Ecriture
Ma plume en suspension dans les airs, je laisse les mots m’envahir. Bientôt, ils forment comme une tempête déchaînée d’images et d’émotions dans mon esprit, et je peine à maintenir la barre. Je dois les dompter, les apprivoiser, comme le Petit Prince avec le renard. Alors ma plume s’abat sur le papier tel un couteau dans le corps d’une victime, et la blancheur immaculée se couvre d’une encre enchantée. Les mots se bousculent pour obtenir une place dans cet océan d’images, et je fais de mon mieux pour assouvir leur désir : ils sont les maîtres, et moi l’esclave innocente de leurs échos fracassants, causes de tant de peines et de délices. Les images se concrétisent, une forêt apparaît. Les arbres sont si hauts qu’ils semblent toucher le ciel. Ou plutôt, non : ils seront compacts et touffus, et les oiseaux les verront comme un tapis de verdure sur lequel se reposer au milieu d’un vol. Quelques étoiles viennent s’ajouter à ce tableau encore dépareillé, de même qu’un soupçon de nuages cuivrés. Je peux les toucher du bout des doigts, m’y assoupir, bercée par la brise nocturne. Ça y est, mon poignet ralentit. Il s’arrête. Devant moi, couché sur le papier, les mots dansent. Ils m’offrent un ballet féerique, comme pour me remercier de les avoir choisis.
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