Défaite de noob

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Hubert rageait de toutes ses forces. Il n'arrivait pas a y croire. C'était lui le meilleur ! Il ne devait pas perdre ! L'autre avait triché. Il avit forcément triché. Hubert voyait, impuissant, toute sa conquête virer à la catastrophe. SI Quelqu'un avait été avec Hubert, il lui eût sans nul doute fait remarquer qu'on ne pouvait plus parler de conquête ratée à ce niveau, mais bien d'une véritable débâcle doublée d'une extermination de toutes ses unités, mais le garçon était seul, ce qui était une bonne chose. Quiconque se serait trouvé là aurait en effet subi le courroux furieux et très puéril de ce jeune perdant qui aurait mieux fait de jouer en solo vu que là, au moins, on peut facilement apprendre comment se comporte l'IA et la battre.

Hubert se désespérait. Il avait pourtant été bon, non ? Au début, quand il n'avait qu'un paysan à disposition, il était rapidement parvenu àconstruire une caserne, produire des soldats en série pour les envoyer explorer. il avait rapidement trouvé une autre mine d'or, et puis le camp ennemi. A partir de là, il s'est mis à récolter de l'or et du bois comme jamais tout en prduisant des soldats à la chaîne avec deux ou trois casernes, pour le envoyer au combat dès qu'ils étaient neuf, vu qu'on ne pouvait pas en sélectionner davantage (fichue contrainte).

Comment il faisait l'autre, d'abord ? Il pouvait pas construire des tours de garde aussi vite. C'était vraiment n'importe quoi. Ce qui était surtout n'importe quoi, c'était d'envoyer tous ses fantassins et ses archers elfes à la mort aussi stupidement que ça, d'ailleurs. Mais chut, ne le lui répétez pas. Hubert n'est pas d'humeur.

Pourtant, quarante-minutes plus tôt, Hubert était tout à fait d'humeur. Il avait construit un chantier naval (premier bâtiment maritime disponible), trouvé des tas de nappes pétrolières, la troisième ressource du jeu. « Chouette ! » s'était-il dit. Je vais pouvoir construire des tas de bateaux ! Seulement voilà, l'autre aussi avait ses bateaux. Pendant qu'Hubert avait perdu du temps et des ressources à envoyer au casse-pipe des tas de petits soldats, l'enemi avait construit une flotte puissante. Et c'est là qu'ont commencé les ennuis pour ce pauvre Hubert.

La bataille navale a été bien galère, et Hubert n'avait clairement pas le niveau. L'autre manipulait ses bateaux avec beaucoup trop de finesse. Bien sûr, il en avait coulé quelques uns, mais ses résultats restaient pathétiques. Cependant, une fois n'étant pas coutume, Hubert sut se reprendre rapidement et par quelques clics, construisit davantage de balistes pour surveiller les côtes. Plus d'un bateau adverse avait été attaqué sans réagir face à ces armes mortelles, et Hubert se dépêcha d'augmenter leur attaque par les améliorations disponible au bâtiment de la forge. De plus, l'arme secrète d'Hubert venait tout juste d'être opérationnelle.

Les mages. Le sort pluie de glace était très efficace contre les navires ennemis, et ils avaient été surpris par ses attaques meurtrières. Hubert avait jubilé, alors qu'il n'y avait pas de quoi. Il avait perdu toute sa flotte de manière spectaculaire (mais genre un spectacle pas très glorieux, plutôt un spectacle qu'on vous oblige à regarder mais qui vous saoule et qui d'un coup devient si nul que ça vous intéresse). Surtout que l'autre, pendant ce temps, il n'avait pas baillé aux corneilles. Une véritable armée d'ogres était prête au combat, et ils avaient manifestement l'intention (enfin, pas eux, mais bref) de prendre possession de la vallée centrale de la carte où se situait une mine d'or d'au moins 200 000 ressources en or. Le truc de fou, même la mine d'or de départ ne faisait pas autant. Celui qui la contrôlait contrôlait la carte.

A sa décharge, notons qu'Hubert n'avait pas négligé cet endroit. Lui-même possédait une jolie armée de chevaliers (tout récemment améliorés en paladins) qui stationnait à cet endroit pour s'assurer que l'autre joueur ne puisse pas s'y implanter sans qu'il soit au courant. Cela avait beau être malin de sa part, le jeune néophyte n'avait pas prévu que son adversaire pût être assez audacieux et avoir assez de cran pour lancer un raid lourd sur son armée.

La surprise (et la première crise de rage) passée, Hubert avait fait carburer ses casernes par une production soutenue de paladins, occasionnellement d'elfes car les trolls de l'ennemi avait ceci de fâcheux qu'ils se régénéraient naturellement, contrairement à ses unités qu'il fallait soigner manuellement par le sort guérison des paladins. Hubert avait également comme problème son manque évident de dextérité avec le clavier et la souris, ce qui faisait que ses paladins perdaient davantage de temps à tenter de guérir ses troupes qu'à combattre efficacement des ogres certes un peu moins nombreux, mais dont l'attaque était pour ainsi dire doublée par le sort soif de sang (un grand classique chez les orcs pour battre une armée plus nombreuse).

Malgré toutes ces bourdes, le sort de la bataille restait incertain, et Hubert eut la stupidité de se satisfaire de cette impasse médiocre qui ne profitait à aucun d'entre eux. Mais juste au moment où il s'imaginait qu'il allait reprendre l'avantage, un charmant message vint retenir son attention.

Il vous faut plus de fermes. Population : soixante-et-un sur cinquante-neuf. Quoi ? Comment ça ? Mais c'était pas possible ? Il avait pourtant vérifié qu'il en avait assez... MAis c'était avant qu'il produise des paladins en masse. Hubert réalisa qu'il n'avait pas tant de paysans que ça non plus, et après avoir une nouvelle fois constaté qu'il ne pouvait plus produire davantage d'unités, il se décida à construire cinq fermes pour ne plus jamais avoir subir un tel souci.

C'est à ce moment là que sa mine d'origine s'effondra. Mince, la tuile, pensa Hubert. Il y avait une autre mine d'or, dans un coin de la carte où les orcs qui constituaient ses ennemis virtuels ne pouvaient pas aller. Mais il n'avait pas construit d'hôtel de ville à proximité de la mine, et donc il ne pouvait pas récolter l'or qui s'y trouvait à un rythme assez rapide. Catastrophé et trop concentré pour péter un cable une fois encore, Hubert envoya prestement un paysan pallier cette lacune tandis que ses stocks d'or baissaient dangereusement, vu que c'était la ressource la plus importante du jeu, loin devant le bois et le pétrole.

Pendant ce temps, ses troupes s'amenuisaient lentement mais sûrement. Tellement sûrement qu'à la fin on ne parlait même plus de lent amenuisement, mais de massacre. En moins de temps qu'il n'en fait pour le dire, la mine d'or centrale tomba aux mains des orcs. Hubert avait bien tenté d'envoyer un mage provoquer une de ses meutrières pluies de glace, en le rendant invisible et tout et tout, mais un chevalier de la mort ennemi l'avait aussitôt tué en lançant sa fameuse spirale de la mort deux fois pour être sûr de tuer le mage. une stratégie payante pour l'ennemi, fallait avouer. Le clavier d'Hubert s'en souvient encore. Et son bureau. Et un peu son écran aussi.

C'était pas juste ! Pourquoi l'autre il arrivait bien à utiliser ses lanceurs de sorts et pas lui ? Hubert se permit un bref cri tribal avant de se calmer un peu. Bon, la bonne nouvelle, c'était qu'il ne manquait pas de bois. Les stocks d'or repartaient lentement mais d'ici dix minutes, tout serait comme avant. Et le pétrole... Il ne pouvait plus exploiter les nappes situées dans la mer à gauche de la carte, mais il lui restait une coquette réserve, enfin pas si coquette que ça, mais assez pour se reconstituer une flotte. Ce qu'il fit aussitôt. Les navires elfes et humains formaient un masse compacte, et d'après ce qu'il voyait sur la carte, son armada était assez puissante pour prendre possession des mers. Il vogua hors de la petite crique protectrice où il s'était réfugié et dirigea tous ses fiers vaisseaux en direction de l'océan.

C'est alors que des tas de torpilles firent feu sur les petites unités navales d'Hubert.

Hubert en était tellement stupéfait qu'il ne songea même pas à martyriser son environnement déjà salement amoché. Mais c'était quoi, ça ? Hubert ignorait en effet que des unités sous-marines existaient dans ce jeu (sous-marin gnome pour lui, tortue géante pour l'ennemi). En vingt secondes, son éclatante flottille était déjà réduite de moitié. C'est alors que les dragons arrivèrerent pour finir le travail, les navires restants ne pouvant pas attaquer les unités aériennes. Hubert paniqua franchement et hurla à ses bateaux de revenir en sécurité, ce qui ne servit bien évidemment à rien. Après une très amusante débâcle, Hubert constata l'échec de sa stratégie et dut abandonner tout à fait ses derniers appuis côtiers.

Il eut alors une fausse bonne idée. Il devait lui aussi préparer des unités volantes. Les griffons ! Oui ! Hubert n'agita frénétiquement et employa ses dernières ressources à former trois ou quatre griffons en urgence, ce qui était tout à fait inutile car une dizaine de dragons attaquaient déjà certains bâtiments non protégés par des tours de garde. Les griffons arrivèrent au compte-goutte depuis les bâtiments qui les produisaient (le cinquième n'apparut jamais car le bâtiment en question fut détruit) et furent atomisés dans les cinq secondes par une armée qui dominait à présent toute la carte. Hubert voyait tout ce qui restait de sa ville se faire dégommer par des lanceurs de hache, des ogres, des catapultes et des dragons. Il avait par on ne sait quelle incroyable maîtrise de soi réussi à se contenir et à ne pas fracasser davantage d'objets, mais son visage affichait un rictus de haine et de frustration qui aurait inquiété à peu près n'importe qui sur son l'état de santé.

Hubert était si frustré qu'il ne remarquait même pas qu'un grunt isolé ne bougeait pas, à l'écart du reste de l'armée orc qui rasait minutieusement ses derniers bâtiments.

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