ait pas eu d’enregistrement à ce que nous venons d’assister, tu aurais peut-être changé d’avis sur le sujet. As-tu déjà ressenti ce genre d’impression avant aujourd’hui ??
- Heu !!! Pas que je sache, non !!
- (Mathis) C’est sans doute aussi la première fois que « Flo » entre dans une église ! Hi ! Hi !
- Là je confirme !!
***/***
La pensée de Thomas conforte les paroles précédentes de Paolo.
- Rien de plus facile pour toi de revivre ce moment à travers nous, pas vrai ?? C’est certain qu’après ça tu auras de quoi cogiter sur la question et que tu accepteras peut-être enfin l’idée que c’est une possibilité comme une autre, après tout ce que nous avons vécu il y a de quoi mettre ton esprit d’analyse en mode turbo !!
CHAPITRE 142 (Vatican) (Lundi après-midi) (Rencontre papale) (1/2)
Du coup la visite se retrouve écourtée, le cardinal préférant manifestement éviter de heurter plus son invité dans ses convictions ou plutôt son manque de convictions sur la religion.
Il les emmène déjeuner pour ensuite après en avoir reçu l’accord du Saint-Père lui-même, les accompagner jusqu’au bureau où aura lieu la réunion qui était la raison principale de leur venue.
Le couloir menant au bureau du Saint-Père est gardé par une dizaine de gardes Suisses en tenue d’Arlequin, comme l’a fait si bien remarquer Damien et qui fait sourire tout le monde en passant devant eux en y repensant.
- (Le cardinal) Je vais prévenir le très Saint-Père que nous sommes arrivés, attendez-moi ici quelques instants je vous prie !!
- Encore des prières ?? Mais vous n’arrêtez donc jamais ! Hi ! Hi !
- (Thomas) Florian, s’il te plaît arrête !! On a bien compris le message !! Si tu ne crois en rien, ce n’est pas le cas de tous ici !! Alors essaie de te calmer un peu, que cette visite reste au moins courtoise.
- Ok ! Ok ! Message enregistré !!
Je me tourne vers Paolo.
- Je dois l’appeler comment le grand-père derrière la porte ?
- (Paolo) Sa Sainteté ou très Saint-Père, pourquoi ??
- Rhaa !! Je vais essayer mais ce n’est pas gagné d’avance, surtout si je dois rester sérieux.
- (Thomas) « Flo » !! Tu as promis, rappelle-toi !!
- Bon d’accord, je verrais ça suivant comment les choses se présentent !! J’espère juste qu’il ne va pas vouloir m’abreuver de bondieuserie.
- (Damien) Mais non !! Vous allez juste « papoter » ! Hi ! Hi !
- (Mathis) Oh !! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !!
- (Antonin) Je pense que le copain de Paolo doit justement être en train de le prévenir d’éviter autant que faire se peut ce genre de discussion, sinon il ne serait pas aussi long à revenir.
Mathis profite qu’Antonin ait employé le mot « copain », pour poser la question qu’il meurt d’envie de poser depuis qu’il a su pour eux.
- Vous êtes vraiment ensemble ?? Je veux dire sans que tu fasses ça pour garder ta place ??
- (Paolo) Bien sûr que oui, j’ai toujours été attiré par les personnes plus âgées que moi et je savais très bien à quoi m’en tenir en postulant pour ce poste, juste que je ne m’attendais pas à tomber amoureux c’est tout !!
- (Thomas) Ça ne se commande pas !! Regarde-moi, je suis bien tombé amoureux d’un clown ! Hi ! Hi !
- (Mathis) Et moi du bébé à sa « moman » ! Hi ! Hi !
Damien me regarde l’œil pétillant, ce qui bien sûr m’amène à attendre sa repartie avec autant de curiosité que de plaisir anticipé.
- Écoute les deux blondes, tu les entends !! Heureusement qu’elles ont réussi à apprendre une phrase par cœur !! Si on n’avait pas été là, elles seraient encore en train de se regarder dans une glace à essayer de se draguer !!
Pas le temps de répondre que le cardinal refait son apparition, nous faisant signe d’entrer et son regard porté sur moi, montre bien l’inquiétude qu’il a des prochaines minutes.
Je lui envoie mon plus beau sourire, passant le premier pour aller directement vers le vieil homme se tenant debout tout voûté et qui nous attend derrière son bureau, la main droite tendue dans notre direction avec aux lèvres une expression de gentillesse qui m’ôte soudainement toute envie d’être vindicatif.
Il s’exprime alors dans un Français hésitant, montrant par là même l’effort qu’il fait pour que cette réunion se passe pour le mieux.
- Je vous remercie d’avoir répondu à ma demande, je suis conscient que vous avez d’autres occupations sûrement moins futiles que de tenir une conversation spirituelle avec le vieil homme que je suis. Monsignor Di Calo m’a prévenu que vous n’étiez pas homme de foi, nous éviterons donc les sujets qui pourraient heurter nos convictions respectives.
- Mais j’aime beaucoup les conversations spirituelles ! Hi ! Hi ! Surtout quand elles sont réellement amusantes.
Le cardinal lui traduit mes paroles qui à première vue n’avaient pas été comprises au niveau du second degré se voulant humoristique.
- Votre langue est décidément riche en double sens, peut-être pourrions-nous nous asseoir dans le salon ? Je n’ai hélas plus mes jambes de vingt ans.
Nous acceptons bien volontiers et c’est de manière beaucoup plus conviviale que nous poursuivons notre entretien, mes amis suffisamment impressionnés par le contexte où ils se trouvent pour rester silencieux en se faisant le plus discrets possible.
- Vous vouliez donc me parler ?? J’avoue que je n’en comprends pas vraiment la motivation, surtout si nous voulons éviter d’être spirituels et ce dans les deux sens du terme.
- Peut-être devrions nous commencer par vous montrer ce document.
Le Saint-Père tend la main vers le cardinal qui lui remet une pochette contenant quelques folios, folios que le vieil homme après l’avoir ouverte me tend d’une main tremblante.
- Vos connaissances n’auront certainement pas besoin de plus d’explications !!
C’est donc avec une certaine curiosité pour ne pas dire une curiosité certaine, que je feuillette les quelques pages et c’est avec surprise que je reporte mon attention vers lui en le fixant dans les yeux.
- Je connais parfaitement ce résultat d’analyse ADN puisque c’est le mien, il ne devait pas être trop difficile de se procurer quelques cellules m’appartenant pour le réaliser. Je comprends où vous voulez en venir, les particularités sont suffisamment marquantes pour que beaucoup de questions se posent.
Le Saint-Père pâlit de surprise, prenant un long moment avant de pouvoir reprendre la parole de façon intelligible.
- J’en conviens volontiers, seulement ce n’était pas le but recherché !! Nous voulions juste vous confier quelques échantillons afin d’en confirmer la provenance non terrestre, peut-être également pour en tirer par la même occasion quelques avancées médicales que nos spécialistes seraient heureux de partager avec vous. Maintenant je me dois de vous avouer que votre remarque sur sa provenance m’amène à revoir complètement ce à quoi nous nous attendions.
- Si ce n’était pas moi qui étais visé, d’où proviennent vos échantillons d’ADN alors ??
- Voyez-vous jeune homme, ce que vous avez sous les yeux est le résultat d’analyse prélevé sur un élément organique miraculeusement conservé et vieux de …. Deux millénaires, gardé précieusement par l’Église depuis sa découverte il y a de cela quelques siècles.
CHAPITRE 143 (Vatican) (Lundi après-midi) (Rencontre papale) (2/2)
Un silence impressionné s’instaure alors dans la pièce, je n’ose pas moi-même poser la question que tous se posent et ce de peur de revenir directement sur un sujet que j’avais promis à Thomas d’éviter, un soupir s’échappe alors de mes lèvres en comprenant que je n’y couperais pourtant pas.
- Et c’est reparti !! Je présume que vous allez vouloir me faire croire, que ce que vous gardez si précieusement depuis des siècles est en rapport avec les fondements de vos croyances ?? Sinon je ne vois pas trop à quoi vous aurait servi de le conserver si longtemps comme un trésor de guerre !!
- Un rapport on ne peut plus direct en effet mon fils !!
- Heu !! Si vous pouviez éviter ce genre de trait de langage, sans vouloir vous offenser ça va de soi !! Appelez-moi Florian ou « Flo », mais évitez-les « mon fils » s’il vous plaît !!
- Il n’y a pas d’offense, ce sont là juste les marques de formulations venant d’une longue habitude liée à ma charge. Il est étrange toutefois que vous ne laissiez rien passer, je me demande si c’est juste par un excès de convictions antireligieuses ou parce que vous craignez inconsciemment une vérité que vous n’êtes pas encore prêt à accepter ??
- Ecoutez monsieur, nous avions convenu de ne pas parler de ça et j’aimerais bien qu’on se tienne à notre accord, dans le cas contraire je devrais mettre fin à notre entretien. J’ai un immense respect pour les personnes de votre âge et je ne voudrais surtout pas passer pour ce que je ne suis pas, comprenez-le bien. J’avoue par contre être extrêmement curieux de connaître la provenance des échantillons de cette analyse. Elles sont semblables à celles que j’ai faites sur ma propre personne, il y a toutefois des explications à ce fait qui sont beaucoup plus terre à terre.
- Du genre ??
- Du genre d’un parent possédant le même patrimoine génétique que le mien et seule une analyse plus poussée pourrait prouver le contraire, ce genre d’analyse n’est hélas pas encore dans les possibilités de la science médicale actuelle et consisterait à réaliser le décryptage sur l’ensemble de la chaîne ADN, alors que nous arrivons péniblement à en comptabiliser qu’un petit cinquième à peine. Il se pourrait donc logiquement que ce ne soit que d’un lointain ancêtre qu’il s’agisse, convenez que ce serait déjà en soi un hasard phénoménal.
Le Saint-Père fait un signe au cardinal Di Calo, celui-ci lui tend alors une deuxième pochette cartonnée que le vieil homme ouvre pour en sortir plusieurs clichés qu’il me tend d’une main encore plus tremblante.
- Comment expliquez-vous ceci jeune homme ??
Je prends le temps d’observer attentivement les photos, n’y voyant rien là de bien extraordinaire si ce n’est l’aspect atypique du personnage qui semble sortir directement du moyen âge asiatique.
- Oui !! Je ne vois vraiment pas où vous voulez en venir, je ne connais absolument pas cet homme et vu sa tête, croyez bien que je m’en souviendrais ! Hi ! Hi !
- Ces clichés nous sont parvenus avec une demande d’authentification venant de la part de votre gouvernement, comprenez la surprise d’une telle demande qui ressemblait plus, de prime abord à une plaisanterie de mauvais goût qu’autre chose.
- Je veux bien vous croire !!
- Nous avons donc renvoyé un courrier dans ce sens à la personne qui nous les avait envoyés, sans pour autant faire gaspiller un temps précieux à nos archivistes mais devant l’insistance à prendre cette demande au sérieux, j’ai accepté finalement de faire procéder à ces recherches sous conditions de nous en dire davantage sur l’identité présumée de cet homme. Nos archives comportent des centaines de milliers d’éléments datant pour certains de fort longtemps, que ce soit des faits avérés ou encore des témoignages écrits ou croqués se rapportant aux diverses croyances du monde entier.
- Ces photos semblent récentes, il n’y avait pas à chercher aussi loin !!
- Détrompez-vous jeune homme !! C’est d’ailleurs en trouvant des éléments de réponses là où nous nous y attendions le moins, que nous avons pu négocier en contrepartie de leur non-divulgation cet entretien d’aujourd’hui.
- Qui est donc cet homme ??
- C’est vous jeune homme !! Ou du moins l’apparence que vous aviez en sortant de votre « coma » il y a quelques semaines, ces photos ont été prises juste avant que vous ne quittiez l’hôpital qui maintenait vos processus vitaux en attendant votre éventuel réveil et que vous redeveniez vous-même pour une raison qui a été gardée secrète, pour ensuite réapparaître aux yeux du monde.
- Je suis au courant quoique je ne puisse pas vous l’expliquer pour les mêmes raisons, vous vous en doutez bien !! Je pense connaître le fin mot de vos recherches, sans doute une représentation datant de bien avant vos propres convictions religieuses et d’autres que vous m’en avaient déjà fait part, j’avoue que ça commence à faire beaucoup et qu’il va bien falloir que je me décide à conduire mes propres investigations, tout ceci pour le moment ne m’apporte aucun souvenir quel qu’il soit qui pourrait me faire penser qu’il y a un fond de vérité dans toute cette histoire. Cet homme, Izanagi pour ne pas le citer, serait considéré dans les croyances orientales comme le commencement de tout et je me pose alors cette question, d’où vient-il lui ??
- Vous reconnaissez donc qu’il existe ??
- Je n’ai pas dit ça, juste que je connaissais ce qui se dit sur lui !!
- Comment expliquez-vous alors que vous ayez pu prendre son apparence ??
- Vous avez mis le doigt là où ça fait mal, je ne l’explique pas justement et c’est bien « là » le problème !!
- Alors pourquoi refusez-vous avec autant d’obstinations d’accepter le fait qu’il pourrait y avoir un fond de vérité, après tout il me semble que beaucoup de choses vous concernant y trouveraient là une explication rationnelle !!
- Rationnelle dites-vous ?? Qu’y a-t-il de rationnel à vouloir me faire passer pour un dieu, je vous le demande un peu !! Je serais plus à même de penser qu’on tente de me monter une cabale digne des meilleures farces qu’il n’y ait jamais eu.
- Pourquoi donc chercherait-on à faire une chose pareille, en voilà une idée !!
- Pour trouver un sens autre que celui que je serais porté à croire sur mes « dons », voilà pourquoi !! En plus ça remettrait de la ferveur dans toutes vos croyances qui sont en perte de vitesse depuis que la technologie et l’éducation y trouvent matières à les mettre en doute, voilà pourquoi !!
- Vous voulez à tout prix trouver une réponse qui vous convienne ?
- Je dis juste qu’il y a d’autres possibilités et qu’il ne faut pas les gommer d’un revers de main juste parce qu’elles ne vont pas dans votre sens.
- Soit mon garçon mais alors que ce soit réciproque !! Avez-vous des pistes à nous soumettre ?? Que nous puissions argumenter en connaissance de cause ??
- Plusieurs en effet !! Une intelligence supérieure qui serait venue mettre un coup de pouce à notre développement, quelques-unes de ces intelligences seraient restées pour suivre le chemin parcouru et je pourrais en être un descendant, ou encore une nouvelle mutation de l’espèce ?? Il y en a encore certainement d’autres auxquelles je ne pense pas forcément, avouez que ces idées sont quand même plus sensées que celles que vous prônez tous avec votre ou vos dieux ??
Le cardinal toussote discrètement dans sa main, le Saint-Père reporte son attention vers lui en levant un sourcil de curiosité.
- Oui ?? Vous avez quelque chose à rajouter ??
- J’entends chacun défendre ses opinions depuis le début de cet entretien, je ne me permettrai certainement pas de donner un avis sur qui a tort ou raison !! Juste que ce qu’il s’est passé durant la messe n’a pas l’air de peser beaucoup dans la balance, pourtant comment expliquer ce à quoi nous avons été témoins si ce n’est par la foi dans une puissance divine ?
- Deux faits se produisant en même temps ne sont pas forcément liés, ils peuvent être aussi le fruit du hasard !!
- (Le cardinal) Qu’à cela ne tienne !! Refaisons l’expérience et nous verrons bien ce qu’il en est, le hasard n’aurait alors plus lieu d’être dans nos pensées !!
- Désolé mais je n’ai aucune envie de renouveler cette expérience !! Tout du moins pas pour le moment.
CHAPITRE 144 (Vatican) (Lundi soir) (Retour à la maison)
C’est avec un énorme soulagement, pour ma part tout du moins que nous quittons enfin ce lieu, qui ne m’amène depuis mon arrivée qu’un sentiment de fort malaise difficile à définir.
Mes amis au contraire semblent regretter de devoir déjà repartir, faisant contre mauvaise fortune bon cœur en prenant place dans la limousine qui va nous ramener jusqu’à la gare de « Termini ».
Deux points positifs néanmoins ne me font pas trop regretter malgré tout d’être venu, déjà l’aspect architectural du palais, qui est je dois bien l’admettre magnifique et aussi mais surtout d’avoir eu l’occasion de retrouver Paolo, celui-ci nous ayant fait la promesse de venir nous rendre visite suite à notre invitation pressante tout autant que sincère de le faire.
***/***
Le train de nuit nous permet de nous retrouver dans l’intimité, deux cabines couchettes ayant été réservées pour cette occasion.
Nous avons bien tenté de discuter un peu tous ensemble dans l’une de celles-ci, mais le petit jeu de bâillements de Damien simulant de toute évidence une fatigue qu’il est loin d’éprouver, ne pouvait que l’écourter pour rapidement se retrouver seul avec « Math » qui d’ailleurs n’a pas demandé son reste pour le suivre.
- (Thomas) J’en connais deux qui ne vont pas dormir beaucoup cette nuit ! Hi ! Hi !
- (Antonin) Pourquoi ? Tu as l’intention de dormir toi ?
- Un peu quand même !! La journée a été longue et demain c’est le boulot qui m’attend, de toute façon je vous laisse à Lyon pour rejoindre ensuite Aix avec « Math ».
Le regard pétillant d’Antonin que ne voit pas Thomas, me fait sourire en m’attendant au pire pour mon chéri qui à mon avis va avoir le plus grand mal à mettre ses bonnes paroles à l’œuvre.
Je retiens difficilement mon envie de rire quand « Tonin » commence un effeuillage de son corps digne des meilleurs films érotiques qui soient, envie très vite remplacée par une autre devant un spectacle qui ne me laisse pas de marbre et commence même à m’échauffer sérieusement les sens, chopant un bâton énorme qui déforme de belle façon ma braguette tendue à craquer.
Bien sûr je savais qu’il partait gagnant à ce jeu-là et lui aussi qui maintenant n’a plus que son petit slip noir lui moulant ses petites fesses rondes en excitant un maximum notre Thomas qui a perdu depuis le début toute velléité à mettre ses intentions de dormir en pratique.
Les pouces d’Antonin entrent dans l’élastique du slip à la hauteur de ses reins en l’écartant suffisamment pour nous amener une forte bouffée d’envie à la vue de l’amorce du sillon fessier d’un blanc laiteux qui apparaît alors sous nos yeux.
La descente du fameux slip est un spectacle à lui tout seul, digne des meilleurs stripteases qu’il puisse exister et nous met exactement dans l’état où il voulait nous amener, l’envoyant dans un dernier geste vif du pied directement sur le visage de Thomas accompagné d’un regard de victoire à peine retenu.
L’hameçon étant avalé en fond de gorge, il n’est pas difficile pour mon petit blondinet de ferrer le grand qui en a déjà la langue et pas que d’ailleurs, qui pointe d’envie.
Pour ma part, pas besoin d’en rajouter et c’est sans fioriture que j’envoie valser mes affaires pour me retrouver nu à mon tour, pour ensuite faire le petit pas nécessaire pour me coller au dos de Thomas et lui descendre pantalon et boxer alors qu’Antonin vient plaquer en se trémoussant ses petites fesses là où précisément je venais de libérer la bête.
Le souffle rauque de Thomas montre bien qu’il n’est plus question pour lui de sommeil, mais bien qu’il soit pris à son tour dans une libido exacerbée qui lui envoie de longs frissons dans tout le corps.
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« Dans l’autre cabine »
Damien et Mathis n’en sont encore qu’aux préliminaires, l’excitation venant des bruits provenant de l’autre côté de la fine cloison et ce n’est qu’en entendant la longue plainte d’extase d’Antonin, qu’ils comprennent que c’est terminé.
- (Damien) Ce n’était pas du chiqué !!
- (Mathis) Ce n’est pas le tout !! J’ai chopé la matraque avec tout ça !!
- (Damien) Et moi donc !! À notre tour de prendre du bon temps maintenant et tant pis pour leurs oreilles ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 145 (Reims) (Un dimanche matin, clôturant les fêtes de la Toussaint) (1/2)
« Basilique Saint Rémi, à l’heure de la messe dominicale. »
Comme partout de par le monde et quelle que soit la religion, les lieux de culte depuis le printemps de cette année-là ne désemplissent plus des fidèles de plus en plus nombreux retrouvant la ferveur qu’était celle de leurs ancêtres.
La basilique se situant à quelques dizaines de mètres d'où habitent les Viala, ne déroge pas à cette règle et se retrouve pleine à craquer, en ce dimanche matin marquant la fin des vacances de la Toussaint.
C’est dans cette ambiance surpeuplée, que deux silhouettes se faufilent entre les bancs pour venir s’asseoir dans un coin resté libre et tranquille, à l’abri de la plupart des regards.
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« Retour à quelques minutes plus tôt. »
- Tu es sûr de vouloir faire ça ??
Je fixe Damien dans les yeux en souriant, conscient de ce que ma demande peut le surprendre.
- Je veux juste retenter l’expérience, tu comprends ?? Il n’y a que comme ça que j’aurais la certitude que ce n’était juste qu’une coïncidence.
- Et si ça recommence ?? On fait quoi ??
- Attends !! Tu ne vas pas croire toi aussi à toutes ces foutaises ??
- Franchement « Flo », je n’en sais plus rien !! Si tu es aussi certain que tu sembles l’être qu’il n’y a aucun rapport avec la religion, pourquoi veux-tu y aller pour vérifier ??
- Simple curiosité !! Bon !! Tu m’accompagnes ou pas ?? On a juste le temps de se trouver un coin pas trop à la vue de tout le monde avant que ça commence.
- Ok !! Je viens avec toi, mais je t’avoue que je ne suis pas tranquille !!
- Puisque je te dis qu’il ne se passera rien !!
***/***
« Retour au présent. »
Le curé suivit de ses enfants de chœurs prend place derrière l’autel, il tapote sur le micro qui émet alors un son assez désagréable pour les tympans et se racle un bref instant la gorge le temps de se reprendre du trac qu’il ressent devant autant de fidèles rassemblés et qui remplissent la salle dans un brouhaha de voix assourdies, faisant silence d’un coup en s’apercevant de sa présence.
- Prions le seigneur !!.... Notre père, qui êtes aux cieux, que….
Damien me regarde avec attention, s’attendant sans doute à ce que se reproduise la même scène qu’au Vatican et s’inquiète brusquement de mon sourire amusé, me connaissant suffisamment pour savoir qu’il n’amènera rien de bon si ce n’est une plaisanterie aux dépens de quelqu’un.
Il colle donc ses lèvres à mon oreille pour murmurer.
- Je ne connais que trop bien ce sourire, tu ne vas quand même pas faire le con ici avec tous ces gens ??
- Ce serait marrant que leur dieu se manifeste à eux !!
- Ne fais pas ça !! En plus c’est un peu à cause de toi s’ils sont là aussi nombreux !!
- Justement ! Hi ! Hi !
***/***
Le curé termine sa prière.
- Vous pouvez vous asseoir !!
Il ouvre son missel en feuilletant quelques pages avant de trouver celle qui l’intéresse et reprend d’une voix suffisamment forte pour se faire entendre de tous.
- Le seigneur a dit, aimez-vous les uns les autres !!
***/***
« Une voix entre alors dans sa tête. »
- Tu parles d’une partouze !!
***/***
La stupeur est telle qu’il se retourne en foudroyant du regard les deux jeunes garçons en soutane blanche qui se tiennent derrière lui, ceux-ci bien sûr le fixent avec la candeur surprise de ceux qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.
Le curé a un moment de flottement avant de revenir à ses ouailles pour reprendre son homélie, une petite quinte de toux le temps de retrouver le fil de sa pensée et il s’adresse une nouvelle fois à eux.
- Ses paroles du seigneur sont aujourd’hui plus que jamais celles de la raison, elles n’ont de sens que celles de la compassion, le respect et l’amour envers notre prochain. Louons le seigneur des bienfaits qui nous ont été donnés de recevoir, la joie du retour de l’enfant prodigue en est assurément un. Partageons ensemble le pain et le vin…
« La même voix revient dans sa tête, encore plus sarcastique. »
- C’est ça !! Soûlez-vous à ma santé ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 146 (Reims) (Un dimanche matin, clôturant les fêtes de la Toussaint) (2/2)
Damien voit bien le curé perdre pied pour la deuxième fois alors qu’il commence à peine sa messe, il jette alors un œil suspicieux sur moi qui prend l’air innocent de l’agneau qui vient de naître.
- Mais qu’est-ce que tu fais encore ??
- Moi ?? Mais rien du tout !! En fait c’est son Dieu qui doit lui parler je pense !!
- Arrête ça, tu veux bien !! Ce n’est drôle que pour toi, regarde dans quel état tu l’as mis avec tes conneries !!
- Ok !! Ne te fâche pas, c’était juste pour rire !!
- (Damien) Je te signale quand même que nous ne sommes pas venus ici pour jouer aux cons, mais pour vérifier que ce qui s’est passé là-bas ne se reproduise pas une nouvelle fois. Je suis comme toi tu sais !! Toutes ces bondieuseries me gonflent, ce n’est pas pour autant que je cherche à semer la pagaille.
La voix de Damien porte beaucoup plus loin qu’il le pense par l’effet d’échos de l’architecture, spécialement conçue justement pour que les paroles s’entendent de loin et c’est ainsi que notre présence se voulant discrète, apparaît finalement aux yeux de tous.
Il ne faut pas bien longtemps pour que tous les regards convergent sur nous, le curé tout d’abord surpris et encore sous l’extrême état de désarroi des voix entendues dans sa tête, finit par nous découvrir à son tour, cachés derrière un des piliers de la vaste nef.
Une vive émotion traverse alors son visage, émotion qui lui fait complètement oublier la voix marquée d’ironie qui était la cause directe de ses quelques secondes de mutisme.
- Approchez mon enfant !! Le seigneur est notre berger, heureux d’accueillir dans sa demeure ceux qui portent sa bonne parole dans leurs actes de tous les jours !!
Je vais pour envoyer un bêlement retentissant, histoire d’amuser la galerie quand un coup de coude de Damien me rappelle à l’ordre.
Son regard me montre l’autel avec tant d’insistance, que je ne vois rien d’autre à faire que de m’y diriger d’un pas hésitant.
- N’ayez crainte mon fils, vous êtes dans la maison de Dieu !!
Ce n’est qu’une fois que je l’ai rejoint, qu’il reporte son attention sur tous ses fidèles en posant sa main d’un geste protecteur sur mon épaule.
- Louons notre seigneur d’avoir donné vie à un garçon si brillant qui a voué son existence à guérir toutes les souffrances de la chair et de l’âme, prions en remerciements pour ses bienfaits !!
Il entame alors une prière vite suivie par l’ensemble des femmes, hommes et enfants qui sont venus assister à sa messe, faisant résonner l’air ambiant de leurs voix répétant avec ferveur ses paroles de prières aussitôt celles-ci sorties de ses lèvres.
J’ai un instant d’agacement, me sentant pris au piège par ma participation involontaire dans ce qui n’est pour moi qu’une manifestation de plus de ce que sont capables certaines personnes face à la crédulité du plus grand nombre.
Ce sont les yeux de Damien fixés avec incrédulité sur moi, qui m’alertent sur les changements encore à peine perceptibles qui m’entourent.
Je revis alors les mêmes impressions de sérénité que celles vécues à la chapelle Sixtine, mon corps semblant comme se déliter dans l’air ambiant alors que mon esprit s’ouvre à des perceptions si intenses, que j’en oublie complètement le contexte pour tenter d’en analyser la portée.
C’est comme si l’univers tout entier s’ouvrait à moi, faisant fi de la distance en me donnant la vision kaléidoscopique de chaque parcelle de vie qui le compose.
J’ai la vision brève de mondes si différents qui défilent à une vitesse folle, que mon esprit peine à en comprendre l’existence comme la raison d’être.
Des formes de vies qui s’agitent dans un quotidien qui diffère fondamentalement du mien, mais qui eux aussi prient à leur façon pour ce en quoi ils croient.
Je vois la peur, le malheur et la haine mais également la joie, le bonheur et l’amour.
La guerre, les cris de douleur, la mort mais aussi la paix, l’émotion et la vie, tout s’imbriquant dans un ballet hypnotique de mondes si différents qui me montrent la complexité de l’univers.
Quelque chose m’attire inéluctablement, un lieu à l’architecture d’une beauté sans pareille, mon esprit traverse alors le temps et l’espace pour me propulser à l’intérieur d’une vaste salle aux colonnes sculptées montant si haut, qu’on n’en voit pas la fin.
J’entends alors des paroles venant d’un être à l’apparence controversée qui me donne le frisson, respirant la suffisance et la haine envers tout ce qui n’est pas sa propre image.
Un être si imbu de lui-même qu’il ne ressent ni la terreur, ni la haine qu’il inspire.
***/***
- Il ne doit pas retrouver sa puissance !! Envoyez nos vaisseaux et détruisez toutes vies dans ce quartant d’univers où apparaissent ces fluctuations d’espace-temps !!
- Ne craignez-vous pas que les peuples se retournent contre vous majesté ?? Beaucoup de nos mondes rejoignent déjà ouvertement la rébellion, le « Kinnn » s’agite de nouveau et nos espions nous rapportent que les anciennes prières resurgissent d’un peu partout et appellent à son retour.
- Détruisez ces nids de traîtres !! N’ayez aucune pitié, il faut tuer dans l’œuf tous ces parjures à mon hégémonie !! L’Unique ne doit pas retrouver le souvenir de ce qu’il est, il doit rester dans cette enveloppe humaine qu’il aime tant et qui lui a valu son sacrifice pour que cette race si faible survive à sa folie destructrice. Les peuples ont donc si vite oublié, pour qu’ils prient ainsi pour son retour ??
- Un millénaire s’est passé majesté !! Plus personne n’a le vécu de cette période à part votre excellence et les élus, ceux-ci ont toujours défendu sa cause, n’agissant depuis lors que pour lui faire retrouver sa place et celle de Thomasss, l’empereur déchu !!
- Ce bellâtre n’était qu’une marionnette, un amant répudié à cause de sa jalousie, disparu lui aussi avec celui qui à ses yeux prenait trop d’importance dans le cœur de l’unique et c’est cette jalousie qui fut le commencement de la fin pour son règne ainsi que par la même occasion le début des exactions engendrées par son maître, exactions qui ont finalement abouti par son exil très vite suivi par le sacrifice des anciens et de leur planète, quand il leur a fallu trouver la puissance nécessaire à la mise en quarantaine de leur dieu.
***/***
Un cri de stupeur et d’effarement sortant de plusieurs centaines de bouches, me ramène aussi soudainement dans mon corps puisque j’en étais sorti et je me sens brusquement sans force, m’affalant sur le sol quand mes jambes n’arrivent plus à me soutenir.
CHAPITRE 147 (Reims) (Dimanche après-midi) (Réveil difficile)
Ma première impression en me réveillant, fut celle d’un lit douillet dans lequel je me trouve allongé et qui est loin de ceux beaucoup moins confortables des hôpitaux, où je m’attendais à me retrouver cette fois encore après ma perte de conscience.
J’ouvre donc un œil pour explorer la pièce où je me trouve, satisfait d’y reconnaître la chambre que je partage avec Guillaume.
Un visage visiblement rassuré prend place en gros plan dans mon champ de vision.
- Ah, quand même !! Tu pourras dire que tu m’as foutu une sacrée trouille !!
- Qu’est-ce qu’il s’est passé au juste ?? Je ne me souviens de rien !!
Damien prend du recul pour s’asseoir à côté de moi, me dévoilant ainsi le reste de la famille qui se tenait derrière lui.
- Tu nous as refait le coup du Vatican, mais cette fois ça a duré plus longtemps et ce n’est que quand ils ont tous arrêté de prier en comprenant qu’il y avait un truc qui ne tournait pas rond, que tu es revenu à toi en tombant dans les pommes. C’est « Do » et son binôme qui t’ont ramené ici en disant que tu y serais mieux qu’à l’hosto, que de toute façon ils ne feraient rien de plus que de te laisser dormir.
- Cool !!
- Tu ne diras peut-être plus ça quand on va te demander des explications, tu es devenu quasi transparent et il y a eu suffisamment de témoins pour que ça n’en reste pas là cette fois, le curé était dans tous ses états et il n’arrêtait pas de se signer en baragouinant dans son jargon catho, comme quoi tu étais revenu sur terre pour nous sauver de je ne sais plus trop quel truc « chelou » !! Mon avis, que tu vas les avoir tous d’ici pas longtemps sur le paletot !!
Annie vient s’asseoir de l’autre côté du lit, son visage anxieux me faisant lui envoyer un sourire se voulant rassurant.
- Tu ne te rappelles vraiment de rien ??
- Ça me revient petit à petit, mais ça n’a de toute façon ni queue ni tête !!
- (Damien amusé) C’est sans doute la raison pour laquelle tu ne t’en rappelles pas ! Hi ! Hi !
- (Frédéric) Philippe a été averti de ton malaise ainsi que de ce que Damien a vu, il est en route pour en parler avec toi !! Il dit que ça doit être important et qu’il va falloir employer une nouvelle fois l’hypnose, en faisant attention cette fois aux questions qui seront posées. Il n’a pas voulu me dire ce que signifiait ce « cette fois », j’ai eu néanmoins l’impression que ça avait été dangereux !! Je ne voudrais pas que vous preniez des risques inconsidérés, il y a peut-être des choses qu’il n’est pas forcément bon de déterrer trop tôt, qu’en penses-tu ?
J’explique alors ce qu’il nous était arrivé la fois où nous avons tenté l’expérience, ainsi que ce que j’ai dû faire pour que Philippe retrouve sa santé mentale.
Annie va pour protester sur cette idée de refaire l’expérience, quand la porte d’entrée claque et que quelques secondes plus tard n’apparaisse Antonin encore tout chamboulé, venant me prendre la main en tremblant.
- J’ai cru un moment que tu étais reparti vers une autre réalité !!
Je le regarde fixement avec étonnement.
- Tu étais connecté mentalement avec moi ?
- Bien sûr, qu’est-ce que tu crois !! J’étais curieux de voir comment ça allait se passer, entre nous ce n’était pas vraiment cool ton petit jeu avec le curé !!
- De quoi te souviens-tu d’autre ??
- J’ai pensé à un moment être dans « Star-Wars », il y avait de drôles de créatures qui parlaient !! Un surtout qui me faisait froid dans le dos, une espèce de monstre énorme qui voulait tuer tout le monde !!
- Tu comprenais ses paroles ??
- Aussi bien que toi apparemment, peut être que je comprenais la traduction que tu en faisais parce que ce dont je suis sûr, c’est que ce n’était pas une langue connue sur terre !!
Aurélien qui écoutait sans rien dire jusqu’à présent, prend la parole avec un ton de voix qui démontre l’énorme trouble de ce qu’il croit comprendre.
- Si tu as vécu la même chose que lui, il serait alors peut-être plus judicieux que ce soit toi que Philippe hypnotise à la place de Florian !!
Frédéric observe un bref instant son aîné, avant d’aller dans son sens.
- Voilà une remarque que je trouve plutôt judicieuse, les risques seraient alors quasiment nuls que se reproduise ce que tu nous as raconté tout à l’heure et vous pourriez ensuite décider si ça vaut encore le coup de tenter l’expérience sur toi, j’avoue pour ma part que tout ceci me trouble énormément !!
- (Antonin) Qui ne le serait pas à moins !! Je me demande surtout ce que venait faire Thomas, ou plutôt devrais-je dire « Thomasss » dans toute cette histoire délirante ??
- (Annie) Nous l’apprendrons bien assez tôt !! Le mieux est que tu te reposes pour l’instant, je suis certaine que Philippe dénouera tout ça en nous donnant les explications qui vont avec !! Peut-être qu’au final nous en découvrirons enfin un peu plus sur ce qu’il t’arrive depuis tout ce temps.
- (Damien) À l’époque je disais ça pour rire, mais en fin de compte vous êtes peut-être bien des extra-terrestres tous les deux avec Thomas.
- (Aurélien) Si c’est le cas, il y a à s’inquiéter sérieusement sur les paroles d’Antonin !!
- (Guillaume) De quoi parles-tu donc « Aurel » ??
- Ce monstre qui voudrait tuer tout le monde, de quoi ou de qui parlait-il exactement ?? Si c’est de nous, avouez tous qu’il y a du mouron à se faire !!
- (Frédéric) Il y a sans doute une autre explication, n’allons pas non plus entrer à pieds joints dans ce qui n’est sans doute qu’une sorte de cauchemar ou du moins venant d’une autre réalité que la nôtre, après tout tu en as déjà visité une à tes dépens, pas vrai ?? Alors pourquoi pas celle-ci ??
- Je suis d’accord avec toi, attendons d’en savoir un peu plus et que mes souvenirs me reviennent une fois que la fatigue aura disparu, j’aimerais bien dormir un peu si vous le voulez bien, parce que là !! Ce n’est pas la grande forme, c’est comme si un bulldozer m’était passé dessus !!
Frédéric regarde sa montre en faisant signe à tout le monde de sortir de la chambre.
- Philippe ne sera là au mieux que dans six ou sept heures, repose-toi d’ici là.
Il n’attend aucune réponse en me voyant déjà fermer les yeux, sortant le dernier de la chambre en refermant doucement la porte derrière lui et ce n’est qu’une fois tous réunis dans le salon, qu’il pose tout haut la question qui lui brûle les lèvres.
- Je me demande quand même ce que viennent faire les prières dans tout ça ?? Il y a bien une cause à effet, oui mais laquelle ??
- (Antonin) J’ai bien une petite idée là-dessus !! La créature parlait elle aussi de l’unique, j’ai bien eu l’impression que c’était de Florian qu’il parlait et ça corroborerait parfaitement ce que nous avons déjà entendu sur le sujet, maintenant vous vous rendez tous compte je pense de ce que cela impliquerait !!
CHAPITRE 148 (Reims) (Dimanche soir) (Introspection et analyse)
« Vingt-deux heures, appartement des Viala. »
C’est le visage à peine marqué par la fatigue de la route, que Philippe se gare à une place venant juste de se libérer une fois arrivé à destination.
Le temps de sortir du coffre la petite valise qui est toujours prête pour les cas d’urgences, cas qui avec Florian arrivent de plus en plus fréquemment et le voilà devant l’entrée de la résidence à s’annoncer à ses hôtes, grimpant ensuite l’escalier comme un jeune homme tellement il a hâte d’en savoir plus sur les événements de la journée qui lui ont tenu l’esprit en alerte durant tout le trajet.
Quelques formules de politesses, suivies d’une boisson rafraîchissante et le voilà sortant son pendule de sa mallette une fois Antonin allongé sur le canapé du salon, tenant absolument à avoir sa version avant qu’il soit temps de réveiller Florian.
Par précaution, il met en place le même genre de dispositif d’alerte que pour Florian mais avec cette fois-ci une casserole que lui a confiée Annie, visiblement perplexe d’une telle demande et ce n’est qu’après leur avoir demandé à tous de les laisser seuls, qu’il met Antonin en état d’hypnose pour ensuite lui faire revivre la scène en employant ses mots à lui.
Philippe note tout avec l’enregistreur qu’il a posé entre eux deux sur la petite table basse, se réservant ensuite tout le temps nécessaire à l’étude phrase par phrase de cette conversation pour le moins ahurissante.
Il repose la même demande au blondinet semblant plongé dans un sommeil profond, mais cette fois en lui faisant utiliser les mots non traduits pour pouvoir avoir une idée des bases linguistiques de ce langage pour le moins exotique avec ces consonances gutturales poussées à l’extrême.
Tout s’étant passé pour le mieux, il réveille ensuite Antonin et va prévenir la famille Viala enfermée dans le bureau de Frédéric, qu’ils peuvent revenir au salon pour à leur tour entendre l’enregistrement et donner ensuite leurs sentiments sur ce qu’ils en auront compris, recoupant ainsi ses propres idées sur la question.
***/***
« Après écoute attentive de l’enregistrement. »
- (Frédéric) Nul doute que ce soit bien de Florian qu’il s’agit, il y a trop de similitudes avec ce que nous savions déjà de lui !! Le plus troublant pour moi c’est le rôle de Thomas, il serait donc lui aussi mêlé directement à cette histoire.
- (Guillaume) « Thomasss » l’empereur déchu !! Ce sont bien les termes exacts ??
- (Philippe) Thomas ou « Thomasss », la différence n’est que dans la façon de prononcer son prénom mais il ne fait aucun doute que ce soit la même personne !! Qu’avons-nous appris sur lui ?? Un bellâtre répudié ?? Un empereur déchu ?? Il me semble qu’une autre personne se trouve impliquée dans cette dispute liée à la jalousie, une personne qui serait amant ou sans aller aussi loin, se verrait porter de l’intérêt par les deux à la fois. Il semblerait également qu’aucun d’eux n’accepte que cette tierce personne entre dans la vie de l’autre, d'où cette jalousie qui se termine de façon tragique par l’exil de l’un et la folie de l’autre, c’est du moins ce que j’en ai compris de cette conversation !!
- (Annie) C’est une fin bien triste, nul doute que le troisième larron soit également un garçon et si j’ai bien suivi l’allusion rapportée, il serait également exilé quelque part !! Alors pourquoi pas ici aussi tant qu’on y est ??
- (Aurélien) Donc nous aurions un Florian qui n’est rien de moins qu’un dieu, voire le seul puisqu’ils l’appellent tous l’unique !! Secondé d’un Thomas, ex-empereur déchu et par-dessus le marché, ex-amant répudié !! Le tout avec un troisième type dont on ne connaît ni qui il est, ni sa fonction là d’où il vient mais qui plaît aux deux au point d’en vouloir à l’autre de se le garder pour lui seul et qui serait le motif de ce qui a déclenché tout ce cirque !!
- (Damien) Dit comme ça, ça me fait direct penser à « Tonin » !! Pas vous ??
- (Antonin) Moi !!! Pourquoi moi ?? Pourquoi pas Raphaël, Yuan ou Éric ??
Damien se tapote doucement la tête d’un doigt au niveau du front.
- Réfléchis cinq secondes, tu es le seul avec « Thom » à avoir une connexion permanente avec « Flo » !! Sans doute parce que ton esprit est identique au leur ou tout du moins à celui de Thomas, sinon pourquoi les autres n’auraient-ils pas eux aussi cette possibilité ?? Pose-toi la question et la réponse ne peut être que celle qui m’est venue aussitôt à l’esprit, je m’étais déjà fait cette réflexion à tenter de comprendre pourquoi vous deux et pas nous ?? Je pense que nous tenons la réponse, si du moins nous ne nous fourvoyons pas complètement sur toute cette histoire !!
- (Guillaume) Tu serais « Antoninnn », ça fait un peu niaiseux à prononcer vous ne trouvez pas ??
- (Frédéric) Reste à comprendre pourquoi maintenant et surtout pourquoi ici ??
- (Philippe) C’est sûrement parce que nous sommes les derniers éléments du puzzle avant que la boucle soit bouclée !! Toujours d’après ce que nous venons d’en apprendre, il se serait passé un millénaire !! De quoi revivre un nombre considérable de fois cette vie sur toutes ces réalités parallèles !!
- (Annie) Mais dans quel but ??
- (Philippe) Un retour à la compassion, au pardon, à la reconnaissance d’un lien commun, que sais-je encore !!
- (Aurélien) Il semblerait que ça ait marché, depuis qu’ils sont tous les trois, s’il y a bien une chose que je n’ai jamais pu détecter en eux, c’est bien la moindre trace de jalousie !! Il leur fallait peut-être ça pour qu’ils retrouvent la mémoire de ce qu’ils sont, mais encore une fois ce n’est qu’une pure conjecture de notre part et nous n’avons que ce qui s’est passé aujourd’hui pour l’étayer un tant soit peu, avouez que c’est quand même un peu léger pour en faire une vérité bonne à prendre à la lettre.
- (Guillaume) En plus ça n’explique pas vraiment cette histoire de prières, ni du pourquoi de tous ces soi-disant peuples qui s’y remettent sans qu’on en connaisse la raison.
- (Damien) Vu la description de la tronche et des humeurs assassines de l’autre tâche, je prierais plutôt deux fois qu’une que notre rouquemoutte reprenne sa place !! Pas vous ??
CHAPITRE 149 (Vatican) (Dimanche soir) (Paolo)
Le Camerlingue Di Calo marche d’un pas rapide pour son âge vers ses appartements, avec la seule et unique idée en tête, celle de retrouver son Paolo qui doit l’y attendre depuis qu’il a terminé son service.
Durant tout le trajet, il croise un certain nombre de ces jeunes qui composent la garde du petit état et qui se redressent fièrement à son passage, sans pour autant qu’il y fasse attention alors que plus d'un, quelques mois plus tôt aurait très certainement eu droit à un coup d’œil sinon gourmand, du moins intéressé.
Mais c’était avant que Flavio ne tombe soudainement amoureux de celui qui depuis lors hante ses pensées de jour comme de nuit, lui faisant battre le cœur à un rythme fou dès qu’il l’aperçoit.
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Paolo sort de la douche, troquant son uniforme bigarré pour une tenue plus confortable qui tout en restant correcte, n’est pas dépourvue d’érotisme en laissant imaginer les formes plus qu’alléchantes de son jeune corps à la musculature nerveuse aux rondeurs fermes là où il faut.
Il s’allonge sur le lit en croisant ses mains derrière sa nuque, ses pensées batifolant entre son chéri qui ne devrait plus tarder et les retrouvailles récentes d’avec ses amis, amis qu’il n’espérait plus revoir un jour malgré la nostalgie qui souvent le prend de cette enfance et adolescence joyeuses passées à leurs côtés.
Des souvenirs lui reviennent alors en mémoire, pour la plupart en lui amenant le sourire aux lèvres de toutes les frasques du petit rouquin surdoué qu’était déjà Florian à l’époque et de cette petite bande d’inconditionnels de laquelle il faisait lui aussi partie intégrante, jamais le dernier pour participer aux tours pendables que faisait subir Florian sans aucune méchanceté à ceux qui lui en donnaient la moindre occasion.
Combien de fois ils se sont dénoncés à sa place pour le protéger, avant de comprendre qu’il ne risquait absolument rien et que tous ceux qui subissaient ses frasques, en étaient heureux rien que par le fait qu’il s’intéressait un tant soit peu à eux.
Il revit alors avec une nostalgie certaine tous ces instants de joies, de fous rires et d’amitié qui ont bercé son enfance, Thomas, Éric et bien sûr Chloé, les inséparables qui formaient avec Florian malgré la différence d’âge ceux que tous appelaient les quatre mousquetaires.
Paolo soupire en se rappelant les dernières années avant que ses parents lui annoncent qu’ils allaient quitter la France, le séparant inéluctablement de ceux à qui il portait une affection, qui avec l’âge, prenait un sens beaucoup moins sage.
Comment aurait-il pu en être autrement, devant la beauté rayonnante qui d’année en années les épanouissaient comme une fleur se gonflant de soleil au point que tous autour d’eux en étaient tombés sinon amoureux, du moins fou de désirs que l’un d’entre eux deviennent plus qu’une connaissance ou qu’un ami.
À l’époque où sa sexualité n’était pas aussi tranchée qu’aujourd’hui, Mathis et Léa remplissaient ses fantasmes à tour de rôle et combien de fois ne s’est-il pas masturbé avec la vision de cette magnifique blonde ou de ce garçon blond lui aussi qui le rendaient fou jusqu’à ce qu’il comprenne enfin en rencontrant leurs parents, que sa préférence irait inexorablement vers les hommes mûrs.
Alain et André les parents de Mathis, Léa et Thomas, prenant alors la place qu’occupaient leurs enfants dans la libido en pleine découverte du jeune ado qu’il était alors.
Le déménagement a été pour lui autant un soulagement qu’une souffrance, le soulagement de ne plus avoir à chercher la moindre excuse pour pouvoir les admirer rien qu’une minute et la souffrance de les perdre à tout jamais, devant chercher chez d’autres cette beauté virile qui les caractérisait tous les deux.
Il croyait bien que jamais il n’arriverait à retrouver cet émoi devant ce qui pour lui était le summum de la beauté, de l’érotisme et de la virilité masculine, jusqu’à ce jour béni où il rencontra pour la première fois son Flavio et où il comprit quelques jours plus tard qu’il pourrait enfin vivre sa sexualité avec l’homme de sa vie.
Le premier regard qu’ils se sont échangé lui restera à jamais comme celui qui révéla ce que sera leur relation, timide pour lui et surpris pour Flavio, trouvant chacun dans l’autre ce qu’ils recherchaient désespérément sans le trouver.
Tout ensuite a été rapide, son affectation auprès de son éminence le cardinal Di Calo, leurs premières conversations marquées tout d’abord par leur ambiguïté due très certainement de la crainte de faire erreur sur ce que pouvait penser l’autre mais qui très vite en sont venues à l’essentiel, prouvant depuis lors qu’ils ne s’étaient trompés ni l’un ni l’autre et faisant fi du qu’en-dira-t-on en vivant leur passion sinon au grand jour, du moins sans la renier devant quiconque s’en faisant la remarque.
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Toutes ces pensées amènent naturellement un état d’excitation tel, qu’une raideur ne tarde pas à se manifester au niveau du bas-ventre du jeune homme qui saute comme une furie hors du lit, quand il entend la porte de l’appartement s’ouvrir et qu’il enlace son amant avec la fièvre de la jeunesse, le surprenant agréablement d’être l’objet de cette fougue encore juvénile.
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Flavio referme la porte derrière lui, souriant sous l’averse de bisous qui lui couvre le visage.
- Et bien !! On dirait que je t’ai manqué !!
- Hum !! Oui !! Trop !!
- Tu ne veux pas entendre les nouvelles que nous venons de recevoir sur ton ami Florian ?
- Après si tu veux, mais là j’ai vraiment trop envie de toi !! Tout le reste peut bien attendre, viens !!
CHAPITRE 150 (Afrique) (Dimanche soir) (Concertation)
« Clairière des pierres du ciel. »
Quiconque serait entré dans la clairière ce soir-là, serait tombé en admiration devant le spectacle magnifique de cette clarté bleutée qui nimbe tout l’espace libre.
Les rares personnes au fait de cette manifestation, comprendraient l’immense agitation mentale qui occasionne cette lumière et se poseraient la question de ce qui peut agiter autant les entités au point que l’amas de météorites soit devenu si brillant, qu’il brûlerait les rétines de celui qui le fixerait avec trop d’attention.
***/***
« Conversation entre les entités. »
- Le temps est proche où l’unique va retrouver sa conscience, ne le sentez-vous pas mes frères ??
- Nous le sentons !!
- Quelque chose se prépare dans l’empire, une chose terrible qui amène une ferveur nouvelle et le besoin de son retour dans l’esprit des peuples !!
- La source de la discorde sera révélée !!
- Le pardon est déjà acquis !!
- Le but ultime a donc été accompli !!
- Notre sacrifice n’aura pas été vain !!
- L’univers va pouvoir reprendre son expansion, la vie pourra de nouveau éclore en toute liberté !!
- Qu’en sera-t-il de ces mondes créés pour sauver son âme ??
- Notre monde !!
- Oui, notre monde !! Mais aussi celui où vivent ceux recréés à l’image des élus, les effacera-t-il ou leur laissera-t-il perpétuer leurs existences jusqu’au moment où ils seront assez matures pour rejoindre l’empire ??
- Il nous faudra alors les guider pour que nos erreurs ne soient pas perpétrées à nouveau !!
- Le continuum se resserre, nous pouvons déjà ressentir la présence de nos frères et le temps sera bientôt venu où nous pourrons enfin communiquer avec eux.
- Cette planète ne sera bientôt plus qu’une dans l’espace originel, les destinées individuelles ne feront bientôt plus qu’une également quand les conjonctures temporelles se rejoindront !!
- Nous seuls garderons la mémoire à jamais de ce monde multiple.
- Croyez-vous mes frères ?? Notre existence n’est-elle pas appelée à disparaître, ne sommes-nous pas les ancêtres de ce peuple ?? Pouvons-nous cohabiter avec nos descendants ?? N’y a-t-il pas là une impossibilité temporelle ?? Ne devrons-nous pas refaire le long trajet de la connaissance qui nous a amenés à l’ascension ??
- Notre peuple devra alors revivre les mêmes erreurs !!
- N’est-ce pas là justement la cause de ce que nous sommes devenus ??
- Qu’adviendra-t-il de nous dans ce cas ??
- Rien !!
- Comment ça mon frère ??
- Rien !! Tout simplement parce que nous n’existerons pas encore, le temps reprendra son cours et effacera ce qui ne pourra apparaître que dans un avenir encore lointain !! Comment deux époques si éloignées l’une de l’autre pourraient cohabiter sur le même monde ?
- Mais alors dans ce cas, tout pourrait recommencer !!
- La vie n’est-elle pas par nature un éternel recommencement ??
- Ne pouvons-nous pas éviter cette fin ??
- Seul l’unique en aurait le pouvoir !!
- Il connaît notre existence, peut-être nous sauvera-t-il ??
- En sacrifiant ceux avec qui il a partagé un bref instant le quotidien ??
- Il choisira la voie de la sagesse retrouvée, joignons nos prières à celles de nos frères et peut-être serons-nous entendus et épargnés !!
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« Village Masaï. »
Okoumé est sur la place du village où sont rassemblés les membres de la tribu, il tient fièrement les jumeaux dans ses bras en les montrant à tous.
- Nos dieux nous ont guéris de tous nos maux en soignant nos corps et nos âmes, ils ont rendu femme celui qui est depuis toujours et restera à jamais l’unique amour d’un de mes fils, donnant à la tribu ce don de la vie qui sinon n’aurait jamais pu voir le jour !!
Il montre bien les deux bambins qui gigotent dans ses bras en babillant de plaisir.
- Voici l’avenir de notre peuple comme le sont et le seront vos enfants et les enfants de vos enfants, notre tribu depuis que nos dieux nous font la grâce de leurs bienfaits a recommencé à croître en nous donnant enfin l’espoir que notre culture survivra à travers nos fils et nos filles.
Naomée se tient au bras de son chéri.
- Il sera plus difficile à ton père de refaire son discours dans quelques lunes ! Hi ! Hi !
- Pourquoi dis-tu ça ma chérie ?? Nos enfants ne seront pas encore si lourds qu’il ne pourra les porter ??
- Il lui faudra trois bras alors ! Hi ! Hi !
Taha se tourne vers Naomée, visiblement sans comprendre.
- Que dis-tu là ?? Pourquoi trois bras ??
Naomée se passe doucement une main sur son ventre en souriant.
- Parce que notre fille voudra profiter elle aussi de la sagesse de son grand-père.
- Notre fille ??…Non !! Tu veux dire que….
- Mon chéri oublie souvent que j’ai maintenant un corps de femme et que ce que nous faisions avant sans risque est du passé, pensais-tu pouvoir être toujours aussi insatiable de mon corps comme je le suis du tien sans que notre mère nature ne nous donne pas la récompense que nous méritons ??
CHAPITRE 151 (Reims) (Dimanche soir) (Refuser de croire à l’évidence)
Le réveil de Florian fut suivi par une explication de Philippe sur l’analyse qu’il vient de faire des souvenirs d’Antonin, ce que tous remarquent inévitablement, c’est l’air renfrogné et exaspéré du jeune rouquin qui soupire en hochant la tête de façon négative, démontrant ainsi combien il est encore et toujours dans le déni des explications du psychiatre.
- N’importe quoi !! Mais alors…vraiment n’importe quoi !!
- (Philippe) Antonin a pourtant vécu la même scène que toi ??
- Justement !! C’est une pure invention de mon esprit, un rêve éveillé en quelque sorte !! Comment voulez-vous que de tels mondes existent ?? Il n’y a que dans les films qu’on voit ça !!
- (Philippe) Pourquoi ne veux-tu pas admettre qu’il pourrait y avoir un sens réel à ta vision ??
- Parce que tout ceci est complètement insensé !! Rendez-vous compte quand même !! Un empire galactique, Thomas empereur immortel et moi un dieu qui aurait créé tout ça, où on va là !!
- (Philippe) Puisque tu sembles avoir gardé le souvenir de tout, explique-nous un peu ta version ??
- Il n’y a rien à expliquer, juste que mon cerveau me joue des tours !! N’oublie pas qu’il tourne à plein régime, alors quelques bugs de temps en temps semblent le moindre mal.
Comprenant qu’il n’arrivera pas encore cette fois à lui faire entendre raison, ou du moins à ce qu’il accepte de se pencher un tant soit peu sur la question, Philippe préfère en rester là sur le sujet.
- Revenons alors sur un autre sujet, je pense en premier lieu à cette liaison permanente qu’il y a entre toi, Thomas et Antonin, comment expliques-tu qu’il n’y ait qu’eux deux qui soient connectés à toi et pas les autres ??
- C’est pourtant simple ! Hi ! Hi ! C’est juste plus pratique pour nos relations intimes avec nos autres amants, ça nous permet d’être reliés sans pour autant être au même endroit et du coup nous n’avons pas l’impression de tromper l’autre puisqu’il est avec nous dans notre tête !!
- (Philippe) Tu pourrais donc le faire avec n’importe qui d’autre ??
- Bien sûr !! Mais tu comprends bien que pour les mêmes raisons, je ne le ferais pas !! Notre intimité ne concerne que nous et ce serait mal vu de l’imposer à quelqu’un d’autre, nous ne faisons pas dans l’exhibition ni dans le voyeurisme !! D’ailleurs j’ai déjà eu ce genre de contact avec plusieurs de mes autres amis il me semble, ne serait-ce déjà quand je leur montre des souvenirs en les projetant dans leur esprit.
- (Philippe) Je ne parlais pas de ça et tu le sais bien !! Je connais tes possibilités mentales, ce que j’essayais de démontrer, c’est qu’eux peuvent également le faire quand bon leur semble alors que tes autres amis n’en ont pas la potentialité.
- Donc tu en déduis qu’Antonin et Thomas ne sont pas comme les autres ?? Je veux bien admettre cette possibilité, mais ça voudrait tout simplement dire que nous avons tous les trois une particularité et comme je n’ai jamais refusé l’idée que je pourrais avoir dans mes ascendants un quelconque visiteur venant d’ailleurs, pourquoi serais-je le seul ?? Thomas et Antonin peuvent aussi très bien avoir le même patrimoine génétique que moi ou s’en rapprochant suffisamment pour que la chose soit possible.
- (Philippe) Ça ne tient pas debout !!
- Et pourquoi donc, je te prie ??
- (Philippe) Parce que si c’était le cas, il y aurait fallu un sacré concours de circonstances pour que vous vous rencontriez et qu’en plus vous tissiez le lien qui vous unit actuellement, rends-toi compte que nous sommes plus de sept milliards d’êtres humains sur terre !!
- Et qui dit que nous ne sommes pas beaucoup plus nombreux, l’attirance que nous éprouvons est peut-être également inscrite dans nos gènes et dans ce cas, ça expliquerait pas mal de choses.
- (Philippe) Si ton raisonnement est exact, pourquoi alors n’y a-t-il qu’un seul gars comme toi avec tes particularités ?? Vous devriez être plus nombreux et il me semble qu’on en aurait entendu parler, non ??
- Tu préfères croire en ces foutaises disant que je suis un dieu ??
- (Philippe) Pourquoi devrait-on être noir si on n’est pas blanc ?? L’explication s’il y en a une, n’est peut-être pas aussi tranchée !! Je te demande juste d’en admettre la possibilité, il y a un vieux proverbe qui dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu !! Crois-tu que notre langage quel qu’il soit sur cette terre, aurait inventé des mots pour le seul plaisir de les prononcer ?? Pourtant tu dois bien admettre que dans toutes les langues, même les plus anciennes qui ne se parlent plus, nous retrouvons ces mêmes mots qui ont le même sens et ce, même si tu penses qu’ils n’aient aucune raison d’être !!
- Nous avons toujours cherché à mettre des mots sur ce que nous ne comprenons pas, ceux-ci en font partie comme beaucoup d’autres !! Un dieu par définition ne peut être qu’intemporel !!
- (Philippe) C’est aussi ma façon de penser !!
- Tu te contredis là !! Il faudrait savoir !!
- (Philippe) Bien au contraire et tu en es la preuve manifeste !!
- Je suis curieux d’entendre ton explication !!
- Je ne sais pas qui tu es réellement, ni d'où tu viens exactement, mais je comprends très bien que n’ayant pas d’autres mots pour te définir, celui que tu refuses d’accepter est très certainement le plus proche de ce que tu représentes pour ceux qui n’ont pas d’autres vocabulaires pour te définir. J’ai entendu l’entité qui vient d’une civilisation manifestement beaucoup plus évoluée que la nôtre, qui en parlant de toi employait un terme autre qui a une signification beaucoup plus terre à terre, si je peux parler d’eux de cette façon.
- L’unique ??
- (Philippe) C’est je pense le mot qui convient le plus pour te définir, il n’a pas cette consonance spirituelle qui te redresse les poils et peut être littéralement traduit par « le seul », ce qui tu dois l’admettre est bien le cas actuellement en attendant la preuve du contraire.
- Mouaih !! Faut voir !!
- Reconnais qu’il n’y en a pas deux comme toi !!
- Ici peut-être, mais rien ne dit que ce ne soit pas le cas ailleurs !! Les entités ont eux aussi certains « Dons » qu’ils ont développés au fil du temps, ils ne sont pas des dieux pour autant mais juste une civilisation très ancienne qui a atteint un stade sans doute ultime de l’évolution !! Je veux bien croire que je suis issu moi aussi d’une telle civilisation ayant atteint un stade intermédiaire, mais ça s’arrête là et je demande encore à ce qu’on me le prouve, pour l’instant nous nous répandons en conjectures.
- (Philippe) Cette étrange sérénité que tu viens de te découvrir dans les lieux de culte, tu l’expliques comment ??
- Je ne me l’explique pas tout simplement !! Si j’avais toutes les réponses, nous ne serions pas là en train d’en parler !! Pour l’instant je ne fais que découvrir d’autres particularités sur moi, particularités dont je n’avais aucune idée il y a encore quelques jours et il me faut du temps pour tenter d’en comprendre le sens, ce n’est certainement pas en brusquant les choses ni en polémiquant sur des idées plus farfelues les unes que les autres, que la lumière sur tout ça verra le jour.
- (Philippe) Dernière question !!
- Je t’écoute ??
- (Philippe) Crois-tu qu’il soit possible que cet empire, qu’a vu Antonin dans tes pensées existe bel et bien quelque part.
- C’est une possibilité en effet, comment pouvoir affirmer le contraire du peu de nos connaissances actuelles sur l’univers !!
CHAPITRE 152 (Vatican) (Lundi matin) (État de siège)
Flavio Di Calo depuis qu’il a quitté ses appartements en laissant dormir son jeune amant, ne sait plus où donner de la tête devant toutes les missives venant à la curie du monde entier et demandant une entrevue avec le Saint-Père suite à ces rumeurs très vite colportées sur cette messe dominicale pour le moins troublante ayant eu lieu ce dimanche en France.
Lui-même s’en pose de plus en plus, ayant assisté en propre à ce phénomène suffisamment troublant pour que sa foi en un Dieu unique mais surtout intemporel en soit quelque peu malmenée.
Il regarde l’heure à la comtoise située contre le mur en face de son bureau, se relève en soupirant d’excitation devant la prochaine heure qui l’attend pour débattre de ce sujet sensible avec le très Saint-Père.
Le Camerlingue range rapidement tous ces courriers dans sa sacoche, avant de sortir de son bureau pour rejoindre le cabinet de travail du Saint-Père.
Une fois arrivé à destination, Flavio remarque qu’il ne sera pas seul comme il le pensait mais que l’archiviste en chef a déjà pris place et surtout qu’il ne semble pas vouloir la quitter quand il s’aperçoit de sa présence, n’interrompant la conversation en cours qu’un bref instant le temps de le saluer.
Le Saint-Père lui fait signe d’approcher, Flavio découvrant alors les quelques parchemins très anciens qui sont déroulés avec précaution sur la table de travail.
- Approchez Cardinal !! Notre frère ici présent me montrait justement quelques archives intéressantes concernant notre jeune visiteur si peu croyant !!
- (Flavio) De quand datent ces parchemins ? Ils me paraissent vraiment très anciens, comment peuvent-ils concerner le jeune De Bierne ?
- Très anciens en effet, ce sont des écrits en Grec datant de l’époque de Platon et pour ce qui est du jeune De Bierne, son nom n’y est pas indiqué aussi clairement. Il y est juste fait allusion de celui qu’ils nommaient alors l’Unique, celui qui était au-dessus des dieux communs qu’étaient ceux de l’Olympe auxquels cette civilisation croyait.
- (Flavio) L’Unique ?? Voilà qui est fort intéressant, que disent d’autre ces documents ?
L’archiviste chausse ses lunettes pour lire une partie du texte qu’il traduit au fur et à mesure de sa lecture, la rendant parfois hésitante sur le sens d’un mot ou d’une phrase.
- Il y aurait eu querelle dans le royaume des cieux, l’Unique après avoir répudié par jalousie l’amant impérial, devint très vite irascible en ne supportant plus rien ni personne au point ou la peur devint le lot commun de tous en sa présence. Il est dit que la foi disparut très vite du cœur des fidèles, il se rendit compte alors de ce qu’il était devenu et décida de venir sur Terre en prenant sa dernière forme humaine pour retrouver le sens des valeurs perdues.
- (Flavio) C’est assez troublant en effet.
L’archiviste montre alors les autres parchemins.
- Nous retrouvons cette histoire dans quasiment chaque texte se référant à l’Unique, quelle que soit la civilisation et sa croyance religieuse, tous font état avec plus ou moins de précisions d’un être au-dessus des dieux qui prend enveloppe humaine pour exorciser ses démons dans le but de retrouver sa foi et son empathie envers ses créations.
- (Flavio) Qu’en est-il dans nos propres écrits ?? Vous ne me citez là que des textes issus de religions révolues !!
L’archiviste fixe le Saint-Père qui hoche la tête en signe d’accord et reprend alors en sortant un ultime parchemin en dessous de la pile.
- Nous avons également une référence de l’Unique dans nos propres écrits, celui-ci date de l’époque des tables de la Loi écrites par Moïse soit environ mille six-cents ans avant notre ère. Il y est fait la même référence d’un être au-dessus du commun des mortels, l’Unique pour ne pas le citer !! Pourvoyeur de la vie universelle et qui aurait sombré dans la folie destructrice pour finir par venir sur terre afin d’expier ses fautes et retrouver sa pureté originelle !! La particularité de tous ces témoignages, c’est sans conteste qu’ils datent tous de la même époque et qu’ils font tous mentions avec plus ou moins de précisions sur des faits étrangement similaires.
- (Le Saint-Père) Il est indéniable qu’à cette époque quelque chose s’est produit qui a marqué les civilisations, l’authenticité de ces documents n’est pas à mettre en doute !! Maintenant il faut aussi se mettre à la place des érudits de ces temps reculés et interpréter leurs écrits en les remettant dans le contexte de l’obscurantisme des civilisations de ces périodes antédiluviennes.
- (Flavio) Nous arriverions alors au terme de ce qui apparemment était un temps nécessaire à la rédemption de l’Unique ??
L’archiviste reprend un de ses parchemins.
- Le temps viendra où les prières réveilleront l’Unique et lui rendront la mémoire de ce qu’il est, était et sera, jusqu’à la fin des temps !!
Flavio hoche la tête, le visage soucieux des significations de cette phrase écrite il y a si longtemps.
- Et il faut que ce soit sur nous que ça tombe !!
- (Le Saint-Père) Nous allons vivre une époque de changement, vous devriez vous en réjouir !!
Le Saint-Père se tait un moment avant de reprendre.
- J’ai appris qu’un de nos gardes connaît personnellement le jeune De Bierne ?
- (Flavio) C’est exact !!
- J’aimerais pouvoir m’entretenir avec lui.
Le Saint-Père fixe le cardinal avec un petit air amusé.
- Je pense qu’il ne vous sera pas très difficile de le retrouver, si j’en crois certaines rumeurs qui circulent dans le palais.
CHAPITRE 153 (Reims) (Lundi matin) (Urgences chirurgicales) (1/3)
« Matin tôt chez les Viala. »
C’est un mouvement brusque d’Antonin qui me réveille ce matin-là, j’ouvre les yeux en me demandant pendant un bref instant où je suis avant de me souvenir des dernières dispositions prises pour que Guillaume puisse dormir tranquille.
C’est donc dans la chambre de Damien que nous avons déménagé, celui-ci ayant rejoint avec ses affaires celle de son frère qui aurait très certainement préféré que ce soit lui et non nous deux avec Antonin qui déménagions, ce qui d’ailleurs n’aurait certainement pas dérangé Damien si ses parents n’avaient fortement insisté pour la solution actuelle.
C’est après ces pensées de remise en mémoire de la nouvelle situation, que je me lève en prenant directement le chemin des toilettes mais un panneau sur la porte me fait sourire quand j’y lis l’inscription écrite suffisamment en grosses lettres pour que je ne la rate pas.
« On s’habille avant de sortir. »
Pas évident quand on est encore à moitié endormi, de trouver les affaires qui vont bien et surtout de les enfiler dans le bon sens, malgré tout je finis par y arriver non sans manquer plusieurs fois de me retrouver sur le cul, ce qui bien sûr réveille complètement Antonin.
- Tiens !! Pas d’exhibition aujourd’hui ?? Hi ! Hi !
- Difficile avec le placard qu’il y a d’écrit sur la porte !!
- Quel plac… !! Ah !! D’accord !! En effet, tu ne pouvais pas le rater celui-là !!
Je hoche la tête en attrapant ses vêtements au passage, vêtements que je lui lance au visage avec amusement.
- On en discutera après le café, en attendant habille toi sinon on va être à la bourre !!
- Oups !! Le réveil n’a pas sonné ??
- Pour ça il y aurait fallu penser à le mettre en route hier soir ! Hi ! Hi ! Allez !! Bouge tes petites fesses, je n’aime pas que mes employés arrivent en retard tu le sais bien pourtant !!
- Oui bwana patron !! À vos ordres bwana patron !!
Je lui balance un coussin dans la tronche juste avant de sortir, j’entends son rire à travers la porte qui amène le mien en retour et c’est cette fois-ci bien réveillé que je vais à mes petites affaires avant de rejoindre dans la cuisine ceux qui y sont déjà attablés.
Frédéric en me voyant regarde Annie avec le sourire.
- Tu vois que tu n’avais pas à t’inquiéter chérie, je t’avais bien dit que la pancarte était assez grosse !!
Je réponds d’un air se voulant complètement ahuri.
- La pancarte ?? Quelle pancarte ?? De quoi tu parles ??
Annie fine mouche.
- Tu as ton nez qui s’allonge Pinocchio ! Hi ! Hi !
Damien lève la tête de son bol.
- Remarque, ça nous change de l’habitude ! Hi ! Hi !
Le ton est donné pour un petit-déjeuner qui comme beaucoup d’autres avant celui-là, amène la famille à démarrer la journée sous de bons auspices.
Ce n’est qu’une fois sur le chemin qui mène au CHU que les choses sérieuses nous rattrapent, nous faisant sursauter tous les deux quand une sirène retentit juste derrière nous.
L’ambulance s’arrête quelques mètres plus loin.
- (Antonin) Quelque chose me dit que la journée va être longue pour toi !!
- On dirait bien !!
Le chauffeur en blouse blanche que je reconnais comme un de ceux appartenant au SAMU, sort du véhicule visiblement soulagé de nous avoir retrouvés.
- Ça fait un moment qu’on cherche à vous joindre, heureusement que le docteur Viala répond au téléphone, lui !!
- (Antonin) Oups !! Il n’y a pas que le réveil qu’on a oublié de mettre en route !!
- Qu’est-ce qu’il y a de si pressé donc ??
- Ah !! Parce qu’en plus vous n’écoutez pas la radio ??
- Bah, non !! Tu vois !! On préfère discuter en famille plutôt que d’écouter toujours les mêmes âneries !!
L’ambulancier attend que nous soyons montés dans le véhicule et qu’il ait repris sa route, pour me répondre.
- Vous auriez entendu la catastrophe qui est arrivée ce matin si vous l’aviez écoutée, Une explosion a eu lieu dans une sucrerie et il y a du grabuge, René n’arrivait pas à te joindre alors il m’a demandé de venir te chercher.
- Tout ça pour gagner cinq minutes ??
- Tu n’y es pas du tout !! C’est à l’hôpital de Soissons que nous allons, c’est le plus près de l’usine et c’est là-bas que les blessés sont transportés, il a déjà envoyé deux équipes en renfort ainsi que tes gars à toi qui doivent déjà être arrivés ou pas loin !!
- (Antonin) C’est loin Soissons ??
- Pas trop, nous y serons dans une petite heure à peine si le trafic est fluide.
- (L’ambulancier) Moins avec l’hélico qui t’attend au CHU !! Il a déjà fait l’aller-retour avec les premières équipes !!
- Un bilan de ce qui nous attend là-bas a-t-il été fait ??
- (L’infirmier) Sûrement mais on ne m’en a pas informé, l’accident s’est produit il n’y a pas si longtemps que ça en fait !! Mais vu comment ça remue dans tous les sens depuis ce matin, ça ne doit pas être beau à voir !!
CHAPITRE 154 (Reims) (Lundi matin) (Urgences chirurgicales) (2/3)
Mon pc portable m’attend avec le pilote de l’hélico dans la cour du CHU, les pales de l’engin tournants déjà prêt à partir et je laisse là Antonin en lui demandant toutefois d’aller visiter mes quelques patients pour que je puisse vérifier de visu que tout va bien, ensuite il devra recevoir mon rendez-vous prévu ce jour-là pour commencer à lui remplir son dossier en lui expliquant la situation d’urgence qui m’empêche d’être présent.
Ce n’est qu’une fois dans les airs que je prends connaissance de ce qui m’attend une fois arriver, apparemment une étincelle venant d’une cause encore à déterminer mais très certainement d’un courant statique en lien direct avec une partie métallique quelconque sur le vêtement de travail d’un ouvrier d’entretien, ce serait produit dans un silo à sucre presque vide en créant une forte explosion.
Celle-ci déclencha à son tour une série d’incendies aussi rapides que meurtriers, dénombrant déjà trois morts et une quantité qui me paraît hallucinante de blessés pour certains très graves, d’où cette demande de renfort de l’hôpital de la ville qui n’a pas le personnel suffisant pour traiter un afflux aussi important de personnes.
Le pilote de l’hélico que je connais très bien depuis le temps qu’il me trimbale dans son engin, tourne la tête vers moi une fois qu’il me voit refermer l’ordinateur.
- J’en connais qui vont allumer un cierge ce soir d’avoir été pris en charge par le docteur le plus prisé de la planète !!
- Si tu le dis !!
- Arrête « Flo » !! Tu sais très bien que j’ai raison, moi-même s’il m’arrivait un jour quelque chose, j’espère que tu seras là pour me soigner.
- Sauf si tu continues à ne pas regarder devant toi et qu’on se crashe tous les deux !!
Un petit sourire lui vient quand sa tête se détourne pour poursuivre son pilotage.
- Tu as raison, pas la peine de prendre des risques inutiles ! Hi ! Hi ! Tu n’as jamais piloté un tel engin, te connaissant je parie que ça te brancherait bien pas vrai ??
- Bof !! Ça ne vaudra jamais un Airbus comme celui que j’ai fait atterrir à mon premier voyage au Japon !!
- Tu déconnes là !!
- J’en ai l’air ??
- Bah, toi alors !! Faudrait pas qu’ils t’emmènent à Kourou, sinon ils te retrouveraient vite dans l’espace à bord d’Ariane ! Hi ! Hi !
- Ne me tente pas ! Hi ! Hi !
Son œil brille de sympathie et d’amusement, retenant d’autres conneries qui doivent lui passer en tête pour se monopoliser sur la descente de l’appareil déjà en vue du centre hospitalier.
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« Une fois à terre. »
Flavien, Marc, Carole et Patricia m’attendent dans la cour, s’approchant sitôt les pales de l’hélico arrêtées.
- (Patricia) Nous avons un bloc réservé rien que pour nous, j’ai déjà fait tout préparer pour qu’on ne perde pas de temps !! C’est chaud ici tu sais, heureusement qu’ils ont vu l’aide du CHU arriver parce que sinon ça aurait été la panique totale.
- Allons-y alors !! J’ai vu dans le dossier qu’il y avait de grands brûlés !! Il faut prélever des tissus sains pour les mettre en chambre de pousse rapidement.
- (Patricia) Je m’en suis occupée en t’attendant, le hic c’est que nous n’en aurons jamais assez vu certains cas !!
- On fera avec, t’inquiète !! Et vous les d’jeunes, pas trop nerveux ?? Pour une première ce sera une sacrée mise en condition !! Vous allez plonger tout de suite dans le grand bain sans passer avant par le pédiluve ! Hi ! Hi ! Va falloir assurer sur ce coup-là sans ceinture ni bouée !!
Marc regarde Flavien, qui regarde Carole, qui regarde Marc et tous finissent par me fixer en laissant la parole au grand blond, qui me soulève pour m’amener à hauteur de son visage.
- Il voudrait faire croire quoi le batracien ?? Je n’ai pas trop saisi si l’allusion visait l’hygiène de nos pieds ou sur nos capacités professionnelles.
- Croa !! Croa !!
Patricia se retient de rire devant le comique de la scène, scène qui d’ailleurs commence à amener du public autour d’eux à se demander à quoi ils peuvent bien jouer.
- Un peu de sérieux vous deux, il y a des choses plus importantes que de penser à s’amuser !!
- (Marc) Tu sais comment ils sont dès qu’ils sont tous les deux !!
- (Carole) En tout cas je ne sais pas pour vous mais pour moi ça me fait du bien !! J’avais une boule de stress qui vient de disparaître comme par magie ! Hi ! Hi !
- Pas comme une autre qui va bientôt ne plus pouvoir se cacher, pas vrai ma grande ??
Carole fait comme si de rien n’était, elle prend Marc et Patricia, chacun par un bras et s’avance d’un bon pas décidé vers l’entrée des urgences, nous laissant Flavien et moi dans la même position que quelques secondes plus tôt, sauf que mon grand blond me regarde maintenant avec une certaine consternation.
- Tu m’expliques !!
- Si tu condescends à me reposer à terre !!
Flavien me repose au sol mécaniquement, l’air toujours autant ahuri de ce qu’il croit à juste titre avoir compris de la nouvelle situation.
- Alors ??
- Alors quoi ?? On a du boulot !! Il va te falloir vite réussir tes examens maintenant que tu vas avoir une future famille à nourrir ! Hi ! Hi !
- Hein !! Quoi !!
J’avance de quelques pas, me retournant ensuite vers lui qui est resté figé.
- Tu bouges tes fesses !! …Papa !!
CHAPITRE 155 (Reims) (Lundi matin) (Urgences chirurgicales) (3/3)
C’est avec un Flavien encore tout retourné collé aux basques, que j’entre à mon tour dans la salle d’accueil des urgences.
L’ambiance comme on peut bien s’en douter est de celle des jours où rien ne va plus, toutefois une certaine rigueur fait que tout semble être géré et personne ne fait trop de cas de mon arrivée, ce que je dois bien admettre me fait plutôt plaisir en me permettant de me trouver rapidement à pied d’œuvre.
Très vite les qualités professionnelles de mon staff provisoire se font remarquer, le chef de service s’arrangeant petit à petit pour me les "emprunter" en les remplaçant par son propre personnel infirmier qui semble ce jour-là tout du moins, beaucoup plus important que les chirurgiens présents.
Je me retrouve donc rapidement avec de parfaits inconnus, plutôt fier somme toute de mes amis qui malgré qu’on ne leur confie que les personnes les moins touchées, s’en sortent particulièrement bien avec un sourire rayonnant qui rassure leurs patients encore traumatisés par l’accident auquel ils ont été victimes.
J’arrive néanmoins assez rapidement à prendre mon régime de croisière, ne m’apercevant même pas du roulement des personnels autour de moi qui très vite ressentent l’épuisement des heures passées en ma compagnie à opérer sans relâche.
Pour ma part je suis dans mon élément, ne ressentant pas l’effet de fatigue tellement je suis captivé par les actes nécessaires à la survie des plus touchées et ce n’est que vraiment très tard dans la soirée, que je m’aperçois enfin de tous ces visages collés à la vitre à m’observer.
Comme à chaque fois après ces moments d’efforts poussés à l’extrême, une énorme lassitude me prend quand je me rends compte enfin que la table d’opération reste vide, signe que c’en est terminé pour cette fois et qu’il n’y a plus de victimes en attente de soins.
Une main vient alors se poser sur mon épaule, celle d’un homme déjà d’un certain âge qui m’a assisté durant ces quatre ou cinq dernières heures.
- Chapeau bas mon garçon !! J’avais entendu parler de toi comme un peu tout le monde, jamais pourtant je n’aurais pu imaginer ce qu’il en était réellement !! C’est tout simplement incroyable et beaucoup de ceux qui sont passés sous tes mains te devront une fière chandelle.
- Merci, c’est gentil !!
C’est à ce moment-là que Flavien accompagné du reste de la bande, entre dans le bloc et m’attrape dans ses bras, anticipant juste à temps le moment de faiblesse qui me sciait les jambes.
- Allez mon canard !! Tu en as assez fait pour aujourd’hui !! Une bonne douche et on te ramène à la maison, ordre du docteur !!
Je ne pense même pas à lui demander de quel docteur il s’agit, tellement je me sens en sécurité dans ses bras et j’ai le souvenir en rouvrant les yeux sous l’averse d’eau chaude qui me tombe soudainement dessus, d’avoir baragouiné quelque chose qui les a faits rire avant de m’être assoupi le temps du trajet jusqu’aux douches.
La douche pourtant grande ne me laisse à peine la place pour ne pas le coller, tellement sa carrure d’athlète en remplit une bonne partie du volume.
Je dois paraître tout frêle à ses côtés, suffisamment en tous cas pour qu’il m’en fasse la remarque.
- T’es vraiment gaulé comme une crevette !!
- Si tu le dis, c’est certain qu’à côté de toi je fais plutôt minus.
- En tous cas pour un gringalet tu assures grave, tout le monde ne parle plus que de ça ici !!
- Enchanté de l’apprendre !! Maintenant quand tu auras fini de faire mon apologie, tu pourras en venir à l’essentiel qui t’a fait m’embarquer sous la douche avec toi !!
- On ne peut pas te la jouer à toi, pas vrai ! Hi ! Hi ! Comment tu as deviné pour Carole ?? Elle m’a confirmé dans la matinée qu’elle était bien enceinte mais m’a juré de n’en avoir encore parlé à personne, même pas à son jumeau alors t’as qu’à voir.
- Tu sais que j’ai des sens très développés ??
Je le vois machinalement baisser les yeux vers mon bas-ventre qui est quasiment identique au sien avec la taille du bonhomme en moins.
- Je ne parlais pas de ça ! Hi ! Hi !
- Ah non ??
- Pffttt !!! Non en fait j’ai remarqué sa façon de se caresser le ventre assez souvent alors que je ne m’en étais jamais fait la remarque avant et du coup j’ai tendu l’oreille, les petits battements rapides ne m’ont laissé aucun doute sur leur provenance, aussi j’opterai au bas mot pour une grossesse d’environ deux à trois mois.
- Ça fiche un coup d’apprendre ça comme ça, tu sais ??
- J’ai gâché la surprise, excuse-moi !!
- Tu pourras t’occuper d’elle ? Je veux dire comme médecin ?
- Si c’est ce qu’elle souhaite, volontiers !! Mais tu sais je me mets aussi à sa place et j’opterai pour un étranger, c’est toujours délicat de devoir se faire faire certains examens par un ami.
- Pourtant ça me rassurerait !!
- Carole est en parfaite santé, tout comme vous tous et tu en connais parfaitement la raison, alors tu n’as vraiment pas à t’en faire pour ça !! De toute façon s’il arrivait quelque chose, je serais toujours là pour intervenir au cas où mais crois-moi sur parole, ton bébé sera un très beau bébé et avec le patrimoine génétique de ses parents, il n’a pas de souci à se faire.
- J’avoue que j’aurais préféré qu’il arrive plus tard, ça risque d’être compliqué à gérer avec nos dernières années d’études.
- Je suis certain que non, il aura des grands-parents attentionnés qui seront là pour lui et pour vous, je n’en doute pas un instant.
- Il faudra pour ça qu’ils se rapprochent !!
- Et tu crois vraiment que ça va les gêner plus que ça ?? Mon petit doigt me dirait plutôt le contraire tu vois, il suffit de leur trouver à chacun une petite maison tranquille pas trop loin de chez Mireille et le tour est joué, ce n’est pas le manque d’argent qui pourrait empêcher un tel projet. Regarde plutôt tous les avantages d’avoir vos parents près de vous, ce n’est certainement pas « Ludo » qui dira le contraire en plus ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 156 (Los Angeles) (Mardi) (Faire appel à un « ami »)
« Clinique privée. »
Le chirurgien chef de cette clinique hautement cotée par la jet-set et de tous ceux qui ont un compte en banque pouvant s’offrir les services des plus prestigieux spécialistes qui soient, dépose le dossier du nouvel arrivant sur la table de la salle de réunion où justement plusieurs de ses éminents collaborateurs ont été convoqués.
« Traduit en Français pour une meilleure compréhension du lecteur. »
- Messieurs, je vous demanderai de bien vouloir étudier ce nouveau cas qui vient de nous arriver !!
Un des professeurs prend le dossier pour le parcourir rapidement, il lève ensuite un regard interrogateur sur son patron.
- Ce nom de Jean Philippe Smet ne m’est pas inconnu, sans pouvoir pour autant me rappeler à quel moment j’en ai entendu parler !!
- C’est une énorme vedette dans son pays pourtant !! Peut-être que son nom de scène, Johnny Hallyday, vous parlera beaucoup mieux ??
- En effet !! Maintenant je situe mieux la personne !! J’ai quelques amis Français qui sont des fans de cet homme, voilà pourquoi son nom me disait quelque chose.
Il se passe alors un long moment où chacun étudie le dossier médical, les visages fermés des spécialistes n’augurent rien de bon pour la suite de la réunion et c’est le même chirurgien qui avait déjà pris la parole, qui reprend alors d’une voix sourde.
- Ce n’est pas bon tout ça, l’opération qu’il a subie à la hanche est sans doute l’élément déclencheur de son état actuel, une infection généralisée qui a occasionné son coma !!
- (Le directeur) Les médias Français annoncent déjà sa fin prochaine, inutile de vous dire que nous allons avoir la pression des journalistes à scandale qui sont à l’affût du moindre potin et je vous demanderai donc de garder le secret, à tout du moins tant pas que nous n’aurons pas fait un diagnostic fiable sur la santé de cet homme.
- Cela va de soi patron !! Si vous le permettez, j’aimerais m’occuper de lui malgré qu’il n’y ait que très peu d’espoir qu’il retrouve toutes ses facultés physiques !!
- La réputation de notre clinique est en jeu, son fils est à son chevet et souhaite connaître celui qui prendra son père en charge, je vous laisse donc le soin d’aller lui parler.
***/***
« Chambre de soins intensifs. »
David tient la main de son père depuis l’instant où celui-ci a réouvert les yeux, son visage rougi démontre à lui seul combien le chagrin lui pèse de le voir ainsi alors qu’il a toujours été pour lui un roc.
Un père bien trop souvent absent à cause d’une notoriété qui l’éloignait la plupart du temps de sa famille, mais qu’il aime de tout son être malgré toutes ses frasques et toutes ses absences, pardonnant tout quand comme aujourd’hui, il lui paraît si faible au point d’avoir l’image horrible en tête de peut-être le perdre à tout jamais.
- Ça va papa ? Je vais prévenir que tu es réveillé, comment tu te sens ?
Johnny fixe son fils, il essaie de lui parler d’une voix à peine audible.
- Mal !!!
David en panique cherche des yeux un bouton d’appel d’urgence, qu’il actionne dès qu’il le repère au-dessus du lit.
- Ne te fatigue pas papa, quelqu’un va venir s’occuper de toi !! Repose-toi en attendant !!
La porte s’ouvre et deux infirmières entrent rapidement, un coup d’œil leur suffit pour comprendre la raison de l’appel et pendant qu’une d’entre elle s’occupe de vérifier les diverses perfusions, l’autre pose une main sur l’épaule de David en lui parlant d’un ton se voulant rassurant.
- Vous devez sortir de cette pièce, nous devons nous occuper de votre père !! Il s’est réveillé, c’est déjà en soi une bonne chose !!
Ce n’est qu’une fois se retrouvant seul dans le couloir, qu’il retrouve assez d’esprit pour retourner en salle d’attente jusqu’à ce que quelqu’un vienne l’informer de la situation.
Quelques coups de fil à la famille, puis une razzia sur la machine à café et enfin un homme entre à son tour dans la pièce pour venir directement vers lui.
- Monsieur David Smet ?
- Lui-même !! Comment va mon père ??
- Son état est stable pour le moment, nous lui faisons passer quelques examens pour en savoir plus. Il serait peut-être bien de faire prévenir vos proches, votre père n’est plus tout jeune et son organisme reste très faible, nous ne pouvons à l’heure actuelle pronostiquer son état futur vous comprenez ?
- Mais il va s’en sortir ??
- Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ce soit le cas, croyez-le bien !! Nous allons l’emmener en salle d’opération pour tenter d’endiguer le mal qui le ronge, d’après les examens ce serait suite à sa dernière intervention à la hanche que l’infection se serait déclenchée.
- Est-ce que cette opération peut attendre une journée ??
- Vous comprendrez bien que plus nous attendrons et plus l’infection aura gagné du terrain, je ne vois donc pas la nécessité d’attendre plus longtemps ?
David sort alors son portefeuille pour en tirer un morceau de papier avec un numéro de téléphone.
- C’est une volonté de mon père en cas où justement il lui arriverait quelque chose, il a eu l’occasion de rencontrer une personne qui l’a fortement marqué et il souhaitait que ce soit cette même personne qui décide de ce qui sera le mieux pour lui dans un cas comme celui-ci.
- Puis je vous demander de qui il s’agit ?
- Un… « ami » disons-le ou plutôt un fan de mon père pour être tout à fait exact, Florian De Bierne !! Mais vous devez en avoir entendu parler ??
CHAPITRE 157 (Reims) (Mardi) (Un ami ça n’a pas de prix, quand on a des ennuis)
J’ai encore la tête dans le cul de ma journée d’hier, quand la porte de la chambre s’ouvre après un bref coup frappé sans attendre de réponse de ma part.
- Tu es réveillé ??
- Maintenant oui, qu’est-ce que tu veux ?? Ce n’est pas la peine d’essayer de me faire lever ce matin, il faut que je récupère un peu !!
Aurélien hoche la tête en signe qu’il comprend bien mes raisons, il s’apprête donc à sortir quand il semble réfléchir à quelque chose qui le turlupine.
- Oui ?? Tu voulais quelque chose ??
- Heu !! Moi non !! C’est le gars au téléphone qui demande à te parler, ton portable n’arrêtait pas de vibrer alors j’ai fini par décrocher pour le cas où ce serait urgent.
- Et ???
- Il m’a parlé de son père qui était entre la vie et la mort, en plus ce n’est pas des conneries puisqu’on n’entend que ça à la radio depuis ce matin !!
Là pour le coup, je l’étranglerais bien et il le voit à ma tête.
- Quoi ?? Je suis venu te prévenir !! Pourquoi tu me fusilles comme ça ??
- Putain « Aurel » !! Qui c’est ce type au téléphone ?? Tu pourrais commencer par le plus important !!
- Je ne te l’ai pas dit ??
- « Aurel » s’il te plaît !!
- Ok !! Ne t’énerve pas !!
Il s’approche du lit pour me tendre mon portable.
- Tiens !! Il est toujours en ligne, le prochain coup je m’occuperai de mes oignons !! Pffttt !! Allez rendre service et on voit comment on est récompensé !!
Je lui envoie un regard lourd d’exaspération devant ses deux de tension qui parfois ont le don d’énerver son monde, je porte ensuite mon téléphone à l’oreille.
- Allô !!
- ….
- Lui-même !! Et vous qui êtes-vous ?
- ….
À l’énoncé de son nom, je bondis du lit comme un ressort.
- Quoi !!!
- ….
- Depuis quand ??
- ….
- Y a-t-il quelqu’un près de vous qui pourrait m’en dire plus ??
- ….
J’attends quelques secondes qui me paraissent une éternité.
- ….
- It self! Could you do me a quick assessment of its current state? (Lui-même !! Pourriez-vous me faire un bilan rapide de son état actuel ??)
Suit alors une conversation en termes techniques qui ne me rassure pas outre mesure, je donne mon adresse mail à mon interlocuteur en lui donnant ensuite quelques instructions médicales à suivre scrupuleusement en attendant mon arrivée et je raccroche pour m’apercevoir que je ne suis plus seul dans la chambre, Frédéric ayant rejoint son fils en m’entendant m’entretenir en anglais avec des termes techniques de notre profession.
- Tu vas y aller ??
- Bien sûr !! J’appelle Franck pour le prévenir que j’ai besoin en toute urgence du jet de l’entreprise et qu’il fasse préparer le plan de vol, je vois ensuite avec Maurice pour les autorisations nécessaires à mon départ.
- Ce serait bien que l’avion puisse te prendre à la base 112, c’est une base militaire située à quelques kilomètres d’ici mais avec le concours de Maurice ça ne devrait pas poser de problèmes.
- Ok !! Je vois ça avec lui dès que j’en ai terminé avec Franck. Tu pourrais me rendre service et t’occuper de faire prévenir mon ancienne équipe ?? Pas que je n’ai pas confiance en l’autre, mais ils ont les accréditations obligatoires que n’ont pas Flavien, Marc et Carole, tu comprends ? Inutile de chercher les embrouilles avec les services sanitaires américains !!
- Pfft !! Tu penses à tout !! Je m’en occupe !!
- Merci p’pa !! Il faut que tout soit cadré ce matin de façon à ce que j’arrive aux States dans la nuit ou au plus tard demain matin, pour le reste il faut que rien ne s’ébruite pour l’instant. Je présume que l’annonce fait déjà suffisamment de bruit comme ça !!
- Juste une question « Flo » ? Comment son fils pouvait-il avoir ton numéro privé ??
- Tu te rappelles que son père est venu chanter pour le Noël de la DBIFC ? C’est ensuite en discutant que je le lui ai donné au cas où et tu vois que j’ai eu bien fait.
- Tu parles de lui comme d’un ami ?
- Nous avons sympathisé en effet et comme en plus tu sais bien que je suis complètement fan de lui depuis toujours, c’était une des plus belles soirées de ma vie !!
Frédéric sourit attendri.
- On ne te changera pas, toujours aussi fidèle en amitié quitte à aller à l’autre bout du monde pour apporter ton aide !!
Je sors de la chambre en lui rendant son sourire et en chantant un tube du même Johnny des années soixante.
- Un ami ça n’a pas de prix, quand on a des ennuis !! Oh-oh-oh …. Oh-oh!! Quand on a des ennuis !! Yeahhhh !!
CHAPITRE 158 (Los Angeles) (Mercredi matin très tôt) (Une arrivée très remarquée)
« Salle de réunion, clinique privé pour VIP. »
Le directeur de l’établissement semble particulièrement sur les nerfs ce matin-là et ce pour plusieurs raisons toutes aussi stressantes les unes que les autres, à commencer par l’invasion de sa clinique par les services spéciaux de l’état.
En effet depuis l’annonce officielle il y a à peine une vingtaine d’heures de l’arrivée du jeune De Bierne, une forte agitation vient troubler la sérénité habituelle des lieux et les agents spéciaux qui les ont investis depuis la veille au soir, ne font rien pour que celle-ci revienne à un état plus normal.
Vérifications d’identités, fouilles et doublement de la sécurité à tous les accès du complexe, mettent à mal la patience du directeur qui en plus doit subir l’excitation de son personnel à la seule idée de rencontrer en réel ce jeune homme aux capacités extraordinaires.
« Traduit de l’Anglais. »
- Messieurs-dames un peu de calme je vous prie !! J’aimerais que nous fassions un dernier point sur la situation du patient avant l’arrivée de notre éminent jeune collègue.
Le chirurgien en charge du patient.
- Nous avons mis en place le protocole de soins qui nous a été demandé, les constantes du patient s’en sont fortement et rapidement stabilisées, nous avons également constaté une nette amélioration de son état. Un protocole préopératoire innovant assez curieux, que j’ai hésité tout d’abord à injecter au patient quand il m’a été demandé de le faire.
- Comment ça curieux ??
- J’avoue sans honte que je n’aurai jamais pensé à associer ces molécules, molécules qui d’ailleurs comme je vous le disais juste avant ont stabilisé le patient qui depuis qu’elles lui ont été injectées, dort d’un sommeil profond.
- Il nous faudra analyser cela de plus près pour l’utiliser le cas échéant !!
- C’était bien dans mes intentions patron !! D’ailleurs il n’y a pas que nous que ça intéresse, la section scientifique de recherches médicales de l’État fédéral nous a dépêché un de leurs spécialistes qui prend des notes sur tout ce qui concerne notre futur invité. Apparemment Washington s’intéresse beaucoup aux préconisations du jeune Français, j’avoue que ça me gêne plutôt cette façon de chercher à en tirer profit sans lui en faire la demande.
- Nous trouverons bien un moyen discret de l’avertir d’un tel agissements à son encontre et d’ailleurs je ne pense pas que ce soit pour lui un secret d’état, sinon il n’aurait pas donné ce genre d’instructions au téléphone. Je demande à tous de se comporter normalement et cela même si je comprends bien la raison de l’agitation ambiante, c’est la réputation de notre établissement devant ce garçon qui est en jeu !! N’allons surtout pas lui donner une mauvaise image de ce que nous réalisons ici au quotidien.
La porte de la salle s’ouvre et laisse apparaître une jeune femme visiblement troublée.
- Excusez-moi de vous interrompre, mais le jeune Florian De Bierne est arrivé avec son équipe et Solen est en pleine panique à l’accueil !!
- (Le directeur) Comment ça en pleine panique ??
- C’est que Monsieur le directeur, ils sont vraiment spéciaux tous les cinq !! J’en ai encore le cœur qui bat à cent à l’heure !!
Les spécialistes autour de la table la regardent sans vraiment comprendre, aussi la jeune femme croit bon de préciser en se tenant la poitrine.
- Ils sont si beaux vous comprenez !!
- Reprenez-vous mademoiselle !! Qu’est-ce que ça veut dire, enfin !!
***/***
« Au même moment, à l’accueil. »
Maxime et Julien s’amusent comme des gosses à voir l’hôtesse d’accueil qui ne peut détacher son regard du groupe qu’ils forment et en rajoutent avec des petits sourires enjôleurs qui n’arrangent rien à son état de trouble de nous voir débarquer devant elle, c’est donc en ayant pitié d’elle que je les rappelle gentiment à l’ordre.
- Bon les gars ça suffit, on n’est pas venu pour la bagatelle !! Laissez donc cette jeune fille tranquille, vous voyez bien qu’elle ne sait plus où se mettre.
Julien prend à témoin Émilie en se redressant comme un coq.
- Tu te rends compte de la chance que tu as d’avoir un mec si canon ! Hi ! Hi !
- (Patricia) Ça ira les chevilles !!
- (Maxime) D’autant plus qu’elle ne regardait que moi, tu rêves éveiller papy !!
- (Émilie) Je serai curieuse de voir ça « Max » !! C’est ton Julien qui en mourrait de rire !!
J’observe la jeune fille qui devient de plus en plus rouge, comprenant alors qu’elle connaît parfaitement notre langue.
- Ne les écoutez pas mademoiselle, il faut toujours qu’ils se fassent des films ! Hi ! Hi ! En vérité c’est moi le plus beau, seulement ils ne veulent pas le reconnaître !!
Je lui fais alors une de mes grimaces qui d’abord l’étonne avant qu’à son tour elle n’éclate de rire, son stress précédent fondant comme neige au soleil et c’est finalement en discutant tous avec elle comme de vieux amis, que nous voyons arriver un groupe d’hommes l’air solennel qui regarde la scène avec étonnement.
Le plus âgé s’avance vers nous, alors que les autres restent en retrait.
- It is an honour to receive you in my institution, did you good journey? (C’est un honneur de vous recevoir dans mon établissement, avez-vous fait bon voyage ?)
- Ah que je veux ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 159 (Los Angeles) (Mercredi matin) (Rencontre de stars)
« Salle d’opération. »
Quand nous entrons au bloc, les premières choses qui nous sautent aux yeux sont les trois caméras sur trépied qui vont prendre l’intervention sous tous les angles possibles et qui me rappellent d’autres souvenirs datant de l’année précédente.
Je vois aux visages soudainement soucieux de mes amis, qu’ils s’inquiètent déjà pour le cas ou en dernier recours je devrais utiliser mes « dons ».
Je me tourne vers les deux chirurgiens qui m’ont amené jusqu’ici, l’air franchement réprobateur.
« Conversation traduite en Français. »
- Que signifie tout ceci ??
- (Le directeur) Je vous assure que ça ne vient pas de nous !! Ce sont les ordres venus directement de la Maison blanche !!
- Je comprends quoique je n’adhère pas à cette violation de mes droits à l’image, faites savoir immédiatement à vos dirigeants que s’ils persistent et ne font pas enlever tout de suite ces caméras, je saurai m’en souvenir et qu’il ne sera plus jamais question pour moi de poser le pied sur le sol américain, plus jamais !!
Je me tourne vers mes amis.
- Pendant que je vais me changer, vérifiez donc qu’il ne nous manquera rien pour l’intervention !! Il serait bien aussi que vous vous fassiez expliquer la lecture de ces appareils, ils ne sont pas forcément étalonnés avec notre système européen.
- (Julien) J’avais déjà remarqué !! Heureusement que les codes couleurs sont les mêmes !
- Ok !! Je reviens au plus vite en espérant que ces…
Je montre du doigt les caméras.
- …trucs ne seront plus là à mon retour !!
***/***
« En France au même moment, chez les Viala. »
Frédéric est installé au salon avec toute sa petite famille, plus Antonin qui se devait de rester à Reims pour gérer les affaires en cours durant l’absence de Florian.
Ils sont tous à l’écoute de la télévision et plus précisément du journal d’information, qui relate en boucle la une du jour qui concerne bien évidemment l’inquiétude sur l’état de santé de notre star nationale.
Un débat ayant précisément lieu entre plusieurs journalistes et quelques professeurs en médecine réputés.
***/***
« Débat télévisé. »
- Certains médias annonçaient déjà le décès imminent de Johnny Hallyday, qu’en est-il à présent ??
- Vous le savez aussi bien que moi !! Le fait que « F.DB » se soit immédiatement rendu aux États Unis pour l’opérer change complètement la donne !!
- Devons-nous comprendre qu’il n’y avait personne là-bas qui puisse le sauver ??
- Comprenez ce que vous voudrez, le fait est vous l’avez dit vous même qu’ils le donnaient comme perdu !! Une infection généralisée due à une mauvaise intervention chirurgicale à la hanche, c’est du moins les données que nous avons reçues et qui restent à prouver.
- Nous avons appris que « F.DB » a été contacté directement par David le fils de notre rockeur, qu’en est-il de cette rumeur ??
- Elle paraît tout à fait crédible, le jeune Florian ou « F.DB » comme les médias l’appellent depuis son retour, aurait lié des liens d’amitié lors d’une représentation financée par son entreprise familiale pour le Noël organisé chaque année réunissant tous les salariés des diverses agences de la DBIFC situées de par le monde. C’était aussi il me semble pour fêter sa première présentation en public comme PDG de l’entreprise, ses grands-parents voulaient également lui faire la surprise, connaissant son attachement pour Johnny pour lequel il a depuis l’enfance toujours été un de ses plus grands fans.
- Certains parlent même qu’ils auraient fait une partie du spectacle ensemble ?
- C’est encore une fois exact !! Florian ayant un « Don » peu commun pour les instruments de musique, a accompagné Johnny sur plusieurs de ses chansons et c’est à ce moment que l’amitié entre nos deux stars aurait commencé, comme quoi les choses parfois ont du bon !!
- La question ne se pose pas, mais je vais quand même la poser !! Va-t-il le sauver ??
- Comme vous le dites si bien, la question ne se pose pas !! S’il y a bien quelqu’un pour nous ramener vivant notre rockeur, c’est sans conteste le jeune De Bierne !!
***/***
Le débat se poursuit, Frédéric ne pouvant s’empêcher de commenter à haute voix.
- Bien sûr qu’il va nous le ramener !! Bordel de merde !! Quand on connaît le prix où tous ces journalistes sont payés, ils pourraient se passer de dire toutes ces platitudes !!
CHAPITRE 160 (États Unis) (Mercredi matin) (Un choix judicieux pour l’avenir du pays)
« Washington Maison Blanche, bureau ovale. »
L’homme debout derrière son bureau fulmine de rage sourde, quand il prend à partie les hauts fonctionnaires de l’État fédéral.
« Traduit en Français. »
- C’est ce que vous appelez une surveillance discrète !! Pourquoi n’avoir pas convoqué tous les médias du pays tant qu’à faire !!
- C’est que, Monsieur le président, nous ne nous attendions pas à une réaction aussi tranchée de sa part !!
- Ce garçon tient à garder confidentielle sa façon d’opérer, ce qui signifie donc qu’il ne veut pas que nous découvrions quelque chose sur ses méthodes ou je pense plutôt, sur lui-même !! Ce qui d’ailleurs n’est pas vraiment un secret, les rapports que nous recevons régulièrement sur lui depuis le congrès de Kyoto nous laissent imaginer ce qu’il peut être en réalité.
- Vous croyez à ces rumeurs qui prétendent qu’il ne serait pas totalement humain ?
- Comment expliquer ça autrement ??
Le président semble réfléchir un instant sur ces dernières paroles qui dévient dangereusement de la raison majeure de cette réunion, ne tenant pas à aller plus loin dans ses explications avec ses collaborateurs qui ne sont pas suffisamment importants pour que leur soient révélés certaines informations confidentielles.
- Revenons au but de cette réunion, il va de soi que vous devez donner immédiatement les ordres nécessaires à ce que tout le matériel d’enregistrement vidéo soit enlevé sur le champ !! La menace de boycott de sa part envers notre pays serait très mal perçue par la population si elle devenait effective, c’est un risque qu’il nous est impossible de prendre !!
L’homme donne les instructions requises par téléphone avant de revenir à la discussion.
- Les ordres ont été donnés monsieur, le directeur de la clinique semble soulagé que nous ayons pris cette décision !!
- A l’avenir je ne veux plus de ce genre d’initiative, me suis-je bien fait comprendre ?? Faites-en sorte que cette lamentable erreur ne s’ébruite pas, me suis-je bien fait comprendre ??
- Cinq sur cinq, Monsieur !! Heureusement il n’y avait que très peu de monde au courant et je pense qu’ils comprendront l’intérêt pour eux de rester discrets, seulement il restera l’équipe médicale du jeune De Bierne !!
- Nous devrons compter également sur leur discrétion, de toute façon nous n’avons pas vraiment le choix !!
***/***
« Bloc opératoire de la clinique privée de Los Angeles. »
Quand j’entre à nouveau dans le bloc, je ne peux que constater avec un réel plaisir la disparition des caméras et c’est donc beaucoup plus serein que je reprends les choses en mains, mes amis visiblement prêts eux aussi à m’assister de leur mieux.
Pendant que Maxime et « Juju » se chargent de faire amener le patient et tandis qu’Émilie vérifie une dernière fois la check-list pour qu’il ne manque rien, je fais le point avec Patricia sur les résultats des diverses analyses réalisées en amont de l’intervention.
- Nous devrons déjà éliminer l’origine de l’infection pour ensuite reprendre tout à zéro sur les problèmes osseux du bassin.
- Tu penses à quoi pour l’infection ? Bactérie ou virus ?
- Bactérie !! Un virus s’attaquerait à un seul type de cellules spécifiques, ici nous avons une contamination généralisée des tissus musculaires, sanguins et osseux !! Il est d’ailleurs grand temps d’intervenir, regarde par toi-même la vitesse de développement de l’infection entre ces deux clichés.
- Hum !! Pourtant le dernier examen montre une stagnation, c’est à n’y rien comprendre !!
- Au contraire ma grande, c’est grâce au cocktail d’antibiotiques que j’ai fait prescrire hier pour justement empêcher que tout se propage trop rapidement avant notre arrivée !! Il aurait été beaucoup plus difficile de trouver le point initial de propagation si son état s’était généralisé.
Je pose un doigt à un endroit précis du dernier cliché.
- À mon avis tout est parti de ce point-là !!
- Qu’est ce qui te fait dire ça ?? Je ne vois rien de particulier !!
- Regarde mieux !! La tache brunâtre plus prononcée sur l’os à cet endroit !!
- Parole !! Tu as de bons yeux !!
- Ça aide quand on sait ce qu’on cherche !! Je vais devoir gratter et nettoyer cette zone avant de commencer à traiter le reste, pour la hanche je verrai ensuite ce que je peux faire pour lui redonner plus de facilité de mouvement !!
- Tu vas utiliser tu sais quoi ?
- Si je peux l’éviter, je préférerais !! Ça poserait trop de questions s’il courait d’un seul coup comme à lapin ! Hi ! Hi ! Le mieux que je puisse faire pour lui c’est de le remettre sur pied tout en faisant pour le mieux pour qu’il ne souffre plus et puisse reprendre ses tournées pour le bonheur de ses fans !! Il reste un homme âgé qui devra reconnaître ses limites en ne se comportant plus comme il l’a fait jusqu’à maintenant, il doit prendre conscience que le corps prend de l’âge même si l’esprit reste jeune.
CHAPITRE 161 (Los Angeles) (Mercredi matin) (La fin justifie les moyens)
« Une heure plus tard, pendant l’opération. »
- Le pouls diminue dangereusement « Flo » !!
Je relève la tête vers le moniteur, constatant à mon tour une baisse significative du rythme cardiaque et je fais signe que j’ai bien reçu le message, avant de revenir à ce que je faisais juste avant.
J’avoue que je ne m’attendais pas à l’ampleur de la tâche et que celle-ci avec des méthodes traditionnelles n’est pas près de se terminer, l’infection ayant sclérosé plusieurs zones de tissus musculaires que je dois traiter un à un afin d’être certain d’endiguer la contamination aux parties saines.
Quelques traces récentes démontrent que la bactérie s’est mise à muter et que les antibiotiques que j’avais prescrits n’auront bientôt plus d’effets sur elle, ce qui conjugué au reste commence à m’inquiéter sérieusement.
- L’infection a muté, elle résiste aux antibios !!
- (Patricia) La poisse !! On fait quoi ??
- Il est trop faible pour qu’on tente de nouvelles molécules, ce serait trop long de toute façon avant qu’elles commencent à faire effet !!
- (Maxime) Vous avez lu Astérix chez les Ricains ??
- (Juju) Tu crois vraiment que c’est le bon moment pour poser ce genre de question ??
- (Maxime) Le livre n’existe pas, il serait peut-être temps de l’écrire !! Histoire de sauver notre « Assurance-tout-risque », tu en penses quoi oh grand Panoramix ?
- Qu’il n’y a plus que ça à faire !! Patricia, continue à aspirer les scories apparentes pendant que je prépare la « potion » !! Émilie, j’aurai besoin d’une petite canule avec réservoir !! « Juju », tu injectes deux cc d’atropine pour renforcer le pouls et toi « Max », tu fais le guet pour que personne n’arrive au mauvais moment !
Pas besoin d’en rajouter, l’équipe bien huilée exécute mes ordres sans une parole de plus et après avoir constaté une légère hausse suivie d’une stabilisation du rythme cardiaque, je commence à pulvériser ma salive à l’aide de la canule sur les zones infectées en prenant soin d’en mettre juste ce qu’il faut pour que la guérison ne prenne pas des proportions miraculeuses.
Malgré toutes mes précautions pour n’en envoyer que le minimum, les os ainsi que les muscles touchés se régénèrent rapidement et à la vitesse où ça va, il me paraît évident que je vais devoir inventer je ne sais quelle excuse pour justifier une guérison aussi rapide.
J’envoie donc le reste de ma salive là où l’usure cartilagineuse avait nécessité l’intervention précédente, comptant sur le réveil rapide du patient pour lui faire comprendre qu’il doit jouer le jeu en gardant quelque temps le lit et surtout le léger boitillement qu’une telle opération engendre obligatoirement dans le meilleur des cas.
Nous assistons une fois de plus au miracle du « don » qui va jusqu’à la régénération complète de la peau sans laisser de cicatrice apparente, je me tourne ensuite vers Patricia en lui tendant un scalpel et en mettant près d’elle le chariot avec le nécessaire de suture.
- À toi de jouer « Pat » !! Tu incises suffisamment profond pour qu’il lui reste une cicatrice de l’opération, sinon il faudra donner des explications et je n’y tiens pas vraiment, tu comprends bien pourquoi !!
***/***
« Milieu d’après-midi, salle de réveil. »
Nous sommes tous là en compagnie de ses proches accourus à son chevet entre-temps, discutant en faisant connaissance dans l’attente de sa reprise de conscience qui ne devrait plus tarder.
Sylvie est venue elle aussi, montrant par sa présence qu’il reste beaucoup d’amitié entre eux bien qu’ils se soient séparés dans une tempête médiatique, qui à l’époque a fait couler beaucoup d’encre.
C’est là que j’apprends également que David a vécu une partie de son enfance à Reims, pas très loin d’où habitent les Viala et qu’il garde un souvenir attendri des personnes avec qui il a passé une partie de sa jeunesse, ceux-ci ayant disparu hélas depuis lors.
Bien sûr j’ai eu droit aux éternelles questions sur ce que je suis, ma famille et mes amis, notre rencontre avec Johnny grâce à laquelle je suis là aujourd’hui pour lui venir en aide.
David semble très proche de son père qui lui a raconté son ressenti lors de cette soirée, me demandant même des nouvelles d’Anthony qui lui aussi avait beaucoup marqué Johnny par sa voix aux intonations et à la chaleur si prenante.
Ce jeune aveugle qui a refusé poliment mais fermement son aide alors qu’il était prêt à l’aider à se lancer dans le show business, préférant rester dans l’anonymat à chanter exclusivement pour son plaisir et celui de ses plus proches amis.
Un mouvement de tête nous alerte du réveil prochain de Johnny, aussi je m’empresse de m’approcher de lui en surveillant ses constantes qui ma foi, me paraissent plutôt bonnes pour son âge.
Son regard d’abord trouble finit par se fixer sur mon visage, une fois la surprise passée je le vois sourire en me reconnaissant et c’est amusé que je lui fais un petit clin d’œil, en jouant de la voix comme son imitateur favori.
- Ah que coucou !!
CHAPITRE 162 (Paris) (Quelques semaines plus tard) (Alerte sonde spatial)
« Mardi matin, Bégin. »
J’avoue que ces dernières semaines par rapport aux précédentes, manquent cruellement de piquant et nous voilà tous dans le train-train de la vie quotidienne, les journées semblant passer de plus en plus vite sans effet marquant à noter si ce n’est que les fêtes de Noël et donc les vacances qui vont avec, approchent à grands pas.
Dire que je m’ennuie serait mentir, juste que mon travail m’occupe le corps en laissant mon esprit avide d’aventures et c’est justement en m’en faisant la remarque, que curieusement ce matin-là un événement inattendu vient alimenter ce manque d’imprévu d’une façon peu orthodoxe.
Tout commence par le bruit caractéristique d’un hélicoptère qui se pose, ce qui attire mon regard curieux vers la baie vitrée en pensant tout naturellement qu’une urgence viendrait peut-être égayer ou plutôt pimenter quelque peu mon quotidien.
Le logo sur la carlingue m’interpelle de suite, y reconnaissant celui de l’observatoire spatial sous le commandement direct de l’armée.
Je me tourne vers Antoine qui connaît bien mieux que moi les habitudes de l’hôpital.
- Tu sais ce que viennent faire ici les gens de l’observatoire spatial ??
- C’est qui ceux-là ??
- Viens voir par toi-même !!
Antoine s’approche à son tour et observe un moment l’hélico en plissant le front, cherchant sans doute dans sa mémoire s’il a déjà vu ou non ce genre de logo.
- Inconnu au bataillon !! C’est la première fois que j’en entends parler en plus, ils amènent sûrement quelqu’un qui a un problème de santé !!
Je remarque les quatre hommes à l’intérieur, qui semblent pourtant tous se porter on ne peut mieux.
- Hum !! Si c’est bien le cas, ils l’auront bien planqué !! Ceux qui vont descendre n’ont pas l’air d’avoir de problèmes particuliers.
- Voilà mon père qui arrive et il semble aussi surpris que nous, regarde la tête qu’il fait !!
Marcel montre en effet un visage intrigué en s’avançant vers les quatre hommes qui ont mis pied à terre, ils échangent quelques paroles rapides puis quittent la piste d’atterrissage en se dirigeant directement vers le bâtiment où le général a ses quartiers, disparaissant bientôt de notre vue.
- Je me demande bien ce qu’ils viennent faire ici ??
- (Antoine) C’est qui ces types au juste ??
- Des militaires du CNES, ils sont chargés entre autres missions de surveiller le ciel depuis des satellites munis de puissants télescopes ou encore d’étudier les photos émises depuis les sondes spatiales envoyées dans notre système solaire. Ils cherchent entre autres à détecter et surtout à comprendre la provenance d’éventuels phénomènes Aérospatiaux.
- Des OVNI ??
- Si tu préfères cette appellation, mais heureusement ça ne se limite pas qu’à ça !!
- Je ne vois pas le rapport avec nous ??
- Il n’y en a peut-être pas !!
- Curieux quand même tu ne trouves pas ??
- Allons faire un tour du côté des bureaux, de toute façon nous n’avons pas grand-chose d’autre à faire ce matin.
- (Antoine) On se met en mode espion ! Hi ! Hi !
- Disons plutôt que leur arrivée pique ma curiosité !!
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« Dans le bureau du général Mathéi. »
Le général fait entrer les quatre hommes dans son bureau en leur indiquant des sièges, prenant place dans son fauteuil en les observant avec curiosité.
- Si vous m’expliquiez un peu plus clairement ce qui vous amène ?? Le CNES n’a pas pour habitude de venir nous rendre visite !!
- Nous ne sommes que des intermédiaires mon général, la demande vient de nos confrères Canadiens et nous nous devons de prendre celle-ci très au sérieux, nos instances gouvernementales ont classé l’information en très haute sécurité défense !!
- En quoi cela concerne-t-il Florian ??
- En rien, c’est seulement à son esprit d’analyse particulièrement pointu que nous en avons !!
- Je suis habilité pour recevoir ce genre d’information classifiée, alors dites m’en plus sur ce qui vous amène ici et surtout en quoi l’esprit d’analyse de Florian vous sera utile !!
- Une sonde spatiale a envoyé son rapport d’activité comme c’est régulièrement le cas, celle-ci a pour mission actuellement l’étude de la ceinture de Kuiper au large de Pluton et elle a retransmis hier soir des clichés qui laissent dans l’expectative les spécialistes chargés de les analyser, un objet non identifié venant très certainement d’au-delà de la ceinture qui n’était jamais apparu jusque-là vient d’y être détecté !! Encore beaucoup trop loin pour nous donner une idée précise de sa composition, mais avec une trajectoire parabolique des plus troublantes si elle était validée par le prochain rapport de la sonde qui devrait avoir lieu après-demain.
- Étrange dans quel sens ??
- Dans le sens où ça ne correspond pas à une trajectoire conventionnelle, mais plutôt à celle d’un engin ayant un objectif bien précis.
- Qui serait ??
- Notre planète, la terre !!
CHAPITRE 163 (Paris) (Mardi matin) (Voyage pour Toronto)
« Bureau de général Mathéi. »
Marcel après quelques explications complémentaires, reste muet à réfléchir sur ce qu’il vient d’apprendre et qui semble manifestement suffisamment sérieux pour que le gouvernement Canadien demande l’aide de la France par le biais de Florian, avant de rendre officielle cette découverte pour le moins inquiétante.
Astéroïde ou OVNI, voilà les deux solutions retenues qui l’une comme l’autre a de quoi mettre en alerte les gouvernements si l’information était confirmée lors du prochain rapport de la sonde.
Déjà de puissants télescopes sont reprogrammés pour inspecter à leur tour cette région de l’espace située aux confins de notre système solaire.
Une voix reconnaissable entre tous sort le général de ses pensées, ne pouvant empêcher le sourire qui illumine son visage comme à chaque fois qu’il va se retrouver en présence de Florian.
- Voilà votre homme qui arrive, surtout ne vous formalisez pas outre mesure de sa façon d’être bien à lui face à l’autorité !!
- Comment ça mon général ?
- Vous allez très vite comprendre !!
- Cela semble bien vous amuser mon général ??
- Oh que oui !! C’est toujours un vrai plaisir que j’éprouve de voir la tête des gens qui se croient importants lors de leur première rencontre avec Florian.
La porte s’ouvre après un bref coup, sans attendre de réponses et Florian entre comme en terrain conquis, saluant à sa façon inimitable les inconnus qui le fixent avec curiosité.
- Kikou les gars !! Ça boume ?? Vous avez trouvé un extra-terrestre avec un rhume et vous nous l’amenez pour qu’on le soigne je parie ! Hi ! Hi !
Le général s’amuse de la tête que font ses visiteurs car plus ahuri que ça tu meurs, pense-t-il.
- Messieurs !! Je vous présente Florian, notre petit génie national !!
- Petit ??
- Joker !! Ces messieurs souhaitent avoir recours à ton esprit d’analyse pour tenter de comprendre un phénomène spatial qui semble avoir notre planète pour but.
- Rien que ça ??
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S’en suivent alors les mêmes explications que celles données au général quelques minutes plus tôt, la première question qui vient alors de la part de Florian montre jusqu’où vont ses connaissances qui semblent sans limite et laissent les quatre hommes suffisamment perplexes, pour qu’ils comprennent alors le pourquoi ainsi que la justification de leur présence.
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- Ce n’est sans doute qu’un des objets transneptuniens attirés par la ceinture de Kuiper venants des nuages de Hills ou d’Oort, dans ce cas il devrait rester dans l’amas une fois pris sous l’effet de l’attraction pour y trouver ensuite une orbite stable, de toute façon il y a peu de chance qu’il continue sa course plus loin et au pire des cas encore moins de chance de traverser la ceinture d’astéroïdes vu la largeur et la masse d’objets épars qui la constitue.
- Vous pensez donc qu’il n’y a aucun danger ??
- Je n’ai pas dit ça, juste que c’est la plus forte probabilité !! Maintenant il faut attendre les prochains rapports de la sonde spatiale pour nous faire une idée plus précise, si nous avions la preuve que cette …chose n’a pas une trajectoire naturelle, il serait temps alors de s’inquiéter de la nature ainsi que de la provenance de cet objet non identifié.
- (Le général) Qu’entends-tu par « pas une trajectoire naturelle » ?
- J’entends par là que si nous nous apercevions que l’objet a une trajectoire erratique, freine ou même évite sciemment les collisions avec les différents corps stellaires qui composent la ceinture de Kuiper, alors là il y aurait matière à envisager sérieusement qu’une intelligence quelle qu’elle soit le dirige vers nous ou du moins explore ce secteur de l’univers.
- Une intelligence ??
- Allons Marcel !! Tu ne vas pas me faire croire que tu penses que nous sommes seuls dans l’immensité universelle ?? Surtout avec ce que nous savons déjà tous les deux !!
Un des envoyés du CNES tique à l’écoute de mes dernières paroles.
- Que savez-vous donc que nous ignorons ??
- Allez demander la réponse à celui qui vous envoie, je ne sais pas si vous êtes habilités à recevoir cette information !!
- Nous le ferons soyez en certain !! En attendant puisque vous parlez de notre mission, elle consiste à vous amener là où vous pourrez analyser à votre guise toutes les informations que nous avons déjà collectées sur cette affaire.
- Et c’est où sans trop vous en demander ??
- Au grand observatoire situé à Toronto.
- Waouhhhhh !! Coooolllll !!! Je vais pouvoir voir des caribous ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 164 (Canada) (Mercredi soir) (D’étonnement en étonnement)
« Grand observatoire spatial. »
Depuis son arrivée à l’observatoire de Toronto, Florian s’est enfermé dans une salle de recherche technologique et s’active à la fabrication d’un étrange appareil qui amène et c’est bien compréhensible, une forte curiosité venant des chercheurs tout comme des techniciens du centre qui sont restés près de lui.
Personne n’ose venir le déranger pour s’enquérir de quoi il s’agit au juste ni de l’utilité future de cette étrange boîte bourrée de technologies de pointe, aussi restent-ils tous dans un coin de la pièce à l’observer avec attention.
Ils le voient assembler les éléments venant directement d’une liste donnée par lui à la sortie de l’avion et ils se contentent de prendre des notes en silence au fur et à mesure de l’avancement du montage qui leur amène à tous une incommensurable perplexité et cela autant devant la complexité de la tâche, que par l’aisance avec laquelle elle est réalisée.
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Une fois l’appareil terminé, Florian se pose encore pendant de longues heures devant son ordinateur portable, créant de toutes pièces en partant de rien un programme informatique qu’il télécharge ensuite dans le disque dur du boîtier et sourit de satisfaction quand le panneau s’illumine du premier coup de trois « leds » bleues, signifiant très certainement que l’appareil est prêt pour son utilisation, utilisation qui reste d’ailleurs toujours aussi mystérieuse pour toutes les personnes qui ont assisté depuis le début à sa conception.
L’engin une fois terminé ressemble à un gros lecteur de dvd, avec une entrée-sortie de type optique permettant de le raccorder à d’autres appareils.
L’homme qui semble être le responsable hiérarchique du groupe, s’avance vers le jeune homme une fois qu’il est convaincu que celui-ci en a bien terminé et ose enfin prendre la parole pour lui poser la question qui brûle les lèvres de tous depuis le début du montage.
- À quoi va servir cet appareil, si je puis me permettre de poser la question ?
- C’est un amplificateur à résonance magnétique, il va nous permettre de capter les images et les sons venant de l’espace profond !! Je vais vous faire un croquis qui vous expliquera où et comment le raccorder à vos installations.
- De quelles installations s’agit-il ??
- Vous avez un des plus puissants télescopes qui existe sur terre, cet appareil devra être connecté en dérivation sur la fibre qui relie la parabole au terminal informatique. Vous ne pouvez pas vous tromper au moment du raccordement, il n’y a qu’une entrée et qu’une sortie, l’alimentation est prévue pour accepter toute sorte de réseaux électriques aussi il vous suffira de le brancher au plus près, l’intensité nécessaire n’est que d’une dizaine d’ampères !!
- De combien cet appareil va-t-il améliorer la puissance de notre télescope ??
- En fait sa fonction est quelque peu différente mais fera en sorte une fois raccordée que vous ayez la même vision que celle que vous envoie votre sonde spatiale, il faudra juste faire quelques ajustements mais le logiciel que j’ai conçu à cet effet devrait s’en occuper tout seul, il vous suffira de pointer le télescope vers l’objet en question et nous connaîtrons alors sa nature, plutôt cool pas vrai ! Hi ! Hi !
L’homme prend le boîtier d’une main tremblante, n’osant pas exprimer à haute voix sa stupéfaction devant ce garçon qui en quelques heures a trouvé le moyen de rendre obsolète une installation qui a pris plusieurs décennies pour voir le jour et qui de l’avis de tous était au maximum de ce que l’on pouvait humainement concevoir pour visualiser l’espace depuis la terre.
Un autre technicien beaucoup plus jeune revient sur une parole du jeune rouquin qui depuis qu’il l’a prononcée ne manque pas d’attiser son incompréhension.
- Mais notre télescope n’est pas prévu pour capter des sons ?? Il ne permet normalement que de recevoir des images et vous avez parlé de sons si je ne m’abuse ??
- C’est exact !! J’ai pensé que ça serait très certainement nécessaire et comme il restait de la place dans le boîtier, j’ai rajouté cette fonction qui pourrait être bien utile et qui permettra de recevoir ainsi que d’envoyer d’éventuels messages, ce n’est ni plus ni moins qu’un émetteur-récepteur radio amélioré qui se sert de la résonance magnétique envoyée par la parabole du télescope comme support.
- Mais enfin !! Notre télescope n’envoie rien !! Ce ne sont que des ajustements de lentilles qui captent les images en les agrandissant plusieurs millions de fois.
- J’avoue que c’est assez compliqué à comprendre, disons pour faire court que mon petit bricolage permet maintenant d’envoyer un faisceau d’ondes par le biais du télescope. Les lentilles servant à canaliser sa direction avec suffisamment de précision pour cibler un objet en particulier et une fois atteint l’objectif fixé, il nous renvoie par résonance les informations qui sont ensuite décryptées et transformées informatiquement pour que nous puissions en prendre connaissance. Le télescope par lui-même vient de changer d’utilisation, il ne sert plus que comme une antenne sophistiquée.
- Wouff !! Et tout ça dans cette petite boite ??
- Bah oui !! J’ai trouvé que ce serait plus facile à manipuler ! Hi ! Hi !
Un étrange silence vient alors clore les dernières paroles du petit rouquin qui semble prendre un plaisir certain de leur trouble, chercheurs comme techniciens en étant encore à analyser ce que représentent en termes de découvertes et d’innovations ces quelques kilos de technologie que tient toujours dans ses mains le responsable de l’équipe.
C’est une femme d’un certain âge restée discrète depuis le début qui reprend alors la parole, ayant été témoin de la mise en œuvre sans aucun schéma directeur de cet exploit et le mot est faible, technologique.
- Et moi qui croyais avoir tout entendu !! Qui êtes-vous donc jeune homme ? Jusqu’à ce matin nous avions appris à vous connaître et à vous respecter comme un éminent spécialiste doublé d’un chercheur particulièrement doué dans la médecine et ces dérivés au sens large du terme, mais certainement pas comme un ingénieur hors pair en technologies nouvelles ??
- Je suis comme qui dirait un bon indien, madame !!
- Je ne vois pas le rapport, excusez-moi !!
- Moi si !! Comme lui, j’ai plus d’une corde à mon arc ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 165 (Canada) (Mercredi dans la nuit) (Identification bouleversante)
« Une heure du matin, centre de contrôle de l’observatoire. »
La salle pourtant immense semble cette nuit-là manquer particulièrement d’espace, en effet un important groupe d’officiels tant politiques que militaires ayant rejoint le nombre déjà important de spécialistes en astrophysique et autres ingénieurs aux spécialités diverses et variées, mais qui tous touchent de près ou de loin à la surveillance ainsi qu’à la compréhension de l’espace lointain.
L’équipe que je dirige avec l’accord inconditionnel des plus hautes instances hiérarchiques du centre, termine l’effacement des programmes servant jusqu’alors au bon fonctionnement de l’immense télescope afin que je puisse prendre la main sur l’installation avec mon nouveau logiciel.
Le plus long a consisté à faire une sauvegarde ou Backup du programme d’origine, créant un black-out total sur les écrans de contrôle qui je le vois bien amène une certaine anxiété dans les regards des spécialistes en charge du programme de recherche en cours.
Un bref soupir de soulagement se fait entendre quand les écrans se rallument, après que j’en aie terminé de télécharger les nouvelles instructions de base qui vont permettre de communiquer avec le nouvel équipement que j’ai bidouillé dans la journée.
J’enclenche le nouveau programme qui à peine quelques secondes plus tard, amène une image sur les écrans qui appelle l’étonnement de tous ceux qui ont les yeux fixés dessus.
- Pourquoi ne voyons-nous qu’un fond d’écran marron foncé ??
- Sur quoi était pointé le télescope ??
- Sur une des lunes de Jupiter, nous profitions d’une bonne disposition des planètes pour tenter d’en connaître les éléments qui la composent !!
Je fais un réglage rapide avec le joystick de contrôle, l’image semble reculer pour nous montrer une surface fortement accidentée.
- Le zoom était trop puissant, l’écran montrait seulement une infime partie du sol !!
- Vous plaisantez là ?? Ne me dites pas que ce que nous avons sous les yeux n’est rien d’autre qu’un gros plan de cette lune ??
- Je vous assure que c’est exactement ce que vous visualisez en ce moment, vous pourriez y trouver une aiguille s’il y en avait une en zoomant suffisamment !!
- Mais c’est …extraordinaire !!
- En fait ce nouveau programme est conçu pour explorer beaucoup plus loin les limites de l’univers, notre système solaire n’aura plus autant d’attrait pour vous tous et je suis certain que très rapidement, il ne suscitera plus votre curiosité autant qu’avant quand vous réaliserez la portée de cette nouvelle installation !! Le système solaire sera dorénavant pour vous comme le village d’à côté que vous ne regardez plus en le traversant tellement vous le connaissez !!
Je les laisse se reprendre quelques secondes, le temps qu’ils comprennent bien la portée de mes explications et quand je vois que de nouvelles questions ne vont pas tarder à pleuvoir sur moi, je leur rappelle le but de ma visite.
- Bon !! Voyons voir ce qu’est au juste cet objet qui vous a amenés à réclamer mes services !! Je vais entrer les coordonnées spatiales de sa dernière position connue, nous devrions le retrouver sans trop de mal à condition toutefois qu’il n’y ait rien entre lui et nous pour nous en masquer la vue !!
- La fenêtre de vision sur la ceinture de Kuiper est assez vaste dans cette période de l’année et c’est d’ailleurs pour cette raison que nous pouvons communiquer avec la sonde, nous devrions avoir encore une bonne heure devant nous avant que la portion qui nous intéresse ne soit plus visible. Sinon il nous faudra attendre la nuit prochaine pour reprendre les recherches, le prochain rapport de la sonde est d’ailleurs prévu à ce moment-là et ensuite nous n’aurons plus de visibilité, ni ne pourrons plus communiquer avec elle avant plusieurs mois.
- Alors ne perdons pas plus de temps, je me charge des commandes !!
J’entre les coordonnées, les écrans changeant à une vitesse folle en suivant le mouvement de la parabole jusqu’au moment où la zone apparaît enfin et nous captive tous par des images d’une beauté incroyable, je me reprends très vite car conscient du peu de temps qu’il me reste pour trouver ce qui les inquiète tant.
- Petit !! Petit !! Où te caches-tu ?? Montre ta petite frimousse à papa « Flo » !!
Mon regard est un bref instant attiré par quelque chose de fugitif dans le coin d’un des écrans secondaires, je change de quelques millimètres l’orientation de la manette que je tiens en main et enclenche le suivi automatique dès que je l’ai centré sur l’écran principal.
- Ah !! Te voilà mon coquin !! Voyons voir de plus près à quoi tu ressembles !!
Je zoome sur l’objet au moment précis où il change brusquement de position, m’amenant un mouvement de recul devant le seul constat qui me vient à l’esprit.
- Une manœuvre d’évitement ?? Cet objet est artificiel sans aucun doute possible !!
- Comment !!!
- Attendez qu’il reprenne son cap !! Je vais faire plusieurs captures d’écran pour pouvoir analyser ça de plus près !!
Je n’ai que le temps de prendre quelques clichés en rafale, avant qu’un objet vienne s’intercaler entre nous en donnant un écran noir et me le fasse perdre de vue.
- Nous devrons attendre demain pour en savoir plus !! La fenêtre s’est refermée pour aujourd’hui je le crains !! Vu l’éloignement, c’est déjà une sacrée chance d’en avoir eu un aperçu aussi fugitif soit-il !!
CHAPITRE 166 (Canada) (Jeudi en journée) (Le doute n’est plus permis)
« Salle de réunion, grand observatoire spatial de Toronto. »
Les mêmes personnes que cette nuit sont présentes à quelques-unes en plus près quand j’entre à mon tour dans la salle, le directeur du centre, un vieil homme au visage lunaire, me fait signe en souriant de venir prendre place à sa droite.
- Venez par ici mon garçon !! Je n’ai pas à vous présenter, toutes les personnes présentes à cette réunion connaissent parfaitement ce que vous représentez pour nous tous et s’enorgueillissent déjà de pouvoir dire un jour à leurs petits enfants qu’ils ont côtoyé Florian De Bierne, je pense donc que nous pourrions aller à l’essentiel et entendre votre opinion sur cet étrange objet se dirigeant semble-t-il vers nous, déjà pourriez-vous confirmer ce simple fait ?
- Il est évident que non au vu du peu de ce que nous en avons appris sur lui, disons qu’il y a une probabilité pour que ce soit le cas, sans plus !! Nous pourrons nous avancer plus sur ce risque d’ici cette nuit quand nous pourrons reprendre un contact visuel avec lui, sa trajectoire comparée à celles déjà relevées devrait nous donner une estimation sur sa destination potentielle.
- L’étude des clichés démontre qu’il s’agit bien d’une masse métallique, ou tout du moins de consistance s’en rapprochant !!
- Je confirme !! Après avoir étudié ce matin les enregistrements, je peux même affirmer sans erreur possible que cet objet est dirigé par une intelligence quelle qu’elle soit !! La manœuvre d’évitement d’une des masses gazeuses solidifiées qui se trouvait sur son chemin en est une preuve irréfutable !!
- Quelqu’un ou quelque chose de vivant serait à l’intérieur ??
- Pas forcément !! Ça peut être également un engin automatisé qui effectue une mission !!
Je fais un tour d’horizon de toutes les personnes qui m’écoutent en les pointant du doigt.
- Que feriez-vous mesdames et messieurs, si nous avions la technologie suffisante pour construire un tel engin ?? Ne l’enverriez-vous pas explorer les régions de l’univers les plus éloignées comme vous le faites déjà, à moindre échelle j’entends bien avec vos sondes spatiales ??
- Est-il possible alors, qu’ils ignorent notre existence ??
- C’est très probable en effet, d'où ma réponse de tout à l’heure quand j’ai répondu non à votre question de savoir si nous étions le but final de son voyage !! Les chances que ce soit malgré tout le cas, quoique faibles, n’en restent pas moins une possibilité que nous nous devons de prendre en compte.
Un des militaires se lève, visiblement inquiet par ce que mes paroles pourraient signifier en cas de premier contact.
- Nous devons avertir les dirigeants du monde entier !! Nous devons mettre en place un protocole de défense contre une éventuelle invasion !!
Je souris bien malgré moi, les militaires décidément seront bien toujours les mêmes et qu’importe le drapeau ou l’étendard auquel ils jurent fidélité.
- Soyons réaliste !! La technologie nécessaire à ce genre de voyage montre à quel point ces êtres quels qu’ils soient, ont comme avance technologique sur nous, aussi je pose la question : que pourrions-nous faire en cas d’agression ?? La réponse évidente est …pas grand-chose !! Il est donc à souhaiter que cette rencontre si elle se fait, soit pacifique !! Le protocole à mettre en place si protocole il doit y avoir, sera donc d’accueillir pacifiquement notre ou nos visiteurs. Mais cela reste une conjecture, rien ne dit déjà que ce vaisseau soit habité et nous ne savons pas non plus depuis quand il est parti, ni si ceux qui l’ont envoyé sont encore vivants !! Le mieux je pense consiste à ne pas s’affoler inutilement avant d’en savoir plus, pour ma part je serais plutôt enclin à penser que ce n’est rien d’autre qu’un engin d’exploration !! Peut-être ne fera-t-il que passer dans notre système qui, dans l’immensité de l’Univers, doit être rien de moins qu’insignifiant, j’essaierai cette nuit avec votre accord d’envoyer un message en langage binaire qui j’en suis quasiment certain ne sera rien de plus qu’un coup d’épée dans l’eau.
- (Le général) Et si ce n’était pas le cas, si ce message ne dévoilait pas justement notre existence ??
- Une existence qui peut également être déjà connue !! Ne rien faire peut avoir lui aussi ses effets néfastes, nous pourrions passer à côté de la plus grande occasion qui nous soit donnée d’acquérir des connaissances nouvelles qui pourraient nous permettre à nous aussi de pouvoir explorer de nouvelles planètes et de trouver les matières premières qui nous manqueront forcément un jour si nous continuons comme nous le faisons à épuiser la nôtre.
Le directeur du centre se lève à son tour.
- Un rapport sera envoyé dans l’heure à nos instances dirigeantes, la prochaine nuit sera prépondérante pour tenter de connaître les intentions de ce vaisseau et je demanderai l’autorisation proposée par notre jeune ami, de tenter un premier contact !! Cette réunion est close, la prochaine demain à la même heure !!
Le vieil homme me retient par le bras quand je fais mine de me diriger à mon tour vers la sortie.
- Un instant je vous prie !! J’aimerais vous parler seul à seul quelques instants !!
Je me rassois donc et j’attends avec lui que nous nous retrouvions seul, quand c’est enfin le cas il me fixe du regard en reprenant la parole.
- Maintenant dites-moi ce que vous n’avez pas révélé lors de cette réunion !!
- Comment ça, pas révélé ??
- Votre discours était très révélateur pour quelqu’un comme moi qui a appris à bien écouter mais surtout à bien relever tous les sous-entendus d’une conversation, vous nous avez finement dirigés là où vous vouliez et je dois bien admettre que j’ai moi-même failli m’y laisser prendre, que nous cachez-vous donc ??
Je sors alors de mon attaché-case deux agrandissements qui représentent une photo pour l’un et un croquis photocopié pour l’autre, mais qui représentent tous les deux sensiblement la même chose.
Je lui tends tout d’abord l’agrandissement de la photo.
- Voici un des clichés que j’ai pris cette nuit, j’ai fait un zoom pour qu’on distingue mieux certains détails !!
- Oui !! Et alors ??
Je lui présente cette fois le croquis.
- Qu’en pensez-vous ??
Le directeur se penche un instant sur les deux folios mis côte à côte, il me regarde ensuite l’air interrogateur.
- C’est vous qui avez dessiné ce croquis ? Il est très ressemblant je dois bien l’avouer, mais je ne vois pas en quoi ça a servi pour forger votre discours ??
- C’est bien moi qui ai fait ce dessin, j’en conviens volontiers !! Maintenant il ne date pas d’hier, je devais avoir environ cinq ans quand je l’ai fait !! Il sort tout droit d’un rêve d’enfant que j’ai voulu, aller savoir pourquoi, immortaliser avec quelques autres qui me venaient souvent à l’esprit à cette époque !! J’avais pensé jusque-là que c’était à cause de certains films de science-fiction que j’aimais beaucoup regarder, ce n’est que ce matin en agrandissant la photo que le souvenir m’en est revenu et que je me le suis fait envoyer par mail par un ami.
- C’est plutôt déconcertant, je me dois de vous l’avouer !! Ça n’explique pas pourquoi vous préconisez l’aspect pacifiste de cette…chose !!
- Tout simplement parce que dans mes rêves, c’était toujours des gentils ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 167 (Canada) (Nuit de jeudi à vendredi) (Quand on va de surprise en surprise)
« Chambre d’hôtel où réside Florian, Toronto vingt heures trente. »
Je me tourne et me retourne dans mon lit pourtant des plus confortables, à chercher à trouver le sommeil au moins quelques heures avant de retrouver l’observatoire pour la prochaine fenêtre qui nous permettra d’en savoir plus très certainement sur le vaisseau.
Mon esprit reste fébrile alors que mon corps de son côté commence à ressentir le manque de câlin, manque auquel il n’est plus habitué.
C’est donc dans l’espoir de pouvoir dormir ensuite, que je prends la bête en main pour la secouer comme il se doit et très vite recevoir sur le ventre les fruits de cette petite joute manuelle, le plaisir n’étant pas à la hauteur de celui que j’éprouve habituellement quand je suis avec ceux qui aujourd’hui me manquent cruellement.
Je finis néanmoins par m’assoupir jusqu’au moment où un bruit me fait ouvrir les yeux pour me retrouver en face d’un garçon d’étage qui reste visiblement obnubilé par la partie inférieure de mon anatomie.
Un coup d’œil rapide m’en fait comprendre la raison, attrapant d’une main la couette pour me recouvrir le corps et par ce simple geste, ôter de sa vue ma virilité en plein émoi.
- Oui ??
- Excusez-moi, mais c’est l’heure que vous avez indiquée pour qu’on vienne vous réveiller !!
- Ah !! D’accord !! Merci !!
Le garçon pose sur la table le plateau qu’il avait apporté avec lui, se retournant ensuite vers moi avec le visage encore marqué par un trouble que je ne connais que trop bien et qui me donne une idée précise s’il en était besoin sur son orientation sexuelle.
Je préfère faire comme si je ne m’étais aperçu de rien car même s’il est plutôt beau gosse, je n’éprouve aucune envie particulière à son égard.
- Autre chose ?
- Heu !! Non !! Je…vous laisse si vous n’avez plus besoin de mes services !!
- Ça ira, je vous remercie !! …. Ah, si !! Une chose encore, prévenez les personnes qui doivent m’attendre à l’accueil que je descends d’ici un quart d’heure. Ce sera tout, merci !!
- Bien monsieur !!
Je le laisse repartir, souriant malgré tout du regard déçu qu’il me jette avant de franchir la porte et une fois celle-ci refermée derrière lui, je me lève d’un bond pour prendre vite fait la collation chaude qu’il a apportée.
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« Salle de contrôle de l’observatoire, une heure plus tard. »
C’est l’effervescence quand j’entre dans la salle, les écrans montrant avec le décalage dû à la distance ce que la sonde révèle et qui occasionne cette agitation des ingénieurs, décryptant les données au fur et à mesure qu’elles leur parviennent.
Je parcours rapidement les images reçues ainsi que les données décryptées, celles-ci me confortant dans l’analyse précédente que l’objet en question n’est rien de moins qu’un vaisseau spatial.
Les images ne laissent apparaître qu’une coque bardée d’antennes ou tout du moins d’excroissances y ressemblant fortement, aucun hublot apparent qui permettrait de privilégier l’idée qu’il soit habité.
J’active le télescope qui révèle à son tour cette partie du système solaire, quelques secondes suffisent pour capturer l’image en direct cette fois du vaisseau et j’entre un code source binaire d’ondes sonores qui envoie vers l’engin une série de bips similaire à l’ancien langage morse utilisé au début du siècle dernier.
Plusieurs techniciens sont penchés derrière mon dos à suivre attentivement chaque geste de ma part, poussant tout comme moi une exclamation de surprise quand nous recevons la même série de bips en retour.
- (Un technicien) Il y a quelqu’un de vivant dans cet engin !!
- Rien n’est moins sûr, il peut aussi s’agir d’un ordinateur pré-cognitif !!
- (Le technicien) Un quoi ???
- Une intelligence artificielle capable de raisonner si vous préférez !!
Devant l’incrédulité générale à mon explication, j’ouvre tous les canaux possibles en empoignant le micro et tentant le tout pour le tout j’envoie un « bienvenue » dans toutes les langues connues à ce jour, ayant même l’idée de terminer par celle employée par l’Oyabun à mon dernier voyage au Japon.
Bien sûr ça me prend un certain temps, réduisant d’autant le délai qu’il nous reste pour d’autres analyses avant la fermeture définitive du moins pour ces prochains mois de la fenêtre de visibilité de la zone.
Un fort grésillement très haut dans les aigus m’oblige à ôter le casque d’un geste brusque pour ne pas me détruire les tympans, une voix visiblement surprise se fait alors entendre en utilisant justement ce langage inconnu de la Terre que j’ai eu l’idée d’utiliser en dernier recours.
- (Grésillement) Bienvenue …(Grésillement) …Je suis le commandeur
Dam…nnn…(Grésillement) …Vi…aaa…. (Grésillement)
Plusieurs sons complètement inaudibles, suivis d’une série de grésillements à vous faire dresser les cheveux sur le crâne et quelques paroles redeviennent audibles, juste avant que la fenêtre ne se referme dans un silence de plomb à peine ponctué par la respiration exaltée des techniciens présents dans la pièce.
- Mission d’exploration des confins galact… (Grésillement strident) …. À la recherche de …. (Grésillement) …nique !!
CHAPITRE 169 (Canada) (Nuit de jeudi à vendredi) (Stupeur)
L’ahurissement général d’avoir entendu cette voix pour eux incontestablement humaine venant de si loin dans l’espace, fait rapidement place à une euphorie teintée d’une certaine crainte des intentions réelles liées à ce premier contact.
- (Un technicien) Il ne nous reste plus qu’à nous mettre au travail pour tenter de traduire les paroles enregistrées, je me demande bien qu’elles sont ses intentions ??
- À ce que j’en ai compris, c’est un commandeur qui est en mission d’exploration des confins galactiques et qui serait à la recherche de quelqu’un ou de quelque chose, le reste était inaudible à moins de trouver un moyen de filtrer ces grésillements assourdissants.
- (Le technicien) Vous comprenez ce langage ?? De quelle région vient-il ??
- Si je vous le dis, vous allez me prendre pour un cinglé !!
- Essayez toujours !!
- En fait c’est un langage du futur, je m’explique !! Avec la mondialisation beaucoup de mots venant d’un pays ou d’un autre, commencent à s’intégrer dans le langage courant,
- Imaginez alors ce que ça pourrait donner dans disons…plusieurs millénaires et vous comprendrez alors ce que ce type a dit, c’est assez simpliste comme explication mais je pense que c’est la bonne !!
- Ça voudrait dire qu’à terme, il n’y aurait plus qu’une seule langue parlée sur terre ??
- Vous n’y êtes pas du tout, il faut voir ça en osant pousser l’idée à l’extrême et ce que nous avons entendu tend à le prouver, je parlais d’un langage universel !!
Le directeur du centre intervient alors à son tour.
- Comment avez-vous pu traduire ces paroles aussi rapidement si ce que vous dites est vrai ?? Les bases de ce nouveau langage auraient dû vous être complètement inconnues ??
- J’ai toujours eu une grande facilité avec les langues, peut-être que ceci explique cela et de toute façon je ne saurais donner une autre explication au fait que j’ai parfaitement compris les quelques paroles que nous avons réussi à capter.
- Le terme de commandeur ne me rassure pas plus que ça, il amène de suite la pensée d’une instance militaire quelconque et qui dit militaire, dit armées et tout ça ne me dit rien qui vaille !!!!
- Ça ne prouve en rien que la démarche ne soit pas pacifiste, nous-même n’envoyons-nous pas essentiellement des spécialistes militaires dans notre programme d’exploration spatiale ??
- Peut-être avez-vous raison en fin de compte !! De toute façon nous devons immédiatement informer les instances dirigeantes, de combien de temps disposons-nous encore avant que ce vaisseau d’exploration n’atteigne la terre ??
- Vu le chemin parcouru entre hier et aujourd’hui, je dirais au bas mot quatre à cinq semaines !!
- Hein !!! Mais cela signifierait que sa vitesse est …phénoménale !!
- Elle l’est ne vous y trompez pas !! Je pense même qu’il est en phase de décélération depuis déjà quelque temps, si j’en juge par la distance qui nous sépare du plus proche système stellaire !! N’oublions pas qu’il parlait d’exploration des confins galactiques, ce qui laisse à penser qu’il vient d’encore beaucoup plus loin et à moins que ce vaisseau ne soit équipé d’un système de propulsion ou de survie sophistiqué, je ne pense pas qu’une vie serait suffisante pour faire le trajet jusqu’à nous.
- Vous voulez dire que soit ce vaisseau a une vélocité dépassant de loin la vitesse de la lumière, soit il navigue depuis des lustres avec des personnes vivant à bord maintenues en vie par je ne sais quel dispositif les empêchant de vieillir ??
- Ou peut-être les deux, nous parlons là très certainement de plusieurs dizaines voire de centaines d’années-lumière de voyage !!
- La voix paraissait plutôt jeune pourtant, j’aimerais la réécouter pour m’en faire une idée plus précise !
- Rien de plus simple, il suffit de repasser l’enregistrement et en profiter pour en atténuer les bruits parasites tant que faire se peut !!
Je bidouille sur l’ordinateur quelques corrections rapides de programmes avant de relancer l’enregistrement, celui-ci quoique plus clair n’en dévoilera pas plus ce soir-là à part peut-être une sensation que je garde pour moi ne serait-ce déjà par l’incongruité de la chose.
En effet en réécoutant le fichier, il m’est venu une étrange impression de connaître cette voix sans pouvoir y mettre autre chose dessus que cette sensation de déjà-vu, ou plutôt pour être tout à fait exact, de déjà entendu.
Je garde donc cette impression pour moi en me promettant de m’y pencher dessus le plus tôt possible, ma curiosité naturelle étant mise en exergue d’en trouver la réponse.
C’est donc avec cette énigme troublante en tête, que je rentre à l’hôtel pour dormir quelques heures dans le but d’être en forme pour la réunion prévue en fin de matinée.
Réunion qui promet d’être animée au vu des derniers événements de la nuit et ce n’est qu’une fois sous la couette, qu’une lueur de compréhension me fait me redresser d’un bond à rester ensuite un long moment dans un ahurissement tel, qu’il se fait ressentir jusque dans les esprits de Thomas et Antonin, qui entrent aussitôt en contact mental avec moi pour tenter de comprendre ce qui me met dans un tel état.
Je ferme une partie de mon cerveau pour qu’ils ne lisent pas en moi la raison de mon trouble, tenant à ce qu’ils écoutent ce que j’ai en mémoire sans les guider de quelque façon que ce soit afin d’avoir le cas échéant une confirmation de ce qui m’a amené dans un tel état de stupéfaction.
Une fois leur avoir fait entendre les quelques secondes de conversation avec le passager du vaisseau, c’est Antonin qui le premier réagit avec un certain amusement.
- Si je n’étais pas sûr que tout ça soit bien réel, j’aurais volontiers pris ça pour une plaisanterie de « Dami » !! Hi ! Hi ! C’est bluffant comme la voix est semblable à s’y méprendre à la sienne !!
CHAPITRE 170 (Quelque part en direction du système solaire) (Quelque temps plus tôt) (Phase d’approche) (1/2)
« À l’intérieur du vaisseau drone de prospection. »
L’ordinateur de bord calcule une dernière fois la trajectoire d’approche, entamant ensuite la décélération progressive du vaisseau.
De longues heures passent qui paraîtraient interminables sans les caissons de stases, qui permettent à l’équipage de préserver leurs précieuses années de vie et sans lesquelles les voyages intersidéraux habités n’auraient jamais pu être envisagés, du moins pas sur une aussi longue distance.
Seuls les Élus pourraient s’y risquer, mais l’ennui aurait vite raison d’eux et c’est pourquoi le commandeur « Damiennn », une fois certain que tout fonctionne correctement s’est lui aussi résolu à suivre ses compagnons dans un sommeil sans rêve.
Les détecteurs du vaisseau captent l’émission d’ondes envoyées par la sonde qui scanne la zone où il se trouve, cherchant ensuite à en découvrir la provenance parmi l’immense fichier de données qu’il a en mémoire et n’obtenant pas de réponse, envoie à son tour un faisceau d’ondes pour déterminer s’il y a ou non un danger potentiel à lui permettre de détecter sa présence.
N’arrivant pas à déterminer avec précision l’identité de cet engin visiblement archaïque, l’ordinateur du vaisseau déclenche alors un protocole de sécurité qui met immédiatement en phase d’éveil les trois membres composant l’équipage.
***/***
Les trois « jeunes » hommes ouvrent les yeux en même temps, l’esprit reprenant les dernières pensées avant la mise en stases comme si le temps ne s’était pas arrêté pour eux.
Seule l’habitude leur fait immédiatement comprendre qu’ils viennent d’en sortir d’un très long, alors que la première fois ils se sont fait avoir comme tout le monde à attendre bien sagement que l’appareil les mette en sommeil profond.
Les sas s’ouvrent automatiquement après les contrôles d’usage sur l’atmosphère extérieure des caissons, en libérant les ultimes émanations de gaz dans lequel ils étaient baignés.
Parfaitement rodés par des heures et des heures d’entraînements intensifs, ils se dirigent chacun vers le pupitre qui lui est propre et ce n’est qu’une fois après avoir vérifié que tout est normal, qu’ils se tournent les uns vers les autres en souriant.
- (Alan) Alors commandeur ?? On avait peur de s’ennuyer tout seul, qu’on a voulu faire une petite sieste pour passer le temps ??
- (Mickael) D’après les relevés de l’ordinateur de bord, nous sommes en phase de décélération !! C’est donc que nous avons fait tout le voyage en stase, j’avais espéré qu’on aurait fait quelques poses coquines en apesanteur ??
- (« Damiennn ») Il n’y a pas de temps de perdu, nous en avons encore pour un moment avant d’arriver à destination !! Trop même pour qu’il ne vous faille rapidement réintégrer vos caissons, inutile pour vous deux de perdre des semaines de vie pour rien !!
- (Alan) Ok boss !! Mais avant ça nous devons analyser ce qui a déclenché l’alarme !!
- (Mickael) En plus j’ai une trique de tous les diables ! Hi ! Hi ! Je l’avais déjà en entrant dans le caisson alors imaginé un peu !! Je dois être le gars qui a bandé le plus longtemps de tout l’univers connu, il va vous falloir m’aider à faire la vidange de la tuyauterie après ça !!
- (Alan) Ma parole, il ne pense qu’à ça !! T’es une vraie bite sur pattes ! Hi ! Hi !
- (« Damiennn ») On ne va pas s’en plaindre quand même ?? Mais avant nous avons du boulot, mettons-nous-y rapidement avant de penser à la bagatelle !! Mais pas de soucis mon petit « Mick », on s’occupera de toi sitôt terminé !! Promis !!
Le commandeur interroge alors l’ordinateur de bord, prenant connaissance des derniers paramètres enregistrés.
- Wouff !! Il ne date pas d’hier cet engin !!
- (Alan) Tu sais ce que c’est ??
- Oh que oui !! Mais ça faisait un paquet de temps que je n’en avais plus revu des comme ça !!
- (Mickael) Et donc ??
- Juste une sonde que les scientifiques de ma planète d’origine envoyaient au tout début de l’exploration de notre système solaire, elle est automatisée et envoie régulièrement des photos à un centre de traitement qui les analyse ensuite pour tenter de comprendre de quoi est constitué l’espace qui les entoure !! Ils sont encore loin du premier voyage hors système et cette technologie venait juste d’être mise au point alors que je n’étais encore qu’un ado sur ma planète !!
- (Alan) Tu veux dire, avant que tu deviennes un Élu de l’Unique ??
- Florian n’avait pas encore dévoilé qui il était réellement, pour nous tous il n’était encore qu’un garçon doué de « dons » extraordinaires dont nous ne comprenions pas la provenance !! Nous avons appris beaucoup plus tard qu’il aimait revenir vivre quelque temps parmi ceux qu’il avait créés !!
- (Mickael) Pourquoi n’y a-t-il pas d’Élus chez les autres races de l’univers ??
- Parce que tout simplement il n’a jamais été amoureux que d’un seul !! L’idée de le voir vieillir lui mais aussi tous ses amis desquels je faisais partie, lui était devenu intolérable, aussi il nous a fait « don » de la vie et de la jeunesse éternelle, nous avons vécu dans le bonheur durant des lustres jusqu’à ce jour funeste où il désavoua publiquement son amour pour une histoire qui au final n’était due qu’à une jalousie qui n’avait pour moi pas lieu d’être !!
- (Alan) Nos bio-Meca-précepteurs ont toujours refusé de nous instruire sur cette époque où fut répudié l’empereur « Thomasss » tout comme des raisons qui ont poussé l’Unique à le faire !! Nous avons juste appris qu’ensuite l’Unique s’est senti tellement mal qu’il en a perdu au fil des siècles le sens du commun et qu’il était finalement devenu insensible à tout ce qui l’entourait, au point que les peuples l’avaient chassé de leurs esprits en laissant ensuite l’opportunité au tyran de prendre les rênes du pouvoir impérial.
- C’est la version officielle que les enfants de la rébellion apprennent, la vérité est quelque peu différente !! Savez-vous combien d’Élus existent dans tout l’impérium ??
- (Mickael) Une centaine ??
- C’est à peu près ça, en effet !! Rien comparer aux populations toutes races confondues de l’empire et de ses confins !! Savez-vous combien ont disparu depuis l’exil de l’Unique ?
- (Alan) À ma connaissance il y a juste l’empereur « Thomasss » !! Je pense que l’information serait connue s’il y en avait eu un autre ??
- En fait, il y en a eu deux !!
- (Mickael) Pourquoi n’en avons-nous jamais entendu parler dans ce cas ??
- Oh !! La raison en est très simple, « Antoninnn » n’aimait pas se faire valoir en public et donc n’était connu que par nous les Élus, plus quelques proches comme vous à cette époque.
- (Mickael) C’est la première fois que j’en entends parler, qui était-il ??
- C’était l’amant de l’empereur mais aussi celui de l’Unique, celui qui fut à la fois l’origine et l’objet de la discorde !! Un garçon que nous les Élus, aimions tous, sensible et toujours prêt à rendre service !! Le malheur a voulu qu’il soit aimé des deux à la fois et qu’ils n’ont jamais compris que le mieux aurait été de vivre leur amour ensemble, au lieu de se déchirer comme ils l’ont fait à force de jalousies malvenues.
CHAPITRE 171 (Quelque part en direction du système solaire) (Quelque temps plus tôt) (Phase d’approche) (2/2)
Les explications semblant suffisantes pour les deux coéquipiers du commandeur, ils reprennent donc les vérifications du vaisseau durant les heures qui suivent.
Ils s’octroient ensuite un copieux repas, avant que Mickael fasse sourire ses deux compagnons par des gestes sans équivoque sur son bas-ventre qui laisse facilement deviner l’état d’excitation dans lequel il se trouve.
- (Alan) J’en connais un qui n’a pas envie de reprendre tout de suite le travail ! Hi ! Hi !
- J’ai vu ça !! Peut-être devrions nous le laisser seul afin qu’il se soulage ??
Mickael faussement outragé.
- Ça ne va pas la tête ?? En plus un chef doit toujours tenir ses promesses, c’est pourtant bien connu et je n’invente rien, alors ne faites pas vos chochottes et « zou » !! Direction le dortoir…. Non mais !!
Le commandeur sourit en entendant le fameux « non mais », qui pour lui, amène beaucoup de souvenirs, aussi regarde-t-il Mickael avec dans l’œil une petite larme comme à chaque fois qu’il pense à son ami parti depuis bien trop longtemps.
Ses deux équipiers bien sûrs ne s’aperçoivent pas de ce léger moment de trouble, trop occupés dans des préliminaires verbaux qui amèneront très vite l’envie d’aller plus loin vers des rapports physiques qu’on pourra qualifier d’intenses.
« Damiennn » observe les deux garçons qui depuis maintenant deux de leurs années de vie hors stase, soit une vingtaine des siennes, partagent les plaisirs de la chair avec le couple qu’il forme depuis toujours avec « Mathisss ».
Il y en a eu quelques autres avants eux bien sûr, mais pas tant que ça au final et surtout durant ce dernier millénaire de vie, la raison première étant qu’il leur était insupportable de les voir petit à petit vieillir pour finir par disparaître à tout jamais.
Le commandeur sait bien qu’à chaque fois ensuite, ils se jurent de ne plus s’attacher avec des mortels mais l’attirance finit toujours par prendre le dessus sur les résolutions et « Damiennn » doit bien s’avouer que ces deux-là comptent beaucoup pour lui ainsi que pour le « jeune » prince.
Déjà par leur mentalité, leur joie de vivre mais aussi l’attrait que les deux couples ont ressenti les uns envers les autres dès le premier contact.
Attrait qui l’a laissé sans voix quand ils lui sont apparus la première fois, alors qu’il trafiquait pendant ses heures de détente ce même vaisseau avec lequel ils font ce voyage vers les confins.
Ce jour-là il s’en souviendra longtemps car l’apparition des deux garçons âgés alors d’une vingtaine d’années tout juste, lui a fait comme un violent coup à l’estomac en croyant voir revenir vers lui deux de ses amis disparus.
Mickael avec sa bouille grêlée de taches de rousseur, ses cheveux roux indisciplinés du haut de son mètre soixante-cinq et de ses quarante-cinq kilos tout mouillés, lui a laissé le temps d’un instant l’espoir que l’Unique revenait parmi eux et il lui a fallu attendre qu’il ne soit plus qu’à une dizaine de mètres de lui, pour se rendre compte de l’erreur malgré de fortes ressemblances.
Pour Alan avec ses un mètre soixante-quinze, ses soixante kilos et ses longs cheveux blonds lui recouvrant les épaules, c’est à « Antoninnn » qu’il lui a fait penser jusqu’à ce que lui aussi soit assez proche pour qu’il remarque également les différences.
Le prince est tout de suite tombé sous le charme de Mickael, ce qui pour « Damiennn » n’a pas été vraiment une surprise alors que pour sa part c’est plutôt sur Alan que ses regards s’arrêtaient le plus souvent.
Le temps aidant, les deux garçons leur sont devenus indispensables et ont vite trouvé une place dans leur vie, le prince tout comme lui priant pour que le retour de
Florian ne tarde pas, dans l’espoir qu’il acceptera de les compter sur leur demande parmi les Élus.
C’est pour cette raison première qu’ils profitent de la moindre occasion pour les mettre en stases, gagnant ainsi des années précieuses dans l’attente que leur vœu commun soit exhaussé.
- (Alan) A quoi tu penses commandeur ?? Tu nous regardes comme si tu ne nous avais jamais vus ?? Ça fait bizarre, tu ne peux pas savoir !!
- (Mickael) J’ai plutôt l’impression qu’il nous dévore des yeux ! Hi ! Hi !
- (Alan) Sans déconner « Dami », dis-nous à quoi tu pensais là !!
- A notre mission !! Si l’Unique est bien sur cette planète, alors il y aura peut-être une chance pour que vous restiez toujours avec nous.
- (Mickael) Tu veux dire quoi par toujours ?? Comme des Élus ??
Alan sans voix.
- Vous tenez donc tant que ça à nous deux ?
- Tu oses me poser cette question ?? Tu crois qu’on couche avec tous les beaux mecs humanoïdes qui sont à notre portée ?? Bien sûr que nous tenons à vous, autant je pense que la réciproque pour vous deux !! .... Je me trompe ??
CHAPITRE 172 (Quelque part en direction du système solaire) (Quelque temps plus tôt) (Contact)
C’est la voix de l’ordinateur du bord qui les réveille alors qu’ils sont tous les trois enlacés après avoir succombé au sommeil, une fois terminée la petite joute sexuelle qui comme à chaque fois les a amenés loin dans les plaisirs de la chair.
- Je détecte une fréquence radio venant d’une des planètes du système commandeur !!
- Fais-nous écouter ça !!
Résonne alors dans la pièce une voix accompagnée de nombreux bruits parasites.
- Peut-on avoir quelque chose de plus clair ??
- Bien commandeur !!
Le son devient rapidement plus audible, répétant inlassablement le même mot dans des verbiages différents et qui reflètent très certainement les diverses langues de cette planète, prouvant par là même qu’elle est habitée par des cultures qui ne sont pas encore arrivées à un langage commun.
- (Alan) Qu’est-ce que c’est ??
- Le même mot de bienvenue dit en plusieurs langues !!
- (Mickael) Wouah !! Ils doivent être bien primitifs alors !! J’avais entendu parler de cette lointaine époque où les différentes races avaient leur propre façon pour communiquer, mais je n’y croyais pas vraiment sinon comment faisaient-ils pour arriver à se comprendre ??
- Ils apprenaient tout simplement !!
- (Alan) Comment sais-tu qu’ils nous souhaitent la bienvenue ??
- Parce que ce sont les langages qui étaient utilisés sur ma planète d’origine, voilà pourquoi !!
- (Alan) Je pensais qu’elle avait été détruite il y a fort longtemps ??
- C’est pareil pour moi figure toi, mais écoute en silence s’il te plaît !! J’aimerais entendre jusqu’au bout !!
Le commandeur reconnaît quelques langues qu’il avait apprises à cette époque reculée, en reconnaissant d’autres à leur timbre particulier et son esprit d’analyse cherche à comprendre comment c’est possible, la seule solution lui venant à l’esprit étant que ce système solaire qu’ils découvrent depuis la veille, ait été recréé à l’image de celui qui l’a vu naître.
Il en est là dans ses pérégrinations mentales, quand il voit Alan et Mickael sursauter et ce juste avant que la voix ne s’interrompe, n’ayant pas comme eux remarqué que le dernier mot avait été prononcé dans ce langage qui maintenant est le sien, du moins quand il n’est pas en présence exclusive des autres Élus.
- Qu’est-ce qu’il y a les gars ??
- (Mickael) J’ai bien compris le dernier mot, il a été prononcé dans notre langue !!
- (Alan) Ça ne colle pas du tout avec le contexte d’une planète primitive ??
« Damiennn » sourit en comprenant d’un coup les implications qui en découlent.
- Sauf si …. Il est bien là !!
- (Mickael) Tu parles de qui ? L’Unique ?
- De qui d’autre à ton avis ??
- (Alan) Ce pourrait très bien être l’empereur « Thomasss » ou encore le fameux
« Antoninnn » !!
- Je ne crois pas, non !! Seul Fl… l’Unique connaît aussi bien toutes les anciennes langues de ma planète !! …. Ordinateur !!
- Commandeur ??
- Ouvre un canal avec la même fréquence, je dois répondre à ce message !!
- Bien commandeur !! …. Canal ouvert, vous pouvez parler !!
« Damiennn » sent comme un froid d’appréhension qui lui prend tout le bas du dos quand il se racle la gorge pour envoyer sa réponse.
- Bienvenue, Je suis le commandeur « Damiennn Vialaaa » de la résistance !! Envoyé du prince « Mathisss » pour cette mission d’exploration des confins galactiques, à la recherche de l’Unique !!
Le commandeur avale avec difficulté sa salive sous l’émotion intense qui le prend, il poursuit ensuite dans sa langue natale.
- Si c’est toi « Flo », réponds !! C’est Damien !! Je t’en pr…
L’ordinateur lui coupe alors la parole.
- La communication est interrompue commandeur !! Une masse rocheuse du système s’est intercalée entre la planète et le vaisseau, les ondes primitives émises ne peuvent pas la traverser.
- Quand pourrons-nous communiquer de nouveau avec eux ??
- Dans trente-trois heures et trente minutes standards si nous dévions notre course !!
- Et sinon ??
- Deux semaines standards commandeur !!
- (Alan) La sonde peut servir de relais ou pas ?
- Mes données sur cet engin ne contiennent aucune information !!
- Dans ce cas calcule-nous une nouvelle trajectoire pour que nous puissions communiquer le plus rapidement possible.
- Bien commandeur, j’effectue les modifications demandées !! Nous serons de nouveau capables de communiquer dans exactement trente-trois heures et vingt-huit minutes standards !!
- (Mickael) Ça me va bien tout ça ! Hi ! Hi ! J’étais justement en manque de câlins depuis quelque temps !!
- Pas question !! Vous retournez tous les deux en stase !!
- (Mickael) S’il te plaît « Dami » !! Ce n’est pas cool !!
- Peut-être mais c’est comme ça, je vous réveille quand nous serons arrivés !! Ce n’est pas négociable les gars et vous savez très bien pourquoi en plus !! Nos réserves de vivres n’y suffiraient pas et il faut aussi penser au retour, rien ne dit que tout va aller comme sur des roulettes non plus.
- (Alan) Tu parles d’une expression ! Hi ! Hi ! Ça vient d'où exactement ?
- De mon enfance, comme beaucoup d’autres qui font souvent sourire ceux qui n’ont pas connu cette époque.
CHAPITRE 173 (Canada) (Vendredi midi) (Confirmation)
« Chambre d’hôtel, Toronto. »
Réveil agité ce matin-là quand j’ouvre enfin les yeux après les révélations de la nuit, difficile de s’endormir sereinement quand une intelligence extra-terrestre vient dans l’intention de nous faire un petit coucou et quand surtout, celle-ci communique avec un timbre de voix qui m’est reconnaissable entre toutes.
Pourtant quand j’ai vu avec les yeux d’Antonin, Damien chez lui en pleine discussion avec Guillaume, il m’a bien fallu admettre mon erreur.
La similitude entre les deux signatures vocales est pourtant des plus bluffantes pour que je m’y sois laissé prendre tout comme Thomas et Antonin, soit dit en passant.
Maintenant il est évident en y réfléchissant un tant soit peu, que ce ne pouvait pas être lui et que seule cette impression m’est venue sous l’effet de la surprise, la chose allant de soi rien que du fait de la distance qui nous sépare encore du vaisseau spatial.
Une autre pensée quelque peu moins absurde me vient alors et si, je dis bien si, une autre réalité plus avancée que la nôtre avait permis cette rencontre ?
Cela signifierait alors que chacune d’entre elle serait séparée par des distances phénoménales que seule ma pensée ait pu traverser en ayant l’impression de sauter d’un monde parallèle à l’autre de façon instantanée.
Je me serais donc encore une fois fourvoyé dans l’analyse de mon ou devrais-je dire plutôt, de mes passés et que la réalité est encore une fois toute autre, les différentes planètes ne seraient donc pas séparées par le temps mais bien par l’espace.
- Pffttt !! Décidément, non !! Tu délires complètement mon garçon !! Et en plus voilà que tu te parles tout seul !! Continue comme ça et tu seras bientôt bon pour l’asile ! Hi ! Hi !
« Toc ! Toc ! »
Les coups frappés à ma porte, me sortent de toutes ces pensées sans queue ni tête qui ont fait que ma nuit ne soit pas des plus reposantes.
- Oui !! Vous pouvez entrer !!
Un des gars du CNES qui a fait le voyage avec moi, montre son visage à l’encoignure de la porte et sourit quand il me voit encore au lit.
- Habille-toi vite, il y a du nouveau !! Le dernier rapport de la sonde est assez explosif pour qu’on m’envoie te chercher illico presto !! Je t’attends dans le couloir !!
Son visage disparaît en même temps que la porte se referme, me laissant dans une curiosité qui me fait lever d’un bond pour sauter littéralement dans mes fringues et sortir tout aussi rapidement de la chambre pour le rejoindre, celui-ci visiblement étonné de la rapidité de ma réaction.
- Wouf !! C’est du rapide !!
- Dis-moi plutôt ce que raconte la sonde ??
- Les images confirment que c’est bien d’un vaisseau spatial qu’il s’agit !!
- Ce n’est pas une nouvelle !!
- Oui mais elle a capté elle aussi l’émission radio !!
- Je ne vois pas là quelque chose d’extraordinaire ??
- Sauf qu’elle a continué à enregistrer quand nous avons perdu le signal !!
- Et vous venez me chercher pour que je traduise la suite, c’est ça ??
- Pas vraiment, non et pour la simple raison que c’était en Français, ça t’en bouche un coin pas vrai ??
- Impossible, une telle coïncidence dans un univers aussi vaste est de l’ordre de « dix puissance un million » au moins !!
***/***
Nous avons cette conversation en même temps que nous nous dirigeons rapidement vers le parking de l’hôtel, je monte à l’arrière du véhicule avec la tête prête à exploser de chercher une explication cohérente à ce que je viens d’apprendre.
- Ça disait quoi ??
L’homme me dévisage un bref instant dans le rétroviseur avant de répondre.
- Quel que puisse être ce qui occupe le vaisseau, il semblait te connaître !!
Il me tend alors un enregistreur.
- Tu n’as qu’à écouter ça !! Tu te feras une opinion par toi-même !!
Je me cale confortablement dans le fond de la banquette en enclenchant l’appareil, j’écoute sans aucun grésillement parasite cette fois la conversation déjà entendue cette nuit en retenant difficilement un cri de stupeur en entendant clairement le commandeur donner son nom.
Ne serait-ce la prononciation en fin de mots quelque peu bizarre, il m’apparaît comme une évidence que c’est bien le nom de Damien Viala qui résonne à mes oreilles et j’ai un sursaut d’ahurissement quand j’entends la dernière phrase dite en bon Français de chez nous, ne laissant plus aucun doute possible sur l’identité du commandeur.
- Et bien ça alors !! C’est quoi encore que cette embrouille !!
CHAPITRE 174 (Canada) (Vendredi après-midi) (Mauvais pressentiment)
« Salle de réunion de l’observatoire. »
La conversation tourne en boucle une fois toutes les données connues exposées et commentées, les éléments en notre possession ne permettant pas de tirer des conclusions fiables à cent pour cent du but final de la mission liée à ce vaisseau spatial.
Bien sûr je me garde bien de révéler certains points comme par exemple le fait d’avoir déjà entendu parler de l’Unique et cela pour au moins deux raisons, la première étant liée à mon esprit cartésien peu enclin à accepter qu’une personne ou quoi que ce soit d’autre puisse être à l’origine de tout ce qui vit et la seconde bien évidemment, pour garder secret le fait que ce soit très probablement de moi qu’il s’agit.
Le responsable du groupe s’adresse alors à moi, me ramenant à la réalité alors que j’étais encore une fois parti loin dans mes pensées.
- Pensez-vous jeune homme qu’il soit bon de rendre publique cette information ?
- De toute façon ce n’est qu’une question de temps avant que d’autres ne finissent par découvrir l’existence de ce vaisseau !! Je pense pour ma part qu’il n’est pas nécessaire dans un premier temps d’avertir les populations, mais que les dirigeants des différents pays devraient se réunir pour au moins faire front commun sur ce qui à n’en pas douter, va entièrement changer notre façon de vivre.
- Vous semblez exclure une mission de reconnaissance en vue d’un futur acte militaire contre notre planète ?
- Je n’exclus rien du tout, juste que cette option me parait irréaliste et de toute façon si c’était le cas, nous n’aurions que très peu de moyens pour assurer notre défense contre une civilisation qui semble avoir une avance technologique considérable !! De ce fait il vaut mieux partir du principe que cette rencontre du troisième ou devrais-je plutôt dire quatrième type n’apportera que des bienfaits.
Une femme assise en bout de table, tique sur mes dernières paroles.
- Qu’entendez-vous par quatrième type ?? Qu’il y aurait déjà eu un premier contact extra-terrestre dans le passé ??
- En effet !! Comme il est dit dans certains films, ils sont parmi nous et je peux même vous dire depuis quand sans erreur possible !! Jusque-là c’était un secret bien gardé, je pense néanmoins qu’au vu des événements de ces derniers jours, il n’a plus lieu d’être.
- Qui sont-ils ? Quelle apparence ont-ils ??
J’explique alors brièvement la nature des entités, ainsi que ce que j’en sais d’eux qui soit facilement vérifiable en évitant de m’étendre sur ce qui n’est que conjectures de ma part.
Je termine par une remarque toute personnelle sur la question.
- Je pense que le temps est un facteur crucial dans tout ceci, je m’explique !! Il semblerait que ces entités soient issues d’un lointain avenir de cette planète où nous vivons tous, ne me demandez pas comment ils y sont parvenus car je n’ai pas la réponse !! Par contre je serais enclin à croire que ce vaisseau vient lui aussi de notre avenir, un avenir situé entre nous et ces entités, suffisamment éloigné du nôtre pour que toutes ces prouesses technologiques aient pu voir le jour !!
- Qu’est-ce qui vous fait penser ça ??
- Plusieurs choses en fait, à commencer par les conversations que j’ai pu avoir avec les entités et ensuite par le fait que ce qui habite le vaisseau parle un langage connu de nous, les probabilités qu’un tel langage ait pu être développé par une autre civilisation dans un autre système stellaire sont tellement infimes qu’il serait irréaliste d’y apporter crédit. Un autre point me conforte dans cette idée, c’est l’objet de la mission du vaisseau ou tout du moins celui qui nous a été donné !! Son but semble être celui de retrouver quelque chose ou quelqu’un, je ne vois vraiment pas comment ça pourrait être possible sans avoir eu connaissance par avance de l’existence de notre planète.
- (Le directeur du centre) N’est-il pas dangereux de jouer ainsi avec le temps ?? Je ne connais pas les intentions réelles de nos « visiteurs », mais s’ils changent quelque chose dans notre présent ils risquent de modifier de tout au tout leur passé et de ce fait mettre en péril leur existence, c’est un paradoxe auquel beaucoup de scientifiques se sont penchés sans pour autant amener une preuve quelconque que la nature même d’un tel voyage temporel soit réalisable.
Comme je n’ai pas l’intention de mettre en avant mes dernières pérégrinations, je préfère ne pas répondre en les laissant réfléchir sur la question.
Un mauvais pressentiment me vient alors à l’esprit, en pensant justement à ces quelques mois passés dans ce que j’appellerais faute de mieux une autre réalité.
Une chose qui jusqu’à présent n’avait fait que me titiller sans pour autant prendre le temps d’analyser ce fait pourtant avérer, jamais dans tout ce que j’ai vécu, il n’y a eu présence au même endroit et au même moment d’une même personne avec son alter ego venant d’ailleurs.
Le transfert que ce soit celui de Thomas comme le mien ainsi que celui d’Antonin, n’a pas permis un seul instant à ce que chacun rencontre son double même une infime seconde et si ce type dans le vaisseau est vraiment celui que je pense qu’il est, que va-t-il advenir de lui ou du Damien vivant ici quand ils seront l’un comme l’autre réunis dans le même présent.
Peut-être ne se passera-t-il rien et que cette histoire de paradoxe temporel n’est issue que de l’imagination fertile de quelques chercheurs ou écrivains qui ont inventé ce contexte sans fondement réel sur son existence.
Mais s’ils ont raison et que je perde d’une façon comme d’une autre mon « Dami », je crois que je ne me remettrais pas d’une telle perte et c’est donc avec cette pensée qui me noue soudainement l’estomac, que je me lève pour quitter la séance avec à l’esprit qu’il ne me reste que quelques semaines pour trouver une solution.
- Excusez-moi mesdames et messieurs mais je dois rentrer au pays afin de travailler sur la question, nous nous reverrons je pense dès que le vaisseau sera de nouveau joignable et j’espère d’ici là avoir des réponses ou du moins un plan d’actions à proposer afin d’éviter une catastrophe si ma théorie s’avérait la bonne.
CHAPITRE 175 (En approche de la ceinture de Kuiper) (Urgence)
« À l’intérieur du vaisseau. »
Le commandeur vérifie une dernière fois que les caissons de stases affichent bien un fonctionnement normal, avant de revenir au centre de pilotage pour y recevoir les dernières nouvelles de l’empire.
C’est donc sitôt arrivé dans la salle qu’il interroge l’intelligence artificielle du vaisseau qu’il a surnommé en souvenir de cette vieille femme adorable qui dans un très lointain passé lui avait donné tant d’amour.
- « Mimie » !! As-tu reçu la dernière liaison sub-luminique de Volnaria ?
- Oui commandeur !! Le décryptage est terminé, voulez-vous en prendre connaissance dès maintenant ?
« Damiennn » prend le temps de s’asseoir sur son siège de pilotage, puis de lui faire faire un demi-tour pour que le message holographique puisse prendre toute la place nécessaire dans la salle pour son confort de visualisation.
- C’est bon !! Tu peux l’envoyer !!
L’air se floute un bref instant avant que n’apparaisse devant lui plus vrai que nature son chéri qui semble perturbé malgré le sourire qui marque ses traits.
- Bonjour « Dami » !! J’espère que tout se passe bien pour toi et que je te manque autant que toi tu me manques. D’après nos calculs, tu ne devrais plus être loin de ton but et je pense que tu auras bien à l’esprit toute l’importance de ta mission. L’usurpateur a finalement découvert notre subterfuge, les troupes impériales se préparent à une action conjuguée contre nos propres forces et il est inutile de te dire que nous allons subir des pertes immenses si nous avons fait erreur dans nos calculs, notre sort dépend maintenant de ce que tu vas découvrir sur cette planète. Les prêtres de l’Unique font feu de tout bois pour ramener la ferveur dans le cœur des fidèles qui tremblent devant les exactions et les injustices venant des sbires du félon, oserais-je dire que c’est quelque part une chance pour nous de voir l’Unique retrouver plus rapidement la mémoire de ce qu’il est ?? Peut-être bien en effet !! Seulement le temps presse et tu es quasiment le seul atout qu’il nous reste d’en sortir sans trop de casses, déjà certains systèmes amis subissent des actions de guerre !! Seul, la peur des réactions venant du « Kinnn », le retient encore de lancer ses troupes à l’assaut de nos derniers bastions de résistances. D’après nos espions une importante flotte serait prête à en découdre avec lui à la moindre menace, le félon n’hésitera pas à sacrifier son armée s’il pense avoir une chance d’en sortir vainqueur et ensuite plus rien ne l’arrêtera, nos quelques vaisseaux de combat ne feront pas le poids même face à des forces impériales fortement affaiblies !! Je sais que tu dois penser que je n’ai que de mauvaises nouvelles à t’annoncer !! Néanmoins il y en a quand même une qui devrait t’aider dans ta mission !! Nous sommes parvenus à entrer en contact avec le commandeur « Ticcc », ils sont tous les trois sortis de stases depuis quelque temps avant ton départ et font en sorte que le « Kinnn » se prépare au combat sans attirer l’attention de l’empire, mais ce n’est pas le propos !! La nouvelle vient d’eux mais ne les concerne pas directement, ils ont envoyé un message de rappel au « Kinouuu » qui est toujours en charge d’une mission confiée par l’Unique avant son exil et la bonne nouvelle, c’est qu’ils ont eu une réponse de sa part !! Le « Kinouuu » devrait te rejoindre d’ici peu pour t’aider dans ta mission et le cas échéant te protéger des troupes impériales qui sont envoyées dans ton secteur à la recherche de l’Unique, pas pour les mêmes raisons que toi tu t’en doutes bien !! Enfin !! Tout ça ne me dit rien qui vaille et j’ai peur pour nous tous, je sais que tu ne peux répondre à ce message mais j’espère que tu l’auras reçu et que tout va bien pour toi et tes deux compères qui me manquent aussi, prend garde à toi mon chéri !! …. Je t’aime !!
- Fin de la communication commandeur !!
« Damiennn » troublé, reste un instant sans réaction avant de pousser un long soupir et de tourner son fauteuil pour refaire face à la console de pilotage.
- Où en sommes-nous dans notre changement de trajectoire ??
- Nous serons en mesure de retrouver un contact avec la planète dans les temps impartis commandeur !!
- Très bien !! Que donne l’analyse du premier contact ??
- Mes banques de données confirment qu’il s’agit bien de la voix de l’Unique, le risque d’erreur est négligeable venant principalement de la mauvaise qualité de la communication !!
Les yeux du commandeur laissent alors couler quelques larmes d’une joie qui le rend soudainement muet à l’idée qu’il va bientôt pouvoir à nouveaux serrer dans ses bras celui qui depuis maintenant presque un millénaire lui manque à un point qu’il ne saurait en trouver les mots pour l’exprimer.
Il en a pendant longtemps voulu à tous ceux qui l’ont poussé à l'exil, jusqu’au moment où il a finalement compris que c’était la seule solution et qu’il a commencé à compter inlassablement les jours, les mois, les années et les siècles, pour en arriver à ce moment où il est si près de le revoir que son esprit s’en retrouve fortement marqué et se coupe de son corps en le laissant glisser sans réaction jusqu’au sol.
Plusieurs voyants se mettent brusquement à clignoter sur la console de commande, la voix de l’intelligence artificielle résonne alors dans le poste de pilotage.
- Commandeur !! Vos fonctions vitales atteignent un taux alarmant, j’active la sortie de stases des membres de l’équipage !!
***/***
Les deux caissons s’ouvrent en même temps que les yeux des deux garçons qui les occupent.
- Vous êtes priés de vous rendre d’urgence au poste de commandement !!
- (Alan) Que ce passe-t-il ??
- Le commandeur requiert vos soins sans attendre, ses fonctions vitales sont au plus bas !!
CHAPITRE 176 (En approche de la ceinture de Kuiper) (Le « Kinouuu »)
« Quelques semaines plus tôt. »
Le vaisseau d’un noir de jais surnommé le « Kinouuu » apparaît soudainement, de retour après un long périple là ou rien n’existe encore.
Sa mission n’étant rien moins que d’apporter une preuve qu’il existe quelque part une création quelle qu’elle soit, qui ne serait pas du fait de l’Unique et force est de constater qu’après plusieurs millénaires de recherches infructueuses, le constat parle de lui-même.
Le message de la « mère » lui est parvenu alors qu’il était sur le chemin du retour, affamé par tous ces siècles sans nourriture autre que ses propres réserves qui maintenant sont totalement épuisées et lui donne une apparence extérieure montrant bien l’état de privation dans lequel il se trouve.
Son métabolisme quoique transformé pour sa nouvelle fonction étant à l’origine animale, il lui faut se nourrir rapidement avant d’envisager quoi que ce soit d’autre.
Aussi ses capteurs sensoriels s’affolent-ils immédiatement en captant le rayonnement nourricier du plus proche système d’étoiles comportant un soleil de classe « A », le seul pouvant lui rendre rapidement toute la force et l’énergie perdue.
Ses dernières réserves sont envoyées pour partie vers l’unique caisson de stases, préservant ainsi la vie de son compagnon de voyage et pour l’autre partie vers ses membres propulseurs, donnant ainsi l’énergie juste nécessaire pour l’envoyer dans la bonne direction.
***/***
Le commandeur « Mistieee » tète avidement l’embout nourricier, en même temps qu’elle prend conscience des changements dans son environnement.
Son museau fait alors une moue contrariée devant le spectacle de désolation qui se présente à ses petits yeux chafouins, l’état misérable du « Kinouuu » révélant à lui seul qu’il n’y a rien eu de nouveau depuis son dernier réveil sur les résultats de la mission.
- « Ordinateur » !!
- Oui commandeur ??
- Fais-moi un rapport résumé des derniers événements depuis ma dernière sortie de stases s’il te plaît !!
- Il s’est passé mille cinq cents années standards commandeur, rien de nouveau par rapport au précédent rapport si ce n’est que nous venons de rentrer dans l’univers connu et que le vaisseau se dirige vers une source abondante de nourriture, nos fonctions vitales sont à leur minimum et c’est une des raisons majeures qui ont fait interrompre la mission, l’autre étant une communication avec le vaisseau « mère » demandant instamment le retour du « Kinouuu ».
- La raison en est–elle connue ??
- L’impérium a changé de main depuis notre départ, il semblerait que notre nouvelle mission soit de retrouver le commandeur « Damiennn » qui est parti à la recherche de l’Unique.
- Comment ça à sa recherche ??
Le commandeur prend connaissance des détails de l’affaire, ses moustaches vibrantes d’indignation devant les faits survenus durant leur très longue absence et surtout depuis le dernier millénaire, comprenant toute l’urgence de retrouver et de protéger « Damiennn » avant que les forces de l’impérium ne lui tombent dessus.
- Combien de temps avons-nous ??
- Quelques semaines standard tout au plus commandeur !! Nous en utiliserons une partie pour permettre au vaisseau de reprendre des forces, ensuite tout ira beaucoup plus vite !!
- Espérons que nous arriverons à temps !!
***/***
« Retour au temps présent, quelques heures à peine avant le malaise du commandeur « Damiennn ».
Plus rien ne pourrait maintenant différencier le « Kinouuu » de sa mère, le vaisseau ayant retrouvé ses forces en même temps que sa ligne majestueuse et féline qui fait trembler d’effroi rien que par la vue qu’il donne à ceux qui n’ont pas la conscience tranquille ou encore ceux qui voudraient venir s’y frotter.
Le commandeur à son bord a aussi repris quelques kilos, l’apport nourricier n’étant plus rationné et c’est donc en pleine possession de leurs moyens, qu’ils quittent le système planétaire leur ayant servi de garde-manger pour faire le saut qui va leur permettre de traverser une grande partie de la galaxie.
Le minuscule vaisseau spatial du commandeur « Damiennn » apparaît alors devant le « Kinouuu », celui-ci sondant l’espace ainsi que le système vers lequel il se dirigeait et un long frémissement d’inquiétude traverse l’énorme vaisseau, donnant à l’ordinateur embarqué des ordres que celui-ci s’empresse à mettre en œuvre.
La liaison entre les deux intelligences artificielles est quasiment immédiate malgré l’énorme distance les séparant encore.
- Faites immédiatement demi-tour, il en va de l’existence même du commandeur !!
***/***
« À bord de l’ancien vaisseau sonde »
Alan et Mickael sont penchés sur leur ami qui semble plongé petit à petit dans un coma profond, ne comprenant absolument pas ce qu’il lui arrive et qui met sa vie en péril bien qu’il soit un élu, donc par définition immortel.
- (Alan) C’est quoi ce bordel !! Mais qu’est-ce qu’il a enfin ??
Mickael va pour répondre qu’il l’ignore lui aussi, quand l’ordinateur laisse passer le message venant du « Kinouuu ».
**/***
- Faites immédiatement demi-tour, il en va de l’existence même du commandeur !! Ordre du commandeur « Mistieee » !!
***/***
Mickael est le premier à réagir et bien qu’il ne comprenne pas d'où peut provenir le message, il décide d’y obéir par pur instinct.
- « Mimie » !! Demi-tour, vite !!
- Manœuvre en cours d’exécution !!
- (Alan) Et si c’était un piège ??
CHAPITRE 177 (En approche de la ceinture de Kuiper) (Paradoxe temporel)
« À bord du vaisseau sonde. »
- (Mickael) Je ne pense pas, non !! J’ai déjà entendu parler du commandeur « Mistieee » !!
- (Alan) Et donc ?? Qui est ce fameux commandeur au drôle de nom mais qui doit être un élu, vu la consonance finale de son patronyme !!
- (Mickael) C’en est un en effet, ou plutôt devrais-je dire que c’en est une !! Une des rares créations de l’Unique qui comme lui est unique, la légende veut que ce soit une des rares élues issues du règne animal.
- (Alan) Animal ??? Moi qui pensais tous les connaître !! Elle sort d’où celle-là ??
***/***
« Damiennn » depuis que le vaisseau s’éloigne de ce système solaire, se sent aller de mieux en mieux et malgré de ne pas avoir vraiment compris ce qu’il lui arrive, il sourit en entendant ses deux amis parler de ces rares élus qui au départ n’étaient que des animaux de compagnie.
L’Unique les a fait évoluer de si belles façons qu’ils ont fini par bénéficier d’un statut, quoique à part principalement du fait de leurs particularités bien spécifiques mais identique aux leurs dans l’absolu, leur confiant la charge de ces deux vaisseaux vivants biologiquement modifiés à la puissance sans précédent.
- Elle sort d’un trou minuscule, appeler par l’unique pour lui venir en aide ! Hi ! Hi !
Les deux garçons sursautent, surpris dans leur conversation et baissent les yeux vers lui en poussant un profond soupir de soulagement.
- (Mickael) Tu nous as fait peur !! Heureux de voir que tu vas mieux, ne nous refais plus jamais un coup pareil tu m’entends !!
- (Alan) On a bien cru te perdre, tu te sens mieux maintenant ??
- Étrange sensation en fait, c’est comme si j’étais déchiré et attiré ailleurs !!
- (Alan) Je pense que ça venait de ce système vers lequel nous nous dirigions, tu vas mieux depuis que nous avons fait demi-tour !!
- « Mimie » !! Connecte-moi au « Kinouuu » s’il te plaît !! Je pense qu’il avait ses raisons pour vous donner cet ordre !!
- Bien commandeur !!
***/***
« À bord du « Kinouuu ». »
Le commandeur « Mistieee » communique avec « Kinouuu » par le biais de l’intelligence artificielle du vaisseau, celle-ci étant la seule à pouvoir traduire en paroles ses ondes cérébrales.
Elle reçoit alors les explications nécessaires pour comprendre le problème, problème qui s’il n’avait pas été détecté à temps par le vaisseau lui aurait également été fatal et elle ouvre un canal de discussion avec le commandeur « Damiennn » du vaisseau sonde, celui-ci pouvant ainsi participer à la conversation.
« Explication du vaisseau. »
- Ce système solaire n’est rien moins que celui de nos origines, recréé par l’Unique à l’époque où nous n’étions pas encore transformés, nous y vivons encore sous notre ancienne forme et il nous est donc impossible d’y pénétrer, le commandeur « Damiennn » commençait à ressentir les effets du paradoxe temporel qu’il venait de créer en entrant dans sa sphère de double réalité.
- L’Unique est donc bien sur Terre ?? Mais alors, comment faire pour le contacter avant que les hordes de l’impérium ne viennent en force pour éradiquer ce système ??
- L’Unique ne le permettrait pas commandeur !!
- S’il avait retrouvé sa puissance, très certainement mais ce n’est à l’évidence pas encore le cas, sinon il serait déjà parmi nous à reprendre ses droits face à l’usurpateur.
- C’est un fait auquel je n’avais pas pensé commandeur !! Nous devons trouver une solution au plus vite dans ce cas !! La prochaine fenêtre permettant de communiquer avec lui ne s’ouvrira que bien trop tard et de toute façon si nous ne trouvons pas comment lui faire retrouver sa mémoire, je ne vois pas trop ce que nous pourrons faire pour les arrêter !!
- C’est aussi le but de notre mission, nos forces retrouvées nous permettront de faire face aux vaisseaux impériaux et de les annihiler si nécessaire !!
- Nous devons tout tenter pour empêcher cette solution radicale et de ce fait sauver beaucoup d’innocents !! J’ai une idée, mais pour ça je dois quitter mon vaisseau et venir vous rejoindre, Alan et Mickael pourront repartir pour contacter l’Unique, ils sont les seuls à pouvoir le faire dorénavant car ils ne sont pas nés comme nous sur cette planète !!
- Je crains qu’ils n’aient pas les éléments suffisants pour déclencher le processus qui lui rendra sa raison !!
- As-tu une autre solution ??
- Hélas non !! Toutes les autres possibilités prendraient beaucoup trop de temps !!
- Alors faisons comme je le préconise, mets-toi en approche de mon vaisseau pour le transfert pendant que je parle avec mes deux coéquipiers !!
- Bien commandeur !!
« Mistieee » qui s’était tue jusque-là, prend la parole à son tour.
- Nous devrons rejoindre rapidement un système tenu par la résistance pour y déposer l’un de nous deux avant de revenir ici, le « Kinouuu » n’est pas conçu pour recevoir deux personnes à bord sur une longue durée.
- (« Damiennn ») Je t’échange ta place contre un énorme morceau de fromage !!
- Du fromage ?? Tu as du fromage à ton bord ?? J’en rêve depuis si longtemps, que j’avais peur qu’il ne se fabrique plus ! Hi ! Hi !
- Alors ?? Vendu ??
- Comment résister à une proposition aussi alléchante !! Tu es de toute façon le plus proche de l’Unique et c’est à toi qu’était confiée cette mission, je te laisse donc ma place bien volontiers !! Mais « Dami » ??
- Oui ??
- Tu m’en amènes un très gros morceau, hein !!
- Le plus gros que j’ai à bord, promis !!
- Miam !!Je m’en pourlèche les moustaches rien que d’y penser !! Du fromage !! Du fromage !!
CHAPITRE 178 (Toronto) (Vendredi fin d’après-midi) (Moment de panique)
« Dans l’Airbus en direction de Roissy Charles de Gaulle. »
L’hôtesse de l’air surveille d’un œil inquiet le jeune rouquin qui semble plongé dans un état léthargique depuis le décollage, n’osant pas venir le réveiller pour lui demander si tout va bien.
Les agents chargés de sa protection semblent eux aussi très inquiets sans pour autant quitter leur siège, l’un d’entre eux est en pleine discussion sécurisée avec son supérieur direct resté en France.
***/***
« Chez les Viala. »
Antonin depuis qu’il a averti Florian que Damien n’allait pas bien, lui laisse la manœuvre sur son corps en se contentant de rester en spectateur et de suivre les événements au fur et à mesure qu’ils se déroulent sous ses yeux.
Toute la famille Viala est au chevet de Damien, faisant une confiance absolue à Florian qui dans le corps du blondinet s’occupe de trouver de quoi souffre son ami.
- (Frédéric) Alors ??
- Si c’est bien ce à quoi je pense, nous ne pouvons absolument rien faire pour lui !!
Annie en pleine panique.
- Même toi tu ne peux rien ?? Mais qu’a-t-il enfin !!
- Ce n’est pas une maladie, tout du moins pas comme nous la définissons habituellement !!
- (Guillaume) C’est quoi alors ??
- Si je vous dis, un paradoxe temporel !! Est-ce que ça vous parle ??
- (Aurélien) Un peu, seulement je ne vois pas le rapport avec ce qui arrive à mon frère !!
Je prends le temps de vérifier une fois encore l’état de santé de mon « Dami », n’ayant pas le moyen de projeter une nouvelle fois mon esprit puisqu’il contrôle actuellement le corps d’Antonin et de ce fait je n’ai que les méthodes conventionnelles pour cela, notant quand même une certaine stabilité dans son état général qui me rassure quelque peu.
- Nous avons constaté qu’un vaisseau spatial est en approche de notre système solaire, avec à son bord quelque chose ou plutôt quelqu’un qui s’est présenté sous le nom et le grade de commandeur « Damiennn Vialaaa », celui-ci semblait non seulement être à ma recherche mais également bien me connaître.
- (Guillaume) Tu penses qu’il pourrait être mon frère dans une autre réalité ??
- Ça pourrait être plus compliqué que ça, si c’était le cas Damien aurait pris la place de celui qui arrive. Comme ça nous est arrivé avec « Anto » et « Thom ».
- (Frédéric) Que va-t-il se passer alors ??
- Si seulement je le savais !! Au mieux je dirais que l’autre doit lui aussi ressentir les mêmes symptômes et qu’il comprendra certainement de quoi il s’agit, dans ce cas il devrait rapidement prendre la décision de faire demi-tour et tout rentrera dans l’ordre.
- (Frédéric) Et s’il ne fait pas le rapprochement ??
- Dans ce cas, ils risquent de n’y survivre ni l’un ni l’autre !! Mais tout ceci n’est finalement étayé par rien de concret, c’est juste une supposition de ma part.
- (Annie) Mais enfin d'où il sort ce « Damiennn » ??
- Je ne sais pas quoi te répondre, attendons déjà de voir si les choses s’arrangent et ensuite j’irai faire un tour dans une certaine clairière pour tirer les vers du nez de ceux qui la squattent !!
Aurélien écoute tout ce qui se dit sans quitter du regard son petit frère allongé sur son lit, remarquant que ses joues rosissent à nouveau et que son visage montre des signes d’un retour à la normale.
- Ton loustic dans son vaisseau a dû comprendre !! Regardez « Dami » !! On dirait qu’il commence à aller mieux !!
Un énorme soulagement est alors ressenti dans la chambre par tous ses occupants, les paupières de Damien commençant à frémir pour finir par s'ouvrir en grand et nous regarder avec l’étonnement de celui qui ne comprend rien à ce qu’il lui arrive.
- Comment tu te sens « Dami » ??
- Ça va !! Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ?? Ça m’a fait bizarre et j’ai bien cru que c’était la fin de tout !!
- Laisse-moi vérifier si tout va bien, tu veux ??
- Depuis quand tu es toubib toi ??
- Depuis « qu’Anto » m’a prêté son corps pour être près de toi, bougre d’âne !!
- C’est toi « Flo » ?
- Et bien !! Une bonne chose que ton seul neurone fonctionne encore ! Hi ! Hi !
- Il aimerait surtout comprendre ce qui m’est arrivé ??
- Si j’ai vu juste il y a un toi qui se balade actuellement dans un vaisseau spatial en approche de notre système solaire !!
J’ai alors droit à un magnifique clin d’œil ironique de la part de Damien.
- Et tu n’as rien trouvé d’autre comme connerie à balancer ??
CHAPITRE 179 (Afrique) (Lundi matin) (Demande d’explications)
« Clairière des pierres du ciel. »
Okoumé n’hésite qu’un bref instant avant de pénétrer dans cette clairière qui depuis qu’il est passé à l’âge adulte, n’a fait que l’attirer vers elle jusqu’à ce moment tragique où tous ont pensé perdre à jamais celui qu’il appelle toujours « cheveux de feu » malgré les années.
Il retrouve la souche sur laquelle il s’asseyait durant des heures, découvrant des mystères qui avec le temps ont complètement changé sa vie ainsi que celle de sa tribu tout entière.
Il s’y installe donc en attendant un signe des dieux des pierres qui doivent déjà être au fait de la raison de sa présence, ne montrant pourtant pas la curiosité à laquelle il s’attendait et c’est finalement lui qui se décide à parler le premier.
- Cheveux de feu m’envoie vous prévenir qu’il sera bientôt là avec beaucoup de questions, attendant des réponses de votre part !!
Okoumé attend un signe quelconque venant de leur part, lui faisant comprendre que son message a bien été entendu mais le temps passant, il se fait une raison en comprenant que les dieux ne se manifesteront pas et c’est sans plus insister, qu’il se relève pour reprendre le chemin menant à son village.
Le vieux père blanc qui avait reçu cette demande de Florian, l’avait prévenu que son message n’apporterait peut-être pas de réponses et que les entités du ciel comme il les appelle, ne verraient peut-être pas cette visite du jeune rouquin avec l’exaltation qui a été la sienne quand il l’a appris.
***/***
« Conversation entre les entités. »
- Nous savions que ça devrait arriver un jour !!
- Il n’est toujours pas prêt à redevenir ce qu’il est !!
- Pourtant il commence à avoir des doutes, il voudra entendre les réponses !!
- Tous ensemble, nous devrions avoir la force de lui résister !!
- Mais à quel prix ??
- Qu’importe le prix !! Il ne doit pas connaître nos pensées, le choc serait trop grand et pourrait l’amener à un déni qui remettrait tous nos efforts en cause, nous devons préparer nos défenses mentales à ce que cette situation n’arrive jamais !! M’entendez-vous mes frères ??
- Nous t’entendons !!
- D’autres tentent de le joindre, ne l’avez-vous pas ressenti ??
- Ils échoueront !!
- Comment peux-tu en être aussi certain mon frère ??
- J’ai vu le paradoxe se former, cela signifie que celui qui approche a un double sur cette planète !! Heureusement le danger a été perçu à temps !!
- Un élu de l’Unique ??
- Qui d’autre cela pourrait-il être ??
- Ça signifie donc qu’ils ont retrouvé sa trace, d’autres le pourraient aussi et ce monde va courir un grand danger si comme je le pense, quelqu’un a usurpé la place du prince légitime !!
- Nous n’avons rien pour étayer cette possibilité !!
- Comment expliquer alors la force exponentielle des prières que nous ressentons depuis les dernières manifestations de l’âme errante avant qu’elle ne réintègre définitivement semble-t-il son vrai corps ??
- Le prince légitime n’a rien d’un tyran, ce surcroît de ferveur va dans le sens de tes doutes mon frère !!
- Devrons-nous nous sacrifier à nouveau ??
- Ce serait repartir pour une longue quête !! Nous y laisserions nos dernières forces et la situation perdrait définitivement tout contrôle, sommes-nous prêts à prendre ce risque mes frères ??
- Bien sûr que non, tu le sais très bien !!
- Qu’allons-nous faire face à l’Unique s’il perce nos défenses ??
- Nous savons tous ce qu’il adviendra de nous, certains devront sans doute se sacrifier jusqu’à ce qu’il comprenne et qu’il cesse ces introspections mentales, celui qui n’est encore qu’un humain en pensées aime trop la vie pour accepter de nous laisser nous sacrifier tous un par un dans le seul but d’assouvir sa curiosité.
- Et si ce n’était pas le cas ??
- Alors nous aurions fait tout ça pour rien et il n’aurait pas guéri de sa folie !!
- Mais toutes les preuves que nous recevons tendraient à établir que ce ne sera pas le cas et que l’esprit de l’Unique a retrouvé l’empathie qui faisait de lui un créateur de vie, sa visite devrait nous conforter dans ce sens mes frères !! Ne nous faisons pas gageure par avance que toutes les actions de ce dernier millénaire auraient été vaines !! L’âme errante termine son cycle d’expériences humaines, l’esprit de l’Unique ne devrait bientôt plus tarder à se débloquer !!
- Il lui restera un dernier test à passer, celui du pardon !!
- Il paraît maintenant évident que la cause n’a plus lieu d’être, l’amour a repris ses droits et cette fois il semble si puissant que plus rien ni personne ne parviendra à y amener le trouble.
CHAPITRE 180 (En approche de la ceinture de Kuiper) (La nouvelle mission)
Le « Kinouuu » revient seul de son voyage pour déposer son compagnon de mission sur la plus proche planète rebelle, « Damiennn » profitant de l’occasion et de l’attente pour faire ses dernières recommandations à ses deux amis avant de quitter le bord du vaisseau sonde pour prendre la place du commandeur « Mistieee » sur le « Kinouuu ».
- Vous avez bien compris les gars !! Pas de vagues et vous n’adressez la parole à personne, les quelques heures passées à apprendre ma langue natale sous l’hypno-éducateur sont insuffisantes pour tenir une conversation cohérente avec un autochtone.
Alan en Français.
- Bonjour monsieur, je vouloir coucher avec toi !!
- (Mickael) Entendu garçon, moi bien vouloir mettre « mon bite » dans ton cul !!
- C’est ça les gars !!! Jouez aux cons, ne vous en privez pas surtout !! Ceci dit, je dois bien reconnaître que ça vous va à merveille !! Mais pas sûr qu’en bas ça aura le même impact, donc évitez de parler et tout devrait aller bien !!
- Comment retrouverons-nous l’Unique ??
- Je vous ai gribouillé un plan avec deux ou trois endroits où vous serez certains de le retrouver, du moins si cette planète est à l’exacte image de celle que j’ai en mémoire !!
- (Alan) Et si ce n’était pas le cas ??
- Il ne vous restera plus qu’à prouver vos capacités, vous n’êtes pas venus avec moi en voyage d’agrément il me semble ?
Mickael goguenard.
- Ah oui, vraiment ?? Je pensais que tu nous avais pris avec toi pour pouvoir passer de bons moments ??
- Disons pour être honnête que c’était pour les deux raisons ! Hi ! Hi !
- (Alan) Hummm !!! Bon !! Admettons !! Et comment on l’aborde s’il ne sait pas qui il est ??
- Déjà pour commencer, vous cherchez à savoir ce qu’il en est exactement et ensuite vous essayez de l’aborder par le biais de mon homonyme, je vous ai donné suffisamment d’informations personnelles de cette époque pour qu’il croie en votre histoire.
- (Mickael) En douce, on en a appris de bonnes sur toi mon cochon !!
- Ne me le faites pas regretter, il fallait ça pour qu’il vous croie !!
- (Alan) Toujours dans le cas où les situations seraient identiques à ton propre vécu de cette époque, si ce n’est pas le cas nous aurons l’air fin de lui raconter des trucs aussi intimes.
- Vous avez l’enregistrement que j’ai fait, il devrait suffire à lui seul pour rendre votre visite crédible !! Tout le reste n’est qu’un plus pour bien prouver que nous sommes semblables, nul doute qu’ensuite il vous aide à entrer en contact avec celui que nous connaissions exclusivement sous le nom de Florian à l’époque.
- (Mickael) Pourquoi ai-je l’étrange impression que tu ne nous dis pas tout ??
- Comment ça, pas tout ??
- (Mickael) Si seulement je le savais, je ne te poserais pas la question !! C’est ton regard sur moi à chaque fois que tu parles de l’Unique qui m’intrigue.
Le commandeur sourit, préférant ne rien révéler sur l’étrange ressemblance de Mickael avec le Florian tel qu’il aimait se montrer à eux.
- Tu as raison, mais je te laisse la surprise de le découvrir par toi-même ! Hi ! Hi !
- (Alan) Comment peut-on vivre aussi longtemps et rester gamin comme tu le fais, je me le demande !! Heureusement que tu n’es pas comme ça avec tout le monde, ça ferait tache que le principal chef militaire de la rébellion soit considéré comme un clown.
- Bahhh !! C’est ce qui vous plaît en moi, pas vrai ??
Alan et Mickael se regardent un bref instant en souriant, avant de fixer leur ami d’un air gourmand.
(Alan) Disons que c’est un tout avec le reste ! Hi ! Hi !
- (Mickael) « Math » ne doit pas s’ennuyer souvent avec toi et nous non plus, ce qui est sûr pour ma part c’est que je ne regretterai jamais de vous avoir connus tous les trois et ça même si ça doit fatalement se terminer un jour !!
- Retrouvez-moi l’Unique et je vous promets que nous aurons encore de très longs moments devant nous, il est temps pour moi de rejoindre le « Kinouuu » !! Rejoignez vos caissons de stases pendant que je lance le programme qui enverra « Mimie » vers sa destination finale, une fois qu’elle aura placé le vaisseau sur la face cachée de la seule lune de cette planète, il ne vous restera plus qu’à prendre la navette pour atterrir pendant la nuit sur le continent !! Son retour se fera automatiquement, elle fera une liaison tous les trente jours terrestres et restera à vous attendre durant une heure, quand il sera temps de le faire ne manquez surtout pas le bon créneau sinon il vous faudra patienter jusqu’au suivant.
Alan vient serrer son ami dans ses bras.
- Fais attention à toi !!
- Pareil pour toi !! Revenez-moi tous les deux avec de bonnes nouvelles !!
Mickael le prend dans ses bras à son tour.
- Si tu as un contact avec « Math », dis-lui bien qu’il nous manque !!
- Vous allez finir par me foutre le moral en l’air vous deux, allez ouste !! Au boulot !!
Les deux garçons se redressent en le saluant de façon très protocolaire, leurs yeux brillant malgré tout des sentiments forts qu’ils éprouvent à l’idée d’être séparés de lui.
- À vos ordres commandeur !!
CHAPITRE 181 (Reims) (Vendredi soir) (Retour d’Afrique)
« Dans la chambre de Florian et Guillaume. »
Mon retour d’Afrique aura été marqué par une forte désillusion, n’ayant pas appris grand-chose de nouveau sur ce que je suis en réalité.
J’ai bien compris dès mon entrée dans la clairière, que les entités ne m’apporteraient aucune coopération et que si j’insistais, ils iraient jusqu’à se sacrifier pour garder intacts leurs secrets.
Le temps ensuite de superviser l’avancement des travaux du centre hospitalier ainsi que le plaisir d’une soirée passée avec mes amis Masaï à câliner « Flo » et « Tom » et me revoilà à Reims toujours ignorant du pourquoi du comment de tous ces chamboulements autour de moi qui commencent à m’agacer sérieusement, n’ayant qu’une envie, celle de vivre tranquille avec mes amis en profitant de chaque jour qui passe.
Maintenant il y a quand même je dois bien l’admettre, des choses plus que troublantes qui tournent autour de ma personne et qui finalement se recoupent assez bien, suffisamment en tous cas pour que je doive à mon corps défendant en tenir compte.
Qu’était donc au juste cette salle ressemblant à une immense pièce de travail dans un décor d’un autre âge ? Vers qui ou quoi étaient dirigées les intentions manifestement meurtrières de cet être à l’apparence reptilien ? Pour quelle raison y ai-je été transporté le temps d’un instant ? Qu’ai-je à voir avec tout ça ? Suis-je issu d’une évolution comme j’aimerais le croire, ou suis-je comme certains aiment à le prétendre sinon un dieu, du moins quelqu’un ayant une importance capitale dans un univers si vaste que mon esprit refuse d’en accepter l’idée ? Que de questions sans réponse !! Que de questions perturbantes, auxquelles se rajoutent toutes celles venant de cette visite extraterrestre !!
La porte s’ouvre en me faisant sursauter et par là même, en me sortant de ces pensées qui tournent en boucle dans ma tête sans que j’y trouve un semblant d’explication plausible autre que celle à laquelle justement mon esprit se refuse à prendre en compte.
- Du calme ! Hi ! Hi ! Ce n’est que moi !!
Guillaume entre en refermant la porte derrière lui, venant ensuite s’asseoir sur le lit près de moi en ceinturant mon cou d’un bras se voulant réconfortant.
- Qu’est ce qui ne va pas ??
- Tout en fait !! J’aimerais tellement revenir deux ans en arrière et reprendre là où tout allait encore bien, tu comprends ?
- Allons Florian !! Ça ne va pas si mal que ça !! Nous voilà tous à nouveau ensemble et même avec de nouveaux amis !!
- Je le sais bien, mais pour combien de temps encore ??
- C’est cette histoire de vaisseau spatial qui se dirigerait vers nous qui te perturbe autant ? Je pensais pourtant qu’il avait fait demi-tour en comprenant qu’il lui serait impossible d’aller plus loin ?
- Ce n’est pas aussi simple tu vois !! Je n’arrive pas à comprendre comment sa présence est possible, du moins pas en gardant cette idée que j’avais eue jusque-là sur l’existence des autres réalités.
- Il y a forcément une autre explication moins farfelue.
- Du genre ??
- Qu’est-ce que j’en sais moi !! C’est peut-être nous qui ne devrions pas être ici, je veux dire dans cet univers !!!
- Pffttt !!! Et tu trouves vraiment ça moins farfelu ??
- Tu sais quoi ?? Le mieux c’est de continuer comme s’il n’était rien arrivé, il sera assez tôt de repenser à tout ça quand une liaison radio sera de nouveau possible et surtout s’il est encore là pour qu’elle se fasse !! Tu ne vas quand même pas rester comme ça pendant combien ?? Un mois ?? Plus ??
Je le fixe un long moment, sentant bien le réconfort que sa présence m’apporte et c’est avec le sourire retrouvé que je me lève pour reprendre le cours de ma vie tant professionnelle que privée.
- Tu as raison !! Allons dans le salon pour que je vous prépare à une éventuelle rencontre du troisième type ! Hi ! Hi !
- Qu’est-ce que tu nous prépares encore comme coup foireux ??
- J’aimerais vous apprendre ce langage qui sera le vôtre dans je ne sais combien de milliers d’années !!
- Comment ça le nôtre ??
- Eh bien oui, quoi !! Si ce fameux commandeur « Damiennn » est bien notre « Dami » dans le futur, autant vous apprendre son langage dès maintenant !!
- Mais oui !! J’ai l’explication !! Pourquoi n’y avons-nous pas pensé ?? C’est l’évidence pourtant !!
- Houlà !! Mais de quoi tu parles ??
- Mais de tes « dons » bien sûr !! Tu vas très certainement trouver la formule qui va tous nous rendre immortels, avoue que ça expliquerait bien des choses !!
- Je te vois bien monter un site internet ! Hi ! Hi ! Du genre nimportequoi@guillaume.fr ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 182 (Dans l’espace) (Quelques semaines plus tard) (Atterrissage en zone inconnue)
« À bord de la sonde. »
L’intelligence artificielle coupe les organes de propulsion, une fois terminé l’alunissage en zone non visible depuis la planète.
L’activation des caissons de stases se fait dans la foulée, ainsi que la préparation de la mini-navette qui emmènera les deux équipiers à terre.
L’éveil d’Alan et de Mickael se fait comme toujours sans que ceux-ci ne se soient aperçus d’une quelconque coupure de temps, les laissant constamment avec l’éternelle question de savoir s’ils vont s’endormir dans les secondes qui viennent ou bien si c’est déjà fait.
Heureusement la voix de l’IA du vaisseau se charge de leur ôter le doute.
- La navette est prête, j’ai modélisé des tenues plus en adéquation avec l’endroit où vous vous rendez, ils sont dans le sas avec le reste des objets que vous êtes autorisés à emporter avec vous.
- (Alan) Tu es une vraie mère poule « Mimie », si tu n’existais pas il faudrait t’inventer !!
- (Mickael) Je suis curieux de voir ça, pas toi ??
- (Alan) Hum !! Je crains le pire, surtout si l’idée vient du commandeur !!
***/***
« Une heure standard plus tard. »
Les deux garçons se regardent avec un sourire entendu, démontrant bien combien ils trouvent curieux l’aspect qu’ils donnent dans ces vêtements d’un autre temps.
- (Mickael) Qu’est-ce que c’est chiant toutes ces pastilles plates à passer dans toutes ces fentes !! En plus le sous vêtement est fendu sur le devant, manquerait plus que ma queue en sorte et vienne se coincer dans ce truc métallique qui ferme le devant de mon pantalon !!
- (Alan) Je trouve l’ensemble plutôt confortable, n’oublie pas que nos lointains ancêtres eux aussi s’habillaient sûrement comme ça !! Mais c’est vrai que nos combis sont beaucoup plus pratiques à enfiler.
La porte de la navette s’ouvre devant eux alors que l’IA reprend la parole.
- Veuillez embarquer messieurs !!
- (Alan) Oui m’man !!
- (Mickael) Tu sais quoi ? J’ai le stress tout d’un coup !! Pourvu que tout se passe comme prévu, je n’aimerais pas rester bloqué sur ce monde primitif.
- (Alan) Bah !! Tu verras qu’une fois parti tout ira mieux !!
- (Mickael) Si tu le dis bouffi !!
***/***
« Une fois en route vers la Terre. »
Les deux garçons n’arrivent pas à détacher leurs yeux des images qui leur apparaissent depuis le hublot du poste de pilotage de la navette.
- (Alan) Cette planète doit être merveilleuse quand son astre principal l’éclaire !!
- (Mickael) Toutes ces lumières sont à la fois magnifiques mais aussi inquiétantes, l’expansion humaine semble être arrivée non loin du point de rupture et les ressources naturelles si elles ne sont pas déjà préservées, ne devraient pas tarder à leur manquer.
- Tu sais aussi bien que moi que c’est un mal nécessaire pour qu’ils explorent d’autres horizons, au vu de tous ces déchets qui flottent dans l’espace en orbite basse, je dirais qu’ils en sont au tout début de leur ère spatiale.
- Quel gaspillage !!
- Bah !! Nous ne sommes pas venus ici pour juger, mais pour retrouver l’Unique !!
Une onde de distorsion indiquant que la navette s’est mise en mode furtif leur trouble la vue un bref instant, une inversion de poussée des organes de propulsion les prive du spectacle en leur redonnant une vue sur l’espace et sa constellation d’étoiles.
- (Alan) Nous sommes vraiment dans le trou du cul de l’univers connu !! Je ne retrouve absolument aucun repère pour connaître notre position, je trouve ça étrange tout de même, pas toi ?
- (Mickael) Je vois ce que tu veux dire, je me faisais justement la même réflexion !! Si ce monde est bien celui qu’il semble être, pourquoi n’est-il pas cartographié depuis tout ce temps ? Après tout c’est le monde originel des élus qui étaient eux-mêmes issus d’une des plus anciennes races de l’empire !!
- C’est un des mystères liés à l’Unique !! Peut-être nous l’expliquera-t-il quand nous le retrouverons ??
- Tu imagines un peu !! Tu m’aurais dit il n’y a pas si longtemps que nous allions rencontrer celui qui est à la base de notre présence dans l’univers, je t’aurais très certainement fait enfermer pour trouble psychique aggravé !!
- (Alan) Je me demande bien comment il réagira à notre présence, « Dami » semble sûr de lui quand il nous en parle mais n’oublions pas que s’il est là, c’est pour une bonne raison et cette raison n’est pas forcément de celle qui me rassure le plus, crois-moi sur parole !!
La voix de l’IA se fait entendre en les rappelant à l’ordre.
- La procédure d’atterrissage va s’enclencher, veuillez rester sur vos sièges et activez votre champ de protection, pour une raison évidente de discrétion, la navette ne décélérera qu’au dernier moment et vous risquez d’être quelque peu bousculés, que votre mission soit un succès pour le bien de l’impérium !!
CHAPITRE 183 (Aix en Provence) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Encore un mystère de plus).
C’est en rentrant de leurs cours, qu’Éric et Raphaël aperçoivent l’’agitation inhabituelle devant le pavillon des De Bierne, plusieurs camionnettes ainsi qu’un camion nacelle bouchent presque complètement la rue heureusement très peu fréquentée.
La voix caractéristique de Florian se fait entendre, donnant ses instructions pour la mise en place sur le toit d’une sorte d’antenne semblant complètement révolutionnaire pour les deux garçons.
- Encore un peu vers vous…là !! Stop !! C’est bon comme ça les gars, boulonnez-là solidement !!
Un technicien en blouse blanche sort de la maison, se dirigeant vers l’une des camionnettes d’où ils peuvent enfin apercevoir à travers les vitres des portières la touffe de cheveux roux toujours aussi rebelle.
- Tout est en place monsieur, c’est quand vous voulez !!
- Ok !! Cool !! Vous m’enverrez la facture à cette adresse, je reste là jusqu’à juste après les fêtes !!
- Bien monsieur !!
Raphaël et Éric sont maintenant suffisamment avancés pour voir le geste de leur copain qui consiste à mettre la main à sa poche et la ressortir tout aussi vite avec l’air gêné de circonstance.
- Heu !! Désolé les gars mais je n’ai pas d’argent sur moi !!
La voix de Raphaël se fait alors entendre, visiblement amusé par la situation qui pour lui est loin d’être une surprise.
- Qu’est-ce que tu ferais si nous n’étions pas là ??
- Ah !! C’est vous les gars !! Vous tombez bien !!
- (Éric) Ton banquier blond n’est pas là donc ??
- Bah, non !! Comme tu vois ! Hi ! Hi !
Raphaël attrape son portefeuille dans la poche de sa veste et en sort plusieurs billets qu’il tend au gars qui semble être le responsable de l’équipe.
- Tenez !! Mon copain me remboursera plus tard !!
L’homme lui prend les billets avec le sourire, faisant signe ensuite à ses gars qu’il est temps de remballer et s’éloigne en laissant les trois garçons seuls.
Je leurs prends la main pour les emmener avec moi à l’intérieur du pavillon, une fois chose faite je leurs saute au cou pour les embrasser comme il se doit et bien sûr ce petit exercice ne manque pas de nous déclencher un remue-ménage caractéristique au niveau du bas-ventre.
- (Éric) Si nous nous attendions à ça en partant en cours ce matin de te voir à notre retour, pour une surprise c’en est une !!
- (Raphaël) Tu restes un moment si j’ai bien entendu !! C’est cool !!
- J’avais besoin de calme pour ce que j’avais à faire, venez voir ma nouvelle installation radio !! Hi ! Hi ! Ça va vous laisser sur le cul vous verrez !!
(Éric) Tu as donc l’intention de faire le pendant à RTL ??
- Pourquoi voire si petit ?? Non, en fait je vise un public plus ciblé !!
- (Raphaël) Du genre ??
- Du genre situé dans l’espace si tu vois de quoi je parle !!
- (Raphaël) Et comment je verrai ça, moi ??
Je les regarde surpris, percutant enfin qu’ils ne sont pas encore au fait des derniers événements.
- Je vais peut-être commencer par le début !!
Éric narquois.
- Ça serait pas mal je trouve !!
***/***
« Quelque temps plus tard. »
- (Éric) Donc ton installation devrait servir à contacter ce « Damiennn » alors que les plus grands centres spatiaux du monde n’y parviennent pas ??
- J’ai… disons…amélioré le système par quelques perfectionnements techniques de mon cru ! Hi ! Hi ! D’ailleurs il est temps de faire un essai pour voir si cela fonctionne !!
- (Éric) Ça te dérange si on reste avec toi ?
- Bien sûr que non !!
Je suis au contraire ravi qu’ils soient là tous les deux, je leurs indique des sièges pour qu’ils s’installent confortablement et une fois chose faite, je m’assois à mon tour devant l’ancien bureau de mon grand-père où est installé le terminal de mon installation.
Quelques réglages plus tard, j’empoigne le micro en enclenchant l’émetteur.
- Allô… !! « E.T » ?? Ici la Terre !!
CHAPITRE 184 (Aix en Provence) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Une réponse inattendue)
« À bord de la navette en phase d’atterrissage. »
Alan réagit rapidement quand un écran s’allume sur le tableau de bord, indiquant qu’une puissante émission d’onde émise depuis la planète vient d’être interceptée en partie par la coque de la navette.
- Allons bon !! Qu’est-ce que c’est encore ??
- (Mickael) Tu crois qu’on a été repéré ??
- Impossible !! Même notre technologie a du mal à pouvoir le faire, tu le sais pourtant bien !! Non !! Ce qui m’a surpris, c’est la magnitude qu’indique l’écran de contrôle !! Je ne pensais vraiment pas qu’ils disposaient déjà d’une telle avancée technique, ça ne correspond pas du tout avec ce que nous avons déjà appris sur eux !!
- (Mickael) Laisse tomber tu veux bien ?? Nous n’allons pas tarder à entrer dans l’atmosphère, ce n’est pas le moment de jouer aux cons et de se faire repérer, rappelle-toi que la mission prime avant tout.
***/***
« Pavillon des De Bierne. »
Raphaël éclate de rire en entendant le message envoyé par Florian.
- Tu penses vraiment qu’ils ont vu le film ! Hi ! Hi !
- Je n’en sais rien, c’est juste que c’est la première chose qui me soit venue à l’esprit !! Mais attends !!.... Il y a un truc bizarre !!
Je reprends quelques réglages avant de relancer l’émission d’ondes mais cette fois sans envoyer de message, juste pour retrouver sur l’écran qui balaie l’espace cette chose pourtant invisible qui a bloqué une partie du faisceau pourtant serré de la transmission.
- (Éric) C’est quoi ce truc ??
- Attends deux secondes que j’affine les réglages !!
Je me sers de l’onde porteuse comme d’un scanner que j’envoie maintenant en continu en ciblant plus précisément cette chose qui y fait obstacle et nous voyons bientôt l'onde sur l'écran nous dessiner une forme ovoïde qui me parle immédiatement.
- On dirait un petit vaisseau qui s’apprête à entrer dans notre atmosphère, curieux !!
- (Éric) Il prend de sacrés risques !!
- Je ne crois pas, non !!
- Comment ça ?? Il doit s’être déjà fait repérer par nos satellites !!
J’envoie l’image de la zone sur un autre écran.
- Vous ne remarquez rien ??
- (Raphaël) Il n’y a rien à voir ?? Il fait déjà nuit à cette heure, je te rappelle qu’on est en hiver !!
La parabole est pointée vers la lune, sa lumière est amplement suffisante pour apercevoir quoi que ce soit qui se trouve entre elle et nous.
- (Éric) À part quelques débris, je ne vois rien moi non plus !!
- Ça voudrait donc dire que soit il n’y a vraiment rien, ou alors que cet objet est doté d’une technologie avancée qui le rend invisible !!
- (Raphaël) On ne devrait pas prévenir l’armée ??
- Pour qu’ils lui tirent dessus ??
- (Raphaël) S’il se cache, c’est qu’il n’est pas venu ici pour nous faire un petit coucou et qui te dit que si petit soit-il, il n’a pas une technologie suffisante à bord pour tous nous faire rejoindre nos ancêtres ?
- (Éric) Les miens peut-être, parce que les vôtres n’ont pas dû résister au temps !
Hi ! Hi !
- (Raphaël) Comment tu fais pour avoir envie de plaisanter à un moment pareil ?? Moi j’aurais plutôt tendance à flipper grave !!
- (Éric) Je pense plutôt comme « Flo » et que c’est justement pour ne pas qu’on lui tire dessus qu’il se cache, s’ils nous voulaient du mal je ne pense vraiment pas qu’ils viendraient se jeter dans la gueule du loup !!
- C’est aussi ce que je pense !! Je vais tenter d’envoyer un nouveau message en me concentrant sur lui, nous verrons bien ce qu’il adviendra ensuite !!
Aussitôt dit, aussitôt « Daucy » comme dirait la pub, me voilà donc à recalibrer l’émetteur et une fois chose faite j’envoie dans cette langue que je ne me souviens pas avoir apprise, un message un peu plus concis que le premier.
- Qui que vous soyez, nous avons détecté votre présence !! Vous vous apprêtez à pénétrer dans notre atmosphère !! Quelles sont vos intentions ??
***/***
« À bord de la navette. »
La voix venant de l’intelligence artificielle de la navette retentit dans l’habitacle.
- Nous recevons un message venant de la planète, ils ont détecté notre approche et nous demandent de nous identifier !!
- (Alan) Détecté ?? Mais c’est impossible voyons !!
- Pourtant le message nous est bien destiné et de plus cette fois parfaitement compréhensible car donné dans la langue de l’impérium !!
- (Mickael) Je pense que nous n’aurons pas à chercher longtemps après l’Unique, il semble bien que ce soit lui qui nous a retrouvés !! Tu vois une autre explication ?? Oui ?? Non ?? …et bien pas moi !! Déjà une, d’avoir été détecté, ensuite de nous envoyer un message dans notre langue !!
- (Alan) Tu as raison, ce ne peut être que lui !! Que faisons-nous maintenant ?
- On se la joue en finesse pour changer, rappelle-toi qu’il ne sait très certainement pas encore ce qu’il représente ni surtout qui il est !!
- (Alan) Et bien je te laisse faire !!
- « Mimie », puis-je répondre à ce message ??
- Notre puissance et notre portée sont suffisantes en effet, voulez-vous la connexion ??
- (Mickael) Bien entendu sinon je ne poserais pas la question !!
- Connexion effective !!
Alan fronce les sourcils car il connaît bien son ami, enclin tout comme lui-même l’est au meilleur comme au pire et le petit sourire en coin qu’il arbore à ce moment précis, ne lui dit rien qui vaille aussi n’est-il qu’à moitié surpris quand il entend bouche bée son compagnon prendre la parole.
- C’est toi « Flo » ?? Nous, c’est Alan et Mickael, on est là pour venir te rendre une petite visite ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 185 (Aix en Provence) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (De surprises en surprises).
« À bord de la navette. »
Alan soupire un grand coup d’exaspération avant de prendre la parole à son tour, donnant cette fois une réponse sans ambiguïté à la question posée.
- Nous sommes des émissaires chargés d’une mission pacifique, nous sommes envoyés dans ce système pour retrouver la trace d’un, voire de plusieurs de nos compatriotes et nous pensons, étant donné que tu utilises notre langue, que tu pourrais être l’un d’eux.
Un bref moment de silence succède à ces dernières paroles, la voix venant de la planète reprend alors et donne des coordonnées que l’intelligence artificielle du bord intègre aussitôt dans son plan de vol, donnant ensuite la marche à suivre pour qu’ils rejoignent au plus vite l’endroit où ils sont attendus.
L’accent est mis tout particulièrement sur la discrétion de rigueur afin que tout se passe au mieux sans alerter les autorités, chacun comprenant l’intérêt évident d’une telle mesure qui sinon pourrait déclencher des événements rendus vite incontrôlables.
***/***
« Chez les De Bierne. »
Je coupe l’émetteur une fois certain que tout est en marche, revenant vers mes deux copains qui ne disaient plus rien depuis un bon moment déjà et qui me voyant enfin disposé à leur parler, ne se privent pas de m’envoyer tout un tas de questions auxquelles j’essaie de répondre pour le mieux.
- (Éric) C’était quoi tout ce baragouinage ??
- Tout ce dont je suis certain, c’est qu’il ne vient pas de notre bonne vieille planète ou tout du moins pas encore !!
- (Éric) Ta réponse est encore plus incompréhensible que le sujet de ma question.
- Une langue issue de civilisations beaucoup plus évoluée que la nôtre, venant très certainement d’un brassage de cultures universelles, ça répond à ta curiosité ??
- (Éric) Pas vraiment, non !! Enfin bref !! Tu pourrais nous faire un petit résumé de ce que tu as appris ??
Le fait de reprendre la conversation de vive voix pour mes deux copains, me permet également de réfléchir sur la situation et de tenter d’en comprendre les arcanes qui m’échappent encore, triant les mots-clefs de cette discussion pour le moins extraordinaire.
Une fois les explications terminées, nous tentons de faire le point sur le ressenti de chacun et ainsi peut-être, à être amené de pouvoir mieux comprendre la situation présente afin de déterminer si oui ou non il faut garder tout cela secret, ou tout au contraire avertir au plus vite les autorités du pays afin que celles-ci puissent se préparer et par là même la population tout entière, au fait que non seulement nous ne sommes plus seuls dans l’univers, mais qu’en plus nous avons des visiteurs qui s’apprêtent à mettre les pieds ou quel que soit l’organe qui leur sert à se mouvoir, sur terre.
- (Raphaël) Tu les as sentis comment ??
- Plutôt sympas, je trouve !!
- (Éric) A quoi devons-nous nous attendre ??
Comment ça, explique-toi ??
- (Éric) Je pensais surtout niveau physique !! Des gars comme nous ou des petits bonshommes verts comme dans les films ??
- (Raphaël) Tu poses des questions qui semblent pourtant évidentes !! Penses-tu que s’ils étaient vraiment si différents de nous, qu’ils viendraient ici incognito ??
- C’est aussi mon impression !! Maintenant rien ne dit qu’avec l’évolution, ils n’aient pas quelques particularités qui nous sembleront à nous plutôt bizarre.
- (Éric) Du genre ??
- Qu’est-ce que j’en sais moi ?? Savais-tu que notre espèce à l’origine était pourvue d’une queue ??
- (Raphaël) Je comprends mieux pourquoi tu en as une grosse si tu es de la même espèce qu’eux ! Hi ! Hi !
- Pffttt !! Mais non !! Je ne parlais pas de cette queue-là, idiot !! Celle de mes propos était en continuité de notre colonne vertébrale comme d’autres espèces animales en ont toujours d’ailleurs, nous l’avons perdue du fait de l’évolution et il n’en reste que très peu de traces, sauf sur certains qui comptent encore une vertèbre supplémentaire en vestige de notre lointain passé.
- (Éric) J’ai connu un gars au sport qui avait cette particularité, j’avoue que je n’en avais pas fait le rapprochement jusque-là mais ça se tient, tout ça pour nous démontrer quoi ?
- Que du fait du développement de l’intelligence et des progrès de la science, certaines fonctions ou organes peuvent avoir sur le très long terme été soit amenés à se développer, soit au contraire faute d’usage à régresser voire comme pour cette queue à disparaître totalement. Les poils en sont un exemple flagrant, n’importe quel scientifique te dira qu’à terme ils disparaîtront complètement du fait qu’ils ont perdu ce pour quoi ils étaient utiles et qu’au contraire nous grandissons grâce à une nourriture toujours plus riche et mieux adaptée à notre métabolisme.
Raphaël restant dans son idée de départ, éclate de rire.
- Y a pas à dire !! Tu devais être un cas à part alors ! Hi ! Hi !
- Pour ton plus grand plaisir il me semble ??
- (Raphaël) Je veux mon neveu !! En parlant de ça, il nous reste combien de temps avant que nos deux « E.T » arrivent ?? Assez pour qu’on se fasse un petit break à l’étage ou pas ?? J’ai comme qui dirait envie de te regarder d’un peu plus près, histoire de voir s’il n’y a pas quelques différences « évolutives » qui ne m’auraient pas jusque-là encore sauté aux yeux !!
- (Éric) Faut dire aussi pour ta gouverne, que tu fixes toujours les mêmes endroits ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 186 (Aix en Provence) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Une ressemblance troublante)
« Zone boisée à quelques kilomètres d’Aix en Provence. »
Alan regarde la navette reprendre la direction de la face cachée du satellite, le cœur serré malgré tout d’une appréhension bien compréhensible.
Mickael semble moins perturbé par le commencement de la phase active de sa mission, remplissant ses poumons de cet air étrangement pur et vivifiant qu’il ne s’attendait certainement pas de à respirer sur cette planète encore tributaire de ses matières fossiles pour son énergie de tous les jours.
L’endroit sans être lugubre, n’en est pas moins assez stressant pour eux qui sont nés sur une planète où la nature n’est qu’un vaste jardin où rien n’est laissé au hasard.
Aussi est-ce avec un empressement certain qu’ils prennent leurs points de repère afin de quitter au plus vite cet endroit, les bruits bizarres autour d’eux n’étant pas de ceux qu’ils préfèrent entendre.
- (Mickael) Quittons au plus vite cet endroit étrange si tu veux bien, j’en ai des frissons dans le dos !! D’après les indications que nous avons cartographiées, il y a une route à quelques centaines de mètres dans cette direction !! Nous devrions nous y rendre au plus vite et rejoindre le point de rendez-vous, ils doivent déjà nous y attendre.
- (Alan) Je suis curieux de voir quelle apparence il peut bien avoir ??
- (Mickael) Seuls les élus connaissent son vrai visage !! « Dami » a toujours un drôle de sourire quand j’essaie de lui tirer les vers du nez !!
- (Alan) Pareil pour moi avec « Math » !! C’est quand même étonnant que personne n’en ait gardé ne serait-ce qu’une image !!
- (Mickael) D’après « Dami », il en aurait changé plusieurs fois avant de garder semble-t-il définitivement celle qu’eux seuls connaissent.
- (Alan) Pourquoi faire autant de mystères ??
- (Mickael) Tu sais bien comment ils sont !! Ils gardent pour eux tout ou presque de ce qu’ils ont vécu, de peur de nous influencer nous autres pauvres mortels en nous enlevant le libre arbitre sur notre futur.
- (Alan) Mouaih !! C’est limite quand même !! Maintenant c’est bien vrai qu’ils restent tous soigneusement en retrait de notre vie et nous n’aurions pas eu la chance de cette rencontre avec « Dami » et « Math » qui nous a permis de mieux les connaître tous, je serais à l’heure actuelle comme une grande partie de l’impérium à penser qu’ils ne sont qu’un mythe.
Les deux garçons continuent leur discussion jusqu’au moment où la route apparaît une fois qu’ils sont enfin sortis du bois qu’ils traversaient.
Alan balaie les deux sens de la voie avec un petit instrument qu’il avait en poche, surveillant le cadran avec attention pour y relever la moindre trace de présence d’un objet se déplaçant dans leur direction.
- (Mickael) Tu as quelque chose ??
- Une masse métallique statique à deux cents mètres vers le sud, dégageant de la chaleur !!
- Allons-y jeter un œil, ça pourrait bien être lui qui nous attend !!
***/***
« Dans la voiture d’Éric, en stationnement sur une route de campagne. »
- (Éric) Tu es sûr que c’est ici que tu leur as donné rendez-vous ??
- (Raphaël) C’est le trou du cul du diable ici !! Comment tu veux qu’ils nous y retrouvent ?? On aurait été mieux de les attendre à la maison !!
- (Éric) Tu grognes juste parce que tu n’as pas eu ton câlin et qu’il a fallu partir aussitôt pour venir ici !!
- (Raphaël) Ça fait plus d’une heure qu’on poireaute !! On aurait eu tout le temps de le faire !!
- Ne t’inquiète pas, on se rattrapera en rentrant.
- (Raphaël) Avec les deux « E.T » dans les pattes ??
Éric qui scrute la route en écoutant les remarques de son chéri d’une oreille amusée, croit apercevoir un mouvement au loin.
- On dirait bien que quelqu’un approche à pied dans notre direction les gars !!
J’examine la route à mon tour en adaptant ma vue au peu de lumière que donne la lune, apercevant en premier deux têtes encore trop éloignées pour en voir les détails, suivies au fur et à mesure de leur avancée par deux silhouettes semble-t-il plutôt menues.
Quand soudain ma vision devient suffisante, pour que je pousse tout d’abord une petite exclamation de stupeur avant d’éclater de rire.
- Si je m’attendais à celle-là alors !!!
Éric et Raphaël qui me regardaient avec consternation en ne comprenant absolument pas quelle mouche m’a piqué, se concentrent à leur tour sur l’apparition des deux garçons et eux aussi poussent un cri de stupeur quand leurs traits deviennent suffisamment visibles pour qu’ils se fassent la même remarque que moi sur les deux arrivants.
- (Éric) Ils sortent d’où ceux-là ?? Ne me dis pas que ce sont des doubles de toi et d’Antonin venant d’une autre réalité ?? Ça foutrait toutes tes autres théories en l’air pour le coup !!
- Attendez qu’ils soient plus près !! Vous verrez que la ressemblance de loin est assez frappante mais qu’il y a quand même suffisamment de différences pour ne plus s’y tromper une fois qu’on les voit de plus près !!
- (Raphaël) Sur le coup c’est assez bluffant !!Tu crois qu’ils ont été choisis justement à cause de cette ressemblance ??
- Humm !!! Comment veux-tu que je le sache !! Par contre qu’il y ait un lien entre leur apparence et le fait qu’ils soient là devant nous ne fait aucun doute, mais pas forcément celui auquel on penserait à première vue !! Mais j’imagine qu’en les interrogeant un peu nous aurons très vite notre réponse, allons déjà les accueillir pour les rassurer !! Notre monde doit leur sembler étrange si comme je le pense, ils viennent d’un endroit où tout est différent.
CHAPITRE 187 (Aix en Provence) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Stagnation) (1/2)
Du côté des deux voyageurs de l’espace, la surprise est au moins égale à la leur mais pas seulement sur la ressemblance entre Mickael et le terrien car une fois que le doute n’existe plus pour Alan et Mickael, ceux-ci s’inclinent bas devant Raphaël et Éric qui les regardent faire avec stupeur, sans bien sûr comprendre pourquoi une telle marque de révérence de leur part.
***/***
- (Alan) Commandeurs ?? Nous n’étions pas au courant de vos présences sur cette planète ?? Sans doute que votre voyage a été décidé après notre départ ?? Je ne pense pas que ni le commandeur « Damiennn », ni le prince « Mathisss » nous auraient caché cette information.
Éric comprend que les paroles dépourvues pour lui de sens lui sont adressées.
- C’est quoi ce charabia « Flo » ?? J’ai comme la sensation bizarre que ces deux gars me connaissent déjà !!
- (Raphaël) J’allais dire la même chose !!
J’observe la scène avec attention en cherchant à en comprendre le sens, il semble évident à voir les marques de respect envers mes amis que ces deux garçons les connaissent et devant l’impossibilité d’un tel cas de figure, il me faut bien envisager que ceux-ci existent aussi là d’où ils viennent avec en plus cette marque de servilité qui tendraient à prouver une certaine supériorité hiérarchique reconnue.
Le fait qu’ils se jettent un bref coup d’œil d’incompréhension après les remarques que viennent de faire mes deux amis, me fait leur poser la question qui de suite me vient à l’esprit.
« En Français. »
- Vous comprenez ce langage ??
- (Alan) Un tout petit peu, le commandeur nous a enseigné rapidement quelques rudiments !!
- Ah !! D’accord !! Vous connaissez semble-t-il mes amis, ou tout du moins quelqu’un qui leur ressemble ?? Qui sont-ils exactement pour vous ?? Des supérieurs hiérarchiques ou quelque chose dans le genre ??
- (Mickael) Ce sont tous deux des élus !!
- (Alan) Vous n’êtes pas les commandeurs « Raphaëlll » et « Ériccc » ??
Cette prononciation assez spéciale me rappelle celle identique avec laquelle s’est présenté le commandeur « Damiennn ».
- Vous vous prénommez bien Alan et Mickael ??
- (Alan) C’est exact !!
- Pourquoi ne prononcez-vous pas « Alannn » et « Mickaelll » dans ce cas ??
- (Mickael) Mais !! Nous ne sommes pas des élus, seulement de simples mortels !! Seuls ceux que l’Unique a rendus immortel portent cette marque de reconnaissance sur leurs…heu…. Patronymes !!
Raphaël sidéré par ce qu’il vient de comprendre.
- Manquait plus que ça !! On aura décidément tout entendu depuis ces derniers temps !! Des immortels ?? Et puis quoi encore !!
Je comprends bien sa réaction, ayant tendance à avoir eu la même et c’est pourquoi je décide de calmer le jeu en nous laissant le temps de mettre de l’ordre dans les dernières informations, le prétexte étant tout trouvé pour se faire.
- Il serait peut-être temps de rentrer à la maison, nous serons mieux qu’ici pour écouter ce qu’ils ont à nous dire et faire la part des choses sur toutes ces informations pour le moins extraordinaires en admettant qu’elles soient vraies !!
***/***
« De retour dans le salon familial des De Bierne. »
Alan tout comme son compagnon observent autour d’eux avec une curiosité évidente, tellement obnubilés par tout ce qu’ils voient que je décide de leur faire faire le tour du propriétaire en leur indiquant à quoi peut servir chaque pièce de la maison mais aussi chaque meuble et ustensile qui les surprennent chaque fois davantage, au point que je stoppe net la visite pour leur poser la question.
- Vous n’habitez donc pas dans des maisons là d’où vous venez ??
- (Alan) Si bien sûr !!
- Alors pourquoi cet air de tout découvrir comme si vous n’aviez jamais rien vu ??
- (Mickael) Parce que tout parait si …. Comment dites-vous ?? Archaïque ?? Oui c’est bien le mot qui convient il me semble !! Nos lieux de vie sont beaucoup moins …encombrés !!
Et bien mieux …. Adaptés !!
- (Raphaël) Un peu comme si nous étions en présence de Cro-Magnon qui nous fait visiter sa grotte en somme ??
- (Alan) Je ne comprends pas Cro-Magnon et grotte.
CHAPITRE 188 (Aix en Provence) (Quelque jours avant les fêtes de Noël) (Stagnation) (2/2)
« Continuation de la conversation chez les De Bierne. »
Je lui explique donc en quelques mots le contexte, ce qui finit par le faire sourire en acquiesçant de la tête.
- C’est un peu ça, oui !! Quoique je n’imaginais pas que vos ancêtres aient pu vivre dans de telles conditions !!
- Les tiens en ont fait de même assurément.
- (Alan) Peut-être en effet, mais le temps a effacé toutes traces d’un passé bien trop lointain !!
- Mais vous avez bien dû visiter d’autres planètes qui elles sont au tout début de leur développement ??
- (Mickael) Notre univers est bien trop ancien pour qu’il existe encore de tels mondes !! Depuis la disparition de l’Unique, nous sommes entrés dans une phase de stagnation avant que tout finisse par disparaître quand les feux des astres que vous appelez soleils s’éteindront tous dans quelques centaines de milliards de vos années terrestres.
- (Alan) On a encore le temps de voir venir ! Hi ! Hi ! Mais c’est certain que l’expansion s’étant arrêtée après l'exil de l’Unique, il arrivera un moment où la vie ne sera plus possible dans cet univers.
Éric amusé lui aussi.
- D’ici là vous aurez trouvé le moyen de vous transporter dans un autre plus jeune ??
- (Alan) Hélas il n’y en a pas d’autres !! Du moins il n’y en aura pas tant que l’Unique n’aura pas réapparu !!
- C’est donc le but de votre…visite parmi nous ?? Retrouver cet Unique qui vous manque tant ?? Pour qu’il reprenne son « programme » ou sa mission d’expansion et donne un sens voire un but à la vie des futures générations, c’est bien de cela qu’il s’agit ??
- (Mickael) Pour ce qui est de notre survie sur le très long terme c’est exact, mais pour ce qui est du très court terme, ce serait plutôt de secourir les peuples de l’impérium qui souffrent sous le joug d’un tyran comme ils n’en ont jamais connu dans toute l’histoire depuis la création de l’empire.
- Et que pourrait-il y faire pour changer ça d’après toi ?
- (Alan) Redonner la foi dans le cœur des différentes races et remettre l’empereur « Thomasss » sur le trône impérial, à condition bien sûr qu’on retrouve sa trace un jour !!
- Peut-être est-il mort depuis le temps ??
- (Alan) « Thomasss » !! Mort… !! Mais …ce n’est pas possible, il a été le premier des élus, c’était l’ami mais surtout le grand amour de l’Unique !! Il est donc de nature lui aussi immortel, Hélas son exil ainsi que sa disparition ont été si soudains que sa trace n’a toujours pas été retrouvée depuis bientôt un millénaire que la résistance le recherche tout comme elle le fait depuis tout ce temps pour l’Unique et l’amant perturbateur !!
Je dois traduire à mes amis au fur et à mesure, car Alan a repris sa langue natale depuis qu’il ne trouve plus les mots dans la nôtre.
Un schéma commence à se dessiner dans mon esprit, reliant ces dernières informations à celles que j’avais gardées comme irréalistes depuis ces dernières années ou plus exactement ces derniers mois et qui étrangement se recoupent, point par point.
Que ce soit les traditions ancestrales de l’Oyabun, les paroles sibyllines des entités tout comme ces « dons » qui se développent en moi et pour finir mon étrange aventure dans cette autre réalité ainsi que ce que j’ai appris dernièrement de mon voyage au Vatican.
Sans doute est-ce mon mutisme tout comme la pâleur soudaine qui marque mon visage, qui déclenche ce regain d’inquiétude de la part de mes deux copains.
- (Éric) Un problème « Flo » ??
- Je…heu !!! Non !! Juste que je commence à me demander si c’est moi qui ne veux pas admettre ce que tout porte à me faire croire, ou si je vais encore une fois me réveiller en ayant rêvé toute cette histoire !!
Mon regard capte celui d’Alan, ni trouvant rien d’autre qu’une franchise qui une fois de plus me déstabilise.
- Tu nous parlais d’un troisième personnage, l’amant perturbateur !! A-t-il un nom ?? Que sais-tu sur lui exactement ? Existe-t-il réellement ??
Mickael est visiblement troublé par mes questions, je le vois réfléchir sans pour autant détacher son regard franc du mien.
- Nous ignorions son existence, ce n’est que depuis que nous sommes liés (il hésite) …. Intimement avec le commandeur « Damiennn » et le prince « Mathisss », que nous avons appris que les élus existaient bel et bien !! Nous en avons d’ailleurs rencontré quelques-uns quand ils faisaient escale à Volnaria où nous sommes en garnison depuis notre engagement, le prince nous a mis dans le secret de leur existence en nous racontant comment ils en étaient arrivés à ce statut d’immortels et c’est ce jour-là qu’il nous a confié les raisons qui ont amené progressivement mais inexorablement l’empire sous le joug du tyran, révélant les dessous cachés de l’histoire bien différents de la version officielle qui est enseignée dans tout l’empire. Ainsi nous avons appris la cause réelle qui brisa l’Unique et déclencha l’exil de l’empereur….
Je le coupe dans sa phrase avant qu’il ne révèle le nom qui ne peut être que celui auquel je pense et qui expliquerait pourquoi il est le seul avec Thomas à pouvoir être relié mentalement avec moi.
- Ne s’agirait-il pas d’Antonin ?? Ou plutôt « d’Antoninnn » pour le prononcer à votre manière somme toute assez bizarre, car il ne fait aucun doute n’est-ce pas que lui aussi soit un de ces fameux « élus » ?? Ça expliquerait la présence d’Alan alors que pour moi la tienne ne tenait déjà plus du fait du hasard !!
CHAPITRE 189 (Aix en Provence) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Où l’on apprend les dessous d’une histoire pour le moins formidable)
« Continuation de la conversation chez les De Bierne. »
Mickael me regarde de toute évidence complètement perdu par mes explications.
- Comment ça, pas du fait du hasard ?? Au contraire je dirais !! Normalement le commandeur « Damiennn » aurait dû comme c’est l’usage habituellement se faire assister par deux élus pour venir rejoindre ce système et cela a été la surprise générale quand il nous a désignés avec Alan pour l’accompagner, d’ailleurs plusieurs élus lui en ont fait la remarque. Seul le prince légitime n’y a rien trouvé à redire et c’est uniquement pour cette raison que nous avons pu participer à cette mission de recherche.
- Ça n’enlève rien à mes dernières affirmations, ta ressemblance avec moi n’est pas fortuite et celle d’Alan avec Antonin non plus, c’est je pense une des raisons de votre relation amoureuse avec eux.
- (Alan) Nous ignorions complètement cette ressemblance, mais je me dois bien d’admettre du moins pour Mickael qu’elle est bel et bien réelle.
Raphaël après traduction.
- Oh !! Mais pour toi aussi sois en certain !!
- (Alan) Serait-il également sur cette planète ??
- Qu’entends-tu par également ? Tu penses donc que je suis celui que vous appelez « l’Unique » et qui vous a fait faire ce long voyage ?
- (Alan) C’est ce que pense le commandeur après avoir été mis en contact avec toi, il nous avait aussi prévenus que tu n’en aurais sans doute pas encore retrouvé le souvenir !!
- (Mickael) Quelles autres preuves te faut-il ?? Comment pourrions-nous te convaincre que tu es sans doute celui que nous recherchons ??
- (Alan) Mais surtout comment expliques-tu ce que tu es ??
- Comment ça, ce que je suis ??
- (Alan) Tu parles notre langue sans accent !!
- Comme je parle toutes les langues de la terre.
- (Mickael) La terre ?? Mais !!.... Cette planète n’existe plus !! Ce n’est plus qu’un nom dans nos livres d’histoire, elle a été détruite entièrement voilà presque un millénaire après que ses habitants aient accédé à l’ascension !! Beaucoup disent encore qu’ils se sont sacrifiés pour le bien de tous, c’est lié sans qu’il n’y en ait eu de réelle certitude à la disparition soudaine de l’Unique quelques décennies à peine après l'exil de l’empereur.
- Ce n’est peut-être que le simple fait du hasard, après tout il y a bien des millions de personnes qui portent le même nom !!Alors pourquoi pas deux planètes ??
- (Éric) Pourquoi te mets-tu encore une fois la tête dans le sable à ne rien vouloir accepter ?? Le hasard a bon dos avec toi et je trouve qu’il y a un effet de cumul qui justement n’est plus de son fait, tu ne trouves pas ?? Comment expliquer alors tout ce que nous avons vécu avec toi depuis toutes ces années ?? Toutes ces choses que seul toi réalises, toutes ces aventures qui te sont arrivées dernièrement et surtout tous ces souvenirs d’autres vies qui te reviennent en mémoire depuis quelque temps ??
- Ok les gars !! Pas la peine d’en remettre une couche, je connais aussi bien que vous toute l’histoire de ma vie mais de là à me prendre pour un dieu !! Je pense qu’on pousse le bouchon un peu loin, pas vous ??
- (Alan) Mais !! Qui a parlé d’un dieu ?? L’Unique n’en est certes pas un, je suis d’accord avec toi au moins sur ce point !!
- Voilà qui me rassure !! Mais si comme tu le prétends votre « Unique » n’en est pas un, alors qu’est-il au juste ?? À vous entendre en parler, je ne vois pas vraiment la différence !!
- (Mickael) Toutes les cultures de notre galaxie ont eu cette croyance d’un, voire même de plusieurs dieux à un moment de leur évolution et ils ont tous fini par se rendre compte que ce n’était que le fait de l’ignorance du comment et du pourquoi du commencement de la vie sur leur planète ainsi que de l’existence de tout ce qui existe autour d’eux en voulant à tout prix y trouver une réponse, l’Unique n’était alors connu que de ceux qui ont eus droit à son passage quand il venait y séjourner le temps d’une existence parmi eux.
- (Alan) Ce n’est que beaucoup plus tard quand il a fallu convenir qu’ils n’étaient pas les seuls dans l’univers et que la peur de l’inconnu mais aussi l’envie de conquêtes pour certains menaçait de détruire tout ce qu’il avait déjà créé, que l’Unique se montra à tous en créant ce qui deviendra avec le temps l’empire galactique tel que nous le connaissons tous.
- (Mickael) Les différentes races durent convenir que leurs dieux n’étaient qu’une vue de leur esprit, ils s’en remirent de plus en plus à diriger leurs prières vers celui qu’ils nommèrent alors l’Unique faute de lui donner un nom.
- (Raphaël) Mais alors qui est-il
il me regarde.
- Qui es-tu ??
- Voilà une question qu’elle est bonne ! Hi ! Hi ! Tu penses bien mon grand que je suis tout ouïe à en entendre la réponse !!
- (Alan) Hélas nous n’en avons pas !! Il y a plusieurs courants de pensées qui extrapolent une vérité que seul l’Unique pourrait valider mais qu’il n’a jamais faite, du moins pas à notre connaissance !!
- (Éric) Donne-nous la plus courante, il doit bien y en avoir une qui se démarque des autres !!
- (Mickael) Beaucoup d’écrits décrivent l’Unique comme le seul survivant de l’ultime évolution ou de l’ultime ascension de ce que nos historiens appellent le « primo-univers » ou univers premier.
- Brrr !! Il devait se sentir bien seul sans rien autour de lui !!
Mickael voit bien mon visage ironique quand il se dirige vers la fenêtre en levant les bras vers le ciel, se retournant ensuite vers nous.
- C’est pour cette raison que nous existons !! C’est du moins cette version-là plus retenue, mais encore une fois nous extrapolons car il est bien évident que seul l’Unique connaît la vérité sur son existence !!
- Mouaih !! Ça nous donne de quoi réfléchir, en attendant est ce que ça dit à quelqu’un de faire une misère au frigo ?? J’avoue que je n’aimerais pas être encore une fois « l’Unique » ici à crever la dalle ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 190 (Vatican) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Une idée qui ne sera pas sans conséquences)
« Bureau du Camerlingue Di Calo, le lendemain soir. »
Flavio repense à ce jour où il lui a fallu amener « son » Paolo devant le très Saint-Père, pour que celui-ci puisse l’interroger sur son ami Florian et tenter par ce biais d’en apprendre davantage sur ce qui a pu conduire cet enfant du sud de la France vers ce destin qui a fait de lui une icône mondiale.
Les souvenirs de Paolo dévoilèrent un enfant d’une intelligence hors norme qui fédérait déjà autour de lui à cette époque l’envie d’en faire un ami, ces éternelles frasques faisant le bonheur de son entourage peu prolixe à l’imiter mais ô combien demandeur.
Par contre rien dans la mémoire pourtant vive de son chéri, ne lui aurait permis d’envisager un seul instant qu’il serait devenu depuis ces dernières années celui auquel tout le monde se réfère comme de l’exemple même de l’humanité avec un grand « H ».
C’est donc très gentiment que le très Saint-Père lui a donné congé, ne voulant sans doute pas mettre Paolo au fait des dernières découvertes et c’est grâce à lui Flavio s’il a pu lui en parler dans le secret de la couette, retenant une idée lancée ingénument par son chéri mais très certainement pas sans un certain bon sens.
L’idée ayant fait son chemin dans son esprit, il s’en est référé tout d’abord à quelques cardinaux de ses amis avant de prendre la décision sur leur conseil, d’en faire la proposition à celui en qui la décision de la mettre en œuvre revient de droit.
***/***
« Conversation ce jour-là avec le très Saint-Père. »
- C’est une excellente idée que vous avez eue là, j’avoue qu’elle ne me serait jamais venue à l’esprit !!
- Je dois admettre qu’elle n’est pas de moi mais de Paolo.
- Ce garçon ne manque pas d’atouts et je ne parle pas que de son physique !! Je vous charge des contacts nécessaires à la mise en place de cette messe qui non seulement devra se dérouler à la même heure partout dans le monde mais aussi avec la participation active de toutes les religions quelles qu’elles soient. Inutile de vous préciser qu’il sera impératif que le jeune Florian n’en soit pas informé tout en étant sous la surveillance de nos institutions participatives à l’événement et ceci afin de pouvoir témoigner ipso facto de sa réaction. Il va de soi que ce …garçon, ne doit courir aucun danger pour sa santé tant physique que mentale et que vous devrez envisager un dispositif pour tout interrompre le cas contraire !!
- Cela me semble la moindre des choses et je vais me mettre à la tâche au plus vite en vous tenant informé de l’avancement de cette mission, peut-être aurais-je besoin de votre intervention pour convaincre si le besoin s’en faisait sentir.
- J’apporterais toute l’aide nécessaire dans la mesure de mes moyens !! Si ce …garçon est bien ce que nous pensons qu’il est, nous devrons nous attendre à des bouleversements fondamentaux dans notre foi en Dieu le père telle qu’elle nous était enseignée jusque-là.
- J’en suis conscient votre sainteté, mais la vérité n’est-elle pas notre préoccupation première ??
- Si fait Cardinal, si fait !! C’est cette vérité qui nous sortira à jamais de l’obscurantisme et je prie pour qu’elle apporte la paix dans le monde une fois révélée, sur ce Monseigneur Di Calo, je vous libère et vous rends à vos occupations.
***/***
Flavio pousse un profond soupir en revenant à la réalité de son bureau austère, faisant cette fois le point d’avancement sur cette mission qui lui a déjà valu quelques nuits blanches.
Finalement il est parvenu à ses fins, arrivant à convaincre ceux qui par nature pouvaient laisser à penser faire partie de ceux les moins enclins à un rapprochement quoique ponctuel avec une autre doctrine que la leur.
Il ne reste plus que la date à fixer et pour ça il lui reste quelques petits obstacles à régler dont le non moindre de tous est le problème de l’heure qui du fait des fuseaux horaires amène les complications d’obtenir une parfaite coordination.
Un autre qui a aussi une certaine importance vient de là où il s’y attendait le moins, ayant fait prévenir le gouvernement Français de ses intentions à des fins purement diplomatiques.
La réponse qu’il a toujours sous les yeux, lui demandant de surseoir à la date dans l’attente de la résolution d’un événement important auquel ils ne lui font pas référence et qui bien sûr lui amène une curiosité bien naturelle de savoir ce qui peut bien amener une telle demande faite dans des termes restant certes courtois, mais qui ne lui laisse guère le choix que d’en tenir compte et ce bien qu’il ne voie pas ce que l’heure d’une prière pourrait apporter au destin d’un événement quel qu’il soit.
La réponse lui vient au moment où il s’y attend le moins, quand deux coups brefs se font entendre à sa porte.
« Toc ! Toc ! »
- Oui ??
- Puis-je entrer Éminence ??
Flavio sourit en reconnaissant cette voix avec encore quelques accents juvéniles.
- Entrez !!
Comme de bien entendu c’est son chéri qui entre dans le bureau en refermant avec soin la porte, une fois à l’intérieur.
- Tu es encore au travail ??
- J’avais terminé pour ce soir, je te rejoins dans cinq minutes mon chéri.
Le regard brûlant de Paolo porté sur lui le trouble, celui-ci se trémoussant en plus comme un gamin qui connaît un secret et qui meurt d’envie de le rapporter.
- Tu avais peut-être une autre raison pour venir me rejoindre ??
- J’ai eu des nouvelles de mes amis d’Aix !! Tu ne devineras jamais ce que je viens d’apprendre ??
- Comment le pourrais-je, je n’ai pas les dons de ton ami !!
- Justement en parlant de Florian !! Ça le concerne au premier chef, figure-toi qu’il vient d’entrer en contact avec un vaisseau extraterrestre !!
CHAPITRE 191 (Aix en Provence) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Deux estomacs bien fragiles).
« Chez les De Bierne. »
Un gargouillement d’estomac démontre que mon idée fait son chemin chez mes amis, aussi c’est donc avec le sourire que j’emmène tout ce petit monde jusqu’à la cuisine et tandis qu’Éric aidé par Raphaël met la table, je fais l’excursion promise au frigo pour en sortir de quoi apaiser l’appétit de tous.
Comme l’heure déjà tardive ne nous laisse plus vraiment le temps de cuisiner quelque chose de chaud, c’est donc avec essentiellement de la charcuterie, de la salade et du fromage que je prévois de nourrir mes invités, me retenant de mitonner un truc sympa en me promettant de le faire pour le lendemain midi.
Ce n’est qu’une fois avoir tout disposé sur la table, que je remarque enfin la moue dubitative de nos deux invités.
- Un problème avec la charcuterie les gars ?? Ou alors c’est peut-être le fromage ??
- (Alan) Vous n’allez quand même pas manger ces ….choses que tu viens de mettre sur la table ??
- Bien sûr que si !!
- (Mickael) Quel drôle d’aspect !!
- (Éric) Avec quoi vous nourrissez-vous donc sur votre planète ??
- (Alan) Pas avec ces trucs-là en tout cas, vous ne sentez pas cette odeur ?? C’est épouvantable !! Beurk !!
Raphaël prend un des fromages qu’il amène devant son visage pour en sentir l’arôme, un léger mouvement de recul en plissant le nez s’ensuit mais très vite remplacer par un sourire amusé.
- Humm !! Je dois reconnaître que le maroilles a du vécu ! Hi ! Hi ! Vous allez m’en dire des nouvelles !!
En disant ça, il approche le fromage vers leurs narines et la réaction des deux invités qui deviennent subitement blêmes en sentant se retourner leur estomac, le laisse un instant perplexe avant de se résoudre à reposer sur la table l’objet de cette manifestation de dégoût.
- Ça s’appelle le choc des cultures !! Hi ! Hi ! Mon petit doigt me dit que je n’apprécierai pas forcément d’être invité à votre table.
***/***
Le repas malgré tout se passe sans trop de problèmes, mais nous devons expliquer la nature de chaque mets avant qu’ils n’acceptent de leur jeter un sort.
Ce n’est qu’une fois la table débarrassée, qu’ils finissent par reconnaître du bout des lèvres qu’aussi étrange cette nourriture puisse paraître pour eux, elle n’en est pas moins délicieuse et qu’une fois passée la barrière des habitudes alimentaires ainsi que celle de la présentation, elle leur a ravi les papilles comme ils n’en ont jamais eu le souvenir avant ça alors qu’il n’y avait rien de bien extraordinaire sur la table.
Ce n’est qu’une fois de retour dans le salon après que chacun se soit installé confortablement, que la discussion reprend avec pour sujet principal de savoir s’ils doivent ou pas avertir qui de droit de la présence sur terre de ces deux voyageurs de l’espace, pour qui ils doivent bien reconnaître s’être pris en amitié pour eux.
Un certain temps passe pourtant sans qu’une décision tranchée ne soit prise, chacun pesant le pour et le contre sur le fait de révéler ou pas leur présence.
J’écoute l’argumentaire d’Éric venant après celui de Raphaël sans vraiment y participer, ayant à l’esprit une question bien plus importante que celle qui les préoccupe et ma décision quand elle est prise n’a absolument rien à voir avec l’argumentaire de mes amis, mais plutôt sur un des rares aspects de cette histoire qu’ils n’ont pas pensé à aborder.
- Nous devons à minima prévenir Maurice !! Déjà une parce que s’il l’apprend d’une autre bouche que la nôtre, il croira avec raison que nous manquons de confiance en lui ce qui n’est absolument pas le cas, convenons-en !! Ensuite parce qu’il y a cette épée de Damoclès qui menace de s’abattre sur nous si du moins tout ce que nous avons appris jusque-là est bien réel !!
- (Éric) Avec Alan et Mickael assis à côté de nous, ça me semble des plus réels tu ne crois pas ??
- (Raphaël) De quelle menace fais-tu allusion ??
- Celle de la destruction de notre système solaire par les troupes de l’impérium s’ils retrouvent la trace du vaisseau qui les a conduits tous les deux ici !!
- (Éric) Et ça changerait vraiment quelque chose tu crois, si nous révélions la présence d’Alan et de « Mick » ?? De toute façon que pourrions-nous faire contre de tels vaisseaux qui doivent être bardés d’armes dont nous ne pourrions sans doute pas imaginer la puissance tellement elle doit être titanesque ??
- (Alan) Vos technologies si elles devaient en faire mourir un seul d’entre eux, l’auraient fait de rire !! Le plus petit de ces vaisseaux de combats pourrait vous annihiler entièrement en utilisant seulement son armement secondaire.
- (Mickael) Heureusement que le « Kinouuu » est rentré de mission pour nous rejoindre dans ce quadrant galactique, le commandeur est à son bord et mettra toutes ses forces dans la bataille pour nous protéger de cette flotte d’invasion si jamais elle devait arriver jusqu’ici.
- (Raphaël) Le « Kinouuu » ?? Manquait plus que ça !!
CHAPITRE 192 (Planète Volnaria siège provisoire de la rébellion) (Confirmation d’un problème majeur et solution radicale).
« Bureau du prince « Mathisss. »
Les déplacements du « Kinouuu » comme ceux du « Kinnn » étant et de loin en vélocité largement supérieurs à ceux de n’importe quel autre vaisseau sortant des usines de l’impérium quelle qu’en soit la technologie, il ne lui a donc pas été difficile de venir déposer son binôme sur Volnaria avant de reprendre la route pour récupérer le commandeur « Damiennn » pour l’aider à poursuivre sa mission.
La mignonne quoique étrange créature assise en face du prince lui amène un sourire qu’il ne peut retenir et ce malgré l’importance des enjeux qui depuis quelques semaines standards lui font avoir des sueurs froides.
Le commandeur « Mistieee » grignote avec un ravissement évident l’énorme morceau de fromage trônant sur la table juste au niveau de son museau effilé, fixant en même temps de ses petits yeux chafouins le jeune prince qu’elle retrouve avec un plaisir à peine dissimulé après tout ce temps passé loin de toute civilisation.
Le prince fait un point mental de toutes les informations qui viennent de lui être rapportées, avant de reprendre la conversation interrompue par l’arrivée du petit en-cas réclamé avidement par sa visiteuse.
- Il aurait donc recréé notre monde à l’époque où nous y vivions tous ?? Pourquoi n’en suis-je pas réellement étonné ??
- Nous avons au moins la certitude d’avoir retrouvé sa trace et avec un peu de chance voire, pourquoi pas, celles de « Thom » et d’Anto » !! Qu’est-ce donc qui leur est passé par la tête pour en arriver là ?? Tout allait pour le mieux à mon départ de mission, pourquoi d’un seul coup cette jalousie maladive ?? Je ne comprends pas ce qui a bien pu les amener à des extrémités pareilles ??
- Plus d’un millénaire standard est passé et je n’en ai toujours pas la moindre idée, tout ce que nous y avons gagné c’est cet arrêt brutal de notre expansion ainsi qu’un fou encore plus furieux à la tête de l’empire !!
- Le « Kinouuu » a détecté des mouvements de troupes importantes dans les confins en me transportant jusqu’ici : il semblerait que l’usurpateur soit sur le point de préparer un mauvais coup !!
- Ce n’est pas un scoop !! Déjà deux de nos principaux alliés ont été annihilés sans que nous puissions intervenir, nos forces devant restées concentrées à la défense de nos bases principales !! Les confins sont bien trop vastes et nous y éparpiller n’est pas la bonne solution, cette décision n’a pas été facile à prendre comme tu dois bien t’en douter !!
- Je vais me rendre à bord du « Kinnn » retrouver l’emplumé et les deux matous pour leur secouer le râble, j’aimerais quand même qu’ils m’expliquent pourquoi ils ne réagissent pas à ces attaques !! Le « Kinnn » a la puissance nécessaire à lui seul pour les stopper.
- Ils suivent mes instructions, une guerre ouverte contre les forces fidèles à l’usurpateur n’amènerait que mort de milliards d’innocents et surtout la destruction de richesses qui maintenant nous sont comptés depuis que l’univers que nous connaissons a cessé son expansion, l’empire ne s’en relèverait pas !!
- Il vaut donc mieux perdre tous nos alliés un par un ??
- Je n’ai pas dit ça !! Juste que nous devons rester extrêmement prudents avant de nous engager dans nos futures actions !!
- « Flo » pourrait encore rester tel qu’il est pendant un moment et que ferons-nous s’ils le découvrent avant qu’il ait terminé de se reconstruire, le temps sera peut-être le facteur qui nous fera tout perdre si nous ne trouvons pas comment accélérer rapidement son retour parmi nous.
Le prince hoche la tête en arpentant de long en large son bureau, son amie l’observe en gardant le silence jusqu’au moment où il vient se rasseoir en face d’elle avec une nouvelle détermination dans les yeux.
- Il y a peut-être un moyen !!
- Sûrement, oui !! À quoi penses-tu ??
« Mathisss » ouvre son holo-computeur d’un geste de la main, montrant des scènes de prières se déroulant dans des mondes si différents que seule la volonté de l’Unique a pu un jour les réunir dans un même idéal.
- Les peuples ont très peur !! Ils sentent venir le vent de destruction et de misère qui va suivre, leurs enfants sont enrôlés de force dans les armées de l’empire et il ne manquerait pas grand-chose pour que leurs prières atteignent le seuil qui d’office fera revenir l’Unique, c’était un ultime garde-fou qu’il avait mis en place avant d’accepter de disparaître pour expier ce qu’il était devenu.
- Connaissent-ils les raisons de sa disparition soudaine ??
- Bien sûr que non !! Ils pensent que ce n’est que sa folie qui l’a poussé à les ignorer depuis tout ce temps !!
- Comment réagiraient-ils, s’ils connaissaient les vraies raisons ?? Comment réagirais-tu si tu étais à leur place ?? Préfèrerais-tu prier pour faire revenir un fou à la place d’un autre encore plus fou, ou d’apprendre que son absence n’est due que de sa propre volonté et cela pour l’unique raison de ne plus vouloir nuire ni faire du mal à qui que ce soit ?? Pour lequel de ces deux cas de figures ta ferveur serait la plus forte ?? Pour quelle raison te priverais-tu alors de prier pour lui, pour qu’il revienne guéri et pour venir les sauver en remettant l’ordre ancien dans tout ce chaos ??
- Pour quelle raison accepteraient-ils de nous croire après presque mille ans de mensonges ??
- Personne n’a besoin de savoir que vous étiez au courant depuis le début !! Vous auriez très bien pu ne l’apprendre que dernièrement en retrouvant sa trace !! Il y a des vérités qui parfois demandent à ne pas être divulguées dans leur totalité, le principal étant que tous ignorent ce qui en fin de compte ne change pas grand-chose au fond du problème si la solution qui s’ensuit convient à tout le monde.
- Reste à savoir si ce sera suffisant !!
- Sincèrement je le pense, surtout si suite à cette vérité, une prière commune est organisée pour réclamer son retour !!
« Mathisss » regarde son amie comme s’il ne l’avait jamais vue, comprenant que son éloignement mais surtout sa découverte récente des événements lui ont permis de garder un esprit pointu et objectif, que lui et ses amis, avaient perdu depuis bien longtemps.
- Merci de ton aide précieuse, tu es décidément toujours là au bon moment pour nous remettre les pieds sur terre !!
- Que vas-tu faire alors ??
- Organisé la première et la plus grande prière galactique qui soit !! Si avec ça il ne retrouve pas son intégrité, je veux bien faire vœu de chasteté !! Hi ! Hi ! Remarque que depuis quelques temps avec le départ de « Dami » et de…enfin bref !! C’est déjà un peu le cas !!
CHAPITRE 193 (Planète Imperia siège du pouvoir impérial) (Fureur et conséquences)
« Réunion de la noblesse fidèle à l’empereur en titre. »
La capitale impériale est magnifique avec toutes ces bannières flottant au vent représentant la noblesse des systèmes stellaires rattachés à l’impérium, un œil averti pourra toutefois remarquer que leur nombre est sensiblement moins important que quelques siècles en arrière quand tous les duchés et toutes les baronnies s’enorgueillissaient de faire partie de l’empire dirigé alors avec sagesse et équité par l’empereur « Thomasss » premier, que tous vénéraient pour ses qualités intrinsèques à diriger avec une main de velours sous un gant de fer ses milliards de milliards de sujets.
Les mondes des confins furent les premiers à dénoncer les exactions de celui qui très vite prit le surnom d’usurpateur, rejetant par la force la légitimité du prince « Mathisss » en prenant le pouvoir et ils furent également les premiers à entrer ouvertement dans le mouvement de rébellion sous le commandement du jeune prince évincé, qui au fil du dernier millénaire gagna à sa cause une partie de moins en moins négligeable des systèmes stellaires de l’univers connu.
Depuis lors une espèce de statu quo régna, pas du fait de l’usurpateur qui aurait volontiers détruit purement et simplement ces mondes se détachant un à un de l’empire pour tuer dans l’œuf l’idée à d’autres d’en faire de même, seulement un contre-pouvoir inattendu à sa volonté l’en empêcha.
Ce contre-pouvoir étant dans un premier temps purement économique du fait que les richesses nécessaires à la survie de l’impérium, se trouvent justement sur les systèmes les plus jeunes et les plus éloignés du noyau galactique qui constituent ce qui est couramment appelé les confins, l’obligeant donc pour sa propre survie à préserver ses approvisionnements en matières premières essentielles.
Bien sûr il a bien été tenté d’envahir ces mondes rebelles avec ses armées pour en reprendre le pouvoir, seulement dès sa première tentative un élément perturbateur à la puissance démesurée s’est placé sur le chemin de ses vaisseaux et l’avertissement qu’il donna fut si violent que ses armées rapidement en déroute prirent la fuite en empêchant ainsi l’invasion de Kallania et sans doute la destruction d’une grande partie de sa population déjà sur le déclin.
Depuis lors le « Kinnn » puisque c’est de lui qu’il s’agit, est resté en état de stase à l’intérieur du système après avoir lancé en avertissement à l’usurpateur, qu’il serait toujours sur sa route en cas de non-respect de l’ancienne charte de non-agressivité d’un état souverain sauf si bien sûr la transgression venait de son fait, ce à quoi se gardèrent bien les systèmes rejoignant le « jeune » prince.
Le vaisseau de l’Unique ainsi que son équipage devinrent ainsi le second et sans doute le plus puissant contre-pouvoir qui muselle toujours mais pour encore combien de temps, l’usurpateur dans ses envies de vengeance, de destructions et d’hégémonies.
Les bannières de ces mondes dits rebelles furent tout d’abord mises en berne avant de disparaître définitivement, en ne laissant plus que celles encore fidèles flotter au vent quand leurs dirigeants sont comme pour le cas présent venus répondre à la convocation impériale.
Les techniciens de l’astroport peuvent enfin souffler maintenant que les dernières navettes sont reparties vers les innombrables vaisseaux en orbite, après avoir déposé les émissaires de leurs mondes respectifs, vêtus de leurs plus beaux habits d’apparat pour l’occasion somme toute suffisamment rare de pouvoir poser les pieds dans la capitale de l’empire.
Nous les retrouvons donc tous dans l’immense salle de réception du palais, à jacasser en cherchant principalement les derniers potins de la cour ainsi qu’à connaître la raison de cette convocation pour le moins inhabituelle venant de celui qu’ils nomment tous à voix haute l’empereur, mais que tous mentalement traitent également allez savoir pourquoi d’usurpateur.
Bien sûr étant tous mortels, ils n’ont ni connu l’Unique qui pour eux devient de plus en plus un sujet de légende, ni comme de bien entendu l’empereur « Thomasss » premier qui comme son nom l’indique fut celui qui vit naître l’empire et qui restera pour toujours dans les esprits des différentes races et ce malgré le temps, celui qui fut aimé de tous mais aussi et surtout, celui dont la disparition brutale fut le début de la fin de l’âge d’or de l’impérium.
La holo-photo grandeur nature le représentant dans sa magnificence est toujours visible sur le mur de la salle du trône, ravissant les yeux de ceux qui peuvent y être admis par sa beauté irréelle et que l’usurpateur a conservée pour pouvoir satisfaire son ego d’avoir réussi ses desseins en lui succédant par la force.
Les conséquences de cette décision ne lui sont jamais vraiment venues à l’esprit, pourtant elle allait exactement dans le sens rechercher par les élus qui ont vu ainsi l’image de leur ami rester dans la conscience des peuples et qui le jour de son retour inévitable n’aura aucune peine à retrouver son trône, sa légitimité trônant déjà en bonne place à chaque intervention holo-visuel de l’usurpateur.
***/***
Un silence soudain se propageant sur toute l’immense salle, annonce l’arrivée de celui qui règne par la terreur et pour qui la vie ne compte que tant qu’elle le sert dans ses ambitions, son regard dédaigneux et infatué de lui-même parcourant tous ces visages, le démontre encore cette fois-ci plus que n’importe quelle parole.
Il prend place sur l’estrade réservée à cette fin pour tenir son discours et ainsi révéler enfin le but de cette réunion.
- Vassaux fidèles à l’empire !! Le temps est venu d’exorciser vos peuples de cette sinistre imposture qu’est de croire en l’existence de cet « Unique » qui devient de nos jours bien trop omniprésent dans leurs pensées, j’ordonne que tout lieu de culte soit détruit sur l’heure dès votre retour et que tout individu surpris en prière soit sanctionné par la mort immédiate et sans jugement, ainsi que par celle de toute sa famille !!
CHAPITRE 194 (Paris) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Et maintenant que fait-on ?) (1/2)
« Élysée, vendredi matin. »
Maurice relit une dernière fois ses notes avant qu’il ne soit reçu à sa demande par le président, ne voulant pas dévoiler au téléphone l’objet de sa requête.
Requête qui, si elle tombait entre les mains des médias, aurait un impact tel que malgré l’urgence de la situation et des décisions à prendre, elle en serait très certainement compromise du fait d’explications interminables à donner.
Il patiente donc dans le petit salon annexe au bureau du président, que celui-ci soit prêt à le recevoir et de fait, il n’attend pas bien longtemps avant que la porte ne s’ouvre et qu’on le convie à entrer.
- Monsieur le président est prêt à vous recevoir, il vous attend !!
- Très bien, je vous remercie !!
Ce n’est qu’une fois la porte refermée derrière lui, que l’homme imposant se lève de son siège pour venir l’accueillir avec un sourire laissant toutefois percer l’extrême curiosité de sa visite.
- Mon cher Désmaré !! Qu’est donc cette information importante qui ne pouvait être révélée au téléphone ?? J’avoue que vous avez piqué ma curiosité !! Mais, prenez quand même le temps de vous asseoir !!
Maurice prend donc place sur le siège qu’il choisit toujours, situé bien en face de celui où prend habituellement place son hôte.
- J’ai eu un appel de Florian !!
- D’après les derniers rapports en ma possession, il doit être toujours dans sa maison familiale n’est-il pas ??
- C’est exact monsieur, seulement depuis hier soir il n’y est plus seul !!
- Je n’en suis guère étonné, connaissant le nombre impressionnant d’amis que ce garçon peut avoir !! Mais je m’égare !! Quel était donc le but de son appel, pour qu’il motive un tel empressement à me rencontrer ??
- Justement c’est l’appel de Florian qui me prévenait de la présence chez lui de deux visiteurs inattendus !!
- Curieux ne trouvez-vous pas ?? Court il le moindre danger ?? Dans ce cas il aurait plutôt dû faire appel à l’équipe en place chargée de sa sécurité !!
- Il n’est point question de danger monsieur, mais plutôt de distance !!
- Expliquez-vous !! Ne pensez-vous pas qu’il serait plus simple d’aller directement au fait plutôt que de tourner autour comme c’est apparemment le cas depuis votre arrivée ?? Je vous ai connu beaucoup plus direct dans vos propos !!
- C’est que monsieur le président…c’est assez… incroyable !! D’après Florian ils auraient traversé une bonne partie de la galaxie pour le retrouver !!
Le président contre toute attente éclate d’un rire puissant qui laisse Maurice pantois d’étonnement.
- Hi ! Hi ! Hi ! Allons Maurice !! Allons !! Ce gamin s’amuse encore une fois à vos dépens, vous devriez le connaître depuis le temps !!
- Je vous assure monsieur qu’il était très sérieux, j’ai déjà reçu depuis quelques preuves irréfutables !! Tenez… voici les documents en question !!
Maurice sort une enveloppe de son attaché-case, prenant ce qu’elle contient pour le tendre au président qui s’en empare avec une moue où l’étonnement succède rapidement à l’amusement.
Les premiers documents montrent deux garçons tout à fait ordinaires ne serait-ce la ressemblance troublante de l’un d’eux avec Florian.
Maurice en profite pour le renseigner sur le second.
- L’autre ressemble vraiment beaucoup à Antonin Mush, vous vous rappelez du jeune SDF Est-Allemand auquel nous avons fourni une identité et qui depuis a la fonction de secrétaire particulier auprès de Florian ??
- Ah !! Oui en effet !! J’avoue que c’est assez troublant cette ressemblance, quoique rien n’indique qu’ils ne sont pas eux aussi de notre monde !!
- Prenez donc connaissance du document suivant ??
Le président fixe alors le document en question avant de relever les yeux vers Maurice.
- Qu’est donc cet engin ??
- C’est le vaisseau spatial qui était aux abords de notre système solaire, ce sont les dernières photos prises par l’observatoire de Toronto avec les nouveaux moyens techniques réalisés par Florian lors de sa visite sur le site !! Elle a été prise il y a quelques jours par le plus grand des hasards car personne ne l’attendait plus avant plusieurs semaines !! Ce cliché a été pris juste avant qu’il ne disparaisse mystérieusement, comme s’il s’était soudainement effacé à notre vue !!
- Et donc ces deux garçons viendraient de ce vaisseau ??
- C’est du moins ce qu’affirme Florian le plus sérieusement du monde et j’hésite entre le fait qu’il y ait là matière à se réjouir ou bien encore à s’en inquiéter !!
- Pensez-vous qu’il y ait une menace quelconque à cette…visite ??
- Florian n’a pas voulu m’en dire plus au téléphone, mais rien que leur existence à proprement parler nous amène à une extrême prudence !! Nous savions déjà depuis la découverte des entités, que nous n’étions plus seuls dans l’univers mais leur apparence n’amenait pas à penser à un danger potentiel imminent en soi, alors que la présence de ces deux garçons change complètement la donne rien que par le fait qu’ils ont la parfaite connaissance du déplacement dans l’espace !!
- Je comprends bien votre point de vue, mais que pouvons-nous y faire ?? Nous n’avons pas la technologie suffisante pour nous protéger contre une civilisation aussi avancée qu’elle semble l’être, nous devrons juste prier pour qu’ils aient des intentions purement pacifiques !! Au moins, nous sommes au courant de leur venue et nous pourrons nous préparer à les accueillir sans qu’un fou suicidaire ne décide par effet de panique à leur envoyer en pleine figure tout l’arsenal nucléaire en sa possession !!
- C’est un fait monsieur !! Mais pour ce qui est des deux garçons déjà parmi nous, que fait-on ??
CHAPITRE 195 (Paris) (Quelques jours avant les fêtes de Noël) (Et maintenant que fait-on ?) (2/2)
« Bureau du président, suite de la conversation. »
Le président hésite visiblement à lui donner une réponse, ce que comprend parfaitement Maurice qui a éprouvé lui-même un long moment de solitude quand Florian lui a appris la nouvelle.
Imaginer que la vie existe en dehors de la Terre n’est rien en contrepartie d’être mis devant le fait accompli, remettant d’un coup en cause toutes ses certitudes mais faisant également ressortir en lui toutes ses peurs sans doute dues à ses lectures où il n’était alors question que d’invasions et de destructions massives, voire de totale annihilation de l’espèce.
C’est donc pour cette raison que Maurice trouve la patience d’attendre une réponse qui sera très certainement mûrement réfléchie et prendra en considération des paramètres qui seront bien entendu politiques mais aussi à n’en pas douter sécuritaires.
- Florian n’a rien précisé d’autre à leur sujet ? Comme par exemple une explication sur le fait qu’ils le recherchent lui en personne ??
- Vous connaissez Florian !! Avec lui tout le monde est gentil et tout le monde est son ami, son appel était surtout je pense dans le seul but que je ne l’apprenne pas par une autre source et que je le prenne comme un manque de confiance venant de sa part, pour le reste il devait être encore une fois dans sa bulle sans réaliser vraiment l’impact qui en résulterait nécessairement !!
- Oui mais ça ne répond pas à ma question, pourquoi lui ??
- Cette question se pose-t-elle vraiment ?? En admettant qu’une civilisation venant d’aussi loin fasse le voyage pour retrouver quelqu’un en particulier, je dis bien en admettant !! De qui d’autre pourrait-il s’agir ?? Ce garçon depuis que nous le connaissons n’a fait que de nous émerveiller par son énorme potentiel intellectuel, ainsi que ses particularités physiques autant étranges qu’indéniables qui lui permettent de réaliser l’impensable pour n’importe qui ayant un esprit rationnel et qui étudierait la question, alors oui !! Qui d’autre que lui pourrait intéresser suffisamment une espèce issue d’une civilisation qui doit avoir à n’en pas douter quelques millénaires au moins d’avance sur la nôtre ??
- Lui-même ne pensait-il pas déjà être issu d’une de ces civilisations ??
- Il en a en effet évoqué quelques fois l’idée, la préférant de beaucoup à celle qui ferait de lui une sorte de dieu amnésique ou en reconstruction suivant les différentes versions !! Pourtant les événements récents tenteraient à aller plutôt dans ce sens, sinon comment expliquer rationnellement l’effet sur lui qu’on eut par deux fois déjà les prières et d’ailleurs c’est bien là aussi l’avis du professeur Espinach qui sans aller aussi loin jusqu’à le déifier, émet quand même l’idée qu’il pourrait être beaucoup plus qu’une simple évolution forcée de l’espèce humaine.
- Forcée !! Vous pensez donc qu’il faisait mention des soins apportés par les entités quand Florian n’était encore qu’un nourrisson ??
- C’est certain monsieur, ça plus le fait d’avoir eu justement un ou une de ces entités dans sa tête jusqu’à sa majorité et son esprit cartésien n’avait trouvé que cette explication suffisamment logique pour le définir, jusqu’à bien sûr que tout soit remis brusquement en question suite aux derniers événements.
- Et donc maintenant ?? Quelle hypothèse retient-il ??
- D’après ce que j’en ai moi-même compris, il émet depuis une nouvelle supposition qui toujours sans éléments réellement tangibles pour la vérifier, n’en apporte pas moins une idée nouvelle qui rentrerait dans le puzzle qu’est la vérité sur notre petit rouquin !!
- Et quelle est-elle ??
- Elle se base principalement sur l’appellation bien spécifique qu’ont les entités en parlant de Florian, ils ou elles n’emploient qu’un seul terme celui de l’Unique et Philippe, je veux parler du docteur Espinach !! Philippe donc, pense que ce terme peut aussi bien dire le seul que le dernier et c’est donc en partant de ce principe qu’il en a déduit une théorie qui semblerait coller à tout ce que nous connaissons de Florian. Selon lui dans l’absolu en faisant fi de toutes nos certitudes sur l’existence du big-bang qui du fait ne pourraient que s’avérer si ce n’est complètement erroné, du moins manquant singulièrement de largesse d’esprit. Florian ne serait rien moins qu’un…. Comment dire !! …Rescapé ?? …survivant ?? …enfin bref !! Il serait le dernier pour une raison encore inexplicable d’une espèce beaucoup plus ancienne que notre propre univers ne l’est, ce qui servirait en partie l’idée que d’autres civilisations soient à sa recherche mais également la vision qu’en a eue Antonin en restant connecté à son esprit lorsque celui-ci s’est projeté loin de son corps dans ce qui semblerait être un empire regroupant un nombre important de systèmes stellaires.
- Pfft !! J’en ai la tête qui me tourne, rien qu’à y penser !! Ou bien c’est là aussi le délire d’un psychiatre qui a passé une bonne partie de sa carrière à chercher absolument une réponse là où il n’en trouvait pas, ou alors nous sommes tous embringués dans une affaire démentielle pour nous simples petits humains qui vivons sur notre petite planète, habitués à nos problèmes qui semblent bien petits eux aussi à côté de toute cette histoire abracadabrantesque !!
Les deux hommes restent un moment à cogiter sur la conversation qu’ils ont ensemble et qui comme souvent a dérivé vers la polémique en s’éloignant du concret, Maurice revient donc sur le but du jour qui est de connaître la position du président au sujet des deux garçons venant d’un autre monde accueillis comme monsieur tout le monde par Florian.
- Pour ce qui est des faits avérés en notre possession, nous devons prendre une décision au sujet des deux visiteurs, à savoir si nous pouvons les laisser libre ou si nous devons les placer sous bonne garde afin d’en apprendre plus sur eux ?
- Je vous laisse juge de cette décision sous condition que nous contrôlions chaque fait et gestes de leur part et quant à moi, je me charge d’avertir les instances dirigeantes alliées de leur présence sur notre sol afin de mettre en place une politique commune en cas de contacts officiels, en croisant les doigts pour qu’il soit purement amical !!
CHAPITRE 196 (Aix en Provence) (Samedi matin) (Mais !! A quoi jouent-ils ces deux-là ???) (1/2)
« Chez les De Bierne au réveil. »
Raphaël est le premier à ouvrir les yeux ce matin-là, il décide avec le sourire aux lèvres de se lever discrètement pour préparer le petit-déjeuner et il jette au passage un regard épanoui sur ses deux amants, reconnaissant des plaisirs de la nuit encore bien présents dans sa mémoire.
Le fait de s’activer dans la cuisine, le débarrasse petit à petit de cette chape de langueur que son corps éreinté par les galipettes de la nuit lui faisait bien ressentir en retour de manivelle.
Comme à chaque fois avec son petit rouquin, le plaisir intense qu’il ressent l’amène dans des orgasmes fulgurants, qui loin de le calmer, lui donnent au contraire l’envie d’en avoir toujours plus jusqu’à ce que ses sens enfin repus lui permettent de s’abandonner enfin dans le sommeil dit réparateur mais qui dès le réveil, le met dans cet état de nonchalance rêveuse qui n’attend que le moindre signe pour se replonger avec fureur et volupté, dans les bras de ses amants.
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« Chambre d’amis. »
Alan ouvre les yeux à son tour ou du moins il tente de le faire, la nuit qu’il vient de passer dans les bras de Mickael est de celles qu’il devra marquer d’une pierre blanche.
Jamais il n’avait encore connu ce déchaînement de libido qui pendant des heures a vu leurs corps s’enchevêtrer l’un dans l’autre en leur faisant prendre un plaisir animal, bien loin de celui pourtant déjà puissant qu’ils connaissaient à faire l’amour ensemble depuis leur première fois qui remonte pourtant déjà loin, puisqu’ils se sont trouvés alors qu’ils n’étaient encore que deux jeunes ados à peine pubères mais déjà ô combien à la recherche de sensations fortes.
Un sourire marque son visage grêlé, ses yeux verts étincelants soudainement dans ceux d’un bleu si magnifique de son compagnon qui viennent juste de s’ouvrir à leur tour.
- Bonjour toi !!
Alan sourit à son petit rouquin, en venant se pelotonner contre son corps chaud.
- Bonjour toi !! J’ai l’impression d’avoir couru pendant des heures en pesanteur double sur la seconde lune de Volnaria ! Hi ! Hi !
- (Mickael) Je ne sais pas si c’est le côté rustique de cette salle de sommeil ou encore l’air de cette planète qui nous a rendus aussi chauds bouillants, mais crois-moi j’ai tellement pris de plaisir cette nuit que mon corps refuse tout mouvement !!
- (Alan) Humm !!! Ce ne serait pas plutôt d’avoir entendu nos nouveaux amis s’éclater comme des malades eux aussi ?? Ce son bizarre me rendait chaque fois plus fou de toi, je me demande bien de qui il provenait ?? Mais oui, bien sûr !! Pourquoi n’y ai-je pas pensé ?? « Math » nous en avait parlé rappelle-toi !! Il disait que Florian avait cette particularité de déchaîner les passions autour de lui quand il faisait l’amour avec ses amants !!
- (Mickael) Ça me revient !! Il voulait même que j’essaie de l’imiter, je me demandais bien pourquoi d’ailleurs !! Maintenant depuis que j’ai vu Florian, je comprends mieux ! Hi ! Hi !
- (Alan) Remarque il n’a pas insisté longtemps quand il a entendu ce que ça donnait et tes grognements nous coupaient au contraire toute envie plutôt qu’autre chose !!
Des bruits de voix venant d’en dehors de leur chambre, leurs font cesser la conversation pour tendre l’oreille.
- On dirait qu’ils sont réveillés, peut être devrions nous les rejoindre ??
- Si j’arrive à me lever, pas certain que mes jambes arrivent à me soutenir après cette nuit !! Essaye donc le premier pour voir ce que ça donne ??
***/***
« Dans la cuisine. »
Raphaël termine de préparer la table, quand une clé se fait entendre dans la serrure de la porte d’entrée et que Thomas fasse son apparition les mains remplies de viennoiseries, l’odeur de croissants chauds lui amenant alors un sourire gourmand.
- C’est « Flo » qui t’a prévenu qu’on dormait tous là ??
- Pourquoi ? C’est un scoop ?? Le contraire m’aurait étonné plutôt ! Hi ! Hi ! Bon, d’accord !! J’avoue que j’ai été un peu là cette nuit, pas trop longtemps parce que dans l’avion ça ne le faisait pas vraiment !!
- Tu viens juste d’arriver je parie ??
- À l’instant, juste le temps de m’arrêter à la boulangerie !! Pourquoi ??
- Parce que t’es encore tout beau habillé en pingouin, j’en connais un qui ne va pas te rater sois en certain ! Hi ! Hi ! Remarque, vu comme tu en jettes vêtu comme ça, je ne pense pas qu’il se moquera trop longtemps avant de ne plus voir que toi !!
Thomas a alors un de ses sourires que même quelqu’un comme Raphaël pourtant habitué, ne peut s’empêcher d’en avoir le frisson sur tout le corps.
- (Thomas) Pas que lui, on dirait bien !!
CHAPITRE 197 (Aix en Provence) (Samedi matin) (Mais !! A quoi jouent-ils ces deux-là ???) (2/2)
Raphaël pense que la dernière phrase s’adresse à lui, quand il s’aperçoit enfin que le regard bleu azur de Thomas passe par-dessus son épaule et qu’il se retourne curieux d’en connaître la raison, se retrouvant quasiment nez à nez avec Alan et Mickael.
Tous deux devenus subitement blancs comme des linges à fixer son ami, d’un regard marquant un tel ahurissement que lui-même commence à s’en inquiéter sérieusement.
Il va pour s’en enquérir de vive voix quand il est coupé dans ses intentions par Alan qui s’incline respectueusement, posant un genou à terre en parlant dans sa langue d’une voix fortement marquée par l’extrême émotion qui l’a pris subitement d’être mis devant celui qu’il a reconnu sans aucun doute possible.
- Votre majesté !!
Mickael à son tour marque la même position de respect, poursuivant la phrase interrompue par son équipier et amant, dont la gorge s’est trouvée subitement complètement bloquée par le stress.
- Votre majesté, veuillez pardonner mon ami !! Nous étions tous deux ignorants de votre présence sur cette planète !!
Thomas qui comme de bien entendu n’a pas compris un traître mot, fixe cette fois Raphaël en portant un doigt sur sa tempe dans un geste qui ne laisse aucun doute de son ressenti du moment.
- Mais !!.... À quoi jouent-ils donc ces deux-là ?? Vous cherchiez des sosies pour faire une farce à quelqu’un ou quoi ??
- (Raphaël) C’est un peu plus compliqué que ça !!
- Vraiment ?? Et c’est quoi cette posture et ce charabia, tu as compris ce qu’ils ont voulu dire ??
- (Raphaël) Relevez-vous les gars !! Qu’est-ce qui vous prend tout d’un coup ??
Mickael qui jusque-là fixait le sol avec attention, relève timidement les yeux en évitant de fixer Thomas et c’est en Français qu’il reprend la parole, cherchant visiblement ses mots pour exprimer sa pensée.
- Seuls les élus peuvent rester debout en présence de sa majesté, tant qu’il ne nous aura pas autorisés à nous relever !!
Le silence se fait alors dans la cuisine, chacun des deux partis cherchant à comprendre ce que peut bien signifier l’attitude de l’autre et que ce soit pour Thomas, Raphaël, tout comme pour Alan et Mickael, c’est évidemment l’incompréhension complète dans chaque camp qui prédomine.
***/***
« Chambre où se trouvent encore Éric et Florian. »
J’ai tout suivi dans l’esprit de Thomas depuis que je me suis levé d’un bond en entendant sa voix, c’est donc encore une fois avec un agacement certain que je sors de la chambre en compagnie d’Éric que j’ai briefé rapidement.
Nous arrivons devant l’entrée de la cuisine tandis qu’un silence lourd plombe la pièce, voyant bien mes deux « E.T » un genou au sol en signe de prosternation devant mon Thomas qui visiblement ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir de cette situation qui le met mal à l’aise au possible.
- Bon !! Thomas !! Demande-leur de se relever, sinon ils vont passer la journée sur un pied !!
« Mentalement »
- Fais ce que je te dis, tu auras toutes les explications de ce cirque après !!
- Tu feras bien, parce que là je nage en plein brouillard !!
« A haute voix cette fois-ci. »
- Relevez-vous !!
Thomas attend que les deux garçons à la ressemblance troublante d’avec ses deux chéris se soient enfin relevés, pour ensuite se retourner vers moi pour les explications promises.
- Et maintenant ?? Tu m’expliques ce qu’il se passe ici !! Qui sont ces deux gars tout d’abord ??
- Nos nouveaux sosies à Antonin et à moi pour quand on voudra être tranquille ! Hi ! Hi !
- Sérieusement « Flo » ??
- Bon !! Ok, tu l’auras voulu !! Alan et Mickael viennent d’une autre planète !!
- Je t’ai demandé d’être sérieux il me semble ??
- Mais je le suis, je t’assure !! Même qu’ils sont venus ici pour me retrouver ! Hi ! Hi !
- Comment ça ?? Explique-toi !!
- Ils sont venus pour retrouver l’Unique !! Et bien sûr c’est encore une fois sur ma pomme que ça retombe !!
- Va peut-être falloir envisager que ce puisse être la vérité, qu’est-ce que tu en penses ??
- Et toi donc, dans ce cas tu serais également l’empereur qu’ils recherchent ??
- Pffttt ! N’importe quoi !!
- Je ne te le fais pas dire, pour une fois je constate qu’on est raccord là-dessus !! Vous deux, approchez !!
Alan et Mickael s’avancent de quelques pas, jusqu’à ce qu’ils soient si près de nous qu’ils hésitent à poursuivre et je vois bien dans leurs regards toute la déférence qu’ils éprouvent envers Thomas, ou du moins ce qu’il représente pour eux.
J’ai alors un petit sourire en coin avec une idée qui me passe par la tête histoire de les décoincer tous les deux, j’attrape chacun d’eux par un poignet et sans qu’ils s’y attendent, je leur plaque une main chacun sur une fesse de mon « Thom-Thom » qui en sursaute de surprise.
- Hééé !!!
- Et voilà les gars, vous venez de toucher le cul impérial de sa majesté …Thomasss !! Inutile maintenant de vous prosterner devant lui après avoir osé un geste aussi …. Intime ! Hi ! Hi !
CHAPITRE 198 (Planète Imperia) (Amorce d’un coup d’État)
« Siège du pouvoir militaire de l’empire, réunion secrète extraordinaire ce jour-là d’une grande partie de l’amirauté de la flotte impériale. »
L’immense salle est presque arrivée à saturation de par le nombre de personnes qu’elle peut contenir, les amiraux représentant quasiment tous les systèmes stellaires constituant l’empire étant présent accompagnés de leurs officiers d’ordonnance, pour trouver un moyen d’éviter le génocide ordonné par l’empereur.
Ne manque que ceux qui sont trop proches de l’usurpateur, soit du fait qu’ils sont de son espèce, soit qu’ils avalisent depuis toujours chacune de ses décisions criminelles avec la même étincelle de déraison dans le regard et qui dans le cas présent, s’empresseraient de rapporter ce qui à n’en pas douter s’approche très fortement de ce d’aucun appellerait une rébellion face au pouvoir en place.
Un tiers d’entre eux ayant le métabolisme s’accommodant à l’air ambiant d’Imperia, se retrouvent à visages découverts alors que le reste des intervenants doivent supporter des casques voire même des scaphandres pour de rares cas, spécialement adaptés à leurs anatomies non humaines.
L’ordre à effet immédiat promulgué par l’empereur de détruire tous les lieux de cultes sans exception, ainsi que celui encore plus sanguinaire d’éliminer purement et simplement sans jugement toute personne surprise en position de prière en allant jusqu’à sacrifier également sa famille, ayant suscité un tel sursaut d’indignation et d’épouvante au sein même du gouvernement, que cette réunion extraordinaire ressemblant fort à une révolte contre la volonté impériale s’est vu tout naturellement organiser au sein même de la capitale.
Ce que bien sûr tous ignorent, c’est que l’officier supérieur qui s’approche de l’estrade pour prendre la parole n’est rien moins qu’un des agents mis en place par la rébellion à des postes clés près du pouvoir et qui profitant de l’événement entend bien par son argumentaire frapper suffisamment les esprits, pour sinon recruter de nouveaux membres influents à la cause qu’il défend depuis toujours, tout du moins instiller suffisamment de doute dans leur fidélité au régime actuel pour préparer l’avènement du retour prochain de l’Unique.
- Un peu de silence s’il vous plaît !! La raison de cette réunion est simple, elle consiste à savoir si oui ou non, nous acceptons de perpétrer ce que j’appellerais un véritable génocide sur les populations civiles de l’empire.
Un brouhaha de colère résonne alors pendant un long moment dans la salle, brouhaha qui lui fait retenir avec peine un sourire de satisfaction et qui lui permet déjà de préjuger favorablement de la suite des événements.
- Allons messieurs s’il vous plaît !! Montrons un peu de la discipline que nous exigeons de nos subordonnés !!
Quelques ricanements se font entendre, avant que le silence ne redevienne suffisant pour qu’il reprenne son argumentaire.
- L’ordre d’envoyer des troupes d’une race autrefois ennemie dans chaque système pour mettre en application le décret impérial, présumait fortement de notre manque d’intelligence à en comprendre la raison première !! Il pensait que ce serait plus facile ainsi pour nos soldats qui ne risquaient pas d’avoir à exécuter quelqu’un qui aurait très bien pu leur être apparenté à quelque degré que ce soit.
Un homme dans la salle.
- C’est ignoble comme stratagème !!
- J’en conviens !! Mais aussi très habile, convenez-en !! Maintenant et comme je le disais précédemment, c’était aussi faire abstraction de notre intelligence !! Il allait également de soi que nos familles étaient en danger elles aussi et que ce que nous ferions subir à d’autres, nous le subirions également à n’en pas douter dans nos mondes respectifs !!
Il retient encore une fois un sourire de satisfaction devant cette fois-ci le silence de la salle, silence démontrant bien que ses paroles les ont tous fortement marqués.
- La question suivante maintenant que votre silence à lui seul répondait à la première, comment nous sortir de ce pétrin sans que nos têtes tombent pour refus d’obéissance à un ordre impérial ??
- Destituer l’empereur par la force des armes !!
- Nous nous heurterions alors aux troupes restant fidèles, ce qui occasionnerait une guerre toute aussi meurtrière que ce que nous cherchons justement à éviter !!
- Faire croire que nous appliquons le décret en envoyant de faux rapports !!
- Encore une fois l’idée si elle est excellente en soi, n’est absolument pas réalisable et aurait le même effet que la précédente, l’empereur a des espions partout et serait très vite mis au courant de notre forfaiture !!
Plusieurs autres idées sont émises qu’il s’empresse d’écarter en argumentant les effets contraires, jusqu’à ce qu’enfin la question qu’il voulait entendre sans qu’elle vienne de lui, arrive depuis le fond de la salle.
- Pourquoi ne pas déjà chercher à comprendre ce qui motive l’empereur à vouloir éradiquer le besoin de prier qu’éprouvent de plus en plus nos concitoyens, besoin qui remonte à la naissance même de chacune de nos espèces quand comme c’est le cas en ce moment, la peur du lendemain et le besoin de trouver un exutoire pour se rassurer remplis les cœurs ?? Pourquoi ??
- Peut-être parce qu’elles ne sont plus dirigées que vers une seule personne et qu’il est dit que le jour où elles seront suffisamment puissantes de sincérité et venant en même temps de tous les cœurs que la vie a meurtris, ce jour-là alors l’Unique serait rappelé de son exil volontaire pour reprendre sa place et ramener la paix universelle, redorant l’image de l’empire tel qu’il l’était du temps de l’empereur « Thomasss » premier. Un empire en éternelle expansion où chaque être quelle que soit sa naissance, pouvait trouver l’épanouissement dans une vie riche et heureuse.
- Alors faisons en sorte qu’il revienne, s’il existe vraiment !!
Cette fois il ne peut retenir un sourire de satisfaction, attendant cette proposition qu’il amenait insidieusement par ses propos.
- Et de quelle façon ??
- En faisant connaître les intentions de l’empereur avant que les troupes armées viennent pour les exécuter !! Pour le coup je pense que beaucoup en se sentant aussi impuissants ne trouveront comme dernier recours que la prière et si avec ça il n’y en a pas assez pour le faire revenir, c’est qu’il ne le fera jamais !!
CHAPITRE 199 (Aix en Provence) (Nuit de samedi à dimanche) (Rêve, cauchemar ou réalité ?)
« Chez les De Bierne, chambre de Florian. »
Thomas ouvre brusquement les yeux, une sensation étrange l’a tiré du sommeil et son esprit tourne à plein pour tenter sans succès de s’en souvenir, croyant même un instant avoir ressenti la même impression que lors de son passage dans l’autre réalité où il a pu rejoindre Florian.
Quelque chose pourtant semble avoir changé, sans encore une fois qu’il puisse se raccrocher à un fait concret qui l’aiderait à comprendre ce qui l’a tiré si brusquement du sommeil à une heure pareille de la nuit.
Heureusement le corps chaud de Florian lové contre le sien lui fait retrouver rapidement la sérénité qu’il avait perdue, tournant son visage vers lui pour capter avec un léger frisson les deux yeux verts fixés sur lui.
- Ça va Thomas ??
- Oui t’inquiète !! J’ai dû faire un cauchemar !! C’était bizarre en fait, comme si quelque chose avait changé brusquement !!
***/***
Je vois bien sur son visage tout le trouble qui ne l’a pas encore quitté, me demandant si ça n’avait pas un rapport avec l’étrange rêve qui m’a également tiré du sommeil.
Sans doute toute cette histoire « d’Unique » qui me tracasse malgré que je n’y adhère toujours pas et qui m’a mis l’instant d’un songe, dans la peau de ce que pourrait être cet « Unique » aux facultés démentielles, détruisant par là même à jamais cette vie qui m’est si chère et à laquelle je tiens plus que tout, au point de rejeter violemment cette illusion d’empire galactique en m’imaginant en avoir le pouvoir.
Un rêve étrange ou d’un revers de main j’efface tout ce qui n’est pas lié à cette vie sur cette terre, m’éveillant ensuite sur cette étrange impression identique en tout point à celle que semble avoir ressentie Thomas et qui l’a lui aussi tiré du sommeil.
Un doute me vient brusquement à l’esprit, cette pensée soudaine me semble si absurde que je tente vainement de la chasser de ma conscience mais rien n’y fait malheureusement et à chaque seconde qui passe je la vois au contraire prendre une importance telle que je me lève d’un bond pour tout simplement vérifier qu’elle n’est qu’une réminiscence de mon rêve délirant.
Thomas pousse un petit cri de surprise en me voyant sauter du lit.
- Hé !! Ça te prend souvent ??
- Il faut que j’aille vérifier quelque chose, j’ai eu la même sensation que toi suite à un rêve bizarre !!
- Pourquoi ?? Ça t’arrive d'’en faire d’autres ?? Hi ! Hi !
- Je sais que c’est complètement débile, ne bouge pas je reviens dans une minute !! De toute façon ça me tarabuste trop pour que j’arrive à me rendormir sans aller juste y jeter un coup d’œil.
- Mais où ça à la fin !!
- Dans la chambre d’ami !!
- Pourquoi faire ??
- Vérifier qu’ils sont toujours là !!
- Tu es sûr que tout va bien « Flo » ??
- Pas vraiment non, c’est justement pour ça qu’il faut que j’y jette un œil.
Je n’attends pas de réponse de sa part, quittant la chambre pour faire les quelques pas qui m’amènent devant la porte où dorment Alan et Mickael.
Une brève hésitation avant que ma main attrape la clenche et l’actionne sans bruit, restant ensuite un long moment figé devant ce que voient ou plutôt ne voient pas mes yeux.
La pièce aux meubles recouverts de draps pour les protéger de la poussière, démontre rien que par ce fait que celle-ci n’a pas été habitée depuis le départ de Ming il y a de cela quelques semaines.
Des pas se font entendre derrière mon dos, Thomas venu me rejoindre par curiosité jette à son tour un regard par-dessus mon épaule dans la chambre et sa surprise n’en est pas moins vive que la mienne.
- Qu’est-ce que ça signifie ? Ils sont passés où Alan et Mickael ??
- J’ai bien peur qu’on n’en entende plus jamais parler !!
- Comment ça ?? Ils sont partis comme ça sans rien dire ??
- Tu n’y es pas du tout mon grand, je pensais que c’était juste un rêve ou un cauchemar mais je m’aperçois que c’était bel et bien la réalité et cette impression qui nous a réveillés, ce n’était tout simplement qu’un immense vide qui se créait dans l’univers quand j’ai effacé l’existence de l’empire qui les a vus naître.
- Mais ce n’est pas possible voyons !! Personne ne peut faire une chose pareille !!
- Sauf si je suis bien celui que tous pensent que je suis !!
- Mais enfin Florian !! Tu ne peux pas sacrifier autant de monde comme ça d’un simple revers de pensée ??
- Je n’ai sacrifié personne, c’est juste qu’ils n’ont jamais existé !!
- Mais enfin, pourquoi ??
- Je voulais juste continuer à vivre tranquillement avec vous tous !! Dans ma tête ce n’était qu’un rêve tu comprends, jamais je n’aurais pu imaginer que j’avais ce pouvoir de tout faire disparaître, sinon tu penses bien que je n’aurais jamais fait une chose pareille !!
- Dans ce cas il n’est pas trop tard !!
- Bien sûr que si, allons !!
- Tu fais comme pour Mathis et Erwan dans l’autre réalité, tu changes le passé qui de toute façon est bien trop récent pour qu’il y ait un risque quelconque que tout ne redevienne pas comme avant.
- Si je fais ça, tout ce que je crains va finir par arriver !!
- Mais non, pas forcément !! Tu sais ce que tu es maintenant, tu pourras donc mieux dorénavant contrôler tes pouvoirs et donc ton avenir ou plutôt devrais-je dire, notre avenir !!
- Je ne sais même pas comment j’ai pu faire ça !!
- Mais tu l’as pourtant fait, ça prouve bien que tu n’es plus très loin de retrouver ta mémoire et par là même tes capacités !! Fais-le « Flo », sinon tu vas le regretter toute ta vie !!
Je sais bien tout au fond de moi qu’il a raison, aussi je me concentre pour envoyer mon esprit quelques minutes en arrière.
***/***
Je fais un rêve étrange dans lequel je suis plus puissant qu’un dieu, mon souhait le plus fort est de pouvoir poursuivre ma vie sur terre sans cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête qu’est l’empire et je vais pour le faire disparaître d’un geste, quand quelque chose entre dans ma tête et me sort de cette étrange rêverie qui ne me ressemble pas, me réveillant brusquement en me demandant ce qu’il m’arrive tout en retrouvant la conscience de ce que je viens de réaliser.
Thomas se redresse en ouvrant les yeux.
- Allons voir si tout est redevenu comme avant !! Hééé !! Ne fais pas cette tête-là !! J’étais resté avec toi dans ton esprit tout comme je devais y être également tout à l’heure sans en être réellement conscient !! J’ai été embarqué comme pour Erwan, c’est tout !! Du coup si tout est rentré dans l’ordre, il n’y aura que nous deux qui saurons de quoi ils ont tous réchappé !!
Nous n’avons pas besoin d’ouvrir la chambre d’amis pour vérifier qu’ils sont bien là, car à peine dans le couloir leurs ronflements qui traversent la mince cloison nous amènent à la fois le sourire mais aussi un profond soupir de soulagement.
CHAPITRE 200 (Aix en Provence) (Dimanche) (Bien obligé de tirer les conclusions qui s’imposent)
Cette étrange aventure n’a pas eu l’air de traumatiser Thomas plus que ça parce qu’à peine retourné au lit, il s’est rendormi sur le champ alors que pour moi le reste de la nuit a été une toute autre paire de manches.
J’ai dû la passer sur le dos les yeux grands ouverts à cogiter sur ce fameux puzzle de ma vie, comme l’a si bien défini Philippe au cours de ses longues heures passées toutes ces années en discussions dans son bureau.
Je crois bien que cette nuit a été celle décisive pour moi où une pièce maîtresse est sortie, m’obligeant à en tirer les conclusions qui s’imposent.
Toute cette théorie de « l’Unique » que je refusais obstinément de croire, s’avérerait être finalement celle à retenir et du coup me voilà bien obligé d’en convenir, il ne me reste plus maintenant qu’à rechercher ce qu’il manque encore au fameux puzzle pour que tout soit définitivement clair pour moi.
Je sens bien que quelque chose me bloque, quelque chose d’important voire de capital qui empêche la résurgence de mon moi profond et j’ai beau tourner et retourner la question en boucle, je ne trouve pas la clé qui ouvrirait ma conscience.
C’est au moment où je pense à cette clé, que ça fait tilt dans ma tête, me rappelant soudainement que j’en avais déjà utilisé une avec Antonin et Thomas pour me permettre de retrouver ce dernier, la question alors qui se pose à moi est pourquoi ? Pourquoi eux deux spécialement ?
Pour Thomas ça me semble évident puisque c’est lui que je ne voulais surtout pas perdre, mais pourquoi le choix de « Tonin » alors que Raphaël, Éric ou Yuan auraient parfaitement pu faire l’affaire, pourquoi est-il également le seul avec Thomas à pouvoir garder une liaison mentale permanente avec moi.
Qu’est-il dans cette histoire rocambolesque, quel rôle a-t-il au juste qui le relie aussi intimement à nous deux Thomas et c’est en me posant toutes ces questions, que me revient en mémoire la conversation que nous avons eue avec Alan et Mickael le jour même de leur arrivée.
Conversation où il a été question un instant d’Antonin ou plutôt « d’Antoninnn » et qui n’a pas été plus loin en dérivant ensuite sur le fait que l’Unique ne soit pas un dieu mais quelqu’un, seul rescapé apparemment d’une civilisation voire d’un univers existant dans un passé tellement lointain qu’il n’en reste plus aucune trace.
Antonin serait, si je reprends leurs paroles, l’élu responsable de la discorde, la question que je me pose ensuite est de savoir entre qui et qui.
Il a été question ensuite de l’exil de l’empereur suivi quelques décennies plus tard par la mise en quarantaine de l’Unique devenu à les entendre en parler, fou au point de mettre en péril toute vie autour de lui.
Sur le moment j’ai tout de suite pensé que la folie de l’Unique avait pour cause l’exil de « Thomasss », il me vient alors à l’esprit que ce que je croyais être, deux faits à bien dissocier n’était peut-être que l’effet dû à la cause.
Ce serait donc possible que ce soit l’Unique qui ait répudié « Thomasss », ce qui ramène Antonin dans le puzzle comme objet de discorde.
Je sens bien que je tiens là quelque chose qui me rapproche de la vérité, c’est donc en me retournant dans le lit plusieurs fois que je reprends le fil de mes pensées en allant cette fois jusqu’au bout de mon idée.
J’aime Antonin et Thomas assurément l’aime lui aussi au moins autant que moi, donc si discorde il y a, ça pourrait être la jalousie qui en serait l’élément déclencheur et si dans cette réalité elle n’a pas eu lieu d’être, rien ne laisse présumer qu’il n’en a pas été différemment à cette époque.
En fait, plus j’y pense et plus tout semble correspondre aux quelques bribes d’informations que j’ai pu obtenir en la matière, informations que j’irais valider dès le réveil d’Alan et Mickael, en reprenant la conversation sur Antonin là où elle s’était interrompue.
Ça expliquerait beaucoup d’éléments que je n’arrivais pas à assembler jusque-là dans le fameux puzzle et aussi le pourquoi ils seraient les seuls élus débarqués sur Terre en même temps que moi.
Si j’ai la confirmation que j’ai vu juste, j’ai du souci à me faire quand la mémoire reviendra à Thomas et je me demande également pourquoi nous en sommes arrivés là, alors que l’amour que je porte pour lui devait être aussi fort à l’époque.
J’imagine que vivre éternellement doit changer complètement une personne au point de la rendre imbue de lui-même et si en plus cette même personne n’a plus idée du nombre de millénaires passés après l’avoir vu naître, elle devait avoir beaucoup perdu de son empathie envers tout un chacun.
Ce serait donc là l’explication de toutes ces vies qui me reviennent depuis quelque temps, le but étant de retrouver un sens aux sentiments qui ne voulaient plus dire grand-chose et cette quarantaine que « l’Unique » aurait vécu dans toutes ces réalités lui servant dans ce seul but.
Il ne me reste plus qu’à travailler cette nouvelle théorie afin d’apporter la certitude qu’une fois encore je ne fais pas erreur, aussi comme le déclic attendu ne se fait toujours pas ressentir, j’avoue ne plus savoir quoi faire d’autre pour débloquer ma conscience.
C’est la lumière du soleil qui me sort de toutes ces idées qui pour autant logiques soient-elles, n’apportent pas à elles seules les réponses attendues et je me décide à quitter le lit pour m’occuper l’esprit à des pensées plus terre à terre comme par exemple préparer le petit-déjeuner pour tout le monde.
CHAPITRE 201 (Paris) (Dimanche) (Prions mes frères)
« Bureau du directeur de la DST, huit heures du matin. »
La discussion entre Maurice Désmaré et celui qui compte maintenant parmi ses meilleurs amis, le célèbre professeur en psychologie humaine Philippe Espinach qu’il a convoqué de toute urgence, se poursuit depuis maintenant presque une heure et le visage de Philippe qui au début n’était marqué que par la curiosité de cette convocation, reflète maintenant son état d’esprit soucieux des intentions formulées par l’Église et validées depuis hier par le gouvernement Français.
- Les conséquences pourraient être désastreuses !!
- (Maurice) Tu dois bien convenir que la situation actuelle demande que nous prenions certains risques ??
- C’est un fait !! Pourtant rien ne presse à ce point, alors pourquoi aujourd’hui ??
Maurice tourne son portable pour que Philippe puisse voir l’écran, il clique ensuite pour ouvrir le fichier reçu la veille depuis Toronto et laisse le temps à son ami d’en prendre connaissance, avant de reprendre la parole.
- Ces images prises depuis l’observatoire grâce aux modifications techniques apportées par Florian parlent d’elles-mêmes, quelque chose se prépare et ce quelque chose semble beaucoup plus dangereux que le vaisseau en orbite derrière la lune ou encore cet autre étrange vaisseau au large de la ceinture de Kuiper !! Tous ces points que nous voyons là, ressemblent à s’y méprendre à une armada et il serait bien étonnant que quelqu’un déploie autant de forces rien que pour une rencontre pacifique !!
- Ce ne sont peut-être que des astéroïdes ??
- Allons mon ami !! La formation de ces points n’a rien de naturel, nous en dénombrons au moins une bonne centaine qui tous tiennent exactement la même distance entre eux.
- Tu penses qu’ils viennent pour Florian ??
- Pour qui d’autre cela pourrait-il être ?? Je ne comprends pas ta réaction puisque c’est quand même bien toi qui nous as fait parvenir ce rapport suite au dernier « malaise » de Florian et ce qu’a vécu avec lui Antonin pendant ce bref instant où ils ont été transportés je ne sais où ??
- J’en conviens, mais tout ceci est tellement…énorme…tu comprends ?? Nous ne sommes pas prêts à entrer en conflit ouvert avec une civilisation aussi avancée capable de parcourir des dizaines voire même des centaines d’années-lumière dans un laps de temps aussi court, c’est comme si tu envoyais des flèches contre une armée d’hélicoptères de combat munis de missiles nucléaires !!
- Nous en sommes bien conscients et c’est pourquoi la décision a été prise de tenter le tout pour le tout !!
- Avez-vous bien envisagé tous les cas de figure possibles ?? Il pourrait tout simplement disparaître ou encore ne rien ressentir d’autre que ce qu’il a déjà vécu à cette occasion !!
- Il pourrait aussi redevenir ce qu’il était avant d'arriver parmi nous et de ce fait pouvoir nous venir en aide, quelles autres options tu vois ??.... Je t’écoute ??.... Il nous reste moins de quatre heures pour trouver quelque chose qui tient suffisamment la route pour que l’ordre soit donné de surseoir à cette prière collective internationale.
- Lui en avez-vous touché deux mots au moins ??
- Nous comptons justement sur l’effet de surprise, donc il est évident que nous ne lui en avons pas parlé !!
Philippe soupire, visiblement soucieux des conséquences, sans pourtant trouver l’idée qui pourrait faire tout stopper et c’est donc sans vraiment y croire lui-même, qu’il avance un dernier argument pour plaider sa cause.
- Son intelligence à elle seule, tel qu’il est actuellement, pourrait trouver le moyen d’éviter que tout dégénère vers un conflit où nous ne pourrions être que perdant !! Il sera toujours temps s’il ne trouve pas de solutions, de mettre en application la vôtre en ultime recours !! Ces points dans l’espace ne vont pas être en position de nuire avant encore un certain temps, pas vrai ??
- D’après les calculs de l’observatoire, ça nous laisse une petite semaine à la vitesse faramineuse qui est la-leur.
- Ça laisse donc quelques jours pour réfléchir à ma proposition, si nous perdions Florian comment pourrions-nous nous défendre ensuite contre ça ??
Maurice a un instant d’hésitation avant de reprendre la parole.
- Ton argumentaire est à peu de chose près celui qu’ont fait entendre plusieurs personnes haut placées qui ont finalement voté pour cette décision, ils avaient eux-mêmes proposé une solution proche de la tienne et l’argument qui a penché le plus fortement dans la balance n’est assurément pas pour te plaire tout comme ça a été le cas pour moi, tu te doutes bien que je ne suis ici qu’un pion qui doit exécuter les ordres.
- Quel a été cet argument décisif ??
- Celui que si Florian disparaissait, ce qui vient vers nous n’y trouverait plus d’intérêts à continuer une mission qui n'aurait alors plus aucun sens et surtout atteindre notre système solaire dans l'intention de tout détruire qui semble être la leurs au vu de cette photo !!
Philippe devient livide sous le regard contrit de Maurice qui comprend parfaitement sa réaction.
- Que veux-tu !! La sauvegarde du plus grand nombre a toujours primé sur la survie d’un seul.
Philippe laisse alors s’échapper toute la colère qui le prend aux tripes, depuis qu’il comprend enfin tous les dessous de cette histoire.
- Après tout ce qu’il a fait pour eux !! Penser une chose pareille !! Je…ne trouve pas…mes mots !! Je…j’étranglerais volontiers de mes mains tous ces pisse-froid !! Je…
- Calme-toi mon ami, il ne sert à rien de s’énerver comme tu le fais !! De toute façon la décision est prise et s’il nous reste à prier, prions pour que tout aille pour le mieux !!
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« Au même moment sur la planète Volnaria. »
La nouvelle fait l’effet d’une bombe quand plusieurs rapports confidentiels révèlent qu’une partie de la flotte impériale fidèle à l’usurpateur a quitté ses bases depuis maintenant plusieurs semaines standards, se dirigeant en secret tout droit en vol sub-luminique vers le système stellaire où se trouve l’Unique.
Les élus présents ce jour-là sont tous réunis dans la salle « holo-com », n’attendant plus que le « jeune » prince pour qu’il fasse sa déclaration qui sera immédiatement relayée vers tous les systèmes habités de l’empire.
Des membres infiltrés sur chacun de ces mondes, tous bien sûr fidèles à la rébellion et déjà avertis de la prochaine diffusion, n’attendent que son signal pour prendre ensuite les rênes de la forte manifestation qui ne manquera pas de suivre son discours et ce afin d’en organiser l’heure précise pour y apporter toutes les chances de réussite.
CHAPITRE 202 (Volnaria) (La fin justifie les moyens)
Le prince « Mathisss » arrive enfin, revêtu des habits d’apparat datant de l’époque où son « frère » l’empereur « Thomasss premier » régnait sur l’empire dans la sagesse et la paix universelle.
Il connaît bien le choc qu’il va provoquer du fait de sa ressemblance saisissante d’avec l’image toujours présente de l’empereur, évitant le plus possible les discours en public justement pour préserver l’impact certain de son image vis-à-vis des populations.
Il se place directement devant les caméras avec un sourire triste, rictus qui dénote déjà bien de ce que sera le ton donné à son allocution.
- Peuples de l’Impérium !! L’heure est grave !! Nos vies à tous sont menacées !! L’usurpateur vient de déclencher une vaste opération de terreur contre vous tous qui priez pour le retour de l’Unique !! Il a ordonné de détruire tous vos lieux de culte et de supprimer la vie de tous les fidèles ainsi que celle de leurs familles !! La flotte impériale ou du moins une partie se dirige actuellement vers vos mondes dans l’intention de commettre ce génocide, alors qu’une centaine de vaisseaux sont en route pour détruire le lieu de méditation qu’a choisi l’Unique dans l’attente du pardon universel à ses erreurs du passé. Seule la ferveur conjuguée des fidèles le fera revenir pour reprendre sa place, vous comprendrez donc la motivation première de l’usurpateur à commettre cet acte infâme et criminel !! Moi « Mathisss » prince légitime de l’empire, élu de l’unique et frère par le sang de « Thomasss premier » !! Je vous demande ce jour dans exactement trois heures et vingt-huit minutes standards, de tous prier pour son retour afin que vos vies soient préservées et que l’ordre revienne dans l’empire !!
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L’holo-écran de la salle où il se trouve devient subitement noir, indiquant sans aucun doute possible aux techniciens en place qu’ils viennent de se faire pirater et que le signal a été détourné pour interrompre la transmission.
Le prince fronce les sourcils en observant ses compagnons qui tous comme lui, marquent l’étonnement devant une coupure aussi rapide.
- Nous devions avoir encore quelques minutes avant qu’ils ne réagissent !!
- (Un technicien) À moins que quelqu’un les ait mis au courant.
L’holo-écran scintille brièvement avant qu’un autre personnage n’apparaisse à la surprise de tous, le prince retrouve le sourire en reconnaissant l’homme en uniforme d’apparat.
- Ou encore quelqu’un qui aurait eu la même idée !!
Un grand rouquin d’une rare beauté s’approche de lui pour poser amicalement une de ses mains sur son épaule.
- Ne devait-il pas rester dans l’anonymat le plus total ??
- Sauf s’il estimait pouvoir s’allier une partie des officiers supérieurs, l’usurpateur a semble-t-il été beaucoup trop loin cette fois-ci.
- (« Raphaëlll ») « Philipeee » a toujours été fin psychologue, écoutons ce qu’il a à dire !! Je suis tout de même heureux de le revoir depuis le temps, il a gardé la forme tu ne trouves pas ??
Le prince sourit à son ami en hochant la tête d’acquiescement à sa dernière question, redevenant très vite attentif à la prise de parole de celui qui, avec pugnacité, a réussi à intégrer générations après générations un poste clé dans l’administration militaire du tyran.
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« Prise de parole du contre-amiral « Philipeee », chef suprême de la flotte impériale. »
- Officiers et soldats de l’impérium !! Une question se pose à tous, devons-nous oui ou non obéir au dernier décret de l‘empereur ? Devons-nous oui ou non accepter que nos familles soient sacrifiées, que nos croyances soient salies et bafouées, que nos lieux de cultes soient rasés ?? Un nouveau pas dans la cruauté et la démesure doit-il encore être franchi pour qu’un jour nous comprenions enfin l’inhumanité de celui qui s’est proclamé empereur par la force des armes en profitant du désarroi occasionné par le bannissement de l’empereur « Thomasss premier » suivit rapidement par la disparition de « l’unique » ? Un tyran qui fait fi de nos libertés, de nos vies !! Moi « Philipeee » contre-amiral de la flotte impériale, élu de « l’Unique », je vous demande à tous, soldats et officiers de l’empire, de rejoindre immédiatement la rébellion afin de protéger vos mondes contre ceux assurément peu nombreux mais extrêmement dangereux, qui par pur goût de puissance et de sang, voudraient perpétrer cet holocauste qui marquerait à n’en point douter la fin des quelques libertés qu’il vous… qu’il nous reste encore !! Chaque vaisseau se ralliant à notre cause doit poursuivre sa route jusqu’au système stellaire indiqué dans son ordre de mission, l’officier commandant ou son ayant droit devra ensuite rester en orbite pour intercepter par la force ceux dont l’intention serait d’apporter le chaos !! Une grande majorité des officiers supérieurs du quartier général des forces de l’impérium s’est déjà rallié à moi, chacun d’entre eux va maintenant se faire connaître pour que vous puissiez juger par vous-même de la véracité de mes paroles. Joignons-nous à la ferveur de nos peuples et prions avec eux le retour de « l’Unique », qu’il retrouve enfin sa place parmi ses créations et nous débarrasse à jamais de l’usurpateur, un combat mortel va bientôt avoir lieu aux confins de notre univers pour protéger son lieu d’expiation et j’ai ordonné au « Kinnn » d’entrer dans la bataille, celui-ci devrait être à pied d’œuvre avant l’arrivée des forces impériales aux abords du système planétaire incriminé. Un ultimatum sera lancé pour ceux qui voudront nous rejoindre avant qu’il ne déchaîne sa colère sur ceux qui voudront forcer son blocus.
Des explosions se font entendre suivis de cris qui font se retourner le contre-amiral, le visage marqué soudainement par l’inquiétude.
Il refait malgré tout face à l’holo-écran pour terminer son discours.
- Le quartier général est attaqué par des forces fidèles au tyran, nous sommes en mesure de tenir un temps suffisant pour que les troupes en garnison sur Imperia qui rejoindraient notre combat viennent nous soutenir !! Il est temps de se battre et de prier pour que la paix revienne !!
Un geste de main de sa part et l’holo-écran redevient noir avant de reprendre son scintillement et que ne réapparaît le prince « Mathisss » qui montre alors aux yeux de tous combien l’a marqué l’intervention du contre-amiral.
Le magnifique rouquin près de lui réagit rapidement en se mettant en avant pour cacher le désarroi de son ami, quelques mots incompréhensibles pour beaucoup s’échappent alors de ses lèvres avant qu’il ne fasse signe aux techniciens de couper la holo-transmission.
- Priez tous pour que le rouquemoutte ramène fissa ses petites fesses avant qu’il n’y ait trop de dégâts les mecs !!
CHAPITRE 203 (Espace stellaire Kallanien) (La colère du « Kinnn »)
« À bord du « Kinnn », quelque temps après le déchiffrage des instructions cryptées venant du contre-amiral »
- Rhaa !!! Levez les amarres, hissez la grand-voile Rhaa !!!
Les commandeurs « Ticcc » et « Taccc » se regardent les yeux brillants d’amusement, malgré que l’ordre qu’ils viennent de recevoir soit loin d’être une plaisanterie.
- (« Ticcc ») Il a vraiment une case qui part en vrille avec ses réflexions d’un autre âge !
Hi ! Hi !
- (« Taccc ») Maintenant ça a le mérite d’être clair !! Appelons « Mistieee » pour savoir si le subterfuge est en place, nous n’avons plus beaucoup de temps devant nous !!
La communication ne prend que quelques secondes standards, le commandeur « Mistieee » sur Kallania donnant son aval pour le départ du « Kinnn » en enclenchant l’illusion holographique qui prendra sa place dans l’espace Kallanien en permettant ainsi à la planète de ne pas subir l’ire immédiate du tyran.
La traversée de l’univers connu pour rejoindre la position du « Kinouuu » dans les confins, ne dure que quelques dizaines d’heures standards et démontre une fois de plus s’il le fallait, la puissance ainsi que la vélocité du vaisseau bio-organique.
***/***
« En position dans la ceinture de Kuiper. »
- Rhaa !! Jetez l’ancre, chargez les canons Rhaa !! À vos postes de combat !! Rhaa !!
Les jumeaux cette fois-ci préfèrent ne pas faire de commentaires, sachant très bien que c’est précisément ce qu’attend leur ami emplumé et c’est donc sans se concerter qu’ils viennent sagement prendre place devant leur console dans le poste de pilotage, visualisant l’espace autour d’eux pour connaître la position de la flotte de combat impérial.
- (« Ticcc ») Ils seront aux abords du système d’ici à peine deux jours standard, c’est le temps qu’il nous reste pour leur faire comprendre que leur intérêt est de faire demi-tour.
- (« Taccc ») Je reçois une communication venant du « Kinouuu », le commandeur « Damiennn » doit se demander ce que nous faisons là !!
- (« Ticcc ») Il doit bien s’en douter, ce serait étonnant qu’il n’observe pas l’arrivée de l’armada depuis ses écrans.
Un énorme grondement se fait alors entendre, suivit d’un long frémissement du vaisseau.
- Rhaa !!! Le fiston vient de mettre sa mère en colère Rhaa !!!
- (« Taccc ») Il a dû lui confirmer que l’unique se trouve bien sur une de ces planètes, va falloir le calmer sinon je ne réponds plus de rien !!
- Rhaa !! Mimie !! Message urgent à la flotte d’invasion Rhaa !!!
- Canal ouvert commandeur !!
- Rhaa !!! Cassez-vous de là les p’tites bites Rhaa !! Sinon on va vous voler dans les plumes Rhaa !!
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« À bord du vaisseau amiral commandant l’armada impériale. »
L’officier des communications se tourne vers son capitaine avec une expression du visage qui démontre bien l’incompréhension totale mais également la peur primale, qu’il ressent suite à l’origine de la transmission qu’il vient de recevoir.
- Amiral !! Nous venons de recevoir une transmission venant du système stellaire non répertorié vers lequel nous nous dirigeons !! L’indicatif indique qu’il a été émis depuis le … « Kinnn » !!
- Le « Kinnn » !!! Impossible voyons, il se trouve actuellement en stase à l’autre extrémité de la galaxie !!
- Pourtant c’est bien son indicatif amiral !!
- Que dit le message ??
- C’est assez incompréhensible monsieur !! Je vous repasse l’enregistrement !!
L’amiral écoute la retransmission avec à son tour une mimique marquant son ignorance totale de la signification de ce qui semble pourtant au ton de la voix, être une menace ou tout du moins un avertissement à ne pas prendre à la légère.
- Quelqu’un peut-il me traduire cette langue ??
- Hélas non amiral !! Nous n’avons aucune donnée disponible dans nos banques de mémoires !!
- Envoyez une demande d’explication en galactique !!
- Bien amiral !!
Le temps que la transmission s’effectue avec le « Kinnn », l’amiral enclenche l’alerte générale qui va mettre l’armada en position de combat.
Il se tourne ensuite vers son subordonné qui tremble maintenant de pure panique, ayant visiblement beaucoup de difficultés à maîtriser ses moindres gestes et c’est avec une forte pointe d’agacement qu’il s’adresse à lui, d’un ton suffisamment impérieux pour que l’opérateur se reprenne un tant soit peu et puisse lui répondre.
- Alors !! Avons-nous reçu quelque chose d’intelligible cette fois ??
- Ouuiii…Amiral !! Il nous est ordonné de faire demi-tour et de quitter ce quartant galactique, faute de quoi nous serons annihilés si l’ordre n’est pas exécuté d’ici les prochaines trente-six heures standards.
CHAPITRE 204 (Dimanche midi en France) (Prières dominicales mondiales)
« Chapelle Sixtine, Vatican »
Flavio Di-Calo comme l’ensemble de la curie présente dans l’immense chapelle, observe la trotteuse qui va dans quelques secondes sonner l’heure fatidique qui déclenchera la prière collective.
Celle où tous les fidèles de la planète quelle qu’en soit la religion, vont exprimer leur foi dans celui qui est au-dessus des hommes et qu’importe le nom qui lui est donné car ce n’est pas ce qui compte vraiment en ce jour d’exception, l’important étant qu’elle les ramène tous inévitablement à la même personne dans une ferveur sincère.
Les médias du monde entier montrent des images étonnantes, presque irréalistes de toutes ces personnes qu’ils soient hommes, femmes ou enfants, qui non seulement remplissent les lieux de cultes mais qui s’étendent également autour faute de places dans une masse humaine impressionnante.
Le premier gong résonne dans la chapelle où le très Saint-Père s’apprête à commencer sa messe, chaque coup rapprochant un peu plus le moment décisif qui sera à n’en point douter marquer à jamais dans l’esprit collectif de l’humanité.
Le dernier coup résonne enfin, libérant le stress amassé dans les esprits de chacun et la voix douce mais ferme du premier prélat se fait alors entendre.
- Prions le seigneur….
***/***
« Planète Volnaria, siège de la résistance. »
Le prince lève les yeux vers le ciel en posant un genou à terre en se signant, comme il était de tradition dans son monde natal.
Dans la chapelle de « l’Unique » rattachée aux bâtiments princiers comme partout ailleurs dans l’univers connu, des êtres issus de races si différentes et disparates que l’esprit a parfois du mal à le concevoir, mènent la même action dans une ferveur commune ayant pour seul objectif le retour du seul vrai dieu.
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« Planète Imperia, siège du pouvoir impérial. »
Le palais résonne des bruits de bottes qui investissent la place, les premiers tirs se font entendre suivit des cris d’agonie de ceux qui en sont les victimes.
- Que chaque section sécurise son objectif !! Il est impératif de tenir les positions !! Que les blessés soient transportés en lieu sûr !!
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« Retour en arrière de quelques heures. »
L’attaque brutale du quartier général des armées de l’impérium sur Imperia par les troupes fidèles à l’usurpateur, a surpris dans un premier temps l’amirauté trop occupée à envoyer un message réclamant l’insurrection des troupes contre l’ordre criminel du tyran.
La première heure de combat restant indécise de connaître lequel des deux camps emporterait la victoire, jusqu’à ce que les garnisons de la capitale après avoir entendu l’appel à la rébellion émise par leurs officiers supérieurs ne décident d’y répondre et ne se débarrassent déjà dans leurs propres rangs des éléments heureusement peu nombreux restés fidèles à l’usurpateur, en rejoignant ensuite le quartier général pour faire basculer la victoire du côté des insurgés.
Le contre-amiral « Philipeee » menant ensuite sans plus attendre ses troupes galvanisées par la victoire vers le palais impérial, profitant de l’adrénaline des premiers combats ainsi que de la colère encore fortement présente dans les esprits, dans l’intention de le prendre d’assaut et de s’emparer de l’usurpateur afin qu’il soit destitué dans les règles après un procès public.
C’était sans compter sur la forte résistance des troupes impériales regroupées dans le bâtiment, celles-ci triées sur le volet et tous comme par hasard venant du même système stellaire que l’usurpateur, pour lui assurer une fidélité sans faille.
Le premier assaut consistant à prendre pied dans le palais a été sanglant de part et d’autre, en comptant beaucoup de pertes parmi les deux camps et c’est bien ce simple décompte des morts qui donna au contre-amiral la volonté de continuer avec l’assurance d’en sortir victorieux.
Des troupes fraîches venant en renfort permanent de ses troupes déjà au combat alors que les défenseurs du tyran voient leur nombre s’amenuiser d’heure en heure, les font irrémédiablement progresser de pièces en pièces en sécurisant derrière eux une fois chaque objectif atteint.
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« Retour au moment présent. »
« Philipeee » regarde tristement les grandes tentes se monter dans le parc du palais, les blessés beaucoup trop nombreux des deux camps y sont emmenés pour les premiers soins d’urgence alors que les morts par dizaines sont allongés sous des couvertures quelques centaines de mètres à l’écart.
Une explosion lui fait revenir à l’urgence de la situation, faisant signe à deux officiers suivis de leurs hommes de le suivre vers l’aile Ouest où se trouvent les bureaux du tyran.
- Il faut cesser ce carnage au plus vite !! Nous devons nous emparer de l’usurpateur avant que d’autres forces ne viennent à son aide, nous ne tiendrions pas longtemps contre des forces aériennes surtout que les-nôtre sont tous déjà en mission.
CHAPITRE 205 (Aix en Provence) (Dimanche midi) (Le retour tant attendu)
« Déjeuner chez les De Bierne. »
L’ambiance à table est comme souvent marquée par une immense rigolade, celle-ci due principalement aux mimiques expressives de Florian toujours prêt à en rajouter pour amuser la galerie.
Ce n’est qu’une fois les entrées terminées, que les changements commencent à se faire ressentir.
Un étrange malaise semble prendre soudainement Thomas ainsi que Florian, qui d’un coup redeviennent des plus sérieux en se prenant la tête à deux mains pour à peine quelques secondes plus tard, disparaître sous les yeux effarés des quatre autres garçons qui en poussent un cri d’étonnement.
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Tout me revient brutalement d’un coup, aussi bien qui je suis que d'où je viens, mais surtout l’unique raison qui m’a poussé à m’exiler en effaçant tout de ma mémoire.
Mon esprit ressent également toutes les peurs, mais aussi tous les espoirs et toutes les souffrances de ceux qui me rappellent vers eux et qui par la puissance de leurs ferveurs retrouvées, a permis de déclencher le seuil de sécurité que j’avais mis en place pour ne pas les abandonner totalement à leur sort.
Je sens la présence de Thomas et d’Antonin à mes côtés, ce n’est pas l’envie qui me manque de me retourner vers eux pour y lire avec avidité dans les yeux de Thomas s’il m’a pardonné ou pas de mes exactions à son encontre.
Mais c’est toutefois bien l’urgence de la situation, qui me fait reporter à plus tard ce que mon cœur pourtant me dicte avec force.
Mon esprit prend instantanément l’ampleur de la situation, l’état de guerre imminent, les abus exponentiels depuis sa prise de fonction d’un pouvoir totalitaire qui ne recule devant rien pour assouvir sa soif de puissance.
La peur des peuples opprimés sous le joug de la tyrannie, les larmes des mères pour leurs enfants embrigadés de force dans un combat qui n’est pas le leur.
La détresse des pères que la terreur devant l’oppression terrasse en brisant leur volonté de révolte.
Tout ça sans compter la misère d’impôts trop lourds qui ne laisse qu’à peine de quoi vivre, le blocus des systèmes planétaires où les matières premières sont encore abondantes et j’en passe et des meilleures qui me font crisser des dents d’une colère sourde, que je n’arrive qu’avec peine à retenir.
Il est grand temps pour moi de remettre de l’ordre à tout ça, de réparer tant que faire se peut ce que ma jalousie et ma folie ont déclenché, de rétablir la sérénité dans cet empire que je voulais harmonieux.
Il sera bien temps ensuite de penser à mes propres problèmes et de reprendre ce à quoi je me suis toujours cru destiné depuis que mon âme s’est éveillée dans cet univers où rien n’existait d’autre que le vide sidéral et le noir absolu.
Un univers vide où j’ai erré seul durant une éternité avant que l’isolement ne me soit plus supportable, créant alors par la seule force de mon esprit ce qui deviendra des lustres et des lustres plus tard, cette pépinière de vie que j’ai maintenant sous les yeux.
La salle immense où je me retrouve alors est la même que j’ai revu un bref instant quelques jours plus tôt, c’est également la même que j’ai quittée voilà presque mille ans quand je me suis résolu pour guérir de ma folie à disperser mon esprit pour réapprendre la compassion ainsi que tous ces sentiments qui font que la vie vaut le coup d’être vécue.
Une main vient se poser sur mon épaule en déclenchant en moi un long frisson d’appréhension, n’osant me retourner de peur d’y lire sur le visage de mon Thomas la même haine que celle que j’ai éprouvée envers lui quand je l’ai chassé de ma vie.
- Fais ce que tu as à faire, il sera temps ensuite pour le pardon qui t’est déjà acquis !! Sache juste que la faute si faute il y a, n’était pas que de ton seul fait et que moi aussi j’en ai ma part, la solution n’était-elle pas celle que nous venons de vivre ??
- Je pense, oui !!
- (Antonin) Moi aussi j’ai ma part dans ce qui est arrivé, Thomas a raison !! Nous nous aimons, ce n’est plus à prouver !! Alors restons unis comme sur cette terre que tu as recréée dans cette intention, ne laissons plus rien désormais nous séparer !!
- Alors tout est bien !!Terminons-en de cette folie !!
J’entends des tirs de « phaseurs » suivis de cris d’agonie, comprenant qu’il ne nous reste que très peu de temps avant que cette salle ne soit à son tour envahi par les troupes armées.
Le trône impérial accroche alors mon regard, m’apportant un sourire d’amusement qui une fois de plus me montre combien j’ai pu changer.
- Si tu allais reprendre la place qui est la tienne ?? Il serait grand temps de reprendre les bonnes vieilles habitudes, tu ne crois pas ! Hi ! Hi !
Thomas baisse les yeux vers ses vêtements.
- En jogging Adidas c’est sûr que ça va en jeter ! Hi ! Hi ! Et vous deux, vous vous êtes regardés !! Ce sera l’occasion de relancer la mode dans tout l’empire alors !!
- On va dire ça ! Hi ! Hi !
- (Thomas) Nous voilà réellement revenus ??
- On dirait bien, pourquoi ?? Tu as l’air triste alors que tu devrais t’en réjouir, ce n’est pas donné à tout le monde d’être l’empereur immortel d’un empire aussi vaste !!
- (Thomas) J’étais bien aussi là-bas tu sais !!
- (Antonin) J’allais faire la même remarque !!
- Allons les gars !! Tout n’est pas encore terminé, faisons déjà le ménage ici-bas et quand tout sera redevenu plus paisible, nous verrons ensuite ce que notre cœur réclame !!
- (Antonin) Pouvoir terminer cette vie si riche en amitié et connaître la sensation de vieillir au moins une fois tous ensemble pour voir comment ça fait !!
- (Thomas) Tu penses que ce serait possible ?? Sans que la mémoire de ce que nous sommes vraiment nous soit connue ??
Je les observe un moment, voyant bien que tout comme moi cet épisode de notre vie nous a beaucoup marqués et je me fais la promesse de leur faire ou plutôt de nous faire ce cadeau, une fois tout remis en ordre.
Je pense déjà au plaisir de retrouver ce monde à l’image d’un autre beaucoup plus ancien et de pouvoir au moins une fois terminer un cycle de vie comme tout un chacun, c’est donc les yeux pétillants d’amusement que je leur réponds.
- Allons les enfants !! Vous oubliez que rien ne m’est plus impossible désormais !! Il se pourrait même que je pimente un peu la chose histoire de bien rigoler ! Hi ! Hi !
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EPILOGUE
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À peine cinq minutes standards plus tard, les deux immenses portes situées à chaque extrémité de la salle du trône s’ouvrent à la volée en laissant pénétrer des hommes de troupes qui à leurs uniformes bien distincts, montrent qu’ils sont de camps différents.
Aussi c’est au moment précis où chacun s’apercevant de la présence de l’autre s’apprêtent à faire feu, que j’entre dans leurs esprits pour les immobiliser tous avant que l’irréparable ne soit de nouveau commis et que des vies se voient une nouvelle fois sacrifiées, élargissant ensuite ma prise de contrôle à tout être pensant vivant au sein de l’impérium.
- Moi « l’Unique », entendant vos prières légitimes réclamant ma présence pour que cessent les tyrannies et la terreur !! Proclame le retour de « Thomasss premier » comme le seul empereur de l’univers connu !!! J’ordonne également que l’imposteur ainsi que tous ceux reconnus coupables comme lui d’actes criminels, soient immédiatement arrêtés et jugés au plus vite avec impartialité pour qu’ils subissent le sort qu’ils méritent, selon les lois civilisées en vigueur dans l’empire.
FIN « du livre trois tome 6 »
!!! A suivre !!! « l’apprenti magicien » à lire avant le livre 4 tome 1 du « don de guérir »
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